Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
Pouet : Exuvie
 Publié le 09/07/20  -  19 commentaires  -  784 caractères  -  396 lectures    Autres textes du même auteur

Nous ne faisons pas de rêves.


Exuvie



Nous ne faisons pas de rêves, ce sont les rêves qui nous font...


si on a retourné la terre comme une peau
fouillé les plis noueux de cette âme infertile
pour y briser les graines de nos étoiles d'os

même si notre sueur ne fut que pluie acide
pour ces aubes indicibles
quand épuisés de tout nous refermions la nuit
sur nos corps sur nos cages

même si nos cœurs sont cris et nos yeux silencieux
même si nos mains ne saignent que par imitation
la douleur nous suit comme un chien famélique

si le bonheur se couche avec les oiseaux
si nos cartes apatrides écornent la solitude
jamais nous n'apprenons comment jouer au monde

même si ce rêve d'autre nous refait chaque instant


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
20/6/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Un titre savant, technique, mais à la belle sonorité et au sens en phase avec le poème.
Je suis un peu plus partagée sur le texte.
Globalement, il me semble manquer d'élégance.
Le vers :
"si on a retourné la terre comme une peau" -> "si on a"...suivi de "comme" est un peu trop du langage courant même si l'idée est bonne.
Ainsi chaque paragraphe commence un peu trop de la même manière , les "même si" me paraissent trop nombreux pour ne pas peser.
Je n'ai pas trop trouvé de sens à : "même si nos mains ne saignent que par imitation"
Le dernier vers participe à mon impression de lourdeur et de maladresse dans l'expression.
Pourtant j'ai beaucoup aimé :
"... briser les graines de nos étoiles d'os"
"...le bonheur se couche avec les oiseaux"
"...nos cartes apatrides écornent la solitude"

Bonne continuation,
Éclaircie

   Corto   
25/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il se dégage de ce poème une ambiance riche et embrumée.
Chaque vers porte son imaginaire. Comme une invitation à ne pas rester dans le précis.

Le flou lui va bien. Certaines expressions sont particulièrement recherchées dès la première strophe.

L'invitation au pessimisme n'est pas pesante, bien équilibrée par le dernier vers que j'aime beaucoup: "même si ce rêve d'autre nous refait chaque instant".

Le titre, original, enrichit encore cette ambiance.

Merci à l'auteur.

   dom1   
27/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'instinct de vie de notre condition est une chance tout comme elle est une charge qui s'impose dans votre écrit touchant de simplicité masquant la réalité de notre pression sur notre environnement, tant privé que collectif, où à quel point nous sommes en mesure de tout saccager, ici et maintenant...

   Donaldo75   
28/6/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je suis mitigé sur ce texte. D’un côté, l’idée est séduisante. De l’autre, la forme marque trop l’argumentaire, le rend trop visible. Certes, la poésie est plus belle si elle contient du fond mais dans le cas présent il sent fort l’argument malgré l’utilisation d’images intéressantes. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé mais je ne peux pas dire le contraire. Il ne manque pas grand chose pour que ce poème soit remarquable, qu'il tutoie les sommets d'Oniris, qu'il provoque des holas effrénées de commentateurs en délire.

Une autre fois.

   Anonyme   
10/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pouet,

j'ai esquivé tout commentaire en EL n'ayant strictement rien compris à ce texte (et j'en suis au même point à l'instant où je fais semblant de commenter)
En fait j'attends avec intérêt ce que tu ne manqueras pas d'expliquer je l'espère dans un fil prochain pour m'éclairer.

A défaut de comprenette, je trouve ces vers très beaux :

pour ces aubes indicibles
quand épuisés de tout nous refermions la nuit
sur nos corps sur nos cages

puis

jamais nous n'apprenons comment jouer au monde

même si ce rêve d'autre nous refait chaque instant.

Voilà le fruit de ma cueillette mais je te mets un bien au moins pour la beauté de ces vers. Je verrais plus tard à noter mieux informé.

H.

Edit 10/07/2020

Après lecture de ton message sur le forum je ne peux que redire que je n'ai vraiment rien saisi des intentions de ce "pouème" comme tu dis si bien. Bon c'est pas grave je ne change pas d'avis en ce qui concerne les quelques vers que j'ai aimés.

   Melorane   
9/7/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,
J'aime bien l'idée derrière ce texte. Ce n'est pas parce que l'on se réveille le matin que les rêves sont finis, qu'ils nous poursuivent pas durant le journée (tout du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre de ce poème). Cependant je trouve le tout un peu lourd, par exemple la répétition de "même si..." me dérange un peu. Néanmoins il y a des images intéressantes et recherchées. J'apprécie particulièrement :
"... briser les graines de nos étoiles d'os"
"si le bonheur se couche avec les oiseaux"

Melorane

   papipoete   
9/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Pouet
La planète est exsangue, on lui a tout sucé, comme rongé les os jusqu'à la moelle ; notre coeur est gris et le moral tout au fond des chaussettes, et nous ne rêvons pas...
Puisse un rêve, à l'image de celui de Martin, faire que sous une enveloppe toute neuve, nous renaissions !
NB pardon à l'auteur si ma pensée divague, mais c'est ainsi que lis dans vos vers, et fais comme le bébé au couffin, un beau rêve...
j'aime ce vers " la douleur nous suit comme un chien famélique "

   Angieblue   
9/7/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,

Un constat bien triste de la vie réelle qui n'est souvent que souffrance et où le bonheur ne dure jamais longtemps et se couche, en effet "avec les oiseaux", et parfois pour mourir...

De bien belles images poétiques pour décrire cette prison que peut être la vie:
"quand épuisés de tout nous refermions la nuit
sur nos corps sur nos cages"
Oui, la nuit est comme une pause où l'on goûte un peu la liberté, délivrés des contraintes.

"même si nos mains ne saignent que par imitation"
Je vois dans ce vers une allusion au travail à la chaîne...

"jamais nous n'apprenons comment jouer au monde"
Le poème aurait dû se conclure sur ce magnifique vers.
Oui, il n'y a pas de mode d'emploi pour jouer à la vie et chacun s'efforce de tenir son rôle au risque de chuter. Cependant, certains sont plus forts et plus doués que d'autres...

"même si ce rêve d'autre nous refait chaque instant"
Ce vers n'est pas très mélodieux dans sa tournure. "rêve d'autre" ne sonne pas très bien. Mais j'aime le sens. Oui, les rêves nous aident à supporter notre fardeau. Ils sont porteur d'espoir. Même s'ils ne se réalisent pas, ils nous aident à vivre, un peu comme la poésie...

J'aime aussi toute la première strophe. La terre comme une peau que l'on retourne pour y trouver peut-être le secret du bonheur, de l'éternité et y semer des étoiles d'or plutôt qu'"y briser les graines de nos étoiles d'os". Je viens de comprendre que cette image renvoyait à la mort, notre condition inéluctable de mortel. Nous sommes condamnés à disparaître...et de ce fait, le bonheur ne peut être qu'éphémère...

Un poème bien pessimiste mais j'ai adoré le style et la puissance des métaphores.
Merci pour la poésie...

   Myo   
9/7/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une fois n’est pas coutume …. Je me suis laissée prendre par cette mue de l’âme touchante.

Derrière cette quête incessante, épuisante, douloureuse pour une raison, une issue, un sens à la vie, se trouve une sorte de résilience, d'acceptation.

Alors faute de réponse, devant l'obscur de nos limites, on accepte d'habiller de rêves ce qu'on ne peut nommer.

De superbes images qui me touchent beaucoup.

Myo

   Davide   
9/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Pouet,

Je retrouve dans ce poème le même ton désillusionné, plein d’amertume, que dans le précédent "C'est con". Mais ici, la douleur parle à vif, à "noir", sans volute aucune : elle brise, elle acidifie, elle épuise, elle encage, elle saigne, elle écorne...

Le monde est sans pitié pour nos rêves. C'est dit. C'est crié même. Mais nos rêves n'ont-ils vraiment aucune chance d'être "faits" ?

L'itération "si"/"même si" (où s'amoncellent désordonnément les expériences vécues par le narrateur) nous conduit, impitoyablement, jusqu'aux observations suivantes, assertives, implacables :

"la douleur nous suit comme un chien famélique"

"jamais nous n'apprenons comment jouer au monde"

Et ça, c'est con !

J'aime beaucoup, vraiment beaucoup, cet avant-dernier vers, dans ce qu'il porte d'impuissance douloureuse et résignée ! Le vers final, en revanche, comme il renchérit avec ce "même si", me paraît être inutile à cet endroit ! :)

Enfin, le titre "Exuvie" me plaît bien tant il ouvre sur de multiples lectures et interprétations. Moi, plutôt qu'une mutation, j'y ai vu, collés ensemble, les mots "exutoire" (apocopé) et "vie".

Un texte tripal qui m'a, somme toute, ému, et ce, malgré sa forme très... "brouillonne" !

   in-flight   
9/7/2020
La structure n'est pas simple à saisir au premier abord, on lit plusieurs "si" et "même si" avant d'avoir l'intention profonde du texte que j'ai cru saisir.

Ce genre de texte doit être lu, selon moi, en gardant le titre en tête pour tenter de comprendre le sens: il me semble que la réincarnation et l'existence cyclique sont les thèmes abordés ici. Je ne sais plus qui disait "Nous ne sommes organiquement que de la poussière d'étoiles" (Albert Jacquard?)

"Si nos cartes apatrides écornent la solitude." --> pas saisi le sens.

À noter que c'est justement le titre qui m'a attiré. Une récente maison d'édition a pris pour nom "Exuvie" ; son directeur, Fabien Moine, est un naturopathe qui a livré de nombreuses vidéos intéressantes sur Internet. Mais je digresse et ça devient adipeux... Pouet pouet.

   hersen   
9/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
"Jamais nous n'apprenons à jouer au monde"

Non, jamais. nous ne naissons pas avec une feuille de route. Nous ne sommes qu'un éternel recommencement, poussière érigée en corps qui retournera poussière.
Et entre-temps, il nous reste tout ce que nous pourrions être.

J'ai aimé vraiment le sujet. Mais dans la forme, je ne l'ai trouvé pas si percutant. Parce qu'il est si dense qu'il m'a fallu plusieurs lectures.

Ceci dit, on est bien d'accord : un grand merci pour cette lecture qui ne peut laisser indifférent !

   Luz   
10/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pouet,

J'ai lu, relu et relu. C'est un poème très dense, mais qui me laisse un gout d'inachevé. Je pense qu'avec une telle matière il y a moyen d'améliorer encore, de rendre plus lumineux, de donner l'évidence. Nous aurions peut-être alors un des plus beaux poèmes d'Oniris et d'ailleurs : il faut jouer au monde, ne surtout pas laisser se perdre l'inspiration géniale de ce texte ; génie + travail + travail + ... = chef d’œuvre, parfois.
Et puis j'aime bien les étoiles d'os.
Merci.

Luz

   Vincente   
10/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La vie comme exutoire.
Le titre nous invite à nous introduire dans un envers de sens, les rêves n'y sont plus revisitations de nos vécus, mais ils sont source qui nous offre ses raisons. Raison de ne pas se vivre au pied de la lettre, raison de se sentir "transparaître" sur la "réalité", raison de s'aboutir dans une transversalité de notre état d'être. Ainsi le poète nous aperçoit comme une peau de terre, un habillement/revêtement qui nous argumente de notre apparence, cette "âme infertile" qui habite notre surface. Nos "os grainés", "graines" comme potentialités, nos "os" étoilés, nos espérances, s'étouffent tant sous les "plis noueux" qui nous revêtissent.
Notre sueur est notre production mais sa productivité est "pelable" à merci, elle ronge de son acidité le vouloir dans l'œuf de notre bonne volonté et du coup égare la compréhension de notre destinée, ces "aubes indicibles".
"Refermer la nuit sur nos corps" ces "cages" de "peau", enfermés que nous sommes dans notre condition…

"Même si nos cœurs sont cris et nos yeux silencieux". J'aime beaucoup ce vers au cœur du poème, porté par de sensibles assonances en "c" comme coups battants et en "ieu" colorés et interrogatifs. Dans sa puissante évocation, l'on voit nos battements de vie lancer leur cris depuis notre tréfond et nos "yeux" rester bouche bée, "silencieux" ; j'ai perçu des yeux qui se voudraient parlants, expressifs donc, et qui espèrent mais se taisent, les yeux vers les "cieux", les yeux dans les cieux…

Le vers suivant, "même si nos mains ne saignent que par imitation", m'a semblé saigner comme signant, le "a" de saignant entachant l'authenticité de l'acte d'exister, s'étant comme surajouté à un sens premier, ainsi les mains auraient voulu tout honnêtement signer, "les mains ne signent que par imitation". Elles reproduisent comme il faut et pourtant resteront douloureuses, la sensibilité à fleur de peau…

"Jouer au monde" comme dans un jeu de carte, autour de règles convenues mais artificielles, s'inscrire dans une partie sans bien saisir ni le sens du jeu, ni son pourquoi, ni son intérêt, à part ces minutes de "bonheur [qui] se couche avec les oiseaux", virevoltant ou planant erratiquement mais s'éteignant comme machine le soir.

Le dernier vers redonne de l'espoir, car il a bien fallu constater que l'esprit est sombre dans l'accès de "lucidité" que déclare ce poème. Ainsi "ce rêve d'autre nous" (j'adore cette expression) est celui qui nous fait et "refait chaque instant". Le "rêve" est ce qui nous fait vivre, celui qui nourrit notre imagination, nos besoins, notre affectivité, celui qui nous porte par ses espérances, folles le plus souvent, mais essentiels (essence/ciel) à notre devenir.

   Stephane   
11/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'explication fournie par l'auteur offre une autre dimension au poème. Personnellement je n'avais pas saisi de quoi il s'agissait avant et je me suis abstenu de commenter, mais au regard de cette éclairante compréhension des choses et du traitement éminemment poétique qu'en fait l'auteur, tout me paraît évident. J'apprécie vraiment quand un poème nous amène à réfléchir sur notre condition humaine et, plus généralement, sur l'existence dans tout ce qu'elle a de complexe.

   Cristale   
12/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Faut-il absolument qu'un poème soit expliqué par son auteur ?
Aujourd'hui et depuis peu, j'ai compris que non.

Ici (c'est la classique invétérée qui écoute :) j'ai subi le charme ondulatoire des vers sur une moyenne de douze temps qui rend l'ensemble musical. Sans qu'il soit alexandrin ni dodécasyllabe, le rythme, sur une syntaxe moderne, porte la poésie d'un regard éveillé sur notre condition humaine. Deux vers layés rompent le temps mais sans briser l'harmonie dont ils soulignent le propos.

Je me suis arrêtée, entre-autres, sur quelques fragments d'images où le verbe, et/ou le mot peignent (de peindre ^^) les couleurs qui me touchent :

"...retourné la terre comme une peau"

"...ces aubes indicibles"

"...épuisés de tout nous refermions la nuit"

"la douleur nous suit comme un chien famélique"

"si le bonheur se couche avec les oiseaux"

"...écornent la solitude"

"jamais nous n'apprenons comment jouer au monde"

Beaucoup sont morts sans jamais avoir ouvert les yeux...
Mais aujourd'hui j'ai ouvert les yeux sur ce poème, lui-même pareil au rêve : poétique et libre.

Merci Pouet.
Cristale

   Anonyme   
12/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Pouet,

Je saisis ce que tu as sur le cœur dans cet écrit, qui, comme le souligne Vincente (j'ai lu les commentaires), opère en quelque sorte un virage d'écriture, fû-il court. Alors bien sûr, en monnaie Onnrienne (inchangeable), cela est peut-être moins payant. N'empêche que je ressens plus de sincérité. Les 'même si', même si tu en donnes la raison, ne me semblent pas pour autant apporter une plus value au poème.
Merci.

   Hiraeth   
13/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pouet,

Je me rends compte que le surréalisme, exceptés quelques moments de grâce comme votre "Manufacture de l'aube" de très bonne facture (héhé), ne me parle pas trop. C'est mon avis que même le plus fou des poèmes doit avoir un pied ferme dans le sens commun, et que s'il peut évidemment jouer avec la sémantique des mots et l'aspect des choses pour étendre ou renouveler métaphoriquement notre perception, il ne peut pas non plus se permettre de faire n'importe quoi. Je verse volontairement dans l'excès et ne dis pas que votre poème ici ne fait aucun sens, j'ai même adoré son rythme ainsi que ses deux derniers tercets sombres, sentencieux et subtils ; mais le reste ne m'a pas vraiment touché, car trop surréaliste. J'ai trouvé le premier tercet surchargé en images impossibles à se représenter, et puis à quoi fait référence le déterminant démonstratif "cette" au vers 2 ? C'est la peau qui est une "âme infertile", ou bien c'est la terre ? Cette imprécision ajoute à la confusion générale de la strophe, je trouve. J'ai mieux aimé la seconde, au ton sinistre immédiatement saisissable et ah je viens de comprendre ses deux derniers vers, l'idée que malgré la venue du jour la nuit ne quitte pas nos corps-prisons (c'est le désespoir). Bon, d'accord, là je dis oui.

Par contre je n'ai pas bien saisi le lien avec les rêves qui nous font : la formule est excellente, mais quel rapport avec le reste du poème ? Étonnant car vous dites que cette phrase fut la genèse du texte... J'ai beau adorer les vers apophtegmatiques, celui-là semble tomber comme un cheveu sur la soupe. Idem, pas bien compris le rapport entre le poème et son titre, si ce n'est un rapport antithétique, le titre exprimant un désir né de la condition misérable évoquée dans le corps du texte.

L'ensemble reste indéniablement bon, mais votre curseur poétique se trouve à mon sens tiraillé entre deux extrêmes, qui sans être complètement irréconciliables restent quand même opposés dans l'intention : le surréalisme d'un côté, déjà évoqué et qui donne un peu l'impression que vous vous regardez écrire (mais qu'est-ce qu'une parole honnête en poésie ?), et de l'autre, mine de rien, le genre de la chanson (cf l'importance accordée au rythme, toutes les anaphores et autres formes de répétition que vous affectionnez, ainsi que votre langage -- grammaire et images -- qui peut être très simple par moments).

Je préférerais personnellement que vous tendiez vers la chanson plus que vers le délire surréaliste, mais vous faites ce que vous voulez.

   Louis   
21/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
« Le jeu est le premier poème de l’existence » : écrivait J.P. Sartre.
Mais l’existence souffre du manque de poésie, de ce jeu-poème et de tant d’autres.
Le ‘’pouème’’ déplore ce manque, tout en ajoutant sa touche versifiée au monde en déficience de jeu ; il chante la complainte en cris étouffés de l’absence d’un rapport poétique au monde, qui est aussi un rapport ludique.

Règne partout le travail, et non le « jeu », idée sur laquelle insistait déjà un précédent texte : Manufacture de l’aube.
Domine le travail dans son rapport particulier à l’environnement, à autrui, à soi-même.
Par lui, on cherche à transformer la nature, à la métamorphoser, à provoquer une mue qui fera surgir un monde nouveau : « on a retourné la terre comme une vieille peau ».
Pauvre terre : dépouille d’une exuvie, dans un devenir incessant, mais pas de chrysalide d’un monde meilleur en devenir.
On a bouleversé toute la terre. On l’a laissée exsangue.

En changeant la nature pourtant, on se transforme soi-même, on change sa nature.
Ainsi, on a « fouillé les plis noueux de cette âme infertile » : on a fouillé l’âme humaine, en même temps que celle du monde.
Infertilité de l’âme.
Stérilité de l’âme, en constat.
Elle serait restée trop terre à terre, l’âme dans son rapport au travail serait incapable de féconder du sens, de « secréter une chrysalide de l’air » ( selon une image de Murakami dans ‘’1Q84’’), un monde de l’esprit, au-delà du monde de la survie.

Âme et corps. Les os de notre squelette, de notre corps matériel, sont porteurs de graines d’étoiles, de possibles étoilés, de germes d’un au-delà du monde matériel.
La matière est première sur laquelle un autre monde peut s’élever ; les êtres corporels recèlent les semences d’un monde étoilé.
Un ciel pourrait s’élever des profondeurs de la terre.
Mais le travail, producteur des moyens de la survie, producteur aujourd’hui des biens de consommation, le travail contraignant, épuisant, répétitif, soumis aux contraintes à la fois sociales et naturelles, le travail brise les os et les âmes : « y briser les graines de nos étoiles d’os »

Le travail empêche chacun d’être soi-même, le dépossède d’une part de ce qu’il est ; il empêche chacun d’accomplir la totalité de son être en toutes ses virtualités, en toutes ses potentialités spirituelles. Il est aliénant.
La sueur de la peine au travail, par métaphore, est pluie stérilisante : « notre sueur ne fut que pluie acide » ; elle n’arrose pas les racines du ciel ; elle ne fait pas germer les graines d’un monde supérieur.

Acrimonie des « aubes indicibles », d’une parole qui ne réussit pas à dire le jour. Ne réussit pas même à saluer le jour qui se lève comme bon jour.
Aubes d’amertume et de fatigue, et nous, épuisés de labeur, «épuisés de tout », quand chaque instant demande l’effort pour «tisser un monde à soie », un monde où survivre ; « quand lassés du monde nous refermions la nuit », et nous, « en cages », emprisonnés dans nos corps d’où jamais ne sort le cocon d’un monde nouveau.

Souffrances de l’homme au travail, dont « les cœurs sont cris » et les « yeux silencieux », et « La douleur nous suit comme un chien famélique », un chien avide d’étoiles, qui aboie vers le ciel, mais à qui l’on ne donnerait que des croquettes industrielles.

Le travail nous vole notre temps, et « jamais nous n’apprenons comment jouer au monde »
Jouer au monde : voilà ce que nous ne savons pas.
Non pas jouer ‘’avec’’ le monde, le monde n’est pas notre jouet.
Non pas jouer ‘’dans’’ le monde, pour y rester enclos, mais jouer ‘’au’’ monde, comme façon de se rapporter à lui, pour faire émerger, dans cette immanence, une dimension de transcendance.
Non pas jouer au monde, dans une imitation des choses et des événements qui le constituent, comme on joue à la poupée ou bien aux gendarmes et aux voleurs, mais dans la création d’un outre-monde, parce que le jeu sait opérer une transposition de la réalité sur un plan plus élevé.

Le jeu n’est pas le travail ; le jeu, ce n’est pas ne rien faire (le travail ne s’oppose pas à l’inaction) c’est faire. Non pas un faire productif, mais créatif.
Activité gratuite et désintéressée, activité libre par excellence, le jeu mobilise toutes les potentialités humaines, si bien que « L’homme n’est pleinement Homme que lorsqu’il joue.» écrivait Schiller dans ses « Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme »). Une plénitude d’existence dans le jeu, qui le rapproche de l’activité artistique, si bien que Schiller les assimile. Extrême existence vibrant au contact du monde, permise seulement dans le jeu.
Jouer, c’est agir en étant dégagé de toute contrainte, et donc tirer grand plaisir de sa liberté par rapport aux nécessités, vitales et sociales. Le sentiment de liberté rattachant le jeu au phénomène esthétique de beauté lui donne une grande valeur. Une œuvre d’art résulte d’un jeu libre entre forme et matière, entre beauté et contrainte, et représente ainsi le summum de l’activité ludique. Les jeux sont des pas sur la voie de la beauté, pensait Schiller, car ils éduquent ceux qui jouent au plaisir de la liberté de création.
« L’agréable, le bien, la perfection, l’homme les prend seulement au sérieux, mais avec la beauté, il joue. » écrivait encore Schiller.

Le jeu libère aussi de la pesanteur du « sérieux », il allège la vie, de sa gravité ; il la fait ‘’danser’’.

Trop de travail dans notre monde, et pas assez de jeu.
Trop de travail, et pas assez de liberté.
Nous n’avons pas dépassé notre existence finie.
Nous voudrions jouer au monde, et le monde se joue de nous.

L’imaginaire est associé au jeu, il en est une de ses dimensions essentielles.
Le rêve, l’imaginaire, joue en nous, nous qui n’avons pourtant pas appris à jouer au monde, et « ce rêve d’autre nous refait chaque instant ».
Par l’imaginaire, nous sortons de notre « cage ». Bachelard avait, dans ‘’L’eau et les rêves’’, explicité ce pouvoir de l’imaginaire : «Grâce à l’imaginaire, l’imagination est essentiellement ouverte, évasive » écrivait-il, avant de poursuivre : « Plus que tout autre puissance, elle spécifie le psychisme humain… L‘imagination est la faculté de former des images qui dépassent la réalité, qui chantent la réalité. L’imagination invente de la vie nouvelle : elle ouvre des yeux qui ont des types nouveaux de visions. »

L’imagination, appartenant au domaine du jeu, confère le pouvoir de dépasser par la liberté notre existence finie ; elle permet de nous « faire », de nous réinventer à chaque instant, pour persévérer dans l’existence au sein de ce monde inhumain du travail. Elle ne «produit» pas de l’humain, elle nous « fait » être, elle nous fait vivre, nous fait vivant tendu vers un « autre », un autre nous-mêmes dans un rapport autre au monde, un autre nous-mêmes dans un rapport autre à autrui.

Nous vivons ainsi dans une tension vers la réalisation de mille «phantasmes impondérables », comme l’écrivait aussi Apollinaire, dans son poème ‘’La jolie rousse’’ :

« Nous voulons nous donner de vastes et d'étranges domaines
Où le mystère en fleurs s'offre à qui veut le cueillir
Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues
Mille phantasmes impondérables
Auxquels il faut donner de la réalité »

Il faudrait s’exclamer comme Rimbaud, dans Une saison en enfer :

« Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques, en nous plaignant et en querellant les apparences du monde, saltimbanque, mendiant, artiste, bandit, - prêtre ! »

Mais le dernier mot revient à Pouet : « Nous ne faisons pas de rêves, ce sont les rêves qui nous font ».

Merci POuet


Oniris Copyright © 2007-2023