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Poésie néo-classique
Myndie : Canfranc
 Publié le 20/06/22  -  19 commentaires  -  1566 caractères  -  399 lectures    Autres textes du même auteur

« La gare, une dernière fois, tremble et s'effare, et se remplit de bruit ; puis, doucement s'enfonce et se clôt dans sa nuit. » Émile Verhaeren

Splendeur et décadence. Un jour la belle dame renaîtra de ses cendres.


Canfranc



Le rail est tout rouillé, les trains ne passent plus
Sur le ballast herbu qui cagnarde en silence.
sont les lourds wagons en cavalcade immense,
Qui font vibrer le vide et valser le talus ?

On n'entend plus gronder dans l'abîme du soir
Les frondaisons giflées par des vents de passage,
Le tambour du tunnel, barouf de caillassage,
Vacarme furieux qui résonne au voussoir.

La gare au ventre gris. Sur le quai de départ,
D'un fantôme zélé le sifflet sans stridence
Monte jusqu'à la voûte en ondes de silence
Et presse le pas lent des ombres en retard.

Ventre gris de la gare où le convoi du temps,
Glissant nonchalamment, ravive à l'infini
Le souvenir cruel d'un prestige terni,
Sous les auvents griffés de rais intermittents.

Gare de l'abandon, tes frontons vermoulus
Et le mutisme amer de ta grille baissée
Trahissent une paix de ruche délaissée.
Le rail est tout rouillé, les trains ne passent plus…


 
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   Anonyme   
7/6/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour

Alors là, j’avais même pas compris le titre, ça commençait bien… Heureusement ensuite, j’ai capté le sujet. Un rail où le train ne passe plus. C'est le monde moderne, ma pauv’ Lucette, aujourd’hui ce n’est plus rentable. C’est un peu passéiste et nostalgique, les anciens cheminots adoreront.

Anna

   Miguel   
8/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un beau poème à la tonalité nostalgique et plein de touches très justes : on croit y être, on a devant soi ce cadavre de gare comme il en existe tant. La personnification du bâtiment ajoute encore au pathétique de l'évocation; les vers sont sobres et beaux. La chute en anadiplose vient boucler la boucle et donner au contexte un aspect définitif.
Mais l'exergue permet de nourrir un espoir bienvenu.

   StephTask   
10/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J’ai apprécié ce poème néoclassique avec une technique sûre et un vocabulaire choisi en lien avec le monde du rail. De ce point de vue, la rime soir / voussoir est doublement bien choisie, car on s’imagine bien l’obscurité du tunnel qui fait écho au soir.
Je trouve dommage d’avoir abandonné l’alternance des rimes masculines et féminines dans la 4e strophe.
J’aime particulièrement le « baroudeur de caillassage / Vacarme furieux qui résonne au voussoir ». La diérèse sur « furieux » donne un effet de sifflement du train qui s’engouffre dans le tunnel.
J’aime aussi le côté mélancolique et désuet de l’histoire qui évoque ces gares abandonnées. En revanche, le dernier vers est pour moi un peu moins bon que le reste du poème, car il arrive un peu comme un cheveu sur la soupe après une rupture dans le rythme du poème (liée à ce point après « délaissée »). Il a manqué une pelle de charbon pour rallier le terminus. Cependant, malgré cette arrivée en roue libre, j’aime beaucoup.
StephTask en EL

   Eskisse   
12/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très belle évocation de cette gare au passé faste aujourd'hui abandonnée, grâce aux personnifications et aux nombreuses métaphores, celle de la" cavalcade immense" de wagons, celle de la "ruche délaissée", celle du "fantôme zélé" du silence et celle du "convoi du temps".
Un poème qui mêle l'espace et le temps et rend très bien compte de ce lieu fantôme.
(Il manque juste l'aspect frontalier de la gare de Canfranc qui aurait pu être suggéré.)

   Anonyme   
13/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime vraiment les deux premiers quatrains qui posent avec assurance le décor, le quatrième vers me semble particulièrement expressif.
Au troisième je regrette un peu le retour si tôt, et à la rime, du mot "silence". Le faire rimer avec "stridence", hum, je trouve la rime entre antonymes facile.
Les deux derniers quatrains m'apparaissent en dessous, il est vrai qu'il est plus difficile de garder l'intensité dans une description de décor abandonné. Une mention pour les auvents griffés de rais intermittents.

Mon impression finale est celle d'un poème qui "remplit le contrat" sans démériter ; une lecture agréable mais sans guère de surprise. À aucun moment je n'ai oublié que j'étais en train de lire un poème, je ne me suis pas retrouvée catapultée dans le décor abandonné.

   papipoete   
15/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
néo-classique
Canfranc, ta gare fit la renommée de l'endroit, enfin c'est ce que rêvaient tes concepteurs... mais ta démesure bientôt te perdra, et de terminus simplement tu serviras...
Les rails rouillés annoncent la couleur, et seule l'herbe folle trouve encore grâce sur ton ballast ! Plus un bruit, ni de locomotive ni de vie simplement, la gare définitivement s'est parée de gris.
NB seul le temps prend le train, pour nulle part et un fantôme siffle le départ " monte jusqu'à la voûte en ondes de silence "
la ruche délaissée sied tout-à-fait à cet endroit, où cela grouillait en tout sens, avant...
la 3e strophe a ma préférence
une texte mélancolique, mais qui fait revivre cet endroit, en bruit, en vacarme, très agréable à lire !
je vois des alexandrins qui me semblent sans faute, pour briguer la forme classique.
papipoète

   Cyrill   
15/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un bien beau texte, très vivant, qui m’évoque une toile de William Turner.
Du son et de la lumière, une respiration, du mouvement, parcourent le poème qui navigue entre le présent de la gare à l’abandon et les fantômes qui la hantent.
Les images sont superbes ( vibrer le vide, ombres en retard, Ventre gris de la gare ), les vers glissent et cahotent sur les rails de l’alexandrin, si je peux me permettre.
Merci pour cette évocation pittoresque et un poil désenchantée.

   Donaldo75   
15/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
A l’heure où les discussions et débats sur la fermeture de petites gares locales, pour des raisons économiques, fleurissent dans le discours politique des différentes oppositions – qui entre-nous étaient parfois la majorité hier qui a initié le mouvement – ce poème illustre la fin d’une époque, d’une forme de connexion entre les habitants de notre pays, une impression d’abandon avant la chute. Je ne vais pas rentrer plus loin dans le fond et apporter de l’eau au moulin des fanatiques de la décadence – forcément annoncée – de la France et juste évoquer la forme poétique ; parce qu’elle est réussie, symbolique avec ces ombres en retard – une image que je trouve forte pour de multiples raisons – et ces ondes de silence.

Bravo !

   Vincent   
20/6/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Myndie

Ca tombe bien j'adore le train, j'adore la ferraille, les rails les wagons

J'ai kiffer comme disent les gamins(que je suis encore)

L'ambiance que dégage votre écriture sent le vécu ou l'intuition

J'étais sur le quai entrain de lire votre texte, en attendant ce train qui ne viendra plus

Il y a une nostalgie sublime dans vos images ça sent bon la loco et le voyage des rêves

Merci pour tout

   Annick   
20/6/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il y a un souffle, dans ce poème, qui est toujours avivé bien que la gare ne soit plus qu'"un ventre gris" à l'abandon.

Les deux premiers quatrains nostalgiques évoquent le passé de cette gare, du temps où "les lourds wagons en cavalcade immense [faisaient] vibrer et valser le talus". Ou encore : "On n'entend plus gronder", "Les frondaisons giflées par des vents de passage", "Le tambour du tunnel, barouf de caillassage", "Vacarme furieux qui résonne au voussoir".

Le champ lexical du bruit est particulièrement riche de sens. On pense à une horde d'animaux sauvages qui galopent, passent en coup de vent ou bien à un ouragan soudain et passager qui agit sur la nature environnante.
La fulgurance du mouvement rend à la perfection l'atmosphère de cette gare du temps où il y avait encore de l'activité.
Cela me fait penser au roman d'Emile Zola : la bête humaine.

Ce qui est impressionnant, c'est que dans la gare fantôme, le mouvement est toujours présent, si ce n'est qu'il est maintenant fait de glissements, d'ondes de silence, de pas lent... Le vacarme a fait place au mutisme.

J'ai beaucoup aimé ce tableau vivant, en particulier ce souffle, ce mouvement, ce bruit qui marquent une rupture entre autrefois et aujourd'hui.
Souvenirs d'avant et vision de maintenant. Ça décoiffe, c'est certain !
Bravo !

   Corto   
20/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je me suis totalement immergé dans ce beau poème concernant cette très surprenante gare de montagne, entre Béarn et Aragon.
Les images s'enchaînent avec habileté et goût et j'ai cru entendre "les lourds wagons en cavalcade immense, Qui font vibrer le vide et valser le talus".
J'ai entendu aussi "fantôme zélé le sifflet sans stridence
Monte jusqu'à la voûte en ondes de silence".

Votre description fait fantasmer, et pour les connaisseurs elle fait rêver au retour des trains venus du Nord, car ceux venus du Sud sont toujours au rendez-vous.
Vous le dites en exergue, dans quelque temps la gare ne sera plus "à l'abandon". Sa transformation est déjà bien avancée. D'antan "Le rail est tout rouillé" mais celui de demain sera tout neuf.

Bravo encore.

   senglar   
20/6/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Myndie,


Que du bonheur dans cette évocation des gares aujourd'hui disparues et de leurs compagnes moribondes en sursaut de fermeture !

"Canfranc" marche de pair avec "train train" également "tran tran". Je retrouve ici la salle de paisible attente de ma petite gare de village où le banc était roi et la bousculade bannie.
Or "le ballast... cagnarde", "les frondaisons giflées" se taisent ainsi que le "barouf de caillassage", "La gare au ventre gris" ne s'habille plus que d'"ombres en retard" qu'elle ne bousculait que si peu. Pleurent ses "auvents griffés" ! se bossèlent ses "frontons vermoulus" ! Paradoxalement ces mots, oripeaux d'agonie, font revivre les gares de nos enfances. A contrario ce "ventre gris", par les images nostalgiques ici employées, redevient un ventre de possible renaissance ; une ruche (image heureusement choisie !) meurt-elle jamais irrémédiablement... Sa grille fût-elle baissée. D'ailleurs ne commence-t-on pas à les ressusciter ces gares délaissées. Il n'est pas de blessure mortelle aux gares des souvenirs.

Ma petite gare bruisse à nouveau par la magie de ce poème suspendu, bruisse calmement alors qu'arrive son tortillard bringuebalant. Aucune faute de goût ne vient troubler cette évocation digne des meilleurs tableaux de genre.


Merci pour cette balade empreinte d'une calme magie où les bruits se font silence et où le silence a repris vie !

   Pouet   
20/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

comme des rappels ou répétitions qui se transforment en wagons de multitude, comme un ronronnement ou un parfum d'inéluctable.

J'aime beaucoup de vers, beaucoup de tournures, mais je crois que c'est la "paix de ruche délaissée" qui me marque le plus, qui me bourdonne agréablement à l'esprit, qui me laisse comme une empreinte, un battement d'ailes aiguisées.

L'ensemble est fort agréable à lire et transpire d'une indéniable maîtrise tout en sachant laisser la part belle à l'imagination, aux réminiscences, à l'évasion... à la poésie.

   Pepito   
20/6/2022
Coucou Myndie,

Je suis passé à droite (c'est de circonstance) pour venir lire un poème mignon et plein de nostalgie sur une gare à l'abandon. J'avoue que d'entrée, le rail unique m'a surpris. Mais tu sais combien la poésie et les licences qui vont avec m'échappent.
Comme je suis incorrigible, j'avoue avoir pensé à Hassan Cehef, ce brave épicier chez qui "Tout est possible". ^^

Pepito, sous-poète.

https://www.youtube.com/watch?v=9En0JNrKYB0

   GiL   
20/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quel beau poème !

Évocateur, imprégné de vie, celle du passé dans les deux premiers quatrains. Nostalgique, consacré au souvenir et au silence actuel dans les deux derniers.
Les images, nombreuses et précises, m’ont touché, m’ont immergé progressivement dans l’atmosphère de cette gare (pour moi) inconnue. Mon quatrain préféré est le troisième, avec ce dernier vers puissamment suggestif : « Et presse le pas lent des ombres en retard. »
Merci, Myndie, de m’avoir fait découvrir Canfranc dont je n’avais jamais entendu parler. Et bravo !

PS : La reprise du premier vers en fin ainsi que la reprise des rimes en -ance me laissent imaginer que ce poème a failli prendre la forme d’une cyclanelle. Mais peut-être cette forme s’est-elle révélée trop condensée pour accueillir toute la richesse développée ?...

   Anje   
21/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Quand on connaît Canfranc, on pense aussitôt à sa gare internationale et l'image de sa façade remarquable vient immédiatement à l'esprit. Mais déception, pas un mot sur cette architecture monumentale. La gare de Canfranc se transforme en modeste bâtiment abandonné devant lequel s'arrêtèrent des trains. Même si elle ne fut pas vraiment une ruche (je crois qu'on n'y compta pas cent voyageurs à son apogée), cette gare est particulière. Et puis on n'entend pas ici ses accents béarno-aragonais, on n'entrevoit pas la montagne pyrénéenne. C'est une gare avec sa ligne abandonnée.

Comme un de ses fantômes au sifflet zélé et très fier de travailler sur cette ligne unique (Pau-Saragosse) aurait pu l'être, je suis déçu que ce joli poème ait pris un nom qui ne semble pas être le sien.

Le voyage est néanmoins très agréable, en voiture de première classe qui absorbe les chaos et jusqu'à la gare au ventre gris, par la fenêtre, je regardais valser le talus avec émerveillement.

   Anonyme   
21/6/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Myndie,

À l'instar de cette gare abandonnée, à chaque nouveau coup de pinceau apposé par toi, Poète – car ce poème est une toile de maître - la nostalgie inspirée par une beauté qui s'éteint, monte en puissance tout le long de ma lecture.

Canfranc, bien sûr ! Et son histoire en dents de scie.

L'ambiance très visuelle qui se dégage de ton poème se marie point par point avec son architecture Art Déco telle que je l'imagine.

Ton style, soigné, maîtrisé au cordeau, est l'union parfaite entre l'acuité de ton regard ayant le souci du détail et ta fine sensibilité de dentellière toute d'émotions retenues. Tu dis le vide et le silence de cette gare, en même temps que tes images rendues, plus vraies que nature et tellement riches, lui redonnent corps et âme.

En musique de fond, j'ai entendu les coups de sifflets stridents d'antan. J'ai senti « valser les talus » au passage des « (...) lourds wagons en cavalcade immense ».

Puis il y a le premier vers répété à la fin qui participe à intensifier ces bruits de gares qui sont quelque part imprimés dans notre mémoire collective.

J'aime beaucoup cette image si parlante de « (...) paix de la ruche délaissée ».

Ton bel enthousiasme aurait presque réussi à me faire aimer Canfranc, si je n'avais cette aversion si profonde pour les gares d'une manière générale.

J'applaudis cependant à pleines mains ta fresque superbement ciselée.

Merci.

   inconnu1   
21/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Un poème comme je les aime, plein de nostalgie. Ces endroits abandonnés font travailler notre imagination.

Le style et la technique sont maitrisés avec de belles images, un vocabulaire inhabituel, parfois détourné...

Un beau voyage dans le passé

Bien à vous

   Myndie   
23/6/2022


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