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Poésie libre
MissNode : Sang qui tousse
 Publié le 15/06/15  -  10 commentaires  -  983 caractères  -  194 lectures    Autres textes du même auteur

C'est faute que de vouloir dire.


Sang qui tousse



Sang remonte dans la gorge
et tousse
et crache
et pique

Pique
encore faute de dire...

C'est faute que de vouloir dire
et ça saigne la parole dans l’œuf avant qu'elle naisse

Avant de naître elle se pensait claire la parole
et de vouloir naître l'oblige au choix des mots,
en tuer un, avaler l'autre, éjecter l'élu, l'aboyer
il sort en aboyant d'avoir été trop retenu

ça tousse ça démange ça veut crier
non mais ça se ravale et ça crisse en dedans de la gorge ça tousse

Tousse et la gorge en feu extirpe du sommeil doux
comme ces nuits d'enfant
ces nuits de l'aînée à qui ça arrachait la gueule que sa mère lui fasse encore le coup :
un autre bébé s'annonce
"faites-en plusieurs ils s'élèveront entre eux"

ça ne veut pas ça saigne
c'est l'enfer ce rouge qui bulle dans la gorge
et bouche la respiration à faire vomir
impossible de dormir.


 
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   Vincent   
26/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Avant de naître elle se pensait claire la parole
et de vouloir naître l'oblige au choix des mots,
en tuer un, avaler l'autre, éjecter l'élu, l'aboyer
il sort en aboyant d'avoir été trop retenu

ou encore

ça ne veut pas ça saigne
c'est l'enfer ce rouge qui bulle dans la gorge
et bouche la respiration à faire vomir
impossible de dormir.

votre texte me laisse sans voix

vous me martyrisez

j'ai beau relire et relire

je ne trouve rien qui me rassure

par contre il est très bien écrit

et si le but était de me repousser

c'est réussi

   Anonyme   
8/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour
j'aime bien votre poème, le style assez direct et le sujet m'interpellent.
Difficulté de dire, difficulté d'être, c'est peut-être du pareil au même et là vous parlez.

Techniquement rien à redire ça se tient.

Juste l'incipit que je ne suis pas sûr de comprendre, ou bien il évoque à mots couverts une suite, un autre acte que celui de parler, mais dans le texte je ne vois mention que de la parole, ou bien je n'ai pas assez lu entre les lignes (ce qui n'est pas mon fort).

À vous relire.

   Robot   
15/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte angoissant et dont l'inspiration du dégoût est exprimée pour provoquer un choc à la lecture.
Difficile de cerner l'objet de cet écriture qui semble personnaliser la difficulté de la parole pour exprimer un mal vécu angoissant. Rêve ou cauchemar, ou réalité effrayante de ne pas pouvoir être ou dire ?

   lala   
15/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour MissNode,
Quel est donc cet oeuf ? Celui de la vie, celui du cerveau, le point de départ de tout ce qui s'annonce, s'énonce, hésite, saigne, et finit par se laisser vomir de gré ou de force ?
Et ce ça ? Il sort de l'oeuf ?
Une quinte mais rien ne s'efface ?
C'est pour moi un questionnement, une apostrophe, et j'adhère.

   Anonyme   
15/6/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte curieux... Cela est dû aux tournures de phrases, plutôt curieuses, qui intriguent et nous entraînent dans une sorte de délire assez angoissant, à l'image du sang qui sort de la bouche...

Toutefois, l'on peut dire que cet effet est voulu - et réussi de surcroît - ce qui rend le texte intelligent.

Bien à vous,

Wall-E

   Arielle   
16/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un texte étonnant qui attire et repousse tout à la fois. Qu'on ne peut s'empêcher de reprendre pour en décrypter les images violentes et brutales qui évoquent la difficulté d'expression de la pensée, le mal qu'on peut avoir à se faire comprendre, à sortir de soi un message clair qui demande une organisation subtile pour être entendu.

J'ai été particulièrement frappée par cette image de la famille dans laquelle les enfants s'élèvent les uns les autres et que je trouve extraordinairement judicieuse concernant la construction de la phrase et du discours.

Voilà un texte auquel je n'ai pas fini de revenir et qui me donne envie d'aller lire les autres productions de l'auteure dont je me souviens avoir déjà beaucoup aimé "Soif"
Une poésie qui sort des sentiers battus et qui remue à ce point le lecteur, je ne peux que noter très haut.

   MissNode   
16/6/2015

   Anonyme   
18/6/2015
Bonjour MissNode

Je suis troublée par l'incipit. D'ordinaire je n'en tiens pas compte sauf quand j'ai besoin d'éclaircissement. Celui-là, je ne sais pas comment l'interpréter. Je ne sais pas si c'est de l'ironie - compte tenu de ce que dit le poème - ou si c'est comminatoire.
C'est parce que j'ai aussi beaucoup de mal à interpréter le texte. Ils me parlent ces mots qui ne veulent pas sortir parce qu'ils ne le peuvent pas, parce qu'ils le pouvaient avant la naissance, quand celui qui les avait croyait pouvoir les dire en toute liberté et se rend compte que non, ce n'est pas faisable, ce n'est pas disable.
Il y a du sang - donc une blessure et de la douleur - et cette blessure a un rapport avec la mère, les enfants que le porteur de mots a ou doit élever à la place de la mère, c'est vraiment pas clair, j'ai le sentiment que ça part un peu dans tous les sens. Mais c'est logique, puisque la douleur est telle qu'elle empêche de dormir, qu'elle gratte et bloque la gorge. Elle n'est donc pas identifiable du fait qu'elle ne sort pas, ne s'exprime pas.
Le contenu me parle, me touche mais je reste en dehors parce que je ne suis pas sûre de bien le comprendre. C'est bizarre... il me manque les mots.
Merci pour cette lecture.

   laralentie   
30/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je n’étais pas sûre de ce que j’avais compris avant de lire vos explications. La clef du poème introduite par « comme » fait l’effet d’être un exemple. L’aspect positif est que cela élargit le sens du poème : pour moi, le symptôme qui dit l’impossible à dire du fait de sa culpabilité. Le négatif est que le poème perd en lisibilité, il est plus difficilement abordable, compréhensible d’entrée.
J’aime beaucoup le titre, cette condensation entre le sang (de l’accouchement ?) et la toux qui signe l’impossible à dire, que l’on retrouve tout au long du poème par l’emploi par exemple des mots « saigne » « crache » « extirpe » « éjecte ».
Subtiles, les formulations « faute de dire » et « c’est faute de dire » qui s’imbriquent et jouent sur le sens. Elles permettent d’insister sur la culpabilité de l’aînée et la suite (fuite) des pensées : je suis coupable de penser cela, je ne dis pas et puisque je ne peux dire, je le dis malgré tout en toussant.
La violence des pensées non exprimées est très bien rendue par le vocabulaire (tuer, par exemple), qui parcourt le poème.
J’aime beaucoup aussi les vers courts du début qui font entendre la toux saccadée et qui tranchent avec ceux plus longs de la 6ème strophe ou l’aînée crache le morceau.
La suppression des articles « sang qui tousse » « sang qui remonte » me paraît judicieux, qui témoigne d’un afflux mais aussi d’une pensée qui peine à s’élaborer.
La phrase «ça ne veut pas ça saigne » me semble-t-il est du même ordre. Elle témoigne d’une pensée à peine formulée à moins qu’elle rende compte de la manière de parler d’un enfant.
Et finalement, à un autre niveau, vous parlez de la naissance de l’écriture. Comme si le poème disait enfin ce qui n’avait pu être dit.
Et il y aurait sans doute à dire encore …
Somme-tout, un poème riche de sens qui vous bouscule et vous laisse penser. Je serais curieuse de savoir de quelle manière, il a été écrit. Très travaillé ou de façon plus spontanée ?

   Brume   
3/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour MissNode,

Il y a une forme de violence, la toux ici, est un langage corporel.
La souffrance n'est pas si muette, la toux se charge d'exprimer ce que la parole n'est pas en état de faire. Vos mots ont un impact, cette toux fait chavirer.

Rien à ajouter, poème émouvant.


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