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Poésie libre
Luz : Étouffés
 Publié le 10/03/20  -  11 commentaires  -  620 caractères  -  196 lectures    Autres textes du même auteur

Dans les élevages de canards à foie gras, les canetons femelles sont souvent abattus, car à l’âge adulte leur foie est moins lourd que celui des mâles.


Étouffés



Ils les ont jetés
dans la poubelle-benne
avec la grosse pelle,
les canetons jaune fleur de pissenlits.

Bulles de chair,
cinquante ou cent surnagent ;
tendent une aile,
une tête, un bec vers la vie,
l’air.

Ils nasillent l’angoisse, formant un seul cri,
identique au crissement d’une vague finissante
sur le sable brûlant.

Leurs sourires gentils
se tordent
comme se ferment leurs yeux.

Un instant, le silence résonne
d’un feu
étouffé ;
un instant résonne la mort.


 
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   embellie   
1/3/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ce poème, dédié à la cause du bien-être animal témoigne, avec justesse et réalisme, de l'asservissement des animaux par les humains qui, pour des raisons économiques et par souci de lucre, n'hésitent pas à les considérer comme des objets et non comme des êtres vivants et sensibles. L'étouffement des canetons n'est hélas qu'un exemple parmi tant d'autres. On pourrait citer les poussins indésirables broyés vifs, les veaux et les porcelets retirés à leur mère, les poules pondeuses encagées à vie...Où et quand s'arrêtera cette folie cruelle et meurtrière ? Dès le premier quatrain vous êtes saisi par une image glaçante due en partie au contraste entre la grosse pelle et les canetons. Les trois strophes suivantes décrivent, sans pathos mais avec des détails précis, le martyre subi par ces canetons : « tendent une aile, une tête, un bec vers la vie », « ils nasillent l'angoisse formant un seul cri », « leurs sourires gentils se tordent comme se ferment leurs yeux ».
L'auteur ne prend pas partie. Il décrit avec exactitude, nous fait témoins d'une situation ; à nous, lecteurs, d'en tirer nos propres conclusions. Malgré son réalisme, cet écrit n'est pas totalement démuni de poésie. « les canetons jaune fleur de pissenlit », « identique au crissement d'une vague finissante sur le sable brûlant », « le silence résonne d'un feu étouffé ». J'aime cet écrit, tant pour le fond que pour la forme, et pour son objectif, éveiller nos consciences.

   ANIMAL   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte poignant, je n'ose pas dire beau dans un tel contexte. La cruauté innommable envers des êtres sans défense doit être dénoncée, le poème fait partie des moyens utilisés.

Le non-dit qui sous-tend ce texte, notamment le premier mot du poème, est tout aussi important :
"Ils" les ont jetés dans la poubelle-benne.

Oui, il y a des êtres qui acceptent de faire de telles choses, quelles que soient les bonnes raisons qu'ils se donnent. Il m'est difficile de les appeler humains.

Bravo pour avoir su traiter ce thème avec pudeur et brio. La brièveté de vos vers fait écho à la courte vie des victimes.

Pour ces pauvres créatures, à peine le temps de naître et "un instant résonne la mort".

   Corto   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ce poème s'inspire de pratiques inacceptables apparemment en cours dans certains élevages et récemment dénoncées.

Personnellement je n'aurais pas utilisé la poésie pour clamer mon indignation. Même si on trouve ici une belle qualité d'écriture.

Ce côté "Vu à la Télé" me laisse à grande distance.

Avec mes regrets.

PS: j'ai vu beaucoup de canetons mais j'ai rarement contemplé "Leurs sourires gentils"...

   Anonyme   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Bien que ce petit texte possède un coté que je qualifierai
d'un brin racoleur, il démontre les excès, les insanités, la barbarie
déployés contre le monde animal au nom de la société
de consommation. Que faire ? Les faire mourir dans la dignité ?
ou les laisser vivre ? Ou fermer les yeux ?
Cela remettrait en cause tous les fondements de la Vie sur Terre
qui veut que les plus forts ou plus intelligents mangent les autres.

On peut en écrire des tomes sur ce sujet.

Comme disait René Fallet dans un de ses livres : si les poissons
n'étaient pas muets, il y aurait moins de pêcheurs au bord de l'eau.

Au final, un texte, peut-être un peu léger et simpliste pour un tel
sujet mais qui a le mérite d'exister.

   Donaldo75   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Luz,

L’exergue est sans concession tellement sa logique paraît implacable, déshumanisée. Et quand j’ai lu le poème, je me suis dit que mon pote abonné aux "Inrockuptibles" le qualifierait de « Psychédélico-trash » ce qui n’est pas pour me déplaire. Je suis prêt à parier sur le fait que ce sujet soit qualifié par certains de non poétique, ou à ne pas traiter en poésie mais je reste persuadé qu’au contraire, le poète même amateur se doit de parler de la réalité du monde dans lequel il vit et pas uniquement de celui dans lequel il aimerait vivre ou dans ses souvenirs magnifiés où tout était mieux que maintenant, quand il avait encore tous ses cheveux, que Mémère resplendissait de milles couleurs et que Mongénéral protégeait une France ô combien éternelle de la barbarie des jeunes chevelus.

Là, on est dans le dur, impossible d’échapper à une bonne envie de rejeter mon petit déjeuner tellement les images sont fortes. Alors, je dis bravo ami poète pour ce texte fort, engagé, pas racoleur malgré un sujet mis en avant par les protecteurs des animaux – et ils ont raison de pointer la barbarie dont nous sommes complices – et traité dans une forme libre sans chichi.

Merci pour le partage.

Don

   papipoete   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Luz
ils les ont jetés, pèle-mèle comme si c'était des cailloux muets...mais ce sont de petits graviers jaunes que l'on lance sur l'affreuse trémie... des canetons impropres à produire du foie gras !
NB tout animal qui n'est pas appelé à finir dans notre assiette, devrait se sentir heureux de vivre, mais il ne le peut pas vu que l'on ne l'embêtera pas ! mais tous les autres, doués de " parole " semblent nous crier des " à l'aide ! " déchirants, quand bientôt ils ne seront plus !
( vaches que l'on emmène abattre, et canards ou poulets... ) la liste serait si longue...et nous ne mangerions plus...
Votre poème en quelques lignes, nous rappelle à l'ordre, et chaque strophe nous glace les sangs ! il existe pourtant des moyens de tuer dignement mais...
mais qui sait ; le pissenlit qu'on arrache, hurle peut-être aussi en silence ?

   Anonyme   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà une belle idée que celle de consacrer une poésie sur cette barbarie.
N'oublions pas les poussins broyés, les porcelets castrés à vif, bien entendu les oies gavées....
Que d'inventions de l'humain pour satisfaire sa panse !

Merci pour cet écrit.

   Pouet   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Slt,

un poème sur un sujet difficile mené avec sobriété.

Il me semble que chaque mot est à sa place formant un ensemble cohérent, le message perçant avec force et émotion.

Seul l'adjectif "gentil" dans "Leurs sourires gentils" m'a semblé un peu incongru, sans trop savoir comment l'expliquer rationnellement.

J'adhère au fond bien évidemment et la poésie est un moyen nécessaire à l'expression d'un tel propos sans selon moi avoir à tenir compte du fait que le thème est sans doute un levier facile à l'émotion.

   Vincente   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Il est étonnant de terminer la lecture d'un poème avec une ambivalente sensation, celle où un souffle certain de l'écriture produit une oppression mettant très mal à l'aise.
L'un provient de la plume, regard sensible et geste précis, l'autre de la chair meurtrie. J'ai trouvé très justement accolés et fondus ces deux champs sémantiques.

La façon dont se marient les images dures et crues avec celles jolies et douces accentue sans concession la tension. Le dévoilement final confirmera (après le titre) l'inéluctable de la fin des oisillons, par ce dernier vers sans appel, "un instant résonne la mort.".
L'objectif cynique de l'éleveur ne serait donc pas plus que ça contraint à réviser ses méchantes pratiques ? L'auteur a choisi de dire ce qui se passe pour dénoncer, sans inviter à repenser la question plus amplement, c'est une option qui a l'avantage de sa percussion et l'inconvénient de son côté mélo. Ainsi il chercherait à utiliser notre empathie comme arme à destruction massive, pour contrecarrer dans un deuxième temps celle de cette méthode supprimant des vies… Pourquoi pas ?
Peut-être que quelque sélection eugénique in vitro pourrait-elle aussi être combattue par lui ?... Mais le propos pourrait faire affleurer également des orientations coutumières plus vastes encore, revenir sur le "désir" de manger du foie gras, etc…

Qu'est-ce qui est le plus gênant dans le regard que porte le poème ? Son côté mélo, le fait de dénoncer une conséquence (tuer des femelles moins productive en foie gras), la manière de choisir de les écarter (la mort dans des conditions terribles), une pratique alimentaire, etc… Autour de cette dénonciation ponctuelle rodent bien des pratiques discutables ; celle-ci est très voyante, très dérangeante, un bon sujet en quelque sorte pour produire de l'émotion. Gageons que l'intention du poète, par son angle de vue particulier, permettra au lecteur de mieux prendre conscience du phénomène et d'agir dans son geste d'achat.

   Provencao   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
" Un instant, le silence résonne
d’un feu
étouffé ;
un instant résonne la mort."

J'ai bien aimé votre structure et concept de votre écrit où vous nous posez cette interrogation sur la barbarie animale, sur ces animaux jetés, interrogation qui nous amène dans une première réflexion, à scruter vos mots usités, à articuler au regard les verbes du malheur, y compris ses prémices et ses conséquences .


Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Curwwod   
16/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Comment ne pas être en accord avec ce qui est exprimé ici de barbarie et de mercantilisme, en dépit d'un côté anthropomorphique très appuyé. Je ne suis pas fan de la poésie libre où je retrouve trop rarement la musicalité que j'aime rencontrer en poésie. Toutefois cette forme me paraît tout à fait cohérente avec le thème abordé qui ne peut laisser indifférent.


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