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Poésie contemporaine
pieralun : Moi, Lion d’Athéna
 Publié le 03/02/18  -  12 commentaires  -  2352 caractères  -  136 lectures    Autres textes du même auteur

Palmyre est une oasis du désert syrien.
Elle connut beaucoup de civilisations et fut un carrefour du commerce caravanier.
La ville ancienne était très riche en ruines archéologiques, Tadmor représentant la partie moderne de la cité.
Le Lion d’Athéna, le temple de Bêl, entre autres, furent détruits par Daesh qui occupa les sites entre 2015 et 2017.


Moi, Lion d’Athéna



Dans les siècles, tapi, bien souverainement
Je laissais le soleil caresser ma crinière.
Nul ne craignait mes dents, ni mon rugissement,
Mes flancs étaient figés pour toujours dans la pierre.
J’aimais le fleuve en paix sinuant les déserts ;
J’aimais le rythme lent des longues caravanes
Qui se posaient un temps, puis marchaient vers les mers
Pour s’en aller chercher l’ivoire des savanes.
Sur le sable brûlant, l’eau conviait les fleurs.
De tous les horizons on percevait les palmes
Vertes de l’oasis, où même les chaleurs
Qui flottent dans l’azur nous laissaient des jours calmes.
J’ai vu, dans le passé, les colonnes de marbre
Que l’homme à la sueur érigea vers le ciel.
J’ai vu des artisans, des marchands, j’ai vu l’arbre
Où l’abeille changeait tous les nectars en miel.
S’il est des paradis convoités par les hommes,
Il n’en fut de plus doux. Des soldats sont venus
Assujettir ma ville à de puissants royaumes,
Sans outrage à la foi des gens pauvres et nus.

L’aube atteignait le seuil lisse des mausolées,
Flairant obliquement la dalle des tombeaux,
Quand, de la vieille ville aux ruines désolées,
Je vis un ciel noirci de hordes de corbeaux.
Dieu ces mauvais oiseaux ! Leurs plumes abyssales !
Fondant sur les pavés et les toits assoupis ;
Ces criards exaltés posant leurs griffes sales
Sur l’orgueil bafoué des hommes accroupis.
Ils vinrent par milliers. Ils voilèrent les femmes,
Apprirent à nos fils leurs rites meurtriers ;
Afin d’exorciser l’impureté des âmes,
Les morts et les vivants furent injuriés.
Leur Dieu ne connaissait ni musiques ni danses,
Il ne désirait point que l’enfant soit instruit ;
Qu’un lieu guidât l’esprit, parmi les cieux immenses,
Vers d’autres dieux que lui, le temple était détruit.
Les voix qui s’opposaient, dans le sang s’éteignirent ;
Étouffant leurs soupirs, les filles se soumirent
Et la nuit recouvrit les corps et les esprits.
Les arts furent brûlés aux bûchers des écrits.

Puis, comme ils n’aimaient rien qui vint de la lumière,
Ils firent éclater mon socle de calcaire
Et, haïssant le roi qu’on saluait au soir,
Plantèrent sur mon front leur maudit drapeau noir.


 
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   Anonyme   
18/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Belle idée que de redonner sa majesté à ce lion de pierre qui traverse les âges et l'histoire.
La première partie du poème est à la mesure de la majesté du lion,
solennelle, glissée, rythmée, sans anicroches.
La seconde partie par contre est trop longue, trop explicative de ce qui est archi connu,archi-rabâché dans les médias .
C'est compréhensible mais cela alourdit le poème et le message que vous voulez faire passer.
Un chute en 2 ou 3 vers aurait donné beaucoup plus de force à l'ensemble.

*Glorifier l'histoire, d'accord. Mais il ne faut pas oublier que l'histoire se fait à coup de guerres (pillage, destruction, tueries, viols,asservissement des survivants...)
guerres qui malheureusement se succèdent comme les vagues de la mer. On détruit, on reconstruit etc... etc...
et que Daesh à l’échelle de l'histoire n'est qu'un éternuement de moustique

   Mokhtar   
22/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je pense qu’il faut saluer le courage d’entreprendre un poème sur ce sujet d’actualité

La forme parnassienne, qui fait penser à Leconte de Lisle, était bien la seule capable de déclamer avec emphase des actes violents qui sont déjà historiques.

C’est très bien fait, poussé par un souffle puissant qui traduit bien, sur la fin, l’irrésistible détermination des fanatiques, et le poids de l’obscurantisme en ce pays de soleil. Car « ils n’aimaient rien qui vient de la lumière » : on ne peut mieux expliquer la tragédie.

Avec juste une réserve tenant aux enjambements (phobie personnelle), je trouve ce texte remarquablement composé, avec une pratique de la versification affirmée.

Souhaitons qu’il trouve ici un lectorat pas trop blasé qui appréciera ce style poétique. Je crois que pour le ressentir pleinement, il faut l’entendre avec le ton des déclamations hugoliennes. Ou des tirades de Corneille.

Merci, et félicitations pour ce texte sensé et prenant.

Mokhtar en EL

   Provencao   
3/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"J'ai vu, dans le passé, les colonnes de marbre
Que l’homme à la sueur érigea vers le ciel.
J’ai vu des artisans, des marchands, j’ai vu l’arbre
Où l’abeille changeait tous les nectars en miel."

Merci de ces mots chargés d'histoire, de vérité. J'avoue que
jetant un regard rétrospectif sur ce passé , je me rends compte que l’idée de trace s’est plus d’une fois conjuguée dans mon esprit avec la notion de "maudit drapeau"

Au plaisir de vous lire.
Cordialement

   Anonyme   
3/2/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour

Un texte magnifique qui illustre parfaitement les pillages organisés
par daesh sous l'alibi de la religion.

Je n'ai trouvé qu'une faute de temps dans ce poème : puisque l'auteur
choisit l'imparfait du subjonctif pour sa seconde proposition :
qu'un lieu guidât l'esprit, la première aurait du être : que l'enfant fût instruit.
Mais ce n'est pas grand chose comparé à l'ensemble.

Peut-être que la rime injuriés, meurtriers à moins que ce ne soit
la rime homme/royaume, justifie la catégorie contoporaine ?

Quoiqu'il en soit ce poème demure un très beau texte digne
des Châtiments du père Hugo.

   papipoete   
3/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour pieralun
depuis des siècles lion de pierre, je regardais paisible, le temps s'écouler autour de moi, la vie se dérouler au rythme des caravanes ; puis un jour " ils " sont venus telles des hordes d'oiseaux maléfiques, assujettir hommes et avilir les femmes sous un voile ! Tant était grande leur haine, ils s'en prirent aux symboles matériels, brûlant les livres et pour finir me rendirent poussière d'où je pleure ...
NB tout est dit dans ce texte sans haine, sur la méchanceté qui se mue en barbarie autour de Palmyre la flamboyante . Le silence reviendra sur cette terre, la guerre fera moins de bruit, mais continuera " en veilleuse " alors que d'autres conflits alimenteront les médias internationaux !
un tout petit bémol au sujet des " corbeaux " que l'on assimile encore au signe de malheur ( je sais bien qu'un vol d'hirondelles ne conviendrait pas mais ... )
Mais des vers lumineux dans la partie " heureuse " et d'autres pathétiques dans la partie " malheureuse " !
techniquement, ne sachant pas la forme originale proposée, je me borne à voir de belles assonances .

   Anonyme   
3/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cet éloge panégyrique du Lion d'Athéna est superbement conduit dans la première strophe.
La folie religieuse (...) et les actes barbares sont relatés, ensuite, avec subtilité, les termes et les images choisis.

" Leur Dieu ne connaissait ni musiques ni danses,
Il ne désirait point que l’enfant soit instruit "

" Et la nuit recouvrit les corps et les esprits.
Les arts furent brûlés aux bûchers des écrits. "

Seule l'allusion à la malédiction attribuée aux corbeaux - ces grands calomniés- n'a pas eu mon adhésion.

C'est un bel écrit.

   Anonyme   
3/2/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai lu votre écrit avec attention. Autant j'ai aimé la première partie, autant j'ai de beaucoup bien moins aimé la seconde.

Votre seconde partie est trop longue, de plus entre en ligne de compte un exposé de faits, qui auraient dû être plus nuancé, car cela ouvre une discussion qui ne peut avoir lieu dans le cadre de la poésie.
C'est si complexe ... Il me semble qu'il faut savoir donné un certain caractère aux propos de ce "Moi, Lion d'Athéna", bien plus personnel et non relater des faits d'actualités, lus et relus et rerelus.
J'aurais aimé ressenti plus profondément cette différence, qu'elle soit plus atypique, plus marquante et plus originale.

La première partie est intéressante, cependant elle est parsemée de mots répétitifs "qui, que, j'aimais, je laissais, j'ai vu".

   Anonyme   
3/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour pieralun... C'est vrai que si l'on sent percer à travers ces vers quelques accents hugoliens, pour ma part j'y retrouve plutôt les Poèmes antiques et modernes d'Alfred de Vigny...
Mais revenons à ton lion d'Athéna, un thème tout à fait d'actualité et traité de belle manière pour dénoncer l'obscurantisme aveugle qui règne encore dans certaines parties du monde.
Toutefois, je regrette moi aussi la mise en scène des corbeaux pour personnifier le mal même si je comprends très bien que la métaphore était tentante.

Enfin, adepte de la poésie métrée, rimée, tout simplement codée, je mesure le travail que représente l'élaboration d'un tel poème et sans entrer dans les détails je t'adresse mes plus sincères félicitations pour ces vers que j'ai beaucoup aimés !

Merci pieralun...

   Vincendix   
4/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Fustiger la folie destructive d’une horde de sauvages, regretter la disparition d’une richesse architecturale et culturelle, cela part d’un bon sentiment. Malheureusement, ce genre d’exaction matérielle a toujours existé, et il n’y a pas si longtemps en France, quand les révolutionnaires ont détruit des trésors sous prétexte qu’ils représentaient la royauté et la religion.
Je suis plus sensible aux exactions subies par les humains, les massacres, les guerres, les exécutions sommaires, l’esclavage, les contraintes et je préfère les vers qui évoquent le triste sort des victimes de ces « oiseaux de malheur ».
Voilà pour le sujet, quant au traitement, je ne peux qu’admirer sa qualité, sa fluidité, c’est superbement bien écrit.
Vincent

   Ioledane   
4/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quel plaisir de pouvoir vous relire !
Un vrai souffle poétique anime ce texte, qui nous emmène vers d'autres temps et d'autres lieux - tout en nous évoquant certains faits très contemporains.
L'idée de donner la parole à ce lion de pierre est originale.
Le premier paragraphe plante à merveille le décor, figé, paisible, que l'on aurait pu croire éternel.
Le deuxième amène l'effroi, la mort - et le désespoir.
Un bel écrit !

   emilia   
5/2/2018
Un beau souffle lyrique pour évoquer la destruction de cette magnifique cité de Palmyre devenue ville martyre suite aux terribles et sauvages mutilations qui ont privé l’humanité d’un riche patrimoine quand : « les arts furent brûlés aux bûchers des écrits… » ; merci à vous pour vous être attelé à restituer cette désolation qui nous afflige et nous interpelle…

   Anonyme   
11/2/2018
Leconte de Lisle, s'il vivait aujourd'hui, eût sans doute consacré un de ses poèmes barbares à cette horrible réalité évoquée ici.
Ces beaux vers, au ton extrêmement classique, et qui me rappellent l'exigent poète créole, m'ont inspiré cette idée.


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