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Poésie en prose
Meaban : Mes voyages à Brest
 Publié le 15/03/13  -  12 commentaires  -  1410 caractères  -  285 lectures    Autres textes du même auteur

On gamberge la nuit dans la cabine d'un poids lourd, un voyage irréel pour oublier ces heures.
Longtemps et autrefois j’errais sur ces routes, je l'avais oublié…


Mes voyages à Brest



J’écris au fil de ma pensée, elle s’abreuve de l’ennui d’une foutue nostalgie

À l’aval d’une vie s’y inclinent les ubacs où les drailles désertes montent vers les plateaux
De la neige parcelle les bocages arides sillonnant les tranchées de rivières nouvelles

Montagneuses Cambodge, croupes annamitiques aux jungles colorées. L’ocre du Tonlé Sap que dompte un roitelet allié d’une mousson, rumeurs forestières, le rire d’un enfant H’Mong.

Indolentes Ukraine aux grâces de Moldaves en laudes paresseuses que nous ne verrons plus.

Les souliers d’une gamine dans son rouge manteau, riante sous les cerises.

Mes errances s’effondrent, littorale rivière fille de Margeride où songent des limons aux pépites enfouies.

Mes voyages à Brest sur les routes nocturnes, la pluie sur les carreaux, un soleil d’arsenaux.

Le rondeau d’un diesel recourbant toutes ces nuits, le mercure des cadrans, gageure d’autonomie

Engeances traversières occultent mon ennui, j’engrange les années

Point du jour à venir à l’anse d’une vie

Les bermes hiératiques nous regardent passer, tassés dans nos ferrailles. Toutes ces heures indues aux serfs que nous fûmes, attelés aux machines mouvantes et perpétuelles

Les bornes kilométriques décomptent l’existence où nous allons bâtés de longs semi-remorques.


 
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   Pimpette   
16/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai aimé tout...la gamine riante sous les cerises...le rondeau du diesel...les limons aux pépites enfouies....et tout le reste aussi!
J'ai cherché les bermes dans le dico...:-)))

C'est tellement réussi que j'éprouve un petit quelque chose très touchant de ce métier dont j'ignore tout et auquel je n'ai jamais pensé jusqu'à ce matin!

Ecriture nette et limpide comme j'aime!

   LeopoldPartisan   
22/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà pour moi l'archétype même de la poésie contemporaine, bien éloignée du confort douillet du rimailleur lambda. Ici c'est une introspection à la Gabin dans un singe en hivers se remémorant une vie antérieure au Tonkin. C'est ce qu'aurait du nous écrire Rimbaut de son abbyssinie.
Cela sent le bitume et le cambuis, la sueur et les travaux forcés.
Vraiment un sacré voyage bien éloigné des images d'épinal que l'on peut avoir du camionneur.

Merci

   Mona79   
27/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il y a un je ne sais quoi de nostalgique et de touchant dans cette poésie (je dirais en prose) qui évoque des paysages dépassés :
"Point du jour à venir à l’anse d’une vie "
On ne sait si c'est un délire de souvenirs autres que les voyages à Brest, ou bien l'imagination qui veut tromper l'ennui d'un trajet unique : "Engeances traversières occultent mon ennui, j’engrange les années"
et dont :
"Les bornes kilométriques décomptent l’existence"
Ce texte m'a beaucoup émue. Merci.

   Marite   
15/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Les textes de Meaban ont toujours un petit "quelque chose" qui nous pénètre et vient toucher notre âme et notre imaginaire. Cette poésie en prose y est fidèle.

" J’écris au fil de ma pensée, elle s’abreuve de l’ennui d’une foutue nostalgie "

Cette première phrase me plaît beaucoup car elle traduit l'état d'esprit qui conduit parfois ... souvent ... à un délire d'écriture, il suffit de se laisser conduire. Et nous voici, sillonnant les routes du monde, à un rythme régulier, fidèle, solide ... accompagnés du ronronnement du moteur (que l'on imagine sans peine).

Par contre je n'ai pas compris le titre. Pourquoi "Brest" ?

   brabant   
15/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Meaban,


Rien ne manque à ces errances qui n'en sont pas parce que provoquées par la nécessité mais romancées jusqu'à l'onirisme, errances de plus 'heureusement' cosmopolites. Rien n'y manque donc puisque dans l'une de leurs échappées y figure même un petit chaperon rouge. Qu'il est bon alors d'être sur les routes "bâtés de longs semi-remorques" où l'on fait cependant défiler les images de nos rêves, condition nécessaire. Et quand l'on se souvient c'est l'image de l'arc-en-ciel qui prévaut et illumine ce qui fut une vie :
"Point du jour à venir à l'anse d'une vie"
Immanente !

Quel voyage !

   Anonyme   
15/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour
Ce que j'ai le plus aimé dans votre poème, c'est la manière dont vous réussissez à nous faire voyager d'un bout à l'autre du monde avec un rythme lent qui nous fait ralentir le temps.

Une vie en quelques lignes.
Je vous dis bravo !

   Pouet   
15/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"la pluie sur les carreaux, un soleil d'arsenaux", "à l'aval d'une vie s'y inclinent les ubacs...", "le rondeau d'un diesel recourbant toutes ces nuits", " point du jour à venir à l'anse d'une vie", ainsi que le dernier vers, pour ne retenir que ceci, m'ont particulièrement ravi.

J'ai beaucoup apprécié cette poésie en prose moderne où les mots parfois ardus sont bien choisis pour retranscrire l'ambiance.

Comme vous le précisez dans la présentation du texte on a le temps de penser dans son camion, cela vous a particulièrement réussi.

Bravo

   Anonyme   
15/3/2013
Bonsoir Meaban. "Mes voyages à Brest," le titre de ce poème avait excité ma curiosité bien avant la parution ; je suis Brestois par la naissance, ceci explique cela... En fait à part l'inévitable pluie et les arsenaux (pourquoi "les"?) de ce côté là, je suis resté sur ma faim.
Par contre j'ai bien aimé ce qui suit... "Montagneuses Cambodge, croupes annamitiques aux jungles colorées. L’ocre du Tonlé Sap que dompte un roitelet allié d’une mousson, rumeurs forestières, le rire d’un enfant H’Mong."
Je relève toutefois quelques libertés prises avec la langue française mais peut-être ne sont-ce là que licences poétiques...
-De la neige parcelle ? Je ne connais pas le verbe parceler mais parcelliser, oui...
-Montagneuses Cambodge- Indolentes Ukraine... Pourquoi n'y a -t-il pas d'accord ?
-deux inversions m'interrogent tout autant... littorale rivière et rouge manteau. ?
-Enfin, et j'en aurai fini, semi-remorque est du genre féminin bien que, je vous le concède, dans le métier et le langage courant on l'emploie parfois au masculin.
(Edit. Ma remarque ci-dessus concernant le genre du mot semi-remorque n'est pas justifiée. En effet le fait d'atteler une semi-remorque en fait un semi-remorque. En conséquence, je me dois de vous présenter des excuses.)

Cela dit, c'est un texte dont la lecture ne me laisse pas insensible mais que je ne noterai pas compte tenu des remarques précédentes.

Bonne soirée et à une prochaine fois !

   troupi   
15/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Les bermes hiératiques nous regardent passer, tassés dans nos ferrailles". Associer bermes et hiératiques, il fallait oser et ça va bien, la phrase est tellement belle que j'aurais fini le poème sur ça. Simple avis personnel.
Pour le reste c'est superbe, décidément la prose est belle quand elle se pare de poésie. Merci Meaban et à bientôt sur un autre voyage.

   Luz   
17/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Magnifique poésie qui m'a beaucoup touché.
Mais je suis un maniaque (sans y connaître grand chose d'ailleurs) de la ponctuation ; ne manque-t-il pas un "point" à la fin de certains vers ?
Un vers est très beau : "Les souliers d'une gamine..."
Merci.
Luz

   Anonyme   
22/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Oui j'aime beaucoup ce genre de texte. Je ne sais pas trop pourquoi, ça me rappelle - Le salaire de la peur - bien qu'il n'est pas question de matières dangereuses.
J'aime l'idée d'un routier poète qui absorbe la route et ses environs; et surtout jusqu'à Brest, ville finale.
Loin des clichés du routier au calendrier à femme à poil.
Bref, les meilleurs poèmes sentent toujours le vécu.

   Anonyme   
22/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'impression que le personnage vivant c'est le véhicule, il roule, roule encore, il sait où il va et l'auteur serait une pensée, un hologramme, l'esprit qui hante le camion.

Les images défilent avec des mots précis, bien placés sans excès, un vocabulaire riche.

Un voyage agréable sur un joli ruban de poésie.

Bravo!


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