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Poésie contemporaine
Marceau : La machine au grand cœur
 Publié le 13/03/25  -  3 commentaires  -  2091 caractères  -  63 lectures    Autres textes du même auteur

Titre inspiré de Baudelaire – La servante au grand cœur. Le grand Charles me le pardonne.


La machine au grand cœur



Être longuement bercé par le cœur battant des machines, braves bêtes mécaniques… Je me souviens de traversées en Méditerranée, au loin, là-bas, dans mon enfance. Les passagers s’entassaient dans des salons grouillants à moquette bleue, encombrés de silhouettes confuses, enfants braillards, vieillards hébétés, femmes voluptueuses, hommes dépassés, marins pressés, chiens effarés, poules serrées dans des cages trop petites, et tout cela dans des exhalaisons d’orange, de banane, de sueur, de chips, de vomi, de couches pour nourrissons expédiant leurs diarrhées lactées dans le balancement nauséeux d’un navire filant son sillon d’eau, inexorablement. Je me réfugiais alors sur le pont supérieur, sous une rude couverture de laine couleur serpillère à bandes rouges, salée d’humidité, et somnolais là tranquille, comme un idiot, au-dessus des vibrations animales de cette écurie métallique au souffle chaud, palpitante de pistons, de vapeur, de courroies, de feu et de graisse. Je me rêvais lové dans les bras d’une vaste géante invulnérable veillant la forge d’un Vulcain où s’affaireraient quelques Cyclopes, farouches auxiliaires, garants de l’harmonie laborieuse de la caverne industrielle, mon paradis peuplé d’ouvriers aux mains épaisses, aux bras forts, interchangeables mais éternels dans leurs fonctions de Maîtres des bêtes d'acier domestiquées. C'est alors que les mots s'organisent d'eux-mêmes, me transportant en Alexandrie.

Quand l’enfant s’abandonne où la machine veille,
Ronronne son acier à son rythme de fer,
La mécanique ronfle, singulière à l’oreille,
Et le petit s’endort, au sein de puissantes mères.

Quand l’homme, forgeron de ses propres martyres,
S’invente des douceurs de charbon et d’airain,
Malaxe matériaux, il a peine à bâtir,
Et se crée patiemment des havres, de ses mains.

Quand l’engrenage suinte de graisse dans sa danse,
Je me souviens d’aimer l’usine, le mécano,
Le son sourd et vibrant des flancs lourds des bateaux,
Des trains de nuit sifflant, scarifiant le silence.


 
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   Dimou   
26/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Non d'un boulon...

Ces machines ferrées et criantes de réalisme poétique ont pris vie sous mes yeux, le souvenir est plein de moiteur et de graisse, et quand bien même il se destinerait à vapeur, le gasoil s'absorbe ici comme du petit lait.

Le grand Charles ne vous pardonnera pas, y'a rien à pardonner !!

Un ouvrage brulant.

Dimou en EL

   ALDO   
13/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour

... bercé par le monstre de douceur...

Tout autour du sommeil, de la graisse, de la chair et du rythme !

Et l'enfant-souvenir de bercer à son tour avec des mots, proches d'Alexandrie,

et de rendre à la mer, à la mécanique des machines et des hommes,

sa pulsation d'enfance.


Bravo !

   papipoete   
13/3/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Marceau
Aller chercher la vie, là où était le travail, en l'ocurrence par delà la mer Méditerranée... après une traversée à bord d'un navire, dont le confort n'était pas le maître-mot, le migrant allait connaître le monde du bruit, de la chaleur, des cadences, de la galère
mais, travailler pour se construire des murs, de quoi manger, et un peu rêver...
NB après le " cahotique " désordre de cette croisière, entre cris, entre vomi, promiscuité, viendra ce temps où l'on se prend d'amitié, pour sa machine, son usine, le port et les trains qui sifflent.
la dernière strophe de graisse a ma préférence, au rythme lourd de ses assonances.


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