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Poésie libre
rosebud : Les vêpres siciliennes
 Publié le 20/12/12  -  9 commentaires  -  1283 caractères  -  178 lectures    Autres textes du même auteur

Aucune référence historique…


Les vêpres siciliennes



Les hommes rotent l’ail du gigot de midi
Les grosses bouilles rondes
Des pivoines rouges et blanches
Dans les vases de verre posés devant l’autel
Exhalent leur parfum de jardin
Et les encensoirs d’argent
Poussés mollement par les thuriféraires
Fument leur mielleuse odeur de pain d’épices

Magnificat
Les fidèles rassis somnolent doucement
Le chœur angoissé des hommes
Quémande des nouvelles
Et celui apaisé des femmes
Répond « Tout ira bien »
Mais les hommes appellent encore
Du lever au coucher du soleil

Un enfant dort à la tribune
Le rayon des anges qui perce le vitrail
Lui colore le genou en rose et en vert
Et poudre ses yeux du sable d’or de la poussière

En procession
La foule saoule divague dans les rues de guingois
Entre les quatre jambes
Du dais de pourpre et d’or
Porté par les enfants de chœur
En surplis de dentelle
Le curé présente l’ostensoir chryséléphantin
Aux vieilles à demi cachées derrière le reposoir

Et l’orphéon calmé en queue de cortège
Les tambours voilés
Les clarinettes aigres
Les trompettes ternies

… Mais les draps tendus aux grilles des balcons…


 
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   framato   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Il y a quelque chose de brelien dans la profondeur et la lourdeur du climat. La mise en mot est belle, les images, parfois décalées,renforcent cette impression : les hommes rotent l'ail, les grosses bouilles rondes, poussés mollement, les fidèles rassis (double sens intéressant), le chœur angoissé des homme (re double sens), les hommes appellent encore, la foule saoule divague, les vieilles demi cachées, ... et sutout cette fin en phrase nominale introduite par mais, tout cela m'évoque les techniques d'écriture de Brel (et même le sujet religieux).

Donc, moi qui ne suis pas fan des poèmes descriptifs (carte postale), j'ai aimé celui-ci.

Le découpage en vers me semble un peu artificiel et je pense vraiment qu'il n'apporte pas un plus au niveau de la force du texte. Il permet uniquement de se passer de la ponctuation. J'ai donc lu ce texte comme une poésie en prose et non comme un vers libre, mais qu'importe l'armoire dans laquelle on range le flacon : il importe que son contenu soit bon et qu'il nous emporte.
Réussi en ce qui me concerne.

   Pimpette   
20/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Tout un climat que j'ignore totalement et que ce texte adroit et riche me donne à voir et à ressentir..

C'est très simple en même temps et, comme toujours, la simplicité est terriblement efficace:
"Un enfant dort à la tribune
Le rayon des anges qui perce le vitrail
Lui colore le genou en rose et en vert"

"Les tambours voilés
Les clarinettes aigres
Les trompettes ternies"

bel envoi!

   brabant   
20/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Rosebud,


"Aucune référence historique" : Pourtant les "Vêpres Siciliennes" (c'est moi qui mets des majuscules) sont un événement historique dont Guiseppe Verdi a fait un opéra, tu ne peux pas échapper à cela Rosebud :)

J'ai lu ici un tableau coloré et sonore - qui m'a soufflé/ensorcelé/fasciné/hypnotisé - que, sans le titre, j'eusse situé en Espagne (mais sur le plan religieux dont les processions Italie et Espagne se valent) lors d'une de ces célèbres, fameuses, impressionnantes et envoûtantes processions de pénitents. Ce poème fleure, c'est mon impression, la mort avec la foi brute, le sang des taureaux (eh oui !) et la musique en fanfare, capable d'éclats et capable de sussurer, cymbales et tambours... et fifres.

Espagne/Italie... Sicile à part entière, c'est pas un problème pour moi. Je vois ici un tableau baroque, avec ses ors et ses couleurs primaires. ça m'en fout plein la vue. J'ai beaucoup aimé : ces hommes frustes, ces fleurs lourdement sensuelles/capiteuses devant l'autel, ces femmes qui maternent, cet enfant qui somnole sans savoir qu'il est transfiguré, puis la procession et déjà, et cependant, et malgré tout des gens qui se protègent.
Hommage a été rendu dans le faste et c'était nécessaire, et c'est bien.

"Magnificat" ! Marie veille...


Merci !

   pokilm   
20/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Espagne, Italie et même pourquoi pas Grèce? L'atmosphère y est.
Le lecteur est transporté là-bas. Et ça sonne vrai. Celui qui nous fait le tableau semble partagé entre la moquerie un peu amusée et l'acceptation ou la nostalgie: il connaît ce monde, il en était, en est peut-être et que les autres disent et pensent ce qu'ils veulent, il l'aime et sait que c'est là la vie des hommes.
Je regrette de ne pas avoir compris le dernier vers. En tout cas l'opposition du "mais" me gêne . Mais ce n'est pas grave!

   MissNode   
21/12/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Rosebud, mmmmmmhhh délectable lecture qui a fait ressurgir des sensations fortes d'une (déjà) lointaine enfance :
- du vocabulaire précis, descriptif, scindé en deux registres opposant le monde de la vie courante/du "siècle" à celui du religieux : naît la sensation d'un énorme anachronisme surréaliste

- du saupoudrage "mine de rien" - au fil de cette accumulation de désuétudes - des mots "mielleux" "rassis" "angoissé" "quémande" "appellent" "divague" "aigres" : naît la sensation d'impossibles ponts entre la quête des hommes et les moyens dont ils disposent pour la mener

- de votre idée de "Magnificat", annonciateur du dernier passage empreint d'un désespoir "L'orphéon ...ternies" : naît la sensation d'un monde à l'agonie, douloureux de l'absence de communication entre hommes et femmes, déserté par "l'esprit de vie", le Vivant ..
et pourtant ..

- de ce dernier vers inattendu, arrivé comme un tranchant qui veut voir couler la vie : naît la sensation que la vie trouve toujours son chemin ; dans les draps on aime, on invente, on "conçoit" de nouvelles vies

J'aurais deux/trois chipotages à formuler sur des micro-points qui ont gêné ma lecture (ce qu'un texte réussi me pousse à faire = chercher l'erreur ! niaaark niark niark ... au bénéfice de l'auteur, bien entenduuuuuhuhu) :
- Première strophe : j'ai failli m'arrêter par la trop longue attente du verbe "Exhalent.." après la succession des trois vers porteurs d'images descriptives (c'est perso :j'ai du mal avec les descriptions) : en inversant "Dans les vases.." et "Exhalent ...
j'ai mieux respiré

- Magnificat : le "encore" m'a semblé de trop, qui affaiblit chez moi, malgré l'italique du vers suivant, la puissance du contraste surgi comme une gifle, entre "Tout ira bien" et "Mais les homme appellent"

- "Un enfant dort ... de la poussière" : c'est mon passage préféré !!! cette poussière n'est pas sans évoquer chez moi la parole biblique "tu es poussière, et retourneras poussière" |citation approximative] ... aussi, je lui cherche des poux : "QUI perce le vitrail" et "ET poudre ses yeux ..." les QUI/ET semblent inutiles, voire alourdissent le cheminement de cette progression du "rayon des anges", amenuisant la puissance de son impact

aaah puis j'adore "les rues de guingois" (effet "souvenir-souvenir de mon village" sans doute), suivies de tous ces alinéas rythmant la marche lente et lourde de la procession avant d'en arriver au "curé présente" ...
j'ai tout dit... pas réussi à la faire plus courte
merci à vous,
MissNode

   pieralun   
22/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte très évocateur qui, difficile de dire pourquoi, me fait penser à Brassens, à Brel.
Les gens, toujours les gens décrits dans l'extrême simplicité du clocher d'un village...et son curé bien sûr
Puis les choses immuables, comme si le temps c'était arrêté en ce lieu simple.
Difficile de dégager tel ou tel vers
....peut-être l'univers Italien de Don Camillo

   Anonyme   
28/12/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
"Les hommes rôtent l'ail du gigot de midi"
Ah, ça commence fort ! Boorrp ! nous dit le vers
Après, ça faiblit sec, on se sent écorché par l'oreille et puis, paf ! "La foule saoule divague dans les rues de guingois"
On tangue, bien pété un jour de triste fête.
Très réussi.
Il faudrait, dans ce texte, poursuivre les vers beaux et ne conserver qu'eux.
"Les fidèles rassis somnolent doucement" n'est pas mal du tout, par exemple.

"Les hommes rôtent l'ail du gigot de midi
La foule saoule divague dans les rues de guingois
Les fidèles rassis somnolent doucement
Les vêpres siciliennes..."

Quitte à traiter la rime comme on traite un ami, avec désinvolture...

   tchouang   
9/3/2013
Commentaire modéré

   leni   
14/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Rosebud
Depuis sa publication je suis revenu plusieurs fois sur votre poème
Mon ressenti est devenu plus précis C'est un écrit coloré ,riche en images fortes,impressionnistes:les hommes rotent(ça commence fort)..les grosses boules rondes...la foule divague...les fidèles rassis...J'ai revu une procession à Bruges !Bien sûr on peut penser à Brel...mais pourquoi toujours penser à .. Pour moi quelques mots me dérangent un peu:thuriféraire et chryséléphantin Après plusieurs lectures je ne les ai plus entendusJ'aime beaucoup l'image du vitrail et l'orphéon en queue de cortège Et le dernier vers qui me fait penser à la vanité de ce monde Merci à vous Leni

   Dyonisos   
5/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
On lit ce poème comme on feuillette un album de photographies souvenirs...
La description de ces vêpres siciliennes est en effet précise et parlante...
Merci Rosebud de m'avoir fait voyager un instant dans cet univers.


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