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Poésie libre
orelscal : Pyramide
 Publié le 08/04/24  -  6 commentaires  -  3011 caractères  -  103 lectures    Autres textes du même auteur

Identité et vulnérabilité,
Sensations et émotions profondes,
Nature et saisonnalité,
Relations familiales et absence maternelle.


Pyramide



Premier souffle en septembre.

Écho d’un cri inachevé,
d'une impatience drapée de bleu.

Mon prénom menotté au poignet
n'a pas d’histoires en ce lieu.

Bien trop rose et crispé pour être vêtu de bleu.

Inachevé, imparfait, enveloppé.

Telle une pyramide sans sommet.
Abandonnée par un pharaon cardiaque.

Je suis sensible.

Tout comme la craie de Gizeh.
Dépourvue de sa parure de Tourah.

Je suis fragile.

J'ai des allures de blague sans chute,
d'intrigue sans fin.

À l'instar d'un jour de minuit arctique,
chassant des aurores boréales.

Trop imparfait et pur pour affronter ce froid.
Trop incomplet et seul pour surmonter l'effroi.

Je suis vulnérable.

Mon corps est un radeau de fortune,
dérivant au large d'une mère absente.

Matelot en couveuse tiède,
éclairé par des néons de lune.

Submergé par des océans, sans perspective.
Dénués de reliefs, pour y jeter l'ancre.

Je me dirige vers l'Inconnu.

Sans pouvoir puiser de la force, dans le rêve de nos retrouvailles


Je suis un amnésique à qui personne ne manque.
Obligé d'apprendre à lutter avant d’allaiter

Alité, haletant, angoissé


Je me retrouve seul et debout au balcon,
à célébrer le théâtre de la vie.

J’aurais dû naître en automne.

Néanmoins, je ne désirais pas être là.
Lorsque les arbres pleurent leurs rousses
Tombées au combat en affrontant les vents.

Décimées par les premières gelées.

Elles finissent en strates brunes.
En petits feuilletés de sucre roux,
linceul cuivré qui s'étire sur la mousse.

Moi.

Je voulais simplement profiter des brises d'été indien.
Les imaginer coiffées de plumes d’arc-en-ciel.
Chevauchant les prairies, d’un galop florissant.

J’espérais sentir dans leurs souffles
des fragrances de pollen et de rires estivaux.

Je rêvais d'une sage-femme au teint hâlé,
marquée par des traces de maillots.

Puis revenir à la surface d'une mère encore dorée.
S'amarrer à sa peau et l'adorer sans fin.

La dorer à l’or fin, à l'écume de tiaré.
Telle une enluminure, paisible, soyeuse et pourpre.

Égérie de mon univers, icône du vivant.
C'est dans son ventre-atelier qu'elle a tissé mon avenir.

J’aspirais simplement à arriver à temps pour prolonger l'été

Les bras chargés d’espoir.

Je voulais être la trêve hivernale, des photos estivales.
Que les albums restent chauds au coin de la cheminée.
En veillant à ce que le papier glacé ne gèle pas trop vite.

J’ai peut-être les yeux trop petits,
Mais mes pupilles s’ouvrent en grand.

J’ai le cœur rugissant,
des survivants qui respirent pour deux.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Ornicar   
29/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Comme annoncé dans l'exergue, plusieurs thèmes se croisent dans ce poème en forme de patchwork au long cours : l'identité, l'absence, ici celle de la mère, l'impossible quête des origines qui en résulte pour son narrateur, les saisons. A la vue du titre ("Pyramide") le lecteur est loin d'imaginer la gravité du propos et la beauté des vers qui suivent.
Les images sont nombreuses et recherchées. Ce qui frappe avant tout, c'est leur puissance à dire le manque et le sentiment d'inachevé habitant à tout jamais leur sujet. Leur profondeur aussi : "J'ai des allures de blague sans chute, d'intrigue sans fin", "Je suis un amnésique à qui personne ne manque".

On ne sait pourquoi la mère est absente ; le poème ne le dit pas et c'est très bien ainsi. En gardant sciemment le silence sur "le pourquoi et le comment", le poème évite ainsi l'écueil des longues explications toujours prosaïques à entendre. En serrant au plus près le registre des émotions de ce petit corps, il touche au coeur le lecteur. Un magnifique texte qui ne peut laisser indifférent quiconque se targue d'aimer la poésie. A la fois pudique, poétique et poignant.

Deux remarques pour finir. Sur Oniris, on ne signe jamais ses textes. J'imagine que l'équipe de modération aura attiré votre attention sur le sujet. Je ne m'étends donc pas plus.
Enfin, s'il s'agit là, comme je le pense, de votre premier texte posté sur Oniris, je forme le voeu de voir nombreux les commentaires se pencher sur son berceau. A une époque où malheureusement ils se raréfient, il ne faudrait pas, qu'à son tour, ce texte se retrouve lui aussi "orphelin".

   Pouet   
8/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

surgir dépeuplé.
S'ouvrir à la clarté lorsque ce qui est source de lumière retourne à l'obscurité.
Sans attache une arrivée au port ; restera à dessiner ses empreintes sur cette plage sans mère.
Le texte est triste, mais quand même il joue, avec les mots, avec la vie.
Parce que c'est un brin d'enfance, comme un éclat d'instant brisé avec un peu de joie dedans.
Je pense que nous sommes juste avant l'espoir.
Nous avons le décor d'un commencement, l'anatomie d'une perte.
Le poème ne semble pas regretter, mais demeure dans la nostalgie du constat, dans le simple état de présence.
De conscience et de flou en une tautologie.
Au final, un sujet pas si courant traité avec émotion, pudeur et poésie.

   Eskisse   
8/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour orelscal,

Un bon libre qui offre une belle variation de tonalités ( de l'autodérision à la douce rêverie en passant par la tristesse) et de nombreuses images. La mère manquante est absente-présente : le narrateur lui donne une vie à travers ce qui s'apparente à une rêverie, elle couve tout le poème. Le manque est suggéré par :
" pas d'histoire en ce lieu" , " sans sommet" , " dépourvue" , " sans chute" , sans fin" , " sans perspective" , " dénué de reliefs".
Le distique final est percutant et nous ramène à la naissance.
Le tout sans pathos et avec justesse.

   Provencao   
8/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour orelscal et bienvenue,

Une magnifique composante majeure de " ce premier souffle en septembre", où l'affection, l'émoi n'échappent pas au contrôle de l'écriture, seul à même de délimiter et de justifier, de reconnaitre le champ de l’extension :
"Inachevé, imparfait, enveloppé"

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Damy   
8/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Vraiment très très ému

"une pyramide sans sommet.
Abandonnée par un pharaon cardiaque."

Il y va de la relation au père, aussi ?


Des vers d'une très grande beauté, d'une très grande sensibilité :
"À l'instar d'un jour de minuit arctique,
chassant des aurores boréales."

ou
"Matelot en couveuse tiède,
éclairé par des néons de lune."

ou encore
"Lorsque les arbres pleurent leurs rousses
Tombées au combat en affrontant les vents."



Et des formules finement tournées, malicieuses, comme, par exemple :
"Puis revenir à la surface d'une mère encore dorée.
S'amarrer à sa peau et l'adorer sans fin."


Mais il faudrait tout citer.

Merci pour cette émouvante lecture mélancolique.

   Eki   
8/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Sensible, profond, poétique...

Qui peut dire le jour de sa naissance ?
Quel acte initial vous ralliera au premier souffle ?
Les mots fragiles toujours au bord de l'indicible, les zones de turbulence que traverse l'être, ce sentiment d'inachevé qui s'étire comme une grimace d'un passé à dépasser.

C'est une très belle entrée sur Oniris. Un texte libre comme j'aime.

Je me retrouve seul et debout au balcon,
à célébrer le théâtre de la vie.


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