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Poésie en prose
Lariviere : Fragment du crépuscule (morceau 2)
 Publié le 25/07/07  -  11 commentaires  -  655 caractères  -  212 lectures    Autres textes du même auteur

Fragment.


Fragment du crépuscule (morceau 2)



Éloge de l’ennui. Temps blanc. Temps maudit. Temps de démons, où le diable a perdu un œil et où les bastringues mènent le monde. Des désirs apeurés s’échappent. L’avenir, ce jour présent au goût de cendre qui n’en finit plus et qui projette sa gueule de souffre, indéfiniment… Avaler ses espérances féroces jusqu'à vomir. Démonstration de nos capacités de dégoût. Morcellement des joies. Le pire reste à venir. Rengaine harassante des nouveaux millénaires et des hommes girouettes. Rapatriement panique des projections heureuses. Nouvelle latitude sous nos mœurs de cadavres. Rapacité. Pisser des lames de rasoir dans les sentences caduques du vent.


 
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   Cyberalx   
26/7/2007
"Pisser des lames de rasoir dans les sentences caduques du vent."

ça pourrait être la définition de la syphilis dans notre Absurdus Encyclopediae Virtuelum, ça :)

Heureux de voir que le Diable a perdu un oeil ici aussi, je n'ai toujours rien de constructif à dire en ce qui concerne ces "fragments du crépuscule" mais j'attends néanmoins la suite avec grande impatience.

   daphlanote   
30/7/2007
Très joli. Fluide aussi. J'aime encore.

Juste :
"Démonstration de nos capacités de dégoût." J'ai l'impression que celle-ci heurte.

   Pat   
19/12/2007

   strega   
20/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Oui, vraiment très bête que je suis d'avoir lu dans le désordre, bref.

Bien sûr l'ennui suit en toute logique l'amertume des désirs envolés.

Encore une fois, c'est une athmosphère post-apocalyptique je trouve, et pourtant "Le pire reste à venir." Amoins que... L'apocalypse ici soit dû à cela justement, cette incessante plainte de l'homme, sur son présent et son futur qu'il juge inexistant ou horrible.

Serait-ce une simple critique de la morosité ambiante, du pessimisme à toute épreuve, de la condition tragique de l'homme parce que justement il se voit comme victime? Je le ressends ainsi.

"Nouvelle latitude sous nos mœurs de cadavres." Je dois avouer que c'est une formulation terriblement juste, la terre semble avoir changé sa course tant l'homme transpire toute chose possible sauf la vie...

   nico84   
20/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai peut être moins compris ce fragment ci. Mais je l'aime aussi.

"Avaler ses espérances féroces jusqu'à vomir. Démonstration de nos capacités de dégoût."

J'aime ces phrases un peu sinistres, qui expriment, pour ma part, nos capacités à effectuer des tâches, des métiers, des actions totalement en désaccord à nos désirs, souhait, à notre personalité.

Et j'ai ressenti une critique envers les hommes, la capacité à nuire, l'égoisme et ce mot bien trouvé "rapacité".

Merci pour ce fragments, écriture dense, profonde, j'adore !

   Anonyme   
2/7/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un peu court.
Tu regardes histoires naturelles quand tu souffres du syndrome de la page blanche?

Minuit heure du crime... aaaah j'aime bien, merde!

"Rapatriment panique des projections heureuses."
ça roule sous le cerveau... et ça me renvoie aux peurs nocturnes, au sommeil qui ne vient pas. J'aime.

Fragment 2 approuvé.
Bon be qui a dit que j'aimais pas la poésie moi?
Suffit de parler 2L...
Es

   Anonyme   
25/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Et le diable a perdu un oeil, joli clin d'oeil ou début du défit ?

Très court mais super condensé des sombritudes de la nuit...

J'aurais dû m'y mettre plus vite à exploerer ces fragments crépuscumaires...

   FredericBruls   
1/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
le diable a perdu un œil

Tiens, aurais-tu inspirer Estelle ?

Blague à part, quelques bonnes formules (J'aime l'ennui et sa marée), mais celui-ci m'a moins parlé que le premier. Pas grave, suivant !

   widjet   
1/7/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Ce qui me parle

"Hommes girouettes"
"Rapatriement panique des projections heureuses" (mon préféré)
"Avaler ses espérances féroces jusqu'à vomir"

Je m'en contenterai.

Un fragment nihiliste.

Widjet

   jaimme   
7/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai lu trois fois et j'ai toujours cette impression: "Eloge de l'ennui" s'annonce comme un titre, développé ensuite.
Face au dégout du monde, de ce qu'en fait l'homme, il vaut mieux que l'homme n'agisse pas.
C'est ainsi que je l'ai ressenti.

Pas d'impression d'hermétisme. Des sons et des images, une musicalité. C'est de la poésie. De la vraie. Pour moi.

   jfmoods   
25/3/2017
"Éloge de l’ennui."

Cette phrase d'entame, nominale, réduite au minimum, surprend par son aspect paradoxal. Elle pointe cependant l'essentiel. Dans un monde moderne où l'individu, sans cesse sollicité, n'est plus véritablement détenteur de son temps, l'ennui est devenu une denrée rare, presque introuvable. S'ennuyer, c'est être ramené à soi, à son intériorité, à ses aspirations.

"Temps blanc. Temps maudit. Temps de démons, où le diable a perdu un œil et où les bastringues mènent le monde."

La gradation anaphorique, avec accélération soudaine de la cadence, tient dans son viseur l'époque, dénonçant une malignité économique et, très probablement, politique. Le temps est blanc comme l'est le tableau resté vierge de tout projet humain profondément novateur. Les bastringues renvoient au monde du divertissement dont le chiffre d'affaires est colossal. Ils renvoient au degré zéro de la réflexion sur les enjeux les plus critiques du monde contemporain. Par glissement allitératif, le lecteur est également tenté de lire "baltringues", autrement dit les incompétents qui nous gouvernent, dans ce cas complices des bastringues pour limiter le temps de cerveau disponible.

"Des désirs apeurés s’échappent."

La dénaturation de l'humain est en marche. Nous perdons notre âme dans les plaisirs malsains, vides ou inconsistants que l'époque nous donne en pâture.

"L’avenir, ce jour présent au goût de cendre qui n’en finit plus et qui projette sa gueule de souffre, indéfiniment…"

Le paradoxe appuie douloureusement sur l'absence de perspectives. Une idéologie mortifère a immolé l'humain sur l'autel de la modernité triomphante.

"Avaler ses espérances féroces jusqu'à vomir. Démonstration de nos capacités de dégoût."

L'homme en est venu à renier ses convictions les plus profondes, les plus intimes, à repousser tout ce qui pouvait donner un sens à son existence.

"Morcellement des joies. Le pire reste à venir."

Dans un tel contexte, la vie n'est plus constituée que de maigres bonheurs fugaces. Les slogans optimistes se sont retournés. Ils nous rient au nez de manière grimaçante.

"Rengaine harassante des nouveaux millénaires et des hommes girouettes."

D'un côté, l'espoir de changer le monde, de proposer un avenir constructif ; de l'autre, des gouvernants visant leur réélection, qui infléchissent leur politique au jour le jour, au gré de l'opinion et des sondages.

"Rapatriement panique des projections heureuses."

Aucune utopie salutaire n'est plus susceptible de porter notre espérance vers des lendemains qui chantent. Nous vivons dans l'ère du délétère.

"Nouvelle latitude sous nos mœurs de cadavres. Rapacité."

En vérité, nous sommes déjà morts, ensevelis sous le poids de nos intérêts personnels, enterrés sous la carapace de nos instincts les moins avouables.

"Pisser des lames de rasoir dans les sentences caduques du vent."

À ce stade, le poète pourrait baisser les bras, reconnaître l'inutilité de toute révolte, autrement dit "pisser dans le vent". Mais il est loin de se résigner. Une colère froide l'anime qu'il va agglomérer autour de cette expression familière pour mieux en dynamiter le fatalisme. Les lames de rasoir taillent dans le lard, à l'aveuglette, pourvu que ça saigne. Les sentences, éléments de langage caractéristiques de l'époque, se trouvent soudain frappées de prescription. Cette phrase infinitive, percutante, portée comme un étendard de l'insoumission par la dureté des allitérations ("s" / "z", "d", "c") et des assonances ("a", "an"), claque comme un drapeau insurrectionnel.

Merci pour ce partage !


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