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Poésie en prose
Lariviere : Fragment du crépuscule (Morceau 37)
 Publié le 11/09/08  -  5 commentaires  -  9713 caractères  -  53 lectures    Autres textes du même auteur

Fragment.


Fragment du crépuscule (Morceau 37)



République bancale où coule le chagrin. République pourrie comme du bois exotique. République en exil… Le troisième empire se construit mais les valets sont en robe de chambre. Les femmes en habits de soirée sont des monstres aux longs doigts sans visage cagoules cloches lugubres striées de noir, leurs vertèbres sont des aspérités des opulences sont des touches de pianos gondolées terminant sur des fesses rebondies une anse en cristal et leurs bassins sont des cônes qui s’effilent dans des rachitiques remous bleu pâle au milieu d’une assemblée fantôme… Personne ne sera prêt pour la cérémonie. La poésie peut balbutier sans cesse ses illuminations sur les carrefours humains, le fracas contemporain des tambours roule parasite comme un éternel assourdissement surchargé de futile… Imposture. Nausée… Constructions carnassières du casanier, coup de dés du destin sur des arceaux d’argent, casemates solides de nos rétines encrassées, nous devenons des satellites errants, vies en morceaux dans une valise baladeuse, vies au profit des prédateurs qui s’insinuent et balisent nos chemins de papillons, prédateurs diaboliques étouffant nos soleils naïfs de leurs ombres complexes…
Misérable chemin de phénix infernal… Renaissance sans fin du superflu.




Les vides pernicieux nous remplissent nous façonnent et nous imprègnent ; total vous ne viendrez plus chez nous par hasard… Nos sourires se craquèlent. Fondent. Décor de nos os imprégnés d’immondices. Les îlots des larmes en Galice aux flots des réverbères, les écueils insoumis… Comme la poudre noire des canons recrachée au détour d’un sentier de scorpions flamboyant sur les pages de satin la moiteur des amitiés. Faites chuter votre taux de cholestérol avec Danacol… Décathlon, à fond la forme. Tic-tac-tic-tac-tic-tac, fait la faucheuse… Doigts métronomes dont on fait moissons, stériles accumulations d’orges et de blé, de merdes de stupres et de miséricordes, de salissure sacrilège sur l’éternité, minable tempo des récoltes de vent dans le fonctionnement apocalyptique désormais familier du tout vers le rien, alors que de l’autre côté de la vie, la terre plate de nos errances, un miroir sans teint réfléchit nos hideuses concessions. Notre vitrine au-delà des monts et des merveilles s’est dépouillée de sa superbe. Injurieuse devant la postérité, l’allumette sur le fil de nos doigts croit bon de s’éteindre, brisée consumée dans les conciliations lasses et les ricochets de nos girouettes, vent flasque sur la voûte céleste, table tournante acceptant résignée d’être porteuse de ses fissures, sur les rêves qui ne s’immiscent plus dans nos actions. Tergiversations déboussolées. Nos différences sont autant de reliefs dédaignés comme les prises rugueuses d’une paroi d’où nous dévissons constamment. Trop plein de feux de Bengale comme artifice d’anévrisme mental. Les souffles aux relents crissant de renouveau faisandé sont succubes sous les pieds des nations et duplicité dans les cœurs désemparés des turpitudes. Fissure gluante sur l’encorbellement. Situation politique des assoupis. Contentement consenti inconscient. Sieste des vaincus et des sans droits. Oubli, œillère, écho infini… Mais que nous réservent nos anesthésies et nos yeux brûlés sur la grand-place des malentendants ?... Des milléniums zéro à répétition, des cratères de cris des touffes de glaires des bouillies de crâne de la fiente macabre l'épouvante fébrile et des nouveaux abattoirs…

La plèbe riposte par des tremblements désordonnés et reste de marbre comme une vieille carcasse trop lourde pour se mouvoir sans craindre un spasme de catastrophe. Les statiques se font légions et les sangs d’azur dilué de cire ancrent leurs humeurs d’hyènes stressées sur des ritournelles sages lues aux placardages des académies. Mésanges de nos nausées resteront sur ce rocher insoumis et retranché de nos destinées que l’on appelle présent, tandis que l’élan ferreux des yeux assassins continuera pour un temps de vis un tour de marasme supplémentaire à étendre leurs tourbillons diaboliques et leurs valses aveuglantes.
Famine cérébrale, nous ouvrent les bras, foyer au césium réconfortant, réconciliation d’un nouveau crabe vert… Les mères pleureront à nouveau. Les stries sur l’âme se referont légions. Dans les iris abattus, le torve reprendra sa place de toupie enflammée…

Sous les lampions commodores, le bitume en os de nos déchéances communes. Et sous le bitume, les déceptions rieuses, poussières érigées en système… Hurlement des synapses. Étouffé, le bon temps. Grotesque carcan des calomnies la brume s’abat comme la foudre halo harassant sur le soleil. Attention, explosion. Flash. Miroir. Brouillard. Pourriture écaillée de nos déroutes poussent sereine dans la chaleur de nos poitrines… Comme d’innombrables requêtes, on s’essuie aux gémissements libérateurs sur les aréoles tendues de nos amertumes, émancipations faussaires en prévision des temps maudits où les seins nourriciers de nos âmes bafouilleront à nouveau des abominations et des farces macabres…

Pendant ce temps, les caravaniers du désordre assis sur le sang imprévisible de leurs califats écoutent les chiens modernes aboyer dans le vent… Ils pouffent et acclament, se délectent de nos indécisions et de nos malheurs, résonnent dans leurs crânes violets les grains des raisins pourris, s’écrasent comme pluie les plaintes de nos fulgurances… Espérances périmées accumulées par le vent. Quelque part, le pessimisme, ce nouveau germinal au fruit gâté, nous jauge et nous toise de son mépris de satin. Il n’est plus possible dans ce marécage intellectuel, de voir quelques diamants séchant le linge de nos peaux esseulées ouvrant les fronts possibles de nos futurs, promettant ferme l’avenir de nos vies simples. Se dessine seulement des immaculées souillées… Horizon pataugeoire flasque de morale en demi-teinte. Pays malade. Pays conquis de sa peste. Pays cramoisi par les miasmes de la solitude… Pays aux babines sclérosées s’aspergeant des sucs musqués, bustes dorés de musaraignes aux crinières d’argiles aux ombres gigantesques, souriceaux grêlés de varioles plagiant les félins des grandes étendues, lions de clapiers, adorateurs grimés de peaux de panthère perlant le sang ancestral de toute culture à l’aine du nouveau monde ; ce sont les accapareurs calamiteux de l’éternel… Croques mitaines argotant, perpétuels ils postillonnent vanité, stupre mental, gabegie, écœurement du givre et du granit, vomissure des matins et sueurs des améthystes, sans s’apercevoir que les asticots rongent déjà les chairs de leurs lèvres de miels aux spasmes rassis sur le zénith inquiétant des jours à venir.


Pouvoir… Milan des âges millénaires. Peste mentale que n’enraye aucun mur… Buse aux plumages éternels qui traverse de son vol charognard la moindre particule vivante… Charnier perpétuel creusé sur les pas de l’humanité, l’avidité humaine ne connaît pas de frontière et se développe de Babylone jusqu’à la maîtrise de la chimie moléculaire. Abandon des pousses tendres. Universelle contagion comme feu de poudre et chaude-pisse de nos faveurs. Mémorandum morbide, litanie éternelle pour ceux qui ne veulent pas se laver les yeux. Ce sont les idiots crachés sur l’orbite du monde… Pendant ce temps, l’Univers malmené, cligne des orbites purulentes et des paupières rougies. Coule… Folles destinées aux formules d’illusionnistes. Folles couleuvres qui courent sur nos cœurs. L’herbe souillée, vampire à nouveau de nos sangs ?…


La folie descendra les étages.


Catastrophisme ? Peut-être… Tropisme certain des projections extrapolées sur le cercle. C’est le contraire qui serait étonnant…


Le cannibalisme social procure ses extases, distribue ses frissons, dispense ses conquêtes de velours purulent et les qualités des hommes s’évaluent et se mesurent, se comptent et se remercient, se rétribuent s’étouffent et se brisent en somme de billets verts... Révolte canalisée de l’orage impuissant. Salissure innommable des hydres en furie. Émulation décapitée, une autre sphère s’ouvre, niveau zéro. Zone érogène jaillissante de pus sanglant, territoire des sections comptables qui rend le superflu indispensable et qui remplacera un jour toute alchimie de primevère…


Les interrogations rageuses peuvent pleuvoir sur nos poings serrés ou sur nos joues ramollies par l’averse, les sanctuaires resteront des troupeaux de moutons noirs dans lesquels les momies s’enchaînent, s’étreignent dans des cotons blancs et de faible lumière de papier. Le ciel. Le bond. Le fiel. Le blanc. Les vermiculaires s’assument. Les bandelettes jaunissent. Dépérissent et s’effritent les langues sur le rebord râpeux de l’éternité. L’épilogue est en marche… On ne peut l’arrêter. Les vernis s’usent se déversent et se répandent dans les sinuosités grises et spongieuses des tissus cérébraux, ne pas dire les plus moelleux, ne pas dire les plus mous. Ne pas tremper les espoirs. Ne pas trahir les souffles. En transformant les pièges pharaoniques des calculs et des ricanements austères des glaciers, un soleil qui s’allume dans le creux de la main, la braise, brise et rosée des caresses, silhouette d’un parenchyme, étoile soufflante dans les poumons nous saupoudre ses salutations potentielles, mais tournent carnivores ses solides promesses de vernis urticant, messagère d’une époque qui n’en finit pas, mauvais grain et mauvaises espérances… Mauvais esprit. Semer. Cavalcade la lune. Criard le cimetière d’Ève ; Mort dans l’âme des appétits. L’inouï. La matière. Incertitude. Histrionisme les échelles...

Et la vie rebalance de tout son poids de pendue…


 
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   David   
11/9/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Larivière,

Un modèle de prose, avec une trame qui ne m'attend pas, les yeux devraient devancer les mots : c'est pas content du monde où ça naît, cette accumulation de ténèbres, de révoltes :

"L’épilogue est en marche…"

   Anonyme   
12/9/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une écriture quasi professionnelle, c'est dense, ça raconte quelque chose, c'est épais, parfumé, masculin, musqué. C'est séduisant, on veut bien s'assoir et écouter. En même temps faut s'accrocher, ne lit pas ça qui veut. C'est du solide.

   Pat   
24/5/2009

   jaimme   
14/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
"Le cannibalisme social procure ses extases, distribue ses frissons, dispense ses conquêtes de velours purulent et les qualités des hommes s’évaluent et se mesurent, se comptent et se remercient, se rétribuent s’étouffent et se brisent en somme de billets verts...": oui, absolument oui!
Coup de canon sur notre société qui s'organise autour de l'apparence.
Mais j'ai lu du Larivière plus en poétique. Là l'esprit du pamphlet étouffe la verve poétique, je trouve. Les images, les coups de fouet des mots sont moins présent. Le sujet sans doute.
J'ai aimé, bien sûr, mais j'ai moins été pris dans le tourbillon que d'autres fois.
jaimme

   Anonyme   
2/7/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
3/5/2009


YES... ça fait du bien un petit Lari aux States... je dois dire que je suis en plein dans le sujet ici...

J'aime beaucoup la façon de présenter les choses, de décortiquer entre la nausée franche et la dérision désespérée... et toujours cette part de fatalisme réaliste qui sonne fort et haut pour dénoncer (annoncer?) une vérité à laquelle beaucoup préfèrent rester aveugles...

l'alternance de termes médicaux, pubs connues pour marques controversées, passages un rien érotiques pour accentuer l'impact...

- La poésie peut balbutier sans cesse ses illuminations sur les carrefours humains, le fracas contemporain des tambours roule parasite comme un éternel assourdissement surchargé de futile… Imposture. Nausée…
=> J'aime beaucoup...

- au profit des prédateurs qui s’insinuent et balisent nos chemins de papillons, prédateurs diaboliques étouffant nos soleils naïfs de leurs ombres complexes…
Misérable chemin de phénix infernal… Renaissance sans fin du superflu.
=>pareil je trouve que les images sont d'une puissance impressionnante...

- ...l’allumette sur le fil de nos doigts croit bon de s’éteindre, brisée consumée dans les conciliations lasses et les ricochets de nos girouettes, vent flasque sur la voûte céleste, table tournante acceptant résignée d’être porteuse de ses fissures, sur les rêves qui ne s’immiscent plus dans nos actions.
=> pour moi cette phrase à elle seule résume tout le texte... mais peut-être que je me trompe?

- Pays aux babines sclérosées s’aspergeant des sucs musqués, bustes dorés de musaraignes aux crinières d’argiles aux ombres gigantesques, souriceaux grêlés de varioles plagiant les félins des grandes étendues, lions de clapiers, adorateurs grimés de peaux de panthère perlant le sang ancestral de toute culture à l’aine du nouveau monde ; ce sont les accapareurs calamiteux de l’éternel…
=> oui...

- En transformant les pièges pharaoniques des calculs et des ricanements austères des glaciers, un soleil qui s’allume dans le creux de la main, la braise, brise et rosée des caresses, silhouette d’un parenchyme, étoile soufflante dans les poumons nous saupoudre ses salutations potentielles, mais tournent carnivores ses solides promesses de vernis urticant, messagère d’une époque qui n’en finit pas, mauvais grain et mauvaises espérances… Mauvais esprit.
=> définitivement, oui... j'adore tout simplement!

Merci, ça fait du bien parfois de prendre les choses en pleine face... avec une beauté et une sensibilité (j'ai PAS dit sensiblerie, attention) à fleur de peau... pour un texte d'une qualité rare.

Oui, Lari... ça c'est une bonne façon de nous faire un brin de morale...
Es


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