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Poésie contemporaine
Laurent-Paul : Deuil
 Publié le 25/11/24  -  7 commentaires  -  2408 caractères  -  73 lectures    Autres textes du même auteur

Je ne sais que dire
sinon que le pire
arrive.


Deuil



1 – LABYRINTHE

Les grands héros comme Thésée
perdent leur force aucune Ariane
au fil tendu tout est brisé
par le crabe aux pinces diaphanes

entre les murs où tu t’endors
ses pinces n’ont pas de repos
il te dépèce et te dévore
et son festin finit trop tôt

le Minotaure est devenu
un petit crabe il nous attend
nous sommes tous les bienvenus
dans son labyrinthe aux murs blancs.


2 – HÔPITAL

Notre visage est sous un masque
mais nos regards ne mentent pas
le monde entier me semble flasque
sauf ton corps caché sous les draps

tes yeux fermés ne savent rien
de ces écrans qui te surveillent
jusqu’à la fin pour voir combien
de temps durera ton sommeil

la mort attend la bouche ouverte
où des tuyaux comme des pals
plongent au cœur d’un corps inerte
dans une chambre d’hôpital.


3 – ENTRE-DEUX

Personne n’ose alourdir l’air
déjà pesant de pauvres mots
sans importance autant se taire
et renifler quelques sanglots

nous nous sentons tous désarmés
nous regardons ses yeux clos
sa bouche aussi reste fermée
dans un silence sans repos

alors on parle un peu sans bruit
des souvenirs dans nos cartons
des vieux beaux jours avant la nuit
au crépuscule nous partons.


4 – ENTERREMENT

Le curé chante et je l’écoute
mais je n’entends que la douleur
de cette absence où l’on ne goûte
plus les mensonges des chanteurs

nous sommes tous devant la boîte
où l’on ne range aucun objet
elle est aussi longue qu’étroite
comme un avenir sans projet

le curé parle et je regarde
la boîte pleine où l’on n’entend
que le silence cette écharde
qui s’enfonce en nous jusqu’au sang.


5 – CIMETIÈRE

L’obscurité qui te recouvre
est immobile et sans appel
que l’on t’enferme ou que l’on t’ouvre
tout restera toujours tel quel

je n’ai pas froid pourtant je tremble
et je renifle un peu trop fort
face à ce trou qui nous rassemble
et nous attend vivants et morts

tout est fini le cimetière
est déserté par les vivants
il fait si beau dans la lumière
qui tremble de froid sous le vent.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Ioledane   
10/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
C'est un texte très fort, au rythme lancinant, dont l'effet est renforcé par l'absence de ponctuation. Jusqu'au point final, qui n'est sans doute pas là par hasard.
Un récit qui m'a touchée, avec ses images simples et fortes et sa progression graduelle, au point que j'en hésite à faire quelques remarques. Je dirai simplement que le vers "nous regardons ses yeux clos" souffre d'une syllabe manquante, et que les titre et sous-titres sont (à mon goût) trop explicites ; s'imposaient-ils vraiment ? Pour les sous-titres, les numéros auraient pu suffire ; le titre aurait pu être un extrait du poème, moins 'direct'.
La fin est magnifique.

   Boutet   
25/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le deuil a toujours bouleversé les hommes de quelque religion qui les conduise. Il ne s'y fera jamais malgré le temps passé.
Ce poème assez explicite résume le dur cheminement de la fin de la vie
et ses étapes. Comme toujours dans ce cas les strophes sont d'inégales valeurs. J'aime bien le chapitre du cimetière, c'est la destination ultime et la mieux imagée.

   Robot   
25/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Le voyage qui conduit de la maladie à la mort est ici retranscrit dans un résumé poétique à la fois réaliste et émouvant.
Ce texte parle de la souffrance de ceux qui restent, observateurs de leur propre impuissance devant l'inéluctable accomplissement.
Le dernier quatrain nous rappelle qu'aprés le chagrin il faut continuer à vivre

   Corto   
25/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Le sujet est audacieux mais l'ambiance ainsi créée est réussie.
Chaque étape sent le vécu et peu d'échappatoire au réel cruel. Les mots sont bien choisis et incisifs.
Le chapitre "HOPITAL" me parait le plus percutant mais au final on trouve une grande créativité tout au long du poème.

Un beau texte en prise avec ce qu'on appelle la vie.
Bravo

   papipoete   
25/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Laurent-Paul
le crabe, de ton corps s'est rassasié ; bientôt dans cette chambre, où des machines te scrutent, on débranchera tous ces tuyaux plantés en toi, la mort aura gagné !
nos yeux se parlent, alors que nos bouches se taisent, face à toi endormie
un trou qu'on emplit de toi, la nuit désormais pour moi...
NB la mort en 5 actes, avec le thème que le brigadier annonce de ses 3 coups ; l'avant, le pendant, de dénouement, et la fin apothéose noire.
reste à choisir dans le " programme ", quel chapitre le plus plût ?
un bémol dans la seconde strophe, à l'ultime strophe
" et son festin trop tôt "
qui selon moi ne dure que toujours trop, lorsque la mort est convoquée.
la dernière strophe, quand tout est terminé, plonge le lecteur dans cet douce quiétude, où l'on se retrouve enfin avec le défunt, et l'on se parle, l'on se répond...
je confirme que l'Octosyllabe, est un mètre qui convient autant à la joie, que pour parler de l'infinie tristesse.
vos assonances sont autant de grains de chapelet, qui font psalmodier vos vers

   Marite   
25/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Belle prouesse que d'avoir présenté ce cheminement pénible et douloureux sous une forme poétique qui ne heurte pas dans l'expression. Progressivement, dans ces cinq parties, la description des différentes étapes et la perception du ressenti d'un ou des proches sont transmises avec des mots simples, justes et sans excès.

   Dian   
28/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime un peu
La forme est irréprochable. Musique et rythmique, parfait. Superbe maîtrise. Pour le contenu, je suis mitigé. Les images ne me parlent pas, je sens que la faux du vieux Saturne a parlé, et qu'après Saturne il n'y a même pas d'Uranus. "Les héros comme Thésée perdent leur force, aucune Ariane". Qu'en sait-on ? A quoi sert la mythologie si on la relègue au rang des fables ? Qu'est-ce que la réalité ? La mort physique est-elle une image fiable de la mort définitive ? Aux dernières nouvelles, à en croire les témoins qui ont eu des expériences de mort imminente (de plus en plus nombreux), la conscience est un phénomène qui se poursuit au-delà de notre cerveau. Et si Ariane était cette conscience ? Et si, avant de nous suicider spirituellement ("tout est fini"), nous nous demandions simplement pourquoi les anciens (avant l'invention de ce satané rationalisme) croyaient en l'existence de l'âme ?
Et si la poésie triomphait sur le Temps ?


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