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Poésie néo-classique
raaide : Contemplation
 Publié le 30/06/22  -  5 commentaires  -  3751 caractères  -  83 lectures    Autres textes du même auteur

Poème amoureux pour L., qui sait si bien calmer mes maux.


Contemplation



Ivre encor de sa peau que le Plaisir dévore,
Je vois son œil câlin richement assouvi
S'endormir mollement ; et je sais qu'à l'aurore,
Elle se souviendra que son corps a suffi

À calmer tout le mal où mon âme était prise.
Elle a, dans la noirceur de ses cheveux liés,
Réseau très capiteux qui vit et s'arborise,
L'ivresse brune des parfums multipliés.

Ce que j'aime surtout, c'est sa jambe, assez fine,
Dont les muscles sont secs, fermes et bien galbés ;
Quand ses deux jambes vont de leur grâce enfantine
Se pâmer au milieu des plaines et des blés,

Mes yeux gonflent d'amour et ma vigueur explose !
Ses jambes, beaux piliers mouvants et pleins d'odeurs,
Que ma bouche chérit à l'envi, font osmose
Avec ses seins légers aux timides rondeurs ;

Et, faisant promener sur son corps mes deux lèvres,
J'aime aller de sa cuisse à son beau pied meurtri ;
La nuit, pour apaiser ma névrose et mes fièvres,
Je m'abreuve à loisir sous son corset fleuri.

Quand de sa voix s'échappe une exquise harmonie
Qui résonne amplement dans la pièce, mon cœur
Flotte dans sa musique idéale et bénie
Et s'emplit d'un vertige où germe la langueur.

Moi, l'amoureux pensif, contemplateur très sage,
J'aime ses coloris méditerranéens
Que décrit quelquefois un poète en voyage ;
Ma belle a des attraits vraiment vénusiens !

Tu brises la clepsydre et tu figes l'espace,
Sorcière au front poli, gémissante Circé,
Et tu tiens dans ton œil intrépide et pugnace
La subtile splendeur d'un soleil éclipsé.

Tu me fais savourer tout : l'idée et la forme,
La matière, le son, l'odeur et la couleur,
Tout ! Chaque émotion devient toujours énorme
Et je peux m'endormir au feu de ta douceur.


 
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   Anonyme   
16/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ah, me voilà propulsée au dix-neuvième siècle, dans un galetas au loyer non payé par un poète maudit. L'ambiance est baudelairienne en diable malgré le titre hugolien, "très" s'accole d'un trait d'union à l'adjectif, clepsydre, Circé, corset, névrose, grâce enfantine, noirceur des cheveux, ivresse brune des parfums, c'est comme une revisite de certaines fleurs maladives, comme disait l'autre (l'auteur) dans sa dédicace. Sans oublier l'âme, bien sûr, et le rôle à la fois essentiel et subalterne de la femme dont la seule raison d'être, semble-t-il, est d'apaiser l'angoisse du narrateur.
"Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ?"
"Sois charmante et tais-toi ! Mon cœur que tout irrite,
Excepté la candeur de l'antique animal (…)"

Je m'étonne toujours un peu du projet d'écrire comme il y a un siècle et demi, mais je dois dire qu'en l'occurrence votre poème me paraît honorablement le réaliser. Cela dit, sur la longueur j'espérais un peu finir par oublier la référence, partir sur autre chose ; au final, de bout en bout j'ai eu le sentiment de lire un "à la manière de", à ceci près que jamais Baudelaire n'a parlé de plaisir féminin dispensé par un homme (il semble réservé aux lesbiennes, "Hippolyte, cher cœur, que dis-tu de ces choses ?") alors que le premier quatrain l'évoque explicitement.
Une mention pour la rime galbés/blés, je la trouve bien amenée.
Idem pour
La subtile splendeur d'un soleil éclipsé.
pour la sonorité brutale et séduisante du soleil éclipsé.

Un bémol en revanche à mes yeux sur
L'ivresse brune des parfums multipliés.
J'ai brièvement buté sur le rythme.

   Miguel   
24/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce poème est un chant, un hymne, une célébration magnifique, avec des accents baudelairiens. Les vers sont fluides et musicaux, superbes, les images et les suggestions sont d'une sensualité frémissante, à peine bridée, et, en lisant "ma vigueur explose", on a envie de s'écrier, comme chez Molière : "Ah, qu'en termes galants ces choses-là sont mises !"
Le titre ajoute une dimension quasiment mystique à l'ensemble.

   Anonyme   
30/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Un hymne à la Belle qui se rapproche du blason. C'est peut-être
un peu long mais pas dénué de grandeur et de charme, ce qui
m'a permis d'aller au bout de cette élégie.
Quelques beaux vers entre autres :

Se pâmer au milieu des plaines et des blés,
Et s'emplit d'un vertige où germe la langueur.
La subtile splendeur d'un soleil éclipsé.
Et je peux m'endormir au feu de ta douceur.

Quelques formules moins belles également :

Des parfums multipliés,
Les muscles secs,
Le vraiment de vénusiens qui fait cheville (sans jeux de mots).

Mais bon, l'ensemble ne rebute pas et comme je l'ai dit plus haut,
finir ce texte un peu longuet ne m'a pas dérangé.

   senglar   
30/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour raaide,


Un chemin que l'on a bien envie de parcourir où le corps suffit à la nuit, amour charnel.

... mais est-il aisé pour des cheveux liés de multiplier les parfums ?

... jambes de femmes, jambes d'enfants : muscles secs ? Des piliers ?

... quel rapport odorant entre des jambes et des seins ?

... De la cuisse au pied puis au corset (que vient-il faire là par ailleurs ?) est un bien acrobatique sinon improbable cheminement.

Bien vu pour la voix ! Strophe 6

... str 7 Le contemplateur a du mérite à rester sage.
... Pourquoi "vraiment vénusiens" (vr... v...) ? Ses attraits sont vénusiens ou ne le sont pas. L'insistance me semble maladroite.

L'avant-dernière strophe est impressionnante, laisse bouche-bée devant tant d'éblouissement. Ou je me dis que c'est sublime ou je me dis que c'est trop. Je ne peux pas me déterminer.

..."Tu me fais savourer tout...", "au feu de ta douceur" : j'ai du mal à adhérer à ces formulations.


Beaucoup d'envol, je suis désolé de m'y être brûlé les ailes, Icare désemparé.

Je suis le seul fautif ici.

   papipoete   
1/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour raaide
Je t'aime tant que tous mes poèmes ne suffiront jamais, à te dire à quel point tu me rends amoureux, et rêveur de ton corps, quand tout contre lui, je m'endors !
NB un énième compliment à sa Belle, en termes choisis et fort imagés ; ce corps de déesse le jour au milieu de l'herbe tendre, la nuit dans cette chambre où même Dieu rosirait d'envie...
Un régal que j'espère réalité pour notre auteur !
Un peu long à mon goût, même si je conçois que vous puissiez être intarissable sur cet " objet du désir "
le 4e vers et son " a suffi " ... ouf, c'était un enjambement avec le 5e vers ! ( je ne prise pas cette license )
le 10e vers fait trop " examen de pouliche " quand la dernière strophe sort du lot.
aux 10e et 12e vers ( galbés/blés ) ne me semblent pas rimer ?
dans la 3e et 4e strophe, on lit 3 fois jambes... comme vous les aimez !
le 28e vers me semble mesurer 13 pieds (je n'ai pas trouvé ce mot en " diérèse " sur le Litré
mais malgré tous mes bémols, je vois un poème bien agréable !


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