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Poésie néo-classique
Labrisse : Roue libre
 Publié le 22/10/12  -  6 commentaires  -  4417 caractères  -  111 lectures    Autres textes du même auteur

Métaphore par le voyage dans l'action, j'ai tenté un poème de notre humanité conscience et du mépris de notre animalité objet. Inertes sans vie, morts sans liberté.
L'usage de notre liberté n'est-il pas fait à mauvais escient ?
À quand la grande réconciliation de l'homme et de l'animal ?
L'au-delà, inconnu de nos sens, appartient-il au sensible ?


Roue libre



caractères blancs.......I

Ivre de rebondir, ma carcasse radiale
De roue de secours a couru des raccourcis…
« Ah ! Mes crampons proprets… mordez-moi ces ennuis !
Que le grand cric me croque ! À moi la capitale ! »

À force de rouiller un vieil écrou de neuf
M’aura lâché en route aux errances d’asphalte,
Et sautant de l’auto, j’ai, dérapant à droite
Tout enflé, rebondi tel un yoyo tout neuf !

Allez hop là ! Déjà, dès ce catapultage,
J’arrangeais tous mes bonds à ce cri : « Droit devant ! »
Je n’allais quand même pas rêver mes couchants
Sur des voies à la queue leu leu d’embouteillages !

On m’avait pris pour ces berniques à la con,
On voulait me serrer la vis ! Mais galipette,
J’ai bondi ! J’ai bondi !… et plus rien ne m’arrête…
Á nous périphérique, et tours, portes et ponts !

Alors j’ai cavalé, et ma valve invincible
A gonflé de zigzags en excentricités.
J’ai brûlé d’amour des zeppelins entichés…
Ricochant en ballon de rugby : indicible !

caractères blancs.......II

Que d’égosillements buissonniers, « Tralalères »,
Où, religieusement, chaque essor m’emmena
Aux ornements des dieux ; quand certains Oussama
Monte-en-l’air priaient en « Inch Allah »… Oh misère !…

Car moi je rebondis des murs. La tour Eiffel
D’où, une trop penchée du vent dans ses jupettes
Choit, plongeant à l’appel d’un vertige… Mazette !
M’aurait vu remonter, à l’horizon, le ciel.

J’ai saisi l’art au vol, affranchi d’esthétismes,
Et coiffant au poteau les symboles pimpants
Des panneaux d’interdits, j’ai, très obligeamment,
Rhabillés des paonneaux qui font roues d’onirismes.

Véloce, expéditif, grand trancheur des cordons ;
Dans de grands sifflements comme des coqueluches,
J’ai fait cabrer l’azur et gazer les baudruches
Rouges, jaunes, bleues, d’or ; J’étais Prince aux ballons.

Vrai ! J’ai moqué l’envol cocasse d’alouettes
Ou d’oies dans leurs « coin-coin » très désapprobateurs…
Et les cacatoès, les perroquets parleurs,
Reprirent tous en chœur mes « hou ! »… cris de chouettes.

J’ai même ventilé d’ineffables nimbus,
Nuages hautains qui ne manquaient pas d’ozone,
Comment peut-on renfler à ce point dans ces zones ?
D’où il ne tombe que des faussets d’Angélus.

caractères blancs.......III

J’ai bondi ! J’ai bondi !… les montagnes, ces pommes,
N’auront jamais connu autant d’exaltations ;
Quand, parvenu en fin de hautes érections,
Je me suis dit : « Je vais, en bas, mettre la gomme. »

Courant vers les transports humains, par leurs sentiers
Pointillés blancs, bordés d’achats publicitaires,
J’aimais les « nulle-part » à nos itinéraires
Jusqu’au jour où j’ai su nos circuits effrénés.

Et j’ai vu, quelle horreur ! Sans une répugnance,
L’écrasement pavé de bonnes intentions
Des peuples animaux vers les destinations…
Et les hommes vaquaient aux normales souffrances.

Je ne peux voyager aux nationales sept,
Que l’on soit deux, trois ou… vous connaissez la suite,
Dans les douleurs des chairs et les péritonites !
Et me dérober… d’un aplomb de pickpocket.

caractères blancs.......IV

Nous sommes puissamment du salaud sympathique !
L’humanité banale est jonchée de charniers,
J’ai vu, à l’animal, l’homme irréconcilié !
Ça m’est un crève-cœur ! Et mon cœur, pneumatique

Glissant, amer, vers un dimanche de parking,
S’est trouvé à l’à-plat, hideux, des cimetières…
Là, sous un ciel gris comme aux punitions scolaires,
Je n’ai pu que rouler aux tonnerres du spleen.

Je ne peux plus surgir aux silences infimes,
J’aurai bien mêlé mon rêve à celui d’enfants,
Même à bâtons rompus, à courses pépiant…
Mais en plus… J’avais chu à l’heure des tartines…

Une mère a crié « c’est l’heure de manger !
Allez laver vos mains ! » Alors, j’ai sur moi-même,
Tourné, sans un secours, et j’ai laissé ma peine
M’emmener follement dans l’oubli d’un fossé.


 
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   Pimpette   
22/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai le sentiment d'être en poésie à pleines mains!
Une prosodie savante(d'autres diront si elle est sans défaut:), un vocabulaire juteux, et surtout, un humour une drôlerie constamment!

Par la longueur, c'est un gros boulot, mais ce n'est pas laborieux! Tout se fond à la lecture dans une belle musique!

Une mère a crié « c’est l’heure de manger !
Allez laver vos mains ! » Alors, j’ai sur moi-même,
Tourné, sans un secours, et j’ai laissé ma peine
M’emmener follement dans l’oubli d’un fossé.

C'est simple et beau! bravo!

   Miguel   
8/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Cette roue ivre rappelle trop un certain bateau pour ne pas souffrir cruellement de la comparaison ; n'est pas Rimbaud qui veut, et quand on cherche à l'imiter on ne parvient qu'à le singer. On se lasse à la fin -et même bien avant la fin- de ce trop long poème, et l'attention éparpillée finit par se relâcher. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de talent dans cette écriture, il y a même, ma foi, quelques vers que je voudrais avoir écrits ; mais j'y sens, comment dire ... une certaine prétention, de mauvais aloi. La prochaine fois, essayez Verlaine, "Sans rien en lui qui pèse ou qui pose".

   brabant   
22/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Labrisse,


Waouh ! Quand j'ai lu l'incipit : "humanité consciente... animalité objet"...
"L'usage de notre liberté n'est-il pas fait à mauvais escient ?
A quand [...]
L'au-delà [...]", j'ai dit Waouh... puis je me suis jeté wow wow wow...


Eh ben, pas de regrets, ça déchire, ça décoiffe, cette suite de poèmes en cascade a un punch du tonnerre qui rebondit de sommet en sommet. Mais oui !

Je fais une prière spéciale pour les animaux (humains et/ou non) et la cruauté ordinaire.

Je vois malgré sa dérision une tendresse de l'auteur et des clins d'oeil et de l'humour. Alors oui, je souscris au final :
"... j'ai laissé ma peine
M'emmener follement dans l'oubli d'un fossé".
Le problème est que des dépanneuses (mécaniques et/ou non) nous en sortiront. Notre monde est sans au-delà.


Merci pour ce quadruple poème quadruplement tonitruant ; je vide mon Ricoré dans l'évier... et que "le grand cric me croque !".

Mention spéciale au "veil écrou de neuf", aux indicibles ricochets du ballon de rugby, à ... aux .. et ... et puis ... . J'arrête, trop trop trop à citer.

Merci encore, et de nouveau, et encore, et encore...

:))))

   stellamaris   
24/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Quel souffle dans ce texte ! Impressionnant ! En le lisant, j'ai eu l'impression de dévaler en kayak un torrent en crue, plus emporté par le courant que le maîtrisant, évitant à grand peine les rocs partout présents... Épique ! J'adore !

Une seule chose m'a gênée à la lecture, et m'empêche de mettre le "Très bien +" que sinon j'aurais mis sans aucune hésitation : Certains vers non ou mal césures, qui cassent le rythme et m'ont empêché de lire l'ensemble d'une traite, sans reprendre ma respiration, comme je l'aurais voulu... Pour reprendre ma métaphore de tout à l'heure, j'ai eu l'impression que, parfois, mon kayak buttait sur un roc qui cassait son élan, et que j'étais obligé de donner quelques coups de pagaie pour reprendre mon élan...

Avec toute mon amitié.

   Anonyme   
27/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Fulgurant, foisonnant, bondissant,, zébulonesque, torrentueux d'humour et de gravité sous jacente, malicieux et inattendu en diable, d'une liberté de ton et de style qui me font penser que j'ai laissé passer plus de la moitié des pépites qui roulent dans cette cascade à travers les trous de mon médiocre tamis.
Chapeau.

   Zalbac   
11/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"De la musique avant tout ! et pour cela prefère l'impair."
P.V

Faire un poême aussi réussi en partant des errances d'un pneu ! Le challenge était haut et remporté avec brio.
Bravo Labrisse ! +++


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