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Poésie libre
reumond : La ville est propre
 Publié le 02/10/09  -  9 commentaires  -  5232 caractères  -  61 lectures    Autres textes du même auteur

Éloge du vide.


La ville est propre



Pas un chat
La ville est propre
Les maisons ont été transportées
Avec grande peine à la campagne
Et la campagne à grand peigne
Coiffée jusqu’en enfer

Pas un chat
La ville est propre
Chacun a déporté quelqu’un
À grands coups de critiques
Il ne reste que moi
Dans un grand terrain vague

Pas une voiture
La ville est propre !
On les a démontées
Pour les remettre en boîtes
En boîte de nuit
Tous feux éteints
Il ne reste que moi
Mon vélo à la main

La ville est propre
On a tout démonté
Le purgatoire est plein
De ces caisses faites main

La ville est propre
Pas un cri
Pas un coup…
Rien qu’un épais silence
Comme une couette en hiver

La ville est propre
Pas un bus en chemin
Bondé de gens
Tirant la tête
Tirant le bus
Tirant le temps


La ville est propre
On a tout démonté

Même les églises
Avec leur haut clocher

Le paradis paraît-il
Est plein de ces vestiges
Où l’on a tant prié
Les Saints du jour et la Vierge Marie
Pour que l’homme s’assagisse
Et que s’ouvre son cœur
Pour qu’il s’ouvre au bonheur

La ville est propre
Ce n’est plus qu’une place
Où j’écrie en silence :
« Sur la table rase
Je tire un trait invisible »

Les villes-dortoirs
Les mégapoles céphalopodes
Les villes tentaculaires sont viles
Et les cités vidées…

La ville est propre
Comme un enfant au bain
On a tout nettoyé tant l’amour était rare
L’égoïsme lui-même ne tient plus
À sa place
On l’a changé de place !
Et les places de sens et les sens de lieux
Et même les lieux de mot…

La ville est propre
Pas un chat pas un chien
Plus un seul méchant loup
Rien que rien
Du rien à perte de vue

Sur les seuils des riens
À côté des riens
Le grand vide en question
Et des questions de grands vides

Pas un chat pas un chien
Que du vide à penser
Du soir au matin
Plus de lune de soleil
Dans un ciel détoilé

Pas une publicité
Qui vous frappe les yeux et vous dit à l’oreille
Comment penser à la page du temps
Comment vous habiller de peur et de tourments
Pour éviter la grippe et agripper la vie

Pas un seul pasteurisé
Pasteurisant du soir au matin
Pour vous dire comment vivre
En grands maîtres de morale
Comment vous comporter
Comment vous purifier
Tout propre comme un sou neuf

Plus de soir plus de matin
L’après-midi est longue
Quand midi s’est vidé
De sa consistance
Et même de son essence

Pas un homme en ces lieux où l’homme défie l’homme
Pas un chat pas un chien pas un homme
Bonshommes de neige fondue
Désespérant de tout
C’est le vide en personne
Qui vous regarde en creux

Plus de métro-boulot-dodo
Le repos immortel en guise d’oreiller
Pas un chat pas un chien pas un rien
Pas un pas,
Rien
Ça se conçoit quand on sait que
Tout est vide !

Ça se conçoit
Quand on sait qu’un néant
C’est quand même quelque chose !
Et qu’un vide de tout c’est encore
Un trop-plein

Et ne restait que moi la tête vide
Mais « je » ne compte pas
« Je » est de trop « je » est un autre
Je compte pour du beurre
Je compte sur mes doigts
Mais rentrant les mains vides
« Je » n’avais plus de je
Et n’avais plus de doigts

Je me comptais pour rien
Mais il n’y avait plus rien
Plus de centre ville
Plus de grandes artères
Où le sang des voitures
Coulait en claironnant

La ville est propre
Plus de guerre à l’horizon
Rien que moi
Les yeux cavés de vide
À donner le vertige

Pas une ligne
Pas un mot
Rien que le souffle vital
Qui anime l’Univers

Je suis le mot vide
V.I.D.E.
Suis
Mot
Dégagé… de tout

Nada !

En rien le Réel s’étend à l’infini
Et l’éternité se fait silence
Là où l’on regarde et où l’on voit
Où l’on écoute et où l’on entend
L’espace d’un rêve
D’où jaillit le néant
L’écho d’un silence
Qui dit la nuit

Plus d’extérieur aux choses
Plus de forme
Plus de pauvreté
De souffrance
Rien que celles de Dieu
Jusqu’au fond de lui-même
Aux confins de la vérité tout entière
Lumière dans la nuit
Nuit dans la lumière

Entre l’éternité et l’infini
La ville est propre
« Ça » se conçoit !
Plus de faim dans le Monde
Rien que la fin d’un monde
Plus de fin au monde
Rien que la faim des mondes

La ville est propre
Plus de capitale
Mais une cathédrale de cristal
Vide limpide comme l’éther
La ville est vide

Vide
De l’extérieur vers l’intérieur
Comme un chemin d’intériorité et de contemplation.



 
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   hayley   
2/10/2009
La ville est propre ... démonstration par l'absurde ? Métaphore ? Parabole urbaine ? Le vide nous libère du connu et de nos aliénations c’est bien connu ! Le cœur du vide serait-il dans le cœur des poètes et des mystiques ? Oui, « ça se conçoit ! » nous dit Reumond, mais pour y aller, y descendre, il est parfois nécessaire de « faire le vide ». C'est un véritable chemin d’intériorité auquel le poète nous convie, pour parvenir à ce vide plein d'aspirations, au fond du cœur de l'homme, tout plein d'un véritable réel. Car « L’essentiel est invisible … », il faut tout enlever pour le voir et l’entendre, Reumond le redit à sa manière avec ses mots et cela n’est pas sans me rappeler le chemin de la nuit des sens, de Saint Jean de la Croix : Nada !
Ce poème est ce que l’on appelle « un grand nettoyage par le vide » car le monde extérieur nous cache l’Essentiel ! Chat c’est vrai !
« La ville est vide », et ce vide dont nous parle Roland n’a rien à voir avec ce "blanc de mémoire", cette expérience que nous faisons tous quand nous voulons nous débarrasser d'une expérience trop pénible. Le vide il l’affronte !
Il l’affronte - À coups de mots, de paraboles, de métaphores … c’est un paradoxe quand on sait que le vide c’est, l’ «envers de la parole» nous enseigne Lévinas dans « Totalité et infini ». Le vide de Roland, est comme un « principe », comme un mouvement qui provient de l’intériorité et qui y retourne. Ça me semble être ici son message, laissant une trace écrite d’un passage, comme une calligraphie du vide. Si Reumond parle bien de l'aliénation de l'homme, il le fait en poète et en passeur optimiste laissant la place vide à l’espérance, et passeur il l’est assurément ! Si ce poème suscite cette remarque, c’est qu’il est méritoire et on ne peut espérer mieux pour un poème. La ville est propre, merci Roland pour le nettoyage !

   Lapsus   
2/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est un très long poème pour discourir du vide intérieur, urbain ou universel.
Sur fond de propreté urbaine se déroule une réflexion désabusée sur la vacuité de la vie sociale et sur la perception de la réalité.
"On a tout nettoyé tant l’amour était rare" pose un lien singulier de causalité.

Certaines expressions jouent astucieusement sur les assonances, par exemple : "Pour éviter la grippe et agripper la vie", ici à la frontière de la contrepèterie sur un fond d'alexandrin.

"Vide
De l’extérieur vers l’intérieur
Comme un chemin d’intériorité et de contemplation."
C'est un mouvement de contraction qui rappelle l'effondrement sur lui-même d'un trou noir. Troublant, non ?

   Anonyme   
2/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour reumond
Je ne sais pas quoi dire, sinon que j'ai aimé et que chaque strophe est à relire et relire encore. C'est superbe. J'ai aimé ces mots, ces jeux avec les sons, cette puissance, ce souffle qui m'a bousculée.
Merci.

   jaimme   
2/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Long poème sur la vacuité de la ville, voire de la vie et surtout ce désir de la vider, de la nettoyer par le vide.
Les références à Dieu et à l'apocalypse comme solution, comme point de mire (si j'ai bien compris) ne sont pas du registre de ce qui me fait rêver.
De belles trouvailles, de très beaux mots parsèment l'ensemble du texte. Mais j'ai trouvé l'ensemble un peu long et certains passages dispensables.
Merci reumond

   Anonyme   
2/10/2009
 a aimé ce texte 
Pas
"La ville est propre", je crois qu'à la fin du poème on le sait...!
Bon, des jeux de mots, douteux pour la plupart, qui ne me parlent décidément pas. Je vais retenir, tout de même, "Pour éviter la grippe et agripper la vie", ça c'est bien vu. Pour le reste... C'est long. Mon dieu que c'est long. Moi qui croit plutôt en l'instantané poétique si ça veut dire quelque chose... Mais là, pour moi, c'est du verbiage. Désolé mais c'est chiant.
Et puis j'ai toujours cette impression que "ça se prend au sérieux" (assez inexplicable comme sensation).
Bref... L'auteur en a peut-être assez de mes commentaires mais bon. Je n'accroche pas du tout.

ps : "Je est un autre", c'est pas un peu pompé ça?

   Chene   
2/10/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Bonsoir reumond,

J'ai failli m'arrêter en route dans ce vide long, long, long... où il est dit quasiment la même chose à chaque strophe : "y a plus rien, y a plus personne, c'est nickel, et c'est tant mieux"...

Il y a peut-être plus simple pour faire le vide et passer à la contemplation... Tiens la campagne, par exemple, ça existe ! ça pourrait faire la suite :

Y a un chat
La campagne est sale
Les maisons tombent en ruines
... etc

Trève de plaisanterie, le concept de la ville à la campagne a eu son heure de gloire sous la plume d'Alphonse Allais... et même sous celle de Baudelaire dans ses Journaux Intimes... "L'homme aime tant l'homme que, quand il fuit la ville, c'est encore pour chercher la foule, c'est à dire pour refaire la ville à la campagne.")...
Mais là point d'heure de gloire, le sujet pourtant et sa dérive contemplative et introspective méritaient mieux.

   Mr-Barnabooth   
3/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Beaucoup trop long à mon goût, je trouve que cela nuit à la lecture.
Mais il y a de bons passages et le thème est intéressant. Le vide est propre mais la longueur étouffe le vide.
Un poème irrégulier selon moi, limité gâché, ce que je trouve dommage.
Mais bon ce genre de texte n'est pas ma spécialité.
Amicalement
Mr B.

   David   
5/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Reumond,

J'ai cru à un écrit surréaliste au début, que le poème aller bien vider la ville à la campagne. Je crois que ça change à partir de :

« Sur la table rase
Je tire un trait invisible »

Après la poésie devient plus urbaine encore, les calembours se pointent :

"L’égoïsme lui-même ne tient plus
À sa place
On l’a changé de place !
Et les places de sens et les sens de lieux"

Le "pas un chat"-refrain, ou récurrent, du début reviiient avec un "pas un chien" en plus, des animaux domestiques, les rares que la ville tolère hors de ses zoos, j'ai pensé aussi à l'expression anglaise pour dire qu'il pleut à verse.

Encore du jeu sur les mots, j'aime bien celui-là entre autres :

"Ça se conçoit
Quand on sait qu’un néant
C’est quand même quelque chose !
Et qu’un vide de tout c’est encore
Un trop-plein "

Un talent pour ce genre d'aphorismes qui ponctuent le poème. Je me dis que :

"Nada !"

Annoncerait une troisième partie du poème, moins urbaine, plus centré sur l'individu (mais je ne lis pas vraiment un récit ou une démonstration) pour amener les derniers vers.

Au final, ce "La ville est propre" me laisse un goût morbide, ou aseptisé, je crois que c'est un peu pareil. Comme annonce, ça ne serait pas une bonne nouvelle, mais rien de bien tangible quand même, c'est toujours curieux.

   LEVENARD   
10/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
On va dire longue complainte, lucide ( donc sans espoir).

Une unité de ton, un balancement, un ( ou des ) refrains qui nouent le regard à chaque fois que l'on a effectué un tour complet : la ville est propre.

On sait ce que propre peut vouloir dire après les exploits du XX° !

On ne peut mieux dire le vide que l'on peut craindre, et qui s'installe aussi sournoisement qu'inéluctablement.
Un texte particulièrement efficace, si l'auteur veut bien accepter cette appréciation.


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