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Poésie contemporaine
Quidonc : Canicule
 Publié le 23/06/18  -  9 commentaires  -  1275 caractères  -  209 lectures    Autres textes du même auteur


Canicule



C’est une éternité qui se meurt de la pluie,
Les jours se sont perdus depuis qu’elle s’est montrée
Ici bas rien ne bouge sous le soleil qui luit
Tant et tant que la lune avance à pas feutrés.

L’astre dominateur change tout en sommeil,
Les épis de blés, mous, s’agenouillent aux champs.
L’asphalte déserté, improbable remeil,
Découpe l’horizon de noirs lacets tranchants.

Durcissant tel un cœur que l’amour insupporte,
Percevant des ruisseaux la rumeur des cailloux,
La terre se lézarde et craque sa peau morte
En poussière sous les agressions du voyou.

Les branches des grands arbres agitent avec peine
Des feuilles qui dépriment au milieu d’un autre âge
Jetant sur les chemins des ombres incertaines,
Humble, tête penchée, une fleur prie l’orage.

Trois gouttes sont tombées. La première, souffrance,
Fantasmée de nos peurs, reliques de nos pleurs.

La deuxième, sueur, arrachée au labeur
Dont le sol asséché éprouve l’endurance.

La troisième, salive, sèche et douloureuse
Qu’une gorge gonflée accueille en délivrance.

Enfin, le ciel éclate en averse rageuse,
Violent flot de larmes trop lourd d’espérance.


 
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   Anonyme   
13/6/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
vous êtes parvenu(e) avec une belle efficacité à décrire les souffrances de la nature face à ces épisodes de canicule tant redoutés, quand les premiers épisodes de chaleur montrent le bout de leur nez!
J'ai beaucoup aimé, en particulier ce passage :


'Les branches des grands arbres agitent avec peine
Des feuilles qui dépriment au milieu d’un autre age
Jetant sur les chemins des ombres incertaines,
Humble, tête penchée, une fleur prie l’orage."

Mais l'ensemble du poème est convainquant, et les images sont réalistes.

   Lulu   
23/6/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Quidonc,

J'ai trouvé ce poème vraiment très beau. En le parcourant, j'avais presque oublié le titre qui n'avait pas attiré mon attention, et cela a été comme une découverte progressive et dense. Cette nature poétique a creusé mon imagination de lectrice, tout en livrant une musicalité marquante. Ainsi, par exemple, au moment où vous écrivez "Découpe l'horizon de noirs lacets tranchants." ai-je senti le côté "tranchant" du vers du fait de sa position en fin de strophe. Une merveille.

Les rimes m'ont beaucoup plu. Elles sont riches, et vont de pair avec cette musicalité évoquée plus haut.

Les images, telles ces "branches des grands arbres [qui] agitent avec peine / Des feuilles qui dépriment…" dénotent une belle sensibilité, jusqu'à cette "fleur [qui] prie l'orage"...

Le mot "canicule" prend alors tout son sens, même si les deux premiers vers du poème l'annonçaient.

Et les vers détachés, dans la dernière partie, qui suivent, et qui sont présentés comme au compte-gouttes, concourent au rythme d'ensemble, avec cette attente de pluie rêvée ou espérée.

J'ai vraiment beaucoup aimé. C'est pour moi du très bon travail.

Le mot "espérance" clôt le poème à merveille.

Bravo, et bonne continuation.

   papipoete   
23/6/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Quidonc
Avouez que c'est extraordinaire ! en 2 textes parus, l'un implore ( sous la plume de Cyrille ) la pluie qui garantit la venue d'un si cher amant, et le vôtre qui prie le ciel d'ouvrir enfin ses vannes pour que ne meure point la Terre !
Tout se qui pousse ici-bas n'en peut plus de ces rayons brûlant tout !
Chaque être humain, toute bête se meurent et ces trois gouttes tombées sont trop rares et quand l'espoir vient à se tarir, enfin les nuages s'avancent et percent leur panse ! sauvé !
" les épis de blé, mous, s'agenouillent aux champs " belle image de prière !
Un beau " contemporain " qui rassure avec son final, mais viendra le jour où ...

   Anonyme   
23/6/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
De bonnes images aidant, l'atmosphère est bien rendue.

" Les épis de blés, mous, s’agenouillent aux champs."
" Percevant des ruisseaux la rumeur des cailloux "

Mais gardons à l'esprit que ce "voyou " a brillé (!) par son absence pour ce dernier printemps...

   Hiraeth   
23/6/2018
 a aimé ce texte 
Bien
De belles choses dans ce poème, qui se lit plutôt bien. J'aime particulièrement la fin au rythme travaillé, ralentissant avec les distiques pour finir brusquement sur l'averse.

Par contre, attention aux e muets ; quelquefois vous les comptez, d'autres fois non, c'est donc un peu dérangeant...

   Anje   
24/6/2018
 a aimé ce texte 
Bien
"Les branches des grands arbres agitent avec peine
Des feuilles qui dépriment..." et ne font pas assez de vent pour nous soulager de la chaleur.
La canicule est insupportable et une "averse rageuse" enfin libère le "violent flot de larmes trop lourd d'espérance".
De belles images dans lesquelles j'ai cru apercevoir une attente brûlante, un désir ardent, trop longs et qui finissent par dessécher tout seuls provoquant un orage torrentiel de désillusion. Mais ce n'est qu'une interprétation personnelle.
Un joli contemporain.

   Robot   
24/6/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
De belles images:
Les épis de blés, mous, s’agenouillent aux champs.
La terre se lézarde et craque sa peau morte
Humble, tête penchée, une fleur prie l’orage.

L'allégorie des trois gouttes est intéressante.

J'aime moins:
sous le soleil qui luit
les agressions du voyou.

Je ne vois pas trop l'image du vers suivant.
"L’asphalte déserté, improbable remeil,"
Remeil désignant un cours d'eau qui n'a pas gelé ou qui dégèle, je ne saisi pas le rapport avec l'aspect figé de l'asphalte. A moins qu'il s'agisse de l'apparence du goudron qui fond.

   jfmoods   
29/6/2018
Ce poème est composé de quatre quatrains et quatre distiques en alexandrins, à rimes croisées et embrassées, suffisantes et riches, majoritairement féminines.

Placée sous la botte d'un impitoyable tyran ("rien ne bouge sous le soleil qui luit", "L’astre dominateur change tout en sommeil", "les agressions du voyou"), l'évocation est marquée par une supplique muette ("Les épis de blés, mous, s’agenouillent aux champs", "Humble, tête penchée, une fleur prie l’orage"). Dans ce temps ralenti par une sécheresse abyssale ("Les jours se sont perdus", "la lune avance à pas feutrés", "improbable remeil", "Percevant des ruisseaux la rumeur des cailloux"), où le désespoir suinte ("Les branches des grands arbres agitent avec peine / Des feuilles qui dépriment", "Jetant sur les chemins des ombres incertaines"), la perspective d'une fin inéluctable s'impose ("se meurt", "Découpe l’horizon de noirs lacets tranchants", "Durcissant tel un cœur que l’amour insupporte [...] La terre se lézarde et craque sa peau morte / En poussière").

C'est au moment où l'eau n'apparaît plus que comme le souvenir des fonctions corporelles qui l'ont sollicitée ("pleurs", "sueur", "salive") que la pluie tant attendue s'abat avec violence sur une terre abandonnée, promise à l'extinction ("le ciel éclate en averse rageuse, /Violent flot de larmes trop lourd d’espérance").

Merci pour ce partage !

   Donaldo75   
30/6/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Quidonc,

J'aime beaucoup ce poème dont je trouve le thème intéressant et son traitement très réussi.

Les images frappent fort:
"C’est une éternité qui se meurt de la pluie,
Les jours se sont perdus depuis qu’elle s’est montrée"

Puis, après des quatrains de ce niveau, le poème prend une envolée qui m'a réellement enchanté:
"Trois gouttes sont tombées. La première, souffrance,
Fantasmée de nos peurs, reliques de nos pleurs."
La poésie dépasse le thème.

"Enfin, le ciel éclate en averse rageuse,
Violent flot de larmes trop lourd d’espérance."
Le point d'orgue de cet envol poétique.

Bravo !

Donaldo


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