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Poésie contemporaine
Quidonc : Langueurs d'ébène (3ème partie)
 Publié le 23/12/21  -  9 commentaires  -  2002 caractères  -  142 lectures    Autres textes du même auteur


Langueurs d'ébène (3ème partie)



Consommant largement mes songes en éveil,
La lune s’affabule au reflet d’une ampoule.
L’œil rivé sur l’inox un robinet roucoule,
Je fermente entre l’eau et l’idée du soleil.

Le fantôme d’un fauve au silence s’abreuve,
Rêve en rut exhumé d’un parfum de macis,
« Ni mwezi kamili. » Où elle est, la voici ! (*)
Congo ! Ma barque fend l’éclat sombre du fleuve.

Un rai d’or vient percer de son dard éclatant
L’émeraude du dais dru de la canopée,
Nitescence mouvante, image syncopée,
Révélant brusquement les haillons végétant

D’un arbre sur la rive. Défroque de soie blanche,
Oripeaux arrachés aux linceuls des damnés
Qui vous feraient hurler comme des nouveau-nés
Crachant leurs araignées en brutale avalanche.

« Uélé uélé, moliba makasi », (**)
Dans le fracas des flots une vogue s’élance,
Piquée de roques han dans la jungle elle avance,
Rame rameur, ramez, le courant a forci.

L’entrelacs végétal étouffe la lumière
Pour à chaque détour camoufler le danger,
Avalant tous ceux qui osent le déranger
Fier « mkondo » parcourt la forêt séculière. (***)

Deux troncs douteux tapis dans l’abri des sous-bois
Paressent sur les bancs des terres ocre-brune
Qui bordent les marais aux recoins des lagunes,
Dupant distraitement une proie aux abois.

Dans l’illusion du jour ma rêverie dessaoule,
La pirogue rejoint le terme du récit,
À l’orée du réel l’espace rétrécit,
L’Afrique disparaît, avec elle l’ampoule.



(*) Ni mwezi kamili : C’est la pleine lune (swahili).
(**) Uélé moliba makasi est une chanson en langue lingala. Elle est originaire du Congo où elle est chantée comme berceuse, ou par les rameurs en pirogue pour rythmer les coups de pagaie. Uélé uélé, moliba makasi.: Le courant est très fort (lingala).
(***) Mkondo : Le cours d’eau (swahili).


 
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   inconnu1   
23/12/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
De la très belle poèsie contemporaine dans le thème, la manière de le traiter, mais qui essaie de garder les canons du classique, et donc qui ne lésine pas sur le travail, et ne tombe pas dans la facilité : alternance rimes masculines-féminines ; homogénéité visuelle des rimes (sauf macis voici..). Je passe sur les quelques hiatus (l'eau et l'idée...), et le fait que vous ne prenez pas en compte les e qu'on ne prononce jamais (orée...), tout cela ne me gêne guère, bien au contraire, les prononcer aurait alourdi un propos moderne. Le seul élément sur lequel je réclamerai une petite modification, c'est au 28eme vers (si je compte bien). "Avalant tous ceux qui/osent le déranger). Je ne trouve pas la césure bien placée. Mais c'est un détail.

Je vous ai accompagné dans votre rêve éveillé et j'ai passé un très bon moment, relisant ce poème avec gourmandise. J'ai pensé à Rimbault et son rêve d'exotisme.

Bien à vous

NB : le poème est publié et je m'en réjouis. J'ai toujours autant de plaisir à le lire. Mais je vois dans mon enthousiasme que j'avais oublié un e non élidé au 13eme vers. merci papipoète d'avoir l'oeil. C'est effectivement dommage. Une dernière remarque concernant roques. Je lisais plutôt de rauques han. Est ce une faute d'orthographe?

   Queribus   
16/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Un beau voyage nous est offert pour quelques minutes de lecture dans une prosodie quasi-parfaite. L'univers décrit nous dépayse et nous change des éternelles exaltations versifiées.

En un mot du beau et bon travail...et du plaisir pour le lecteur.

Bien à vous.

   Cyrill   
17/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Entrer dans le rêve par le truchement d’une ampoule et d’un robinet qui fuit, et nous voici sur le fleuve Congo, quel dépaysement ! Tout y est, les sons, les couleurs, le mouvement, la vie !
On embarque avec délice dans ce poème.
« Uélé Uélé, moliba makasi » , que je connais comme berceuse avec mes petits-enfants m’a ravi !
Je dessaoule avec regret au dernier quatrain, je suis un immigré qui pleure son pays imaginé le temps d’un songe inspiré et magnifique.

   Donaldo75   
17/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’ai beaucoup aimé ce poème ; à mes oreilles – et aussi dans ma petite tête de piaf – il sonne bien essentiellement grâce à la rime et la métrique. Du coup, l’histoire qu’il raconte prend forme facilement, sans peser des tonnes narratives et s’ancre même dans mon cerveau comme une chanson de gestes déclamée le soir autour du feu devant les Anciens, les enfants et tout le village. Cela me rappelle une légende néo-zélandaise, celle expliquant l’origine du haka chanté par les Maoris, dans la manière que nous l’avait raconté un rugbyman néozélandais lors d’un séminaire de mon cabinet de conseil. Sa narration ressemblait à celle-ci, chantée, chantante, envoutante, incarnée.

Bravo !

   papipoete   
23/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Quidonc
Si l'auteur rêve, c'est de souvenirs vécus, alors que le lecteur découvre tout au long du périple fluvial, des paysages que bercent tantôt une chanson douce, ou au contraire des rythmes entraînants quand des courants contraires secouent la pirogue.
NB ce voyage africain aux couleurs d'ébène sur fond de canopée, nous chamboule joyeusement, et le héro tient en ses mains une palette, dont en sortent de superbes vers !
Parfois, outre ceux en langue congolaise, quelques mots savants se posent là, comme boules sur notre sapin de Noël...
" le robinet qui roucoule "... joli !
et d'autres tournures frôlent un cauchemar, d'où le héro doit émerger en sueur en déssaoulant de son voyage épique !
aïe, au 13e vers celui-ci s'envole avec ses 13 pieds !

   Miguel   
23/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne saisis pas très bien comment (et si) on passe du réel à l'imaginaire. Mais cette évocation de la nature et de la vie africaines a quelque chose de puissant, qui vous emporte ; les images sont très prégnantes et on s'y voit. Beaucoup de beaux vers ; les quelques écarts de prosodie relevés ici et là n'ont pas lieu d'être reprochés à l'auteur, puisque le texte est de la poésie contemporaine. En le lisant j'ai pensé par moments a Leconte de Lisle.

   Lariviere   
23/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Quidonc,

L'espace d'un cillement, quel beau voyage exotique... Belle description très poétique de ce voyage sur le fleuve congo très dynamique... Une échappée réussi tant sur le fond que sur la forme.

J'ai beaucoup aimé ce texte.

Merci pour la lecture

   Eskisse   
23/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Quidonc,

Un poème qui décline toutes les saveurs des mots, qui les fait résonner, qui joue avec eux, qui insère le swahili pas juste pour le folklore mais pour atteindre une vérité.
Quelle belle idée que cette ampoule propice à l'éveil de la rêverie.

Merci du partage

   Vincent   
23/12/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Quiidnc

Il y a dans votre texte un soupçon d'images surréalistes

qui me convient réellement

vous nous faites entrer par des portes poétiques

dont les métaphores m'ont comblé totalement

merici


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