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Poésie libre
Pouet : Destination
 Publié le 21/09/22  -  12 commentaires  -  966 caractères  -  354 lectures    Autres textes du même auteur


Destination



Dans nos temps morts, nos sources vives,
la nomenclature de l'instant, la posologie du verbe,
nos clartés dérisoires et nos désirs d'empreintes,
le discret impromptu qu'est cet essoufflement ;

nous chuchotons encore des rêves à demi clos.

L'espérance ratissée demeure
les sillons exposés au fracas des étoiles
neutres.

Si nous chutons,
ce sera pour griffer les parois du néant,
crier nos ongles,
déposer la couleur sous l'absence du geste.

(Depuis le cœur sans importance
épingler le sang et ses nuances
aux contreforts de l'aspérité.)

Les brindilles de l'avoir écartent déjà la lumière
de la foule tronquée en solitudes surnuméraires.

Nous nous déposséderons.

Aux nervures du chant,
aux orages couchés,
à la pendule pâle ;

là où surnagent nos survivances de schiste
et la topographie de nos évanouissements.


 
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   Jemabi   
7/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un poème habité par une sorte d'urgence absolue et, même si je ne saisis pas de quelle urgence il s'agit - le titre tendrait à indiquer qu'il s'agit d'une urgence à partir - force est de reconnaitre que chaque vers déploie des expressions poétiques à la fois originales et marquantes, particulièrement inspirées. Que demander de plus ? Au final, un poème vibrant quoiqu'un hermétique et dont les vibrations sont comme des fulgurances qui secouent le lecteur pour mieux le faire participer à cette fameuse urgence.

   Eskisse   
21/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Salut Pouet,

Je lis ce poème comme une avancée apaisée vers une disparition de l'être et de l'avoir. Effacement, amenuisement, essoufflement, tout semble s'évanouir vers une Fin de partie.

Je ressens un certain apaisement dans ces lignes comme si la destination ( la mort) était en accord parfait avec l'état d'esprit du narrateur. Acceptée.

Et j'aime tous les agencements de mots mais plus particulièrement " nos désirs d'empreintes" qui renvoie pour moi à tout ce que nous laissons de nous, " crier nos ongles", "déposer la couleur sous l'absence du geste" , " des rêves à demi clos" et
" Aux nervures du chant,
aux orages couchés,
à la pendule pâle ;"
dont le rythme me renvoie à cette idée d'apaisement.

J'aime cet hermétisme qui souffle peut-être l'ultime.

   Lotier   
21/9/2022
C'est une tentative d'introspection auto-référente (le poème décrit le poème). Cette introspection se veut à la fois destructrice et globalisante (nous), comme si le narrateur ne voulait pas porter ce fardeau tout seul… mais bon, la dépossession de l'avoir ne garantit pas l'être…
Quant à la forme, le choix des mots me heurte sans m'émouvoir. Exemple : « au fracas des étoiles neutres.»

   senglar   
21/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pouet,


"Noir c'est noir !..."

Ainsi l'homme retournera au néant dont il ne pouvait pas ne pas sortir, seulement voilà le néant l'avait expulsé et l'avait forcé à vivre. Cette vie imposée l'homme l'a gâchée et néanmoins il ne veut pas regagner le néant et s'arrache les ongles pour qu'on ne la lui arrache pas. Trop tard le voilà qui va redevenir griffure de schiste après avoir beaucoup souffert pour tenter d'échapper à cet inéluctable destin/ destinée/ "Destination".
L'homme cet éternel damné de lui-même, pas même fossile puisqu'il ne sera plus là pour se regarder dans un imaginaire musée.
Voilà ce que j'ai ressenti après avoir lu ce poème digne d'un tableau de Goya. Saturne dévorant ses enfants et partant se dévorant lui-même.
Sombre à souhait ! Un cri dans l'abîme à jamais étouffé !
Les poussières d'étoiles ne seront plus là lors des prochaines éruptions.
"neutres" en d'absence d'irruption.

"... Il n'y a plus d'espoir !"

Ah ! Mais peut-être que Johnny ? Je m'en aller le lui demander...
Oh Johnny ! Tu vas nous sortir de là dis ?...
- "La joie venait toujours après la peine"
- Tiens il a dû rencontrer Apollinaire.

   Donaldo75   
22/9/2022
Bonsoir Pouet,

Et bien, dès les premiers vers je me suis dit que c’était joli mais que je n’allais pas tout comprendre. Déjà, la « nomenclature de l’instant » – je trouve le terme pas vraiment poétique, au-delà de me référer à sa définition dans le dictionnaire, pour moi ça sonne classement, catégorie, archivage – m’a calmé mais la « posologie du verbe » – là encore, un terme pas super poétique, pour les mêmes raisons que le précédent – m’a définitivement placé dans la position du lecteur en train de contempler un écrit dans une langue étrangère dont les mots pris séparément lui disent quelque chose mais qui perdent du sens dès lors qu’ils sont accouplés.

Cela me remémore une chanson de David Bowie dont certains vers avaient servi d’exergue à l’un de mes poèmes.

« There's a brand new talk
But it's not very clear, ooh bop
That people from good homes
Are talking this year, ooh bop, fashion »

Comme le chantait David Bowie, ce n’est pas très clair mais contrairement à lui je trouve que c’est joli au niveau sonore et c’est peut-être ça le pitch. Et j’ajouterais même que certains vers sont beaux au niveau subliminal, comme celui-ci par exemple : « nous chuchotons encore des rêves à demi clos. » Certes, un lecteur orienté cerveau gauche dirait que ça ne fait pas sens une telle phrase mais je ne suis pas de ceux-ci et moi j’aime bien le cryptique, l’hermétique, tant que l’esthétique est présente. Et comme le définit mon dictionnaire en ligne, l’esthétique c’est « la science du beau dans la nature et dans l'art » et là nul doute qu’il y a de la recherche en la matière.

Quand j’écris ce commentaire, je pense à la phrase d’Andy Warhol : « On n'imagine pas combien de gens accrochent un tableau de la chaise électrique dans leur salon - surtout si les couleurs du tableau vont bien avec celles des rideaux. » C’est un point de vue du maitre du pop art sur sa vision personnelle de l’esthétique à travers ce genre de lâcher irrévérencieux. Je fais partie des personnes qui aiment la peinture d’Andy Warhol, de Roy Lichtenstein, de Robert Indiana, de Mark Rothko parce qu’elle est belle et que l’esthétique prend le pas sur le sens. C’est pourquoi mon cerveau droit prend le pas sur le cerveau gauche, parce qu’une enzyme enfouie quelque part en son sein déclenche son flux dès que le beau surpasse le raisonné même si tout ceci ne veut rien dire.

Et je conclurais avec les paroles de la sublime chanson intitulée « A whiter shade of pale » immortalisée par le groupe britannique Procol Harum et écrite par le poète Keith Reid, un adepte du cryptique, de l’hermétique et de l’esthétique.

« We skipped the light fandango
Turned cartwheels 'cross the floor
I was feeling kinda seasick
The crowd called out for more
The room was humming harder
As the ceiling flew away
When we called out for another drink
The waiter brought a tray »

A l’heure de placer une évaluation, mon cerveau droit entame un triple salto arrière alors que son acolyte gauche reste froidement linéaire. Ne voulant pas tangenter la schizophrénie et rejoindre la longue légion d’arrachés du bulbe que je perçois quelque part au-delà de ce rideau virtuel formalisé par mon écran, je choisis l’approche suisse, la neutralité.

   Anonyme   
22/9/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Pouet,

Difficile de s’immerger dans un tel texte et de saisir le sens que l’auteur a voulu en donner. Pour ma part, c’est la faute à ces associations permanentes substantif/qualificatif qui forment des images hermétiques. Certaines sont plutôt jolies « les rêves à demi clos » «déposer la couleur sous l'absence du geste. » La plupart des autres n’ont guère de sens pour ma petite cervelle « les brindilles de l’avoir », « nos survivances de schiste », « la topographie de nos évanouissements. », etc.

Je vais donc rester tiède sous la froideur des mots énoncés.

Merci pour cette lecture gratuite et le temps que vous avez passé dessus.

Anna

   Provencao   
22/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pouet,

"Si nous chutons,
ce sera pour griffer les parois du néant,
crier nos ongles,
déposer la couleur sous l'absence du geste."

Votre titre "destination " peut éloigner au premier abord, et au fur et â mesure de la lecture les vers decrivent votre pensée sans aucune ambivalence , avec une limpidité de votre " destination ".

Certains ecriront projet cupide, peut-être un peu trop, mais , moi j'ai aimé ce légitime dans la définition de l'hermetisme de la posologie du verbe.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   widjet   
22/9/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Quand un esprit limité comme le mien passe plus de temps à chercher à piger le sens des formules (ah mais Steph c'est le genre de texte qui se ressent pas qui s'intellectualise, t'es con ou quoi ?!), fatalement le coeur reste en berne.
De quoi il est question ?
J'en sais foutre rien.
Peut-être de ce fichu espoir, de cette résilience, de notre envie de croire et de rêver qui ne cesse de nous étreindre même lorsqu'on en se rapproche inéluctablement du trou et du dénuement total ?
Ou c'est totalement autre chose.
Y a deux trois trucs jolis, et des trucs moches à l'oreille (solitudes surnuméraires)
Bref chacun peut s'extasier sur ce texte emberlificoté en se disant "je bitte que tchi, mais c'est fichtrement poétique".
Je ne m'extasie pas.

W.

   Anonyme   
22/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ah Gringo, comme j'aime quand tu deviens symboliste

J'y lis une contre-ode à la volonté de laisser une trace à tout prix, une réflexion sur où se porte l'important, et également une forme de défense de l'écologie, de manière plus large, une apologie de l'être face au paraitre. Au sens large car je sens une pointe de romantisme moderniste qui pourrait aussi ratisser les relations amoureuses, en plus des relations humaines). Et plus loin encore, à la fin programmée de notre planète, faute d'êtres dotés de cette capacité à refuser d'avoir.

Les images, symbolistes donc, le ton entre le défaitisme et l'observation neutre demande effectivement une immersion à l'aveugle dans ton poème.

Il m'a fallu du temps pour arriver à te commenter, car je me sentais
illégitime de poser un avis sur une production aussi travaillée.
Je sais c'est con(combre).

j'aime particulièrement la posologie du verbe (comme s'il nous fallait un mode d'emploi), les rêves à demi-clos (à demi mots, à demi oubliés, la multiplicité des sens est bien posée), les sillons exposés aux fracas des étoiles (les larmes), la strophe sur la chute en entier, violente (critique de l'immobilisme) et d'une beauté rare, les parenthèses (ah les attentes des autres, la notion de normalité) sont fines, les brindilles de l'avoir en parallèle avec la solitude paradoxale des mondes connectés à l'extrême, et la fin, comme un constat, une certitude que l'homme au fond, finira par ouvrir les yeux.

On est entre le défaitisme et l'idéalisme.

L'ambiance du poème fait beaucoup au pseudo hermétisme des vers, par l'ambivalence des choix lexicaux. On a l'impression de lire à contre émotion, et l'effet est absolument bien choisi pour coller au thème.

Mon appréciation du coup va détonner certainement (de mes autres, des autres) mais Gringo, putain, ça fait du bien !

Merci pour ce partage.
Au plaisir bien sûr, de te relire !

   StephTask   
23/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ha! Ha! Widjet me prend à partie avant même que je commente… ;-)
Alors, oui, j’ai mis une partie de mon cerveau sur off en lisant ce poème et je me suis dit : waouh ! C’est vraiment le type de poésie à laquelle j’aspire. C’est beau, c’est certes hermétique mais ça fait vibrer différentes cordes. On a envie de lire à haute voix, de changer de rythme, de changer de ton, de chuchoter pour comprendre. Ma rationalité reste en attente d’une clef pour être initiée devant ces vers ésotériques, mais mon cœur aime déjà inconditionnellement.
Pouet vous êtes un grand avec un style inimitable. Oniris a de la chance de vous avoir. Vous avez créé une sorte de poésie quantique !

   Myo   
25/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
"Aux nervures du chant,
aux orages couchés,
à la pendule pâle ;"


Une question de survie .... pas le choix... peu importe le comment, le pourquoi, la souffrance, et peut-être même l'inutile...
C'est un instinct, plus fort que nous, mais qui nous tient debout...

Myo

   Cyrill   
3/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pouet,

Je fais de la spéléo pour récupérer ici et là quelques petites perles ou autres que je n’ai pu que survoler le mois dernier. Bien m’en a pris, je tombe sur ce beau libre.
Ici, on se trouve à mi-chemin entre le conceptuel et le sensible, et je trouve ce parti-pris vraiment réussi. À ces tournures qui pourraient être jugées rébarbatives ou a-poétiques, tu as réussi le tour de force d’incarner nos ongles ( ça fait mal ), de me faire voir de la couleur dans le non-geste.
D’autres trouvailles comme ces « contreforts de l’aspérité », ces « solitudes surnuméraires » me parlent et touchent mon « cœur sans importance ». Comme dits dans une autre langue que la mienne, ces vers fleurent bon la désespérance des destins.


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