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Poésie libre
Narbah : Villes
 Publié le 24/12/13  -  8 commentaires  -  4679 caractères  -  113 lectures    Autres textes du même auteur

Hum ! C'est un poème qui parle des villes.
Je ne sais pas quoi dire d'autre.
Normalement, il y a une mise en forme spéciale qui amène un rythme des blancs qui crée (à mon sens) quelque chose comme un rythme de jazz… Mais la mise en forme saute à la prévisualisation. Ce n'est pas très grave.


Villes



La ville a débordé
Des bulles de banlieues
Coulent sur les montagnes
Et les périphériques
Encerclent d'un œil jaune
La splendeur désertée
Des zones commerciales
Béton bitume

Dans les intestins frêles, viscères, écoulements
Sous nos pieds citadins, rampent docilement.

Les matins énervés
Des villes qui s'allument
Sur les cartons des trottoirs

Odeurs de pisse
Et peur du noir
De l'asphalte fumant
Aux gels des éboueurs
Clinquants

Les rêvent qui s'envolent
Tous en même temps.
Rideau de fer qui claque
Ici
Le pas pressé d'une écolière

L'autobus est blindé.

Belles automobiles
Gracieuses et lustrées
Glissent sur les pavés
Passent quand c'est au vert

Jazz
Au café
Femmes élégantes
Gantées

Groupes frigorifiés
Fument devant l'entrée

Fadeur des banques

Vieille dame oubliée
Traversée diagonale
Lente et infernale
Chapeau très démodé

Digicode
Phares, far away
Square

L'homme qui parle seul
En faisant de grands gestes
On sait de qui je parle
Il est jeune
Et sale
Il est la ville
Avilie
À lui seul
Aviné

Le soir tombe mal
En ville
De travers
Sur les barres immenses
Clignotent des fenêtres bleues
Il faut en finir
Laisser la place
Aux vampires
Qui vont bientôt sortir

La ville se partage
Quartiers ardents et places faméliques
On se ronge les sangs
On rêve d'exotismes

Halls resplendissant de néons tremblotants
Plantes vertes en plastique
Ascenseurs et couloirs borgnes
Aux portes identiques
Dingdong
Toc
La porte s'ouvre, j'entre
Les Untel ont un beau canapé.

Très bas sur le chaos des toits
Des villes historiques

Très haut sur les quartiers
Dits défavorisés

Soudain plein de craintes
En zones industrielles

GPS perdu en coins pavillonnaires

Flânerie des vitrines

Déjeuners en terrasse

Plat du jour
Fast filles au ciné
Grues barrées
Sens interdits
Stupeur et librairie

Deux Turcs qui s'engueulent
Deux Turcs qui s'embrassent

Une poussette passe


La ville vaste
Warning
Camionnette d'artisan
On enjambe des fils
On s'interpelle

C'est mon quartier
Trois rues plus loin
C'est l'étranger

Défense de tourner
On va autour,
On va au centre
Il faut trouver
Ce qui nous manque

La ville va
S'étale tout là-bas
En bas de la colline
Sous un dôme de brume
Jaune

Et puis c'est le week-end
Avec ses rêves d'arbres
Joggeurs en pyjamas

Barbecue en été
Et raclette en hivers

Le prolo au tiercé
Le bourgeois chez sa mère

Cahin-caha
La ville vit

Zone piétonne
Chacun ses habitudes
Un fait divers sanglant
Une pâtisserie
On marche lentement
Il pleutIl fait soleil
On s'ennuie

Comme à la campagne

La ville s'éloigne sous l'avion
Comme une flaque qui s'étale
Mer de nuage
Trous d'air
Déjà sous l'aile du hublot
Monte vers nous une autre ville


Minarets, clochers ?


suis-je?


Les villes vont me dévorer.


 
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   LeopoldPartisan   
11/12/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Voilà ce qui pour moi est vraiment de la poésie contemporaine, c’est-à-dire en reprenant Jean-Charles Hachet (critique et mécène en sculpture principalement) qui définit et distingue l’art moderne de l’art contemporain comme ceci : L’on peut me semble-t-il y remplacer le mot art par le mot poésie :
« L’art moderne se traduit par le refus du passé considéré comme académique et avec lequel il entend marquer une rupture.
L’art moderne, comme l’art contemporain, est étroitement lié aux mouvements de société et aux courants de pensée dans lesquels ils évoluent.
Ainsi l’art moderne se développe avec l’ère industrielle et l’évolution de la technique, il appartient au régime de la consommation. Quant à l’art contemporain, il se nourrit de la mondialisation, des mutations technologiques et de la circulation de l’information. »
Ces villes que nous décrit avec brio et un rythme très jazz cool mâtiné d’influences electros, sont tout à la fois des lieux de vie quotidienne, de paradoxe, de drames, de violence mais aussi de nonchalance, d’existence. L’œil du poète ne prend parti qu’avec beaucoup de distanciation et même parfois (j’adore) avec une désinvolture très flegmatique.
« Deux turcs qui s'engueulent
Deux turcs qui s'embrassent

Une poussette passe »
C’est aussi une peinture si réaliste qu’elle en est presque sublimée avec comme dernier constat :
« Où suis-je?
Les villes vont me dévorer. »
Bravissimo, perso je suis conquis et même presque jaloux….

   Anonyme   
24/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Des villes dévorantes, entre bitume et musique, ambiance.

J'apprécie l'ambiance de ce poème, l'écriture dansante, j'aime visualiser ce que raconte la poésie et j'aime bien quand elle raconte quelque chose.

Il s'agit certainement des immenses villes, parce que je ne retrouve pas l'ambiance des villes petites, plus ou moins.

Un bon moment de lecture.

Edit : Un bémol, la seconde phrase de présentation, on ne sait pas si finalement on a pu mettre en forme comme le souhaite l'auteur. Cette phrase n'apporte rien, sinon un regard technique inutile, parce que j'ai entendu le jazz, peu importe la disposition à l'écran.

   Edgard   
25/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Narbah
J’aime beaucoup votre « vision clip » de la ville. Cette succession de plans très rapides dont chacun arrive comme un petit poème très visuel ; votre regard et votre écriture, très précis, simples et poétiques. On ne peut qu’y être…fasciné , paumé…
J’aime tout, mais particulièrement « Dans les intestins frêles, viscères écoulements… »
J’aime beaucoup aussi le passage flash « Digicode phares, far away, square » et plein d’autres dont la modernité est tout à fait en phase avec le sujet.
Peut-être un petit peu moins quand vous situez la ville « C’est mon quartier… » parce que les images finales nous emportent vers d’autres villes, et que la vision n’est pas vraiment, tout au long du poème, celle d’un sédentaire, mais plutôt d’un voyageur.
C’est un très beau texte pour moi, et ce serait dommage que vous n’ayez pas plus de commentaires en ce jour de Noël. Merci.
Bien cordialement

   Marite   
25/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
La ville en kaléïdoscope ... quiconque, venu de province dans une grande ville peut retrouver ces visions au travers de votre poésie. En avez-vous oublié ?
C'est si dense, si riche et varié, les mots eux-mêmes nous entraînent dans cette découverte. Difficile de choisir une strophe car, en dépit de leur disparité, elles s'enchaînent et il devient impossible d'écourter la promenade.

   Anonyme   
28/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime beaucoup votre poème car je sens que vous êtes dans le vrai et surtout le vu, le vécu.
Un poème vivant et moderne aux accents parfois houellebecquiens.
Il y a de très beaux passages et de belles fulgurances comme ici : "Le soir tombe mal
En ville
De travers
Sur les barres immenses"

   Anonyme   
5/1/2014
Narbah, ton poème est un carnet de voyage,
il y manque les crobards familiers de ce genre d'ouvrage
mais tes mots sont suffisamment évocateurs pour que chacun puisse les brosser dans sa caboche

on t'imagine près du hublot d'un aéronef notant sur un carnet à spirale tes observations et les pensées qu'elles t'inspirent
à mi chemin entre le réel et l'imaginaire

En outre l'écriture est fluide
limite musicale
C'est un plaisir pour l'oreille et pour les neurones

Pas déçu du voyage
J'en reprendrais bien un autre

Bravo et merci

   Anonyme   
29/1/2014
Superbe poème. La ville comme un gros animal, sale et scintillante, ni belle, ni moche. J'aime cette étoffe brute que vous déroulez sous nos yeux sans que ça fasse pour autant liste de course. Les images sont là, y'a pas à dire, vous savez regarder et surtout aimer. Bravo.

   Charivari   
29/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Adieu soleil cou coupé...

Voilà à quoi me fait penser ton texte, Narbah, (et je te salue au passage mon gars) à "Zone" d'Apollinaire.

J'ai pensé aussi au futurisme, le courant pictural.... Jazz ? Peut-être mais en version années folles.

En tout cas, un texte très mélodieux, long, très rythmé, qui ose l'onomatopée, la frénésie, le rythme syncopé, le passage du coq à l'âne sans transition. Au final, c'est une sensation de vertige, je n'ai pas envie de m'arrêter sur un détail particulier, c'est un tout qui se lit d'une traite en apnée. Chapeau.


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