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Poésie contemporaine
Mokhtar : El Golea, oasis algérienne
 Publié le 10/02/18  -  18 commentaires  -  1550 caractères  -  401 lectures    Autres textes du même auteur

El Golea (ou El Menia) est une ville oasis à 870 km au sud d’Alger. Les Chaâmba sont des bédouins, maintenant sédentarisés dans le sud algérien. Pasteurs, ils parcouraient le désert pour nourrir leurs chameaux et leurs chèvres.

Nota : Suivis d’une virgule, mes « e » sont muets à la césure. C’est proscrit, mais j’aime bien.


El Golea, oasis algérienne







Hissée sur son rocher, jaillissant de la pierre
La citadelle d’ocre adhère au firmament,
Ravinée par le temps, offrant à la lumière
Sa muraille en souffrance aux morsures du vent.

Émeraude à son pied dans le sable enchâssée,
La palmeraie moutonne en voûtes de verdure,
Où l’orange mûrit au soleil, caressée,
Et rayonne la rose en multiples parures.

Sous les cieux étoilés veille le croissant sage,
Sur la tombe et la croix de Charles de Foucault,
Et quand monte du sud le souffle de l’hommage,
L’âme des Touareg se joint au sirocco.

Au couchant le grand erg de l’infini s’empare,
Offrant au gré des vents les courbes de ses dunes
Ondulant, se mêlant comme sous le foulard
Des filles de là-bas les longues boucles brunes.

Aux rives du désert le vieux bédouin sans âge,
Sous les plis de son chèche, darde un regard lointain
Et l’image lui vient de ses fiers équipages
Sur la ligne des crêtes, cheminant à l’instinct.

Il revoit son troupeau de chameaux alignés
Traçant sur la colline un fragile sillage,
Et pleure ses vieux frères, longtemps accompagnés
Sur la route des puits aux maigres pâturages.

De son âme nomade émane cet appel
Des espaces sans fin traversés pas à pas.
Et ses yeux embués cherchent loin sous le ciel
Les horizons perdus du peuple des Chaâmba.


 
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   hersen   
3/2/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un très beau poème qui restitue absolument, tout en poésie, ce que cette ville minérale peut laisser comme impression.

Je suis très impressionnée par le ton du poème qui, d'une certaine façon, remet l'homme à sa juste place dans ce désert de sable, c'est à dire une bien petite place
Mais le navigant du désert a toujours su se servir du ciel. Pour grandir, peut-être, trouver sa place.
La strophe sur Charles de Foucault apporte une note mystique à l'ensemble; le Hoggar veille...

Le champ lexical est parfait. D'un bout à l'autre de la lecture, il nous enveloppe de couleurs, de vent chaud, d'âpreté, de majesté. Et de générosité de sa palmeraie.

je suis de retour là-bas.

Un grand merci pour cette lecture.

hersen

   Anonyme   
10/2/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Mokhtar... et merci pour cette superbe méharée dans le sud algérien.
J'y ai retrouvé non sans émotion le Père de Foucauld mais aussi l'esprit de ce vieux Théodore Monod et son amour pour le désert, et surtout votre poème tombe à point pour compléter la dernière parution de Yasmina Khadra, "Ce que le mirage doit à l'oasis"... Cet ouvrage, illustré des oeuvres de Lassaâd Metoui, est un poème de 180 pages sur le Sahara algérien.
Je vais faire une copie de votre texte afin de le coller en page de garde du bouquin précité !
Je commente de moins en moins et suis plutôt avare en guise d'appréciation mais je vais faire exception à la règle pour l'ensemble poème/ photographie !
Un grand merci Mokhtar !

   Anonyme   
10/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un fort joli premier quatrain qui entame cette poésie dans laquelle est définie la beauté des lieux et l'attachement de l'homme qui y puise ses racines.
" Aux rives du désert le vieux bédouin sans âge,
Sous les plis de son chèche, darde un regard lointain
Et l’image lui vient de ses fiers équipages
Sur la ligne des crêtes, cheminant à l’instinct. "

Un tableau tout en couleurs et sensibilité.
" De son âme nomade émane cet appel
Des espaces sans fin traversés pas à pas.
Et ses yeux embués cherchent loin sous le ciel
Les horizons perdus du peuple des Chaâmba. "

Beaucoup apprécié cette lecture qui m'a fait adresser une pensée à mon pays natal.

   Anonyme   
10/2/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour

Enfin, la présentation, qui m'avait fait fuir de votre précédent texte
est revenue à la normale. Bousiller un texte une fois mais pas deux !
C'est une bien belle lecture que vous nous offrez là, doublée d'une
jolie photographie.
De bien belles choses :

La citadelle d’ocre adhère au firmament,
Émeraude à son pied dans le sable enchâssée

Avec ses deux magnifiques vers, le poème nous plonge immédiatement dans le vif du sujet.

Et la suite n'est pas moins belle, également. Cette oasis prend vraiment forme dans nos esprits en suivant pas à pas les vers
de vos quatrains.

Etant en contemporain, je ne m'attarderai pas sur la forme
et la prosodie.

Oui, vraiment un très beau texte.

La flèche en bas pour ces e non muets qui cassent le ryhtme.

   Synoon   
10/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne connais rien de cet endroit, ce poème me parle donc forcément moins. Cependant, même sans aucune connaissance des lieux, les quatre premiers quatrains sont très agréables à lire, et on peut aisément s'imaginer la beauté décrite.
Je ne commenterai pas les 3 derniers quatrains, faute de connaissance.

   papipoete   
10/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Mokhtar
Une fois encore, vous nous prenez par la main, après Venise, le Louvre, pour nous faire découvrir un endroit enchanteur là où l'on pourrait croire qu'il n'y a rien !
Au contraire, la citadelle veille sur son trésor, " une émeraude dans le sable enchâssée ", l'oasis algérienne . Et le désert s'anime de troupeaux de chameaux et " des filles sous leur foulard, les longues boucles brunes " .
NB tantôt carte-postale, tantôt épisode d'une aventure, votre récit rutile comme " d'habitude ", et l'on suit la trace de votre plume avec envie dans les sables d"El Golea .
le 18 vers mesure 13 pieds
le 20e vers aussi
le 23e vers aussi
si " Chaâmba " se lit " cha/âm/ba ", ce vers mesure aussi 13 pieds
Cher poète, je crois que vous faites une confusion technique ci-dessous ;
son chèche/darde ( ce e n'est pas muet )
des crêtes/cheminant ( ce e pluriel n'est pas muet )
vieux frères/longtemps ( même chose )
ce qui décompose les mots ainsi : son chè/che
des crê/tes
vieux frè/res
Dommage que ces problèmes de métrique vous barrent la route à la forme " néo-classique " car je pense que c'est sous celle-ci que vous proposâtes ce magnifique poème ?

   troupi   
10/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Mokhtar.

Encore une fois vous traitez d'un sujet qui me plait beaucoup. Les déserts dans lesquels je me suis un peu promené, qui invitent à la rêverie ou à l'introspection, c'est selon.
Je suis absolument fasciné par les peuples nomades qui parvenaient à traverser ces immenses étendues, leur quasi disparition est un pan de culture qui s'effondre et c'est regrettable.
Il restera quelques touristes qui iront à dos de chameau voir trois ou quatre dunes, un coucher de soleil qu'ils n'oublieront jamais. C'est peut-être préférable à la disparition totale de cette culture.
Merci pour cette lecture que j'ai vraiment appréciée.

   inconnu1   
10/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Poésie du voyage mais surtout poésie de la musique. Une technique bien maitrisée. J'ai surtout aimé les 2 premières strophes car je suis toujours sensible à l'originalité des descriptions : la muraille en souffrance, la palmeraie moutonne en voûtes de verdure...
Comme d'autres, je me retrouve mieux dans une présentation classique, j'ai moins de mal à retomber sur mes pieds (de vers bien sûr)
merci pour ce voyage

   Vincendix   
10/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Mokhtar,
Un site magnifique, comme quelques autres du même genre dans cette vaste région et c’est avec plaisir que je lis tes vers qui ravivent de vieux souvenirs.
J’aime particulièrement le premier quatrain qui plante le décor, dommage que tu coupes le sifflet à tes « e », ma gâchant un peu ma lecture, mais c’est ton choix.
Vincent

   Anonyme   
24/2/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
J'ai eu grand plaisir à lire votre poème il offre par ces images proposées et l'histoire contée, un moment de lecture passionnant.

Vous avez su me captiver, c'est une belle et émouvante découverte en cette terre qu m'est inconnue. Je me suis longuement attardé au travers de vos mots à contempler ce paysage époustouflant, il narre avec pudeur la tristesse de cet homme.

L'on peut regretter que les changements divers bousculent la vie sans précaution, et laissent derrière eux une désolation irréparable.

   Damy   
11/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Souvenirs d'il y a déjà près de 50 ans...
Je crois, pour ma part, avoir atteint le degré supérieur de la communion spirituelle avec le désert lors d'un premier soir de Ramadan à Ghardaïa et lors d'une escapade en solitaire dans la petite oasis inconnue de Taghit. Une sorte d'envoûtement à jamais gravé dans ma mémoire, dans mon âme et dans mes tripes.

J'aime:
"La muraille en souffrance aux morsures du vent";
"Et rayonne la rose en multiples parures";
"L'âme des touaregs se joint au Sirocco";
J'aime le 4°quatrain particulièrement;
J'aime "le vieux bédouin... cheminant à l'instinct" de l'âme duquel "émane cet appel..."( etc...)

J'aime moins les aspects descriptifs géo-touristiques qui sont pourtant nécessaires pour situer pour ceux qui ne connaissent pas.

Votre texte est poétique, sans aucun doute (et obtiendra les plumes qu'il mérite), mais je trouve personnellement qu'il y manque le souffle de votre âme propre, un peu comme si vous restiez spectateur. Il y manque un peu de lyrisme au sens noble du terme.

Merci, Mokhtar.
Merci au passage à Alexandre pour sa référence à l’œuvre de Yasmina Khadra: Ce que le mirage doit à l'oasis que je vais m'empresser de chercher.

   Anonyme   
11/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve le poème très beau, à la fois simple et complexe, évocateur.
Ayant passé jadis quelques jours dans le désert, je retrouve l'ambiance unique de ce lieu hors du temps, magique et désolé...

Le premier quatrain, pose tout de suite le décor :
"Hissée sur son rocher, jaillissant de la pierre
La citadelle d’ocre adhère au firmament,
Ravinée par le temps, offrant à la lumière
Sa muraille en souffrance aux morsures du vent."

Magnifique quatrain final :
"De son âme nomade émane cet appel
Des espaces sans fin traversés pas à pas.
Et ses yeux embués cherchent loin sous le ciel
Les horizons perdus du peuple des Chaâmba."

J'aime moins les vers de 13 pieds comme :
"Sur la ligne des crêtes, cheminant à l’instinct."
Cela doit pouvoir se corriger facilement, non ?
"Sous les plis de son chèche, darde un regard lointain"
Vers de 13 pieds et le mot darde n'est pas très heureux...

On sent cependant un grand travail derrière ce texte. Bravo !

   Pouet   
13/2/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

Je salue à mon tour ce poème descriptif dont on ne peut que louer la qualité d'écriture.

Je ne connais pas cet endroit mais on s'y croirait.

Particulièrement apprécié l'emploi "âme nomade" (même si 'L'âme des Touaregs" plus haut fait un brin redondance) qui me semble bien illustrer ce poème.

Voilà, si je voulais chipoter je pourrais relever quelques expressions un peu toutes faites type "cieux étoilés", "au gré des vents", "darde un regard", "ligne des crêtes", "espaces sans fin" etc ... Mais bon je ne suis pas un chipoteur et je n'ai rien au final contre les expressions toutes faites... ;)

Au plaisir.

   Miguel   
15/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je n'ai pas eu la chance de découvrir ce poème dans mon espace lecture. Je ne peux donc que venir tardivement ajouter ma voix à ce concert de louanges. J'aime cette poésie sauvage, ce souffle, cette transcendance, ce mysticisme de la nature, et cette échange bienveillant entre le croissant de la lune, sage, où je vois une allusion au pacifisme de l'islam, et la croix de du père de Foucault : fraternité des âmes. Un beau thème et de beaux vers, et un bel exotisme en prime. Bravo.

   Goelette   
18/2/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Cette oasis se dessine peu à peu sous nos yeux, triomphante sur sa "pierre" mais "en souffrance". Dans les deux premiers quatrains les couleurs éblouissent " 'l'ocre" et l'azur du "firmament, l'émeraude, l'orange et la rose"
Je ressens ensuite un affaiblissement de la lumière, correspondant aux souvenirs nostalgiques de cette "âme nomade" et confirmé dans le dernier vers "ses yeux embués".
Vos images sont superbes mais je ne peux les citer toutes et, pour moi, votre émotion (ou celle du "bédouin sans âge") est puissante .
Merci Mokhtar pour ce voyage, j'ai vraiment adoré votre texte !

   Eki   
4/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un voyage oriental où resplendit El Golea rebelle et majestueuse.
Le tarab dans le tourbillon de la poésie...
C'est ce que nous offre votre écrit lumineux et harmonieux.
Eki dans l'oasis

   Anonyme   
17/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une ode qui ondule grâce aux quatrains " offrant au gré du vent les courbes de " leurs contours , la régularité des vers donne un rythme apaisant qui sied au lieu décrit, et les images: " émeraude à son pied dans le sable enchâssée" en font un joyau que vous célébrez avec sensibilité. En véritable lapidaire, vous avez transformé ce lieu en vrai gemme scriptural. Bravo et merci.

   jfmoods   
21/3/2018
Ce poème de 7 quatrains est à rimes croisées, pauvres, suffisantes et riches, égalitairement réparties entre féminines et masculines. L'alexandrin déborde, à l'occasion, sur le 13 syllabes (vers 20 et 23).

J'aurais mis une virgule à la fin des vers 1 et 14. Je ne comprends pas les virgules en fin de vers 6 et 9.

La puissance déployée pour la faire surgir de terre et s'élever ("Hissée sur son rocher", "adhère au firmament") et sa capacité de résistance aux agressions extérieures ("Ravinée par le temps", "Sa muraille en souffrance", animalisation : "aux morsures du vent") confèrent à la ville une dimension héroïque.

Cependant, ce n'est pas l'empreinte durable des hommes sur la nature qui marque profondément le poème : c'est, avec l'image de l'oasis accueillante ("Émeraude", "l’orange mûrit au soleil", "rayonne la rose en multiples parures"), la nostalgie du monde, sensuel ("Offrant au gré des vents les courbes de ses dunes", "Ondulant") et aventureux (personnification : "le grand erg de l’infini s’empare", "De son âme nomade émane cet appel / Des espaces sans fin"), du grand désert de sable.

Merci pour ce partage !


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