Sur la grève orléanaise,
Se dissipent les pensées obscures
D'une assemblée sans fière allure,
Écrasée par l'estivale fournaise.

Sous la force du houblon
La guitare se démêle,
Loin de toutes querelles ;
Échappant à la raison.

Plusieurs groupes se libèrent,
Délivrant les conversations
Sur un ton sincère
De sujets à sensation.

Pendant qu'en coulisse
Les débats font rage.
Certains préparent les saucisses
Et coupent les branchages.

Mais sentant l'importance
Glisser de leur endroit,
Ils arborent leurs atouts.
S'accaparent de l'ambiance
En s'exprimant sur leurs choix,
Leurs idées et leurs goûts.

Pour les âmes rêveuses
Noyées dans le clapotis de la Loire,
La discussion se fait silencieuse,
Éloignée de toutes gloires.

Les mots ricochent sans faire d'ondes,
Abreuvant les idées les plus folles.
Croyant changer la face du monde
Jusqu'à ce que le plaidoyer s'étiole.

Il suffit d'un appel,
Pour que l'esprit s'efface
Devant un ballet d'écuelles
Et de victuailles qui s'entassent.

Mais l'estomac vite rassasié
De ce festin bien arrosé,
Se néglige pour un instant
Et laisse couler le temps.
Motivé et riant,
Pour un moment disposé
À boire et roter,
Pêcher en fumant.

Les heures parfois cruelles
S'échappent dans l'inconnu.
De façon rapide,
Fugaces et infidèles,
Elles cadencent notre salut
D'un plaisir acide.

Le sourire facile,
L'exaltation exagérée,
Parfois sans mobile
Mais jamais égalée,
Pourtant si fragile.
Délivre les voluptés...

Fuyante elle s'abrite,
Derrière le rideau poussiéreux
D'une mémoire en faillite,
Vers d'autres échanges heureux.

Mais une saveur a disparu.
Contre l'étalage de l'insouciance
S'installe une amertume convenue,
Douceurs de souvenirs d'enfance.