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Poésie contemporaine
Ramana : Jour d'été
 Publié le 30/11/16  -  15 commentaires  -  3234 caractères  -  133 lectures    Autres textes du même auteur

C'est un hymne à la nature sans prétention, construit sur le même modèle que le poème : "Les djinns", de Victor Hugo.


Jour d'été




Encore,
La nuit
Dévore,
Sans bruit,
La plaine
Où graine
À peine
Un fruit.

C’est la pointe
Du jour gris,
Qui s’accointe
Au mépris
D’une étoile,
Et se voile
En sa toile,
Incompris.

Mais l’oiseau chante,
Et la forêt
S’impatiente.
De son apprêt
Monte la brume ;
En son volume,
On s’accoutume
À ce qui est.

L’aube enfin se lève,
Et chasse un instant
Le spectre d’un rêve
Encore hésitant
Dessus la prairie.
La troupe fleurie,
Soudainement, prie
Le globe montant.

Qui peut, mieux que la flore,
Accueillir au matin
Les vagues de l’aurore ?
Le fragile destin
Des plantes éphémères
Pousse ces passagères
À contempler, austères,
La voûte de satin.

Déjà, l’ardente marée
Inonde de ses torrents
La multitude sacrée
Des êtres exubérants,
Car de la source première,
Jaillit la vive lumière
Qui gagne la terre entière
De ses vaisseaux conquérants.

Pudiquement monte la brise,
Elle perpétue en son sein,
Telle une amante qui se grise,
Le souffle d’un tendre dessein
Qui, partout, enchante l’espace.
Oh ! faites que jamais ne passe
Sa caresse, comme une grâce
En l’éther du ciel abyssin.

La nature entonne une mélopée
Toujours reproduite, et jamais pourtant
Tout à fait la même à chaque épopée.
Maintenant la vie au timbre éclatant
Dirige ses cœurs dans une cadence
Au rythme majeur de l’astre qui danse.
Pour toutes ces voix, c’est une évidence,
Un génie est là, dans l’onde flottant.

Alors, sans qu’on y prenne garde,
Se glisse dans l’air pâlissant
Le reflux qui jamais ne tarde
À dévaler l’autre versant
D’une hyperbole sans pareille.
Dans la douce lueur vermeille,
La chaleur en état de veille
Apaise son feu décroissant.

Un aigle dans les nuées
Trace sa courbe au-dessus
Des campagnes embuées.
Les royaumes aperçus
De son ample citadelle
Paraissent une dentelle ;
C’est la matrice éternelle
Dont les êtres sont issus.

Le soir, mélancolique,
Allonge sur les prés
Son âme bucolique.
Vers les cieux diaprés
Aux nuances subtiles
S’élancent des idylles
Qui enfantent, fragiles,
Les nuages pourprés.

Et, quand l’ombre tisse
Au ventre des bois
Sa grise pelisse,
On entend des voix
Venant du bocage.
Serait-ce un mirage,
Ou le verbiage
D’un elfe grivois ?

Sur cet empire,
Une clarté
Toujours expire
En aparté ;
Elle dénie
Son agonie
Dans l’harmonie
D’un soir d’été.

La grenouille
Au marais
Qui bredouille
Sous les rais
De la lune
Importune
La nuit brune
En sa paix.

Quand fille
Du soir*
S’habille
De noir,
La belle
Recèle
En elle
L’espoir.




* Fille du soir : la lune.


 
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   Ora   
5/11/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je trouve votre poème magnifique, de par sa musicalité d'abord. Je l'ai lu à voix haute et suis parvenue à m'enchanter moi-même au son de vos vers :) Je m'y suis sentie comme dans un conte, comme s'il m'était donné de déchiffrer les lignes d'un vieux grimoire oublié qui nous raconte la vie sur les rives d'un monde imaginaire et bien réel pourtant. Un magnifique voyage vraiment que vous nous offrez avec la plus grande délicatesse et aussi la plus grande maîtrise. merci!

   Anonyme   
30/11/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je trouve que la forme est une performance, avec ces vers qui augmentent d'une syllabe à chaque strophe 2/3/4/5/6/7/8/10 et inversement ; ce, sans ne jamais nuire à la musicalité ni au sens du poème. De fort belles images tout au long de ce texte.
ce passage entre autres :
" La grenouille
Au marais
Qui bredouille
Sous les rais
De la lune
Importune
La nuit brune
En sa paix."

A mon avis, une réussite.

   Anonyme   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
je crois que le poème d'aujourd'hui se doit à plus de recherche de sincérité. Les poètes actuels parlent d'eux et osent se déclarer humblement à la recherche de quelqu'écrit universel... ce qui est sans nul doute une utopie à long terme mais une exigence sur le plus court. Ici ce qu'on nous donne à lire est un exercice sans plus. Je n'y ai entendu aucun message ni ressenti de "passage d'émotion".
Bref c'est vide. Artificiel, dénué. "Mais l'oiseau chante et la forêt s'impatiente"... (pour ne citer que cet exemple). What else ?

   leni   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est n exercice d'écriture qui ne sent pas le travail et qui est magnifique de sonorité

J'aime ce passage tout en images

Qui peut, mieux que la flore,
Accueillir au matin
Les vagues de l’aurore ?
Le fragile destin
Des plantes éphémères
Pousse ces passagères
À contempler, austères,
La voûte de satin.

Merci pour e moment subtil
Salut cordial Leni

   Michel64   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Ramana,
Je ne suis pas friand, d'habitude, de ces mises en pages disons contemporaines. Souvent elles perturbent la lecture.
Mais j'avoue qu'ici, et après l'avoir lu à voix haute, votre poème, m'a beaucoup plus.
Vous décrivez ici avec un grand sens de l'observation et de poésie le cycle des jours.
J'aurais pu me passer du génie qui survient au plein du jour (et de l'elfe un peu plus loin). La nature contient du "merveilleux" sans en rajouter, mais là je pinaille un peu.
Les citadelles de l'aigle sont elles les montagnes ? C'est comme cela que je l'ai compris...et apprécié.

Bref, du bon et beau travail

Au plaisir de vous relire.
Michel

   TheDreamer   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
"Un génie est là dans l'ombre flottant" : et ce génie c'est Victor Hugo !

Oui, c'est bien de l'avoir cité, car, votre poème m'a immédiatement fait penser par le choix du rythme de départ à son poème "Les Djinns" extrait du recueil "Les Orientales" paru en 1829.

Je cite la première strophe de celui-ci :

"Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort."

Las. Certains passages me semblent perfectibles. J'en saisis à peu près le sens, mais, la formulation me laisse sur ma faim ; comme ici :

"C’est la pointe
Du jour gris,
Qui s’accointe
Au mépris
D’une étoile,
Et se voile
En sa toile,
Incompris".

Le fond est par trop décousu pour donner le sentiment d'un discours suffisamment pensé.

J'aime... un peu.

   plumette   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Ramana,

je voudrais saluer le travail que représente ce "à la manière de" dans la forme.
Voilà tout de même une sacrée contrainte qui plus est s'inscrit dans une longueur inhabituelle. il faut tenir la route! Et je trouve, à ma mesure de non spécialiste, que ça tient la route.
Evidemment, il faut prendre son souffle et revenir sur ce texte, en savourer la progression des vers dont le nombre de pieds augmente avec la levée du jour, croissant, décroissant, rien que ça!!!

j'ai presque plus accroché avec la décroissance... allez savoir pourquoi!

un bon moment pour moi, avec le sentiment d'avoir appris quelque chose sur la forme.

Merci

   papipoete   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Ramana,
Le poète prend sa plume pour écrire un mot, puis un chapelet qui monte jusqu'aux cimes, entraînant dans on sillage autant de touches de couleurs de plus en plus lumineuses ;
Puis du sommet, l'écriture entreprend la descente vers la fin du jour, " quand fille du soir s'habille de noir, la belle recèle en elle l'espoir " et l'auteur referme son encrier, pour la nuit ...
NB ne serait-ce que pour l'exercice de haute-voltige que vous avez choisi de réaliser, je vous félicite ; et pour l'imagination qui habite vos vers, soyez sûr que j'aime leur contenu !
J'ai tenté de suivre V. Hugo, en commençant mon texte et le finissant par un seul pied ; hélas, présenté à Oniris, celui-ci n'eut pas l'honneur de paraître .

   Ioledane   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C’est un joli défi que vous vous êtes lancé, et que vous avez relevé avec grâce et brio !
Parvenir à reprendre la structure de l’original, c’est déjà techniquement une prouesse en tant que telle ; mais le faire avec fluidité, élégance et richesse des images, c’était une vraie gageure.

Certains passages sont peut-être un peu moins réussis ou évocateurs que d’autres, mais je n’ai pas envie de les relever tant j’ai été conquise par l’univers que vous avez si joliment dépeint.
J’ai beaucoup aimé ce ciel d’été, merci pour cette très belle lecture.

   Lulu   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Ramana,

j'ai bien aimé ce poème et ce jour d'été que l'on pourrait décliner à l'infini. Il s'agit de contempler, mais en rendre compte n'est pas toujours aisé. Ici, je trouve que le pari est réussi.

J'ai été touchée dès les premiers mots, les premières strophes, notamment les trois premières dans lesquelles j'ai trouvé beaucoup de délicatesse.

La strophe que je préfère est la première. Elle est à elle seule tout un poème.

Tous mes encouragements.

   MissNeko   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Superbe poeme tant sur la forme que sur le fond. J ai un penchant pour les strophes aux vers courts : les rimes sur de si courts vers donnent une impression de rapidité, d accélération.
Je le suis sentie happée par la lecture de ce texte. Il y a quelque chose d enivrant.
J ai adoré la progression d'une journée qui s accompagne d'une progression dans la forme des strophes.
Une véritable perle ce poeme. Bravo !!

   Anonyme   
1/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir Ramana,

Quelle merveilleuse surprise que ce poème à la structure habilement agencée. Les strophes à deux syllabes sont mes préférées, et je les remets ici pour mieux m'en imprégner :

Encore,
La nuit
Dévore,
Sans bruit,
La plaine
Où graine
À peine
Un fruit.

Quand fille
Du soir*
S’habille
De noir,
La belle
Recèle
En elle
L’espoir.

Absolument sublime,

Wall-E

   archibald   
4/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
A la lecture de ce texte, je suis allé me (re-re-re)plongé dans les Djinns. J’en ai tiré la conclusion que tu écris moins bien que Victor Hugo. C’est le lot de quelques auteurs sur ce site.
Nonobstant, quel boulot ! Combien de temps t’a-t-il fallu pour écrire ça ? (à Hugo, la journée du 28 août 1828). Les rimes sont de belle facture, même pour les di- et trisyllabes. Tu as su construire le crescendo/decrescendo sur le fond comme sur la forme. D’un point de vue littéraire, ça tient parfaitement la route. Tu auras toujours contre toi l’hostilité de ceux qui considèrent la poésie comme une activité absconse sans rime ni raison, mais tu as mon admiration pour ce travail que je mesure à sa valeur. Deux plumes pour le moment, je trouve ça trop peu.

   emilia   
3/12/2016
Un grand mérite à souligner que la réalisation de ce défi aux contraintes exigeantes ponctué d’agréables images portées par la musicalité des rimes et qui retiennent l’attention : « Oh ! faites que jamais ne passe/ Sa caresse, comme une grâce/ En l’éther du ciel abyssin »… / Au rythme majeur de l’astre qui danse… / Un génie est là, dans l’onde flottant »… ; une belle inspiration digne de cette « harmonie / D’un soir d’été » …

   Jema   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est une musique, une symphonie, un début simplement joué de quelques instruments puis une montée en puissance avant que l'orchestre entier interprète votre oeuvre, puis tout redevient calme... et le silence de la nuit m'envahit. Très beau texte et quel exercice de style.


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