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Poésie en prose
Sanoniid : « Quand les démons danseront sous le soleil… »
 Publié le 13/08/20  -  12 commentaires  -  3450 caractères  -  168 lectures    Autres textes du même auteur

Une vieille prophétie venue d'un lointain futur, annonçant ce qui n'aurait jamais dû être.
Mais qui ? Qui donc peut envisager de si noirs desseins ?
Qui donc peut réussir à décevoir Dieu ?

The Revenant - Ryuichi Sakamoto, Alva Noto et Bryce Dessner


« Quand les démons danseront sous le soleil… »



Une prophétie froide foudroie le monde en plein vol, du plus majestueux mammifère à la plus modeste montagne, toutes les pulsations du vivant se glacent et écoutent l’Augure.

Il pose alors un doigt maigre et tremblant sur ses lèvres gercées, ses paupières closes, n’osant pas affronter le regard de la vie, attendant le silence absolu.

L'Augure annonce… des mots si lourds qu’ils ne peuvent qu’être murmurés…

« Quand les démons danseront sous le soleil, l'indécence et le dédain dévoreront toute dignité sur Terre. »

Un présage si odieux que le Créateur détourne le regard de honte. Il ne pourra plus rien faire, quand les démons danseront sous le soleil.
Lorsque Son Nom sera souillé et que ces parjures chanteront Sa Gloire pour adoucir les hurlements des consciences violées.

Ils danseront, tambourinant les carcasses des vies dépouillées, humiliées au-delà de la mort.
Ils danseront, leurs veines viciées de litanies vaniteuses censées justifier une existence s'affirmant au-dessus même de la décence.
Ils danseront lorsqu’ils arracheront les nourrissons encore en sang du sein de mères suppliant de sourds tortionnaires qui déjà préparent leurs festins infernaux.
Qui déjà dévorent des têtes figées dans la terreur, décapitées de corps abandonnés dans un enfer de vers.
Qui déjà convoitent le monde pour assouvir une gloutonnerie absurde, perverse et insatiable.

Ils sont là !

Ils dansent, s’enfonçant cœurs et âmes dans la fange sous leurs pieds, créant un cratère qui absorbe le monde pour recracher une matière décomposée et croupissante dans un univers effaré.

Leur danse si précipitée, sorcellerie surnaturelle, les rend sourds aux lamentations de mille générations.
Et au moment où tout, enfin, semble fini, ils se figent. Un nouveau dessein se dessinant dans les sinistres crevasses de leurs pensées, une sueur graisseuse suintant de leur peau lisse.

Fixant le soleil, ils plissent leurs yeux jusqu’à se carboniser les rétines.
Et ils se remettent à danser sous le soleil. Heureux, leurs yeux blancs brûlés et aveugles.
Maintenant ils convoitent mille nouveaux tombeaux où ils planteront mille nouveaux drapeaux.

Nauséeux, l’Augure s’agite. Il voit ce qu’il n’aurait pu prévoir. Les yeux fermés, il voit les dragons de fer et de feu déchirer les nuages. Il voit la malédiction passer de Terre en Terre, ces corps damnés blasphémer une énième fois en promettant des jours meilleurs sur les cendres des jours passés.

Les démons dansent déjà au-dessus des nuages, dans le royaume profané d’un Dieu qui a préféré ne jamais voir le jour. Venant hanter des mondes endormis. Souillant de leur liesse pernicieuse un silence sacré.

Alors l’Augure s’époumone quitte à mourir, pour prévenir, même en vain. Et dans les cris d’effroi en cœur de mille mondes, faune et flore frémissent en entendant l’Augure :

« Quand les démons danseront sous le soleil, l'indécence et le dédain dévoreront toute dignité dans l’Univers. »

Tous entendent et tous tremblent.
Les planètes frissonnent, esseulées les unes des autres, seule cette prophétie funeste les unissant.
Tous savent, mais ne peuvent rien y faire.
Tous ont entendu.

Sauf vous, bien sûr. Vos oreilles demeurent en sommeil.
Évidemment…
Vous dansez sous le soleil.


 
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   Angieblue   
23/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup votre adaptation du mythe de Satan et des démons qui veulent se venger d'avoir été chassés du royaume de Dieu.
C'est bien sombre et le texte est bien rythmé avec le jeu sur les répétitions.
Joli aussi le titre, c'est très poétique. De plus, le texte comporte de belles allitérations.

Très bonne mise en scène avec l'augure qui annonce la prophétie.

La fin est bien amenée et la chute est inattendue. Elle suppose que des démons seraient déjà parmi nous...
Votre texte pourrait être un récit poétique car vous maîtrisez bien l'art de la narration.

Il y a juste deux passages qui m'ont un peu gênée:
"sorcellerie surnaturelle". C'est redondant, la sorcellerie est toujours reliée au surnaturel.

"Les démons dansent déjà au dessus des nuages, dans le royaume profané d’un Dieu qui a préféré ne jamais voir le jour"
La fin est assez incohérente. Ou bien il aurait fallu dire "d'un dieu qui aurait préféré ne jamais voir le jour".
Mais bon, normalement Dieu a toujours été...

En tout cas vous avez un bel imaginaire dans le style fantastique.

   Anonyme   
27/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Ce texte est à mon avis un "récit poétique" au regard des catégories du site.
Une écriture fascinante. Même si je ne sais décrypter tous les messages, il faudrait lire et relire et lire encore, à mon avis.
Le soin apporté à l'écriture est évident, allitérations bien dosées, registre de vocabulaire large autour du thème.
(juste un détail le mot "si" dans les deux phrases : "Un présage si odieux... et "Leur danse si précipitée,..." me semblent pas très bien choisi, ou il y en a un de trop).
Avec la musique jointe, vous savez créer l'ambiance pour que le lecteur soit attentif.
Merci du partage,
Éclaircie

   Anonyme   
13/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Saisissant ! Il y a quelque chose d'halluciné dans ce texte à la puissance lugubre. L'abondance d'adjectifs, l'ampleur de l'écriture et des visions conviennent parfaitement au propos à mon avis. Une mention pour
un Dieu qui a préféré ne jamais voir le jour
, belle idée.

Un bémol en revanche pour
leur peau lisse.
Faut pas m'en vouloir, avec mon esprit mal tourné je me vois obligée de poser la question :
aux fesses ?

   ANIMAL   
13/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Voilà un texte tout à fait d'actualité qui semble décrire le monde actuel et celui qui en découlera. Il rejoint en cela la prophétie de Jean de Jérusalem.

Le propos est bien mené, avec ce ton sentencieux et sinistre propre aux prophéties, ce côté obscur qui permet plusieurs interprétations. La mystique est présente, on retrouve le vocabulaire et l'emphase adéquats "Augure, Créateur, Son Nom, Sa Gloire..." et les classiques excès et tueries qui accompagnent les créatures démoniaques.

On parle beaucoup de danse mais je n'ai pas trouvé de rythme particulier ici. Le sujet ne se prête pas à l'harmonie.

La prophétie semble vouloir mettre en garde le lecteur tout en lui susurrant qu'il est déjà trop tard, que chacun de nous s'est déjà transformé en démon en acceptant de danser sous le soleil. Nous serons donc les acteurs de notre propre fin.

Une lecture intéressante.

   Anonyme   
13/8/2020
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↓
Bonjour,

J'ai le sentiment de lire le sermon d'un prédicateur ou télévangéliste en mal de sensations plutôt qu'un poème.
En tout cas ce genre de prose laborieuse et surchargée ne me semble avoir aucune parenté avec ce qu'est pour moi la poésie.

Les nourrissons encore en sang qu'on arrache du sein de leur mère (sic) et toute la litanie sanguinolante de ce texte me semblent vraiment n'avoir aucune parenté avec l'esprit poétique.
C'est de la narration "gore" tout au mieux (ou tout au pire c'est selon)

J'imagine difficilement une soirée poésie où l'on déclamerait un tel texte sans vider la salle !

Je n'aime vraiment pas, et c'est une litote !!!

   Anonyme   
13/8/2020
 a aimé ce texte 
Pas
Brr...

J'ai beaucoup de mal à trouver poétique cette déferlante de gore adulescent.

Je ressors même de ma lecture un tantinet écœurée par ce déchaînement de sang et d'horreur, qui me semble, excusez d'avance, totalement gratuit. Car je n'ai pas trouvé où s'appuie cet emportement, si ce n'est dans un plaisir purement sadique, surjoué et totalement dans l'emphase, au demeurant.

Bon, il faut admettre que n'étant pas fan du tout des zombies et autres démons qui se débattent sans cesse dans d'épaisses toiles d'araignées sanguinolentes et abracadabrantesques, je ne suis pas la mieux préparée pour ce genre de prose hallucino-démoniaco-incantatoire ayant des faux airs prophétiques de surcroît...

   Annick   
13/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Ce qui emporte dans ce poème, c'est le ton tragique, les hyperboles à foison, les anaphores qui dramatisent le propos.
Le narrateur prend des libertés avec la grammaire en employant des propositions subordonnées sans leur proposition principale, comme pour mettre en exergue sa parole, comme si rien ne pouvait arrêter cette déclamation, frénétique, enflammée. Un ton qui empoigne le lecteur et le tient par le col. La fin confirme la mise en garde.

Je verrais plutôt ce texte comme une partie d'une nouvelle. J'aimerais en savoir davantage sur cette prophétie et son contexte.

   Vincente   
13/8/2020
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Dire l'horreur pour la conjurer ?
Oui il y a de cela dans ce texte provocateur… provoquant le rejet, le dégoût, comme pour s'assurer que la conscience que l'on a de l'outrepassement de ces dires, de ce lire en "dé-lire", est bien un dépassement, de soi, de l'entendement, de ce que le "monde" peut produire d'abjections.

Le narrateur surplombant déverse depuis son ciel tourmenté ce spectacle démoniaque, à coups d'invectives toutes plus extatiques, extrêmes, énervées, il lance ses visions apocalyptiques. Pas facile d'absorber ce flux nauséabond, et l'on peut se demander quelle mouche a piqué l'auteur dans cette proposition, pourquoi écrire cela, comme cela avec force de "surajouts", force d'emphase même dans le réalisme "époumoné" de "l'Augure" déjanté. Peut-être l'amusement pour "dérire" du dérisoire des attentions "frileuses" civilisationnelles de certains de nos contemporains, peut-être un contre-pied face aux prêcheurs de tous poils qui seraient ainsi pris à leur propre jeu, peut-être un geste vain au salut suicidaire ?

Pour ma part, je regretterais non l'essai provocateur, ni même les convocations mystico-philosophiques douteuses qui le drainent, mais plutôt "l'intention" qui peine terriblement à transparaître dans cette prose enfiévrée ; dont cette fin sous forme de reproche au lecteur bien au chaud dans la torpeur apaisante de ses "soleils".

   papipoete   
13/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Sanoniid
Quand les démons danseront sous le soleil...L'auteur parle de cet augure maléfique, dont la venue imminente ruinera le monde, " arrachant les nourrissons encore en sang au sein de leur mère... " et plein d'autres enfers sur Terre !
NB Il ne viendra pas ce temps... puisqu'il est là depuis que la vie humaine existe !
Dieu n'est pas au Ciel, il est en nous
Satan n'y est pas plus, il est en nous...
Disons pour être moins catégorique, que Satan est plutôt inné dans le corps et l'âme et que cohabiter avec le Très-Saint est peu probable !
Chaque jour depuis le premier, on vit des outrages, on vécut la torture, on subît le viol, on se bouscula devant les fours nazis... et les " augures " n'y étaient pour rien ! Alors que Attila, Barbe Bleue, Torquemada et autre boucher sévissaient ...Aujourd'hui, des colonnes de journaux papier à celles télévisées, les augures n'ont aucune place dans la tête des martyriseurs d'animaux ( chevaux éventrés vivants et autres barbaries ) " Dans quelle époque vivons-nous " entend-on... dans la même que depuis toujours !
Les augures me font davantage songer à la furie de la nature, et encore ce n'est que aléas des éléments, et planète persécutée qui réagit...
Oui, selon moi il y a bien longtemps que " les démons dansent sous le soleil ", et cela finira quand notre monde disparaitra !
Bien sûr que la façon dont vous parlez, bien qu'étant loin de mon raisonnement, ne manque pas de noirceur ; et faire dresser le poil, ou enrichir un cauchemar trouve dans votre récit, matière fort abondante !
Je noterai donc votre récit, en fonction de la consistance.

   Anonyme   
13/8/2020
Votre plume noire et rouge dessine la danse des démons mais ne parle pas vraiment de la réaction du démiurge, ici fautivement assimilé à Dieu ; fautivement car vous ne l'avez pas expliqué. La réaction des humains voire des damnés n'est pas plus exposée. Il n'y a dans votre texte d'une force, il est monothématique ; c'est son principal défaut mais c'est une poésie alors c'est justifié.

   Anonyme   
16/8/2020
.

   Queribus   
17/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

J'avoue que je suis assez mitigé devant votre écrit. D'une part, l’écriture me semble très originale et fort bien tournée avec de belles images cruelles mais poétiques On est à la limite du gore (Pas forcément une critique).

D'autre part, l'ensemble apparait aussi un peu confus comme toutes les prophéties et la succession d'images donne l'impression de pas trop savoir où on va .La chute ne me semble aussi pas très à propos.

Votre texte me semble tout à fait l'archétype du texte qu'on adore ou qu'on déteste.(Personnellement, je préfère les chansons et les ballades) mais , pour la belle écriture et son originalité, je donnerai un avis favorable.


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