Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie en prose
marogne : Rhododendrons
 Publié le 26/04/08  -  7 commentaires  -  2601 caractères  -  93 lectures    Autres textes du même auteur

Encore une image du soleil levant, une impression de déjà-vu... mais jusqu'à un certain point.


Rhododendrons



Elle est sur l’herbe,

au milieu des buissons de rhododendrons tachés de pourpre, de lilas et de blanc, palette de peintre, comme des éclats de rires sur le visage d’une jeune fille amoureuse. Ils sont alignés sur la pente conduisant au plan d’eau, invitant à le rejoindre tout en marquant leur supériorité aérienne. Loin de leurs montagnes, leurs bois noueux font comme une charpente, soutenant leur canopée fleurie.

Elle est sur l’herbe,

sa jupe rose, ses mitaines blanches répondent aux buissons dans une harmonie de teintes. Vert pomme, son chemisier fait comme une tache de lumière qui se reflète peut-être sur la surface de l’eau calme en contrebas. Sur la berge, des iris improbables se disputent, dans des éclats d’émeraude, la lumière qui les sublimera.

Elle est allongée sur l’herbe,

sa parure de chaînes et d’anneaux apporte une touche minérale au tableau, l’acier brille au soleil levant, tandis qu’en contrebas, les poissons rouges péniblement explorent leur domaine. Des rochers aux formes sophistiquées témoignent de la pureté du lieu, alliance des éléments pour un hymne profane.

Elle est allongée sur l’herbe,

l’ombre du cerisier plus haut vient la caresser, tendre et aimante, transportant les effluves de ces fleurs blanches, symbole de la vie et de la mort en pleine beauté. Plus loin, un pin aux branches torturées, encore dans son carcan d’osier, lève péniblement la tête, rêvant à des horizons de forêts libres, espérant peut-être la hache du bûcheron qui calmera la douleur.

Sa figure juvénile exhibe un contraste saisissant, marques gothiques sur peau diaphane, yeux légèrement ouverts sur la beauté de la vie, perdus dans un nid de douleur. Une larme a coulé et s’est arrêtée avant que de tomber. Elle brille, larme de joie ; elle brille larme de peine. Ses chaussures vernies, d’un noir de jais, répondent à sa coiffe en dentelles, ciselée comme un délicat bijou.

L’oiseau s’est posé à côté de son ventre ouvert, grotesque et indécent, il frotte son bec dans le sang qui a coulé dans l’herbe fraîche et formé des rivières coagulées. Ses jambes écartées, obscènes, sont bleues de coups et toutes zébrées de la folie de son agresseur.

Elle gît sur l’herbe,

pour toujours dans un écrin de verdure, dans un feu d’artifice de couleurs, sur la vie par essence, elle témoigne de tout ce qui fait la nature humaine, beauté et haine, sublime et déchéance.

Elle gît sur l’herbe.


Montesson, le 22 avril 2008


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   David   
26/4/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Marogne,

Il m'a beaucoup plus ce poême qui va du sublime à l'horreur, un peu plus loin que "Il a deux trous rouges au côté droit" mais comme pour le Dormeur du val, les couleurs et les descriptions prennent une toute autre valeur une fois la lecture du poême achevée.

   Bidis   
29/4/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est la photo sur le diaponiris qui m'a amenée à venir lire ce texte impeccable et fort qui laisse une impression de beauté au-delà de la scène de violence.

   Anonyme   
1/5/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Je ne sais pas pourquoi ce texte me fait penser au dormeur du val. J'y vois comme une petite ressemblance

   marogne   
2/5/2008
Arthur s'en retournerait dans sa tombe. C'est aussi le commentaire de David, un peu plus haut.

Ce qui est étonnant, pour moi, c'est que je n'y avais pas pensé. L'idée de base était de mettre en contraste la beauté des jardins japonais, l'exhubérance de l'habillement des adolescentes de Tokyo, et le carcan des contraintes qui peut conduire à la folie. Un peu comme Makimura dans "les bébés de la consigne automatique".

Quand j'ai lu le commentaire de David, je me suis aperçu de la ressemblance, et encore plus, du choix de la même expression à la fin "écrin de verdure" pour "trou de verdure". L'inconscient est parfois intéressant.

   james   
1/5/2008
Boris qui? Boris Rimbaud ou Arthur Vian Bon c'est vrai qu'il y a quelque chose de ce poème. Ceci dit tes rhododendrons ça nous permet de prendre l'air du japon. Un beau petit texte

   leon   
29/9/2008
Le texte est de qualité, certes... mais l'idée de mêler l'horreur à la beauté me parait bien étrange.

J'aurais plus vu un tel tetxe dans la catégorie "épouvante".

Rassure-toi, je n'ai pas non plus apprécié "une charogne" de Baudelaire.

Je dois être un peu fleur bleue...

   Flupke   
19/12/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ces noces sulfureuses de la beauté et de l’horreur sont distillées avec brio. Cela produit un étrange sentiment en tant que lecteur de percevoir quelque chose d’esthétique dans une situation aussi affreuse. Joli travail d’alchimiste.


Oniris Copyright © 2007-2023