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Poésie contemporaine
Michel64 : Le Saison
 Publié le 10/07/14  -  12 commentaires  -  1473 caractères  -  328 lectures    Autres textes du même auteur

Un quasi premier poème que je ne savais dans quelle catégorie ranger.
Après le refus en catégorie poésie classique (je sais à présent pourquoi) je le repasse en poésie contemporaine.
Il parle du temps qui passe, sans s'arrêter, comme l'eau du gave.


Le Saison



Gave de ma jeunesse que l'on nomme Saison
Tu creuses ton sillon depuis des millénaires
Emportant avec toi dans tes eaux si légères
Tous les secrets du temps et les pensées des hommes

Du temps où je pêchais tout au long de tes grèves
Dans le vert de ton eau, je voyais le reflet
D'un enfant, éternel, plein de rires et de rêves
Plein de joies et de peurs et de peines cachées

Du temps où je flânais sur tes rives de pierres
Te regardant glisser au soleil de l'été
Tu as pris dans tes flots une part de mon être
Un bout de ma jeunesse à jamais emporté

Est-ce dans tes galets arrachés aux montagnes
Polis au long des âges, roulant vers l'océan
Que tu gardes avec toi ces morceaux de nos âmes
Disparus dans les boues de tes crues de printemps

Tu t'en vas où tu vas, obstiné et tranquille
Et sans te retourner, sans partir en arrière
Ne cherchant pas à voir au-delà de tes rives
Tu descends sans douter de rejoindre la mer

Est-ce dans les reflets de tes remous rapides
Ou dans les éclairs blancs du ventre des poissons
Qu'il nous faut lire en toi, comme on lit dans les livres
Ce qu'il advient de nous derrière l'horizon

Gave de ma jeunesse que l'on nomme Saison
Dans ton lit de rochers, de vase et de gravières
Toujours tu couleras, bien après que les hommes
Seront partis enfin, où s'en vont leurs prières


 
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   Myndie   
22/6/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Voilà un fleuve au nom bien évocateur, pour un poème d'un lyrisme classique, qui traite de la fuite du temps !

Le fleuve prend ici toute sa dimension symbolique : fleuve-miroir qui renvoie l'image du narrateur à travers les âges, mais surtout, incarnation du temps, continu et irréversible.
Il y a une opposition entre le mouvement de l'eau et l'immobilité de l'homme qui reste sur la rive, et ce constat d'impuissance sur la course du temps est en filigrane un constat sur la condition humaine.
Opposition qui entraine tristesse, amertume et résignation.

Les trois premières strophes donnent ainsi une impression de « déjà-lu », tant ce thème a déjà été abordé en poésie.
Les strophes suivantes abordent le sujet du questionnement sur le devenir humain ; le fleuve devient alors un livre, ouvert certes, mais qui ne livre pas pour autant son secret : vers où va-t-il, vers où allons-nous, quelle est notre place et quel est notre destin dans l’univers ? Pour importantes qu’elles soient, ces interrogations- là n’ont rien de novateur, il me revient à l’esprit l’étude d’un poète allemand, Hölderlin et d’un texte sur le Rhin qui les évoquaient déjà.

Alors, je n’ai certes pas été très sensible au choix de l’auteur car pour moi, son cheminement ne sort pas des sentiers battus et qu’une toute autre image associée au fleuve eût apporté une réelle originalité dans le traitement poétique de la fascination exercée par le fleuve sur l’homme, mais…

Pour autant, j’ai quand même été très séduite par la qualité de l’écriture.
Le procédé de personnalisation (que tout le monde n’apprécie pas en poésie, je sais :-D) est bien vu, qui induit le rapport familier de l’auteur avec le Saison et rend, par le biais du monologue, les interrogations plus vivantes.
Le rythme est très fluide, en grande partie par le choix de l’alexandrin (pour presque tous les vers) et de l’hémistiche régulier ; également grâce à quelques belles allitération :

« Dans le vert de ton eau, je voyais le reflet
D'un enfant, éternel, plein de rires et de rêves
Plein de joies et de peurs et de peines cachées »

J'ai également relevé une jolie métaphore: « les éclairs blancs du ventre des poissons »

Et enfin, j’ai aimé la mélancolie toute simple qui baigne le poème dans son ensemble.

En résumé, j’ai apprécié la belle facture de ce poème, même si j’aurais préféré qu’il m’emporte sur des rives moins connues, qu’il me fasse rêver et m’interroger autrement. (déjà la dernière phrase de l'incipit est de trop)

Je mets un "bien" car je demande à retrouver la sensibilité de cette plume-là, mise au service de moins de platitude.

   Lulu   
21/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un joli poème sur le temps qui passe, entremêlé d'une vague inquiétude, me semble-t-il, si je comprends bien l'avant dernière strophe :
"Est-ce dans les reflets de tes remous rapides
Ou dans les éclairs blancs du ventre des poissons
Qu'il nous faut lire en toi, comme on lit dans les livres
Ce qu'il advient de nous derrière l'horizon".

Sans doute aimez-vous Lamartine. Je n'en serais pas étonnée.
J'ai beaucoup aimé lire votre poème.

A vous lire de nouveau.

   Anonyme   
10/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Michel des Pyrénées Atlantiques... Pour un "quasi" premier poème je trouve que vous vous en tirez bien. Je ne connais de gave que celui de Pau mais j'ai bien aimé cette descente du côté de Mauléon. Par ailleurs j'ignorais totalement ce nom de Saison que porte cette rivière. Quelques jolis vers, quelques maladresses aussi comme... "sans partir en arrière" que je transformerais pour ma part en "sans regarder derrière"...
Manque un point d'interrogation à la fin des quatrains 4 et 6...

J'ai bien aimé le quatrain final où j'aurais bien vu l'inversion "Seront enfin partis..."
Je trouve que c'est excellent départ sur la voie poésie...
Au plaisir de vous lire.

Edit... D'accord avec Miguel ! Le classique vous tend les bras, ce n'est qu'une question de volonté car vous maniez fort bien l'alexandrin...

   Robot   
10/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Dans ce poème je n'ai pas vu seulement un texte bucolique mais une interrogation sur le devenir de l'homme. Dans ce cours d'eau l'auteur questionne son enfance mais aussi l'après. Il semble que cette rivière n'a pas été atteinte par les dommages causés à la nature par la société moderne. Elle donne un sentiment d'éternité que l'auteur interprète comme un parcours vers l'au-delà.
J'ai bien aimé l'ensemble du texte malgré certaines imperfections signalées par d'autres. S'il fallait choisir un passage ce serait:
"Est-ce dans les reflets de tes remous rapides
Ou dans les éclairs blancs du ventre des poissons
Qu'il nous faut lire en toi, comme on lit dans les livres
Ce qu'il advient de nous derrière l'horizon"

   Anonyme   
10/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Salut c'est TOTO

Poésie en prose plus que poésie contemporaine mais la forme importe peu finalement.Toto a bien aimé ce texte nostalgique où l'on se rend compte qu'il a beaucoup compté pour l'auteur.On a tous un fleuve, une rivière, un lac où nos souvenirs flottent à leur surface sans se noyer complétement.
L'immortalité du fleuve comme les montagnes.

"Tu as pris dans tes flots une part de mon être" Le poème entier est contenu dans ce vers.

TOTO mettra néanmoins un moins pour la forme.

   Miguel   
10/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un très beau texte, plein de mouvement, de souffle et de lyrisme. Une poésie bucolique au ton classique et au thème intemporel, aux beaux vers élégants, aux images neuves, à la chute ouverte sur un au-delà plein de mystère et de sérénité. Le temps qui passe, nos regrets, la beauté de la nature, ces réflexions traditionnelles trouvent une force nouvelle dans la qualité d'invention de l'écriture. De la vraie poésie, une bonne recrue pour Oniris, et un poète que j'invite à approfondir sa technique car, je vais lui faire le plus beau compliment dont je sois capable : son inspiration mérite de prendre forme dans une versification tout à fait classique. Au reste ce n'est pas du tout de la poésie en prose, mais de la poésie déjà assez proche du néo classique (sur Oniris, ce genre est clairement défini et le présent texte ne correspond pas à l'ensemble de ses caractéristiques ; cette dernière remarque est d'ordre strictement technique et ne se veut évidemment pas un jugement de valeur).

   Anonyme   
10/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Michel64,

Ce pseudo me disait quelque chose. Mais oui, bien sûr, c’est moi qui vous ai accueilli le premier sur le site en vous défiant aux échecs. C’est vous qui débutez en poésie, qui n’avez écrit que trois poèmes dans votre vie et qui vivez près d’une frontière que j’ai toujours traversée avec un petit pincement au cœur. Si ce poème est le premier de la liste, je suppose que le deuxième fait dix pages, et le troisième vingt-cinq. C’est vous qui êtes « un contemplatif dans la lune » et un romantique. Me voilà prévenu, et je vais essayer de me glisser dans tout ça.

Première constatation : je pense que vous ne jouerez jamais aussi bien aux échecs que vous réussirez en poésie. Votre tempo me plaît, vous maniez la baguette d’un orchestre qui joue bien sa partition, même s’il semble y avoir peu d’instruments.
La descente du fleuve est un peu trop docile en comparaison de ces « remous rapides » que vous évoquez. Sans doute votre côté romantique qui ne cherche pas à griffer la nature, mais plutôt à se laisser caresser par elle, à sortir du sac à souvenirs tous ceux qui ont éclairé votre vie, avant de prendre la photo. Je ne suis pas un lecteur de poèmes naturalistes. J’apprécie dans le vôtre, que vous ayez introduit ce personnage de l’enfant pour dégonfler un peu le gros ventre de ce fleuve.

Plutôt que des descriptions certes très « poétiques », mais un peu généralistes (« Tu creuses ton sillon depuis des millénaires », et tant d’autres...), j’aurais préféré une singularité qui me rendrait Le Saison inoubliable. Ce gamin doit bien avoir un souvenir précis, indélébile, auquel il pense en premier quand on évoque ce fleuve. C’est autour de cette image que j’aurais bien voulu que se construise le poème, car pour moi, l’important n’est pas le fleuve, mais l’enfant pris dans le fleuve. Sentiment personnel, bien sûr, sentiment de ce que la poésie doit être unique en chacun, qu’elle doit dire ce que personne d’autre ne saurait dire à notre place.

Voilà, Michel, j’ai été très sensible au mouvement du fleuve, mais pas assez à ce qu’il charriait avec lui.
Si je retrouvais mes premiers poèmes j’aurais sans doute honte de les exposer à côté de celui-ci. Certains amis taquins pourraient même dire que c’est pareil pour ceux d’aujourd’hui :)), et je n'en serais pas vexé.
J’aurais aimé avoir le temps de parler de la forme débridée de votre texte (rimes, assonances, métrique, ponctuation etc...) mais le temps me manque un peu. Peut-être si vous ouvrez un forum sur votre texte.

Merci de votre présence parmi nous. J’ai hâte de lire le deuxième.

Ludi
pêcheur en eaux troubles

   margueritec   
10/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Le temps qui passe, le temps passé : un thème récurrent. Les trois premières strophes ainsi que la dernière me semblent assez conventionnelles.

Mais je me suis d'autant plus laissée bercer par la mélodie que les strophes trois, quatre et cinq s'écartent du déjà vu par quelques belles images (" ces morceaux de nos âmes", " les éclairs blancs du ventre des poissons").

Un texte mélancolique que j'ai eu plaisir à lire malgré tout.

   Damy   
10/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une très belle ode au gave du Saison, miroir d'une âme contemplative, à l'âge des bilans, la vôtre et celle de chacun des hommes.
Bravo pour le dernier vers... mais, si la nature survivra bien aux hommes, ce sera dans quel état ? (petite méditation personnelle quand il m'arrive de contempler l'Adour).
Signé: un voisin.

   Michel64   
15/7/2014
Remerciements pour vos commentaires sur "Le Saison" sur le forum en cliquant ici

   Anonyme   
12/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Je trouve ce texte très bien écrit comme un peintre le ferait d'un beau paysage automnal.

Le thème n'est pas original ni le ton et son traitement qui fait appel à une imagerie assez convenue et oserais-je dire traditionnelle : le temps passe comme le ruisseau s'écoule emportant les souvenirs, la jeunesse et rien ne l'empêche ce temps d'aller vers la fin de soi en se perdant dans l'infini de la mer...

Heureusement il y ce dernier vers qui a créé en moi une pincée d'émotion, chose que je recherche avant tout, bien avant la technique.

Merci.

   jackplacid   
9/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo Michel j'ai beaucoup aimé ce texte plein de nostalgie de l' enfance,est ce l'age? j 'en suis très sensible,la métaphore du fleuve est très parlante "les ans comme de l'eau continueront leur fuite"j' ai même ressenti un petit pincement de gorge et mes yeux se sont embués,ce texte très personnel va vers l' universel,on a tous (j’espère)un viel enfant qui vit au fond de nous .
Vous dites que vous avez écrit peu de poésie? Vous êtes doué c'est indéniable ,ne lâchez pas le morceau,votre prosodie alexandrine est fluide et les images associées d' une grande beauté,ce texte m'a touché je vous en remercie .

Bernard Dimay avait écrit;

Tous les grands chevaux blancs qui couraient dans les rues
Du village parfait de mes douze ou quinze ans
Ont galopé si loin que j’ai perdu de vue
Le plus pur de mon âme et le plus important.

Vous n'avez pas perdu votre âme.


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