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Poésie néo-classique
Lo : Franchir
 Publié le 19/10/12  -  6 commentaires  -  814 caractères  -  172 lectures    Autres textes du même auteur

L'histoire d'un homme découvrant le corps de sa femme sans vie, éteinte en lisant l'Odyssée…


Franchir



L’Odyssée sur le sol patiente au pied du lit,
En son antre un doigt sec, naufragé marque-page,
Empreint d’un lire éteint sur le vent du voyage,
Mène l’homme au chevet d’un horrible récit.

Une larme sous lui brûle la reliure,
S’étoile en rus de lave et glisse sur le bras,
Étanche à la douleur, devenu sourd au glas
Discrètement sonné, moulé dans la pliure.

Sa dernière émotion soufflait sur les Cyclades,
Le corps las percevait les pas de son amour,
Sa vie disparaissait au son lent d’un tambour,
Son esprit se tordait en confuses chamades.

Il promène ses mains sur le dos découvert
De sa femme gisant au creux d’un froid rivage.
Servante de Circé, fille d’un Lotophage ?
Ses pensées sont figées devant ce livre ouvert.


 
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   Pimpette   
28/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Beau boulot!

Ce qui me frappe le plus, c'est la musique impeccable, qui accompagne, c'est le cas de le dire,un épisode de vie tragique;

Il y a quelque chose de marmoréen dans ce texte. Pas de gémissements. Tout est dit et la dernière strophe nous montre avec une grande discrétion un homme intérieurement bouleversé.

J'ai beaucoup aimé

   Anonyme   
12/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Autant dire de suite que je n'ai pas été bouleversé. Non tant le sujet qui est parfaitement original, et une plutôt bonne maitrise du vers, ce sont quelques détails (ou libertés) dans l'écriture qui ont haché ma lecture (mais ce n'est que ma lecture).
On sent qu'il y a eu du travail, avec une volonté de belles rimes (sauf 1/4, 6/7), que le choix de certains mots-clés a été soigneusement fait ("discrètement", "se tordait"), et que les relectures ont dû être nombreuses (seule remarque de ponctuation, j’aurai mis un point virgule après « Cyclades » vers 9, pour mieux couper les deux propositions qui me semblent étrangères).
Sur la poésie, dans la construction en vers embrassés, il y a cette petite entorse entre la deuxième et troisième strophe où l’alternance masculin / féminin n’est pas respectée (alors qu’elle l’est ailleurs). Les trois imparfaits aux césures des vers de la troisième strophe alourdissent le chant.
Enfin, au niveau de l’écriture, j’ai été surpris de l’emploi du latinisme (?) « lire » vers 3. Je ne dis pas qu’il est faux, on dit bien un parler, je dis qu’outre surprenant, son emploi ainsi fait me parait peu évident et brouille plus qu’il n’éclaircit la phrase (même si l’on en saisit le fond).
Dans la deuxième strophe, heureusement (et c’est sans doute fait exprès) que la différence de genre entre « larme » et « bras » est là pour comprendre que ce dernier est le mot qualifié par la suite. Les images le concernant : « Étanche à la douleur, devenu sourd au glas » ne m’ont pas paru pertinentes.
La maitrise émotionnelle de l’homme figeant ses pensées sur le dernier sujet que sa femme ait pu lire, m’a paru aussi fortement improbable. Bien que possible, je trouve que cette froideur ôte beaucoup de poésie au texte.
Mais l'ensemble se tient.
Titre ambigu.

   Miguel   
13/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Quelle drôle d'idée, de mourir en lisant l'Odyssée ! Ce seul fait me tient à distance du texte, je n'y puis entrer.
Ce doigt sec me fait me demander depuis combien de temps la dame est morte, pour être ainsi momifiée ; ce mari est un sacré dormeur ! On comprend pourquoi la dame lisait au lit ...
L'emploi substantivé du verbe "lire" ne me semble pas heureux, on tombe un peu dans les excès de La Pléiade dans ce domaine.
Il me semble que quand on découvre sa femme morte à ses côtés on ne réagit pas par une larme, mais par un cri, un mouvement convulsif, etc ; cela manque de vraisemblance.
Les vers 5 et 6 rappellent ceux de Hugo : "Du vieux toit crevassé d'où la rafale sort,/ Une goutte parfois tombe sur ce front mort,/ Glisse sur cette joue et devient une larme." Mais rappeler Hugo est toujours à l'avantage de ce dernier ...
Dans la strophe 3 on ne sait de quel amour il est question, ni de quelles chamades ; je cherche en vain dans mes souvenirs de l'Odyssée une référence à celles-ci ; mais peut-être ai-je oublié.
Dans la dernière strophe encore ce veuf agit non comme s'il découvrait sa femme, mais comme s'il savait déjà qu'elle est morte ; ces attitudes rêveuses ne sont pas celles du premier choc émotionnel.
Il n'y a pas non plus de vers particulièrement bien trouvé qui sauverait l'ensemble.

   brabant   
19/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Lo,


Encore un coup de Circé et des Lotophages ! lol :)

Pour l'homme une longue patience commence car sa femme a sauté le pas ('Franchir". "Il suffit de passer le pont [Hellespont] C'est tout de suite l'aventure") ; j'y vois la revanche de Pénélope ; je recommanderais au veuf (mais est-on jamais veuf dans l'Odyssée ?!...) de tresser des paniers d'osier.. Sait-on jamais ?!...

J'ai trouvé ce texte très beau, un beau sujet pour Mucha et/ou Puvis de Chavannes.

Le deuxième quatrain m'a cependant demandé plusieurs lectures tant pour rendre à la larme et au bras ce qui leur revenait de droit que pour accepter le fait qu'un glas pût être discret.

Le troisième quatrain m'a bien plu. Mention spéciale.

Je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a un jeu sur le mot "dos", découvert sur le livre ouvert, lui-même sur le dos ; reliure et pliure sont importantes dans ce texte. ...

Que ce monsieur prépare son havresac ! Appareillage pour l'Odyssée !


Du talent ! AMHA !

   funambule   
20/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
En dehors de l'impeccable musique, une émotion très originale, liant, accrochant la raison à un objet (peut-on qualifier ainsi un livre). J'imagine (trop) cette phase où le pont vers le vivant (la survie) que sont ces pages, avec l'idée future d'un retournement lorsque le livre demeurera et perpétuera ce lien... un petit peu à l'envers de ce qui est décrit. C'est très bien mené, sans aucune emphase, sans dire "l'abattement" mais l'induisant de belle façon par "ricochet". Délicat, profond... et original! Je n'en demande pas plus.

   Lotier   
18/12/2022
J'apprécie la symétrie formelle MFFM FMMF FMMF MFFM qui sert en tant que complétude, à l'aboutissement du récit.

La troisième personne permet une certaine distanciation entre la douleur et la souffrance, distanciation accentuée par le gouffre qui sépare l'homme de l'Odyssée.

Puis, de nouveau, un saut entre le dos du livre (la reliure) et le dos de sa femme. Toute cette progression dans la peine qui se tord dans les affres de l'esprit est très bien menée.


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