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Poésie libre
solinga : Addictions olfactives
 Publié le 28/02/24  -  8 commentaires  -  3490 caractères  -  79 lectures    Autres textes du même auteur

En ode à ce qui de l'autre nous imprègne.


Addictions olfactives



Le nuit est pleine,
ronde,
modérément glacée.
Pas la moindre idée,
la moindre,
quant à
savoir
si tu rentres
ou ne reviendras
point
du tout
d'ici que le matin nous montre
son museau
musqué
et roux comme l'amande.

Émoi
peut-être
au bois rugueux des choses :
je me frotte à ce qui n'existe pas
et puis
à rien
qui soit autre.
Je heurte
mes joues
aux mauvais songes,
le front mangé par l'oreiller mou
et l'ouïe tout aplatie dans son lin,
le cœur un peu dispersé,
les sens amortis
comme sous le coup d'un muscat
mis en fût quelque part,
(par lignées de coïncidences)
et déversé en bouteilles
vertes
bues mais en rêve…
et moi et moi
je suis mise à la mer
et retourne le dos
aux pelotons griffus d'angoisse
qui voudraient poindre.
Émoi. Forteresse menue.
Je n'ai pas
la peur (en émeraude) du noir
ni d'être seule
à jamais
ni d'être
la ci-devant petite chose en sursis
jetée au milieu du fracas
des contingences.
Je sais bien mieux sourire au silence,
à l'immobilité
et
m'étendre,
m'éteindre.

Mais on peine à garder
certainement
(pauvre pelisse, pauvre pelage)
ces résolutions de gemmes
(sertissures)
tentant de se suffire à soi…
On soupire
(fine caboche)
après l'étreinte,
on est un mammifère qui se démène
dans de l'inéluctable.


Les événements tendent parfois la main.
Ô cette joie que le silence se fendille :

Quelques froissements dans la porte
(… oui chez moi la serrure devient presque un velours).
Je t'ai prêté les clés tout ourlées de grigris d'enfance :
je te veux ici comme chez toi.
Le froissement m'éveille,
je sens remuer, mauve, comme sous étincelles
la peau minée de mes paupières :
elles reprennent, deux sœurs,
un peu de leur vie fragile,
leurs pétales refont les papillons
suivant la loi dorée des aubes.
Peut-être que jusqu'ici, dès le coucher
mes yeux n'ont fait que semblant…
Semblant strictement
clos mais
déposés
pour de faux ;
deux mauvais anges réfutant le sommeil
en vigiles impénitents
aussi longtemps que ton absence.


Lors
l'heure arrondie
a dépassé sa cinquième station.
Tu es là, visage en excuse,
mais c'est mon sourire seul qui t'étreint, qui t'accueille
et l'on s'étend et l'on se tient un peu.
Je te respire
et je me dis
(toute terrienne)
il ne faut pas que tu te gorges ainsi de son odeur.

Petite mammifère aux narines réjouies
(au terrier des charmes veineux
saupoudrés de terreur),
tu te prépares un nid d'addiction
à sa peau
si pure, onctueuse et plus que douce
qui sent ce soir-ci un entrelacs d'alcool et de tabac
mais tout léger
tout en savantes doses, brouillant l'exquis à de l'imperceptible.


Je fuis au matin
pour que tu ne croies pas que je ne veux vivre que d'être côte à côte,
que d'emplir mes poumons des plaines de ta poitrine et m'enfouir contre toi jusqu'aux moitiés de jour.
Je fuis l'entêtement de ce parfum qu'est ton toucher.
Tu dors.
Je ne demande pas mon reste.

Je fuis.
Et vais dessiner quelques fées.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Jemabi   
8/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Un long et beau poème, rempli d'images poétiques à souhait, qui puise son originalité dans l'évocation de l'odeur de l'être aimé, point sur lequel le lecteur peut projeter sa propre expérience amoureuse. La situation, et le petit suspense qui en découle, sont plantés avec une écriture fluide et plaisante. Le thème de l'addiction amoureuse est si présent qu'on n'est pas loin de la soumission, ce qui pourrait faire grincer les dents de quelques féministes. Mais le texte échappe, par là même, à toute tiédeur, ce qui aurait été bien plus grave.

   Ornicar   
17/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Commençons par ce qui "fâche". Entre guillemets, bien sûr. La longueur du poème tout d'abord. C'est long, beaucoup trop long. Cela décourage le lecteur potentiel et risque de pénaliser ce texte. Le propos gagnerait sans doute à être plus resserré. Dommage.
Le découpage des vers ensuite. Il me semble trop hâché dans la première moitié exclusivement composée de vers très courts. Ca va mieux vers la fin où je ressens plus de rondeur et de souplesse.

Pour le reste, j'ai croisé de jolies formules et de belles images qui rendent bien compte de l'état de manque, du versant addictif de la passion amoureuse et du combat intime pour ne pas y succomber entièrement au risque de se perdre complètement. J'y ai vu une écriture introspective sensible et inspirée. A fleur de peau.

   VinSpat   
28/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Magnifique poème. La mise en page me paraît fondamentale. Elle est, me semble-t-il théâtrale. Pour ma part, j'entends les respirations, les silences, les doutes, les mondes qui s'inventent au cours du récit poétique. Vraiment très beau!

   Pouet   
28/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

j'ai vraiment bien aimé l'écriture tant au niveau du rythme que de la poésie qui s'en dégage. L'entame accroche, est particulièrement réussie ; la première strophe, mais l'ensemble est parsemé de jolies trouvailles (je ne vais citer que "Lors/l'heure arrondie" de façon très peu exhaustive)... l'expression générale m'a bien parlé et j'ai pris plaisir à lire. Je n'ai pas trop adhéré à l'emploi des parenthèses parfois - peut-être car appuyant trop sur un versant explicatif sur lequel tend parfois à "glisser" le texte qui ne manque pour autant d'envolées... subjectivité qui n'engage que moi. Et puis le réel, il faut bien l'expliquer. Enfin je ne sais pas.

Un texte que j'ai au contraire plutôt ressenti comme un rejet de l'attachement ; que ce soit à soi-même ou aux autres, à l'autre. Mais comme avec un curieux espoir désespéré aussi, comme un "recours" ou une bouée trouée. Une ambivalence. L'existence en addiction discrète, se parer en funambule du quotidien. Il faut bien attendre quelque chose. Souffrir d'aveuglement ou d'anosmie sentimentale. L'amour doit avoir plus d'odeur que l'argent... Question d'hormones sans doute.
S'en dégage la chute dans le ciel embrumé d'une pelure-étincelle aux libertés un peu melancoliques, étendre les masques et puis compter les gouttes. L'instant semble suffire. Avec douleur. Quant à se suffire à soi-même...


Merci.

   Provencao   
28/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour solinga,

Très beau texte empreint de cette image poétique, qui se lie, se déchire ou déchire la passion qui s'accroche à elle...

"Émoi
peut-être
au bois rugueux des choses :"
Même cet émoi est domaine de possession..

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Eskisse   
28/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour solinga

Une modernité de poésie. Un poeme qui va pas à pas comme pour nous approcher de l intime. Entremêlé de formules inouies qui font irruption pour surprendre
Ex les pelotons griffus d angoisse. J ai trouvé aussi un côté philosophique à certains passages : je me frotte à ce qui n existe pas...
Et une histoire de peaux esquissee sous la trame des sensations.
Merci

   papipoete   
28/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour solinga
- tu es parti, pas encore revenu
- dis, quand reviendras-tu ?
Non, je n'ai rien dit ; tu rentres quand tu veux ; si tu veux ?
Je vais t'attendre sans avoir peur du noir... non, j'ai rien dit ! J'ai mon oreiller qui me tient compagnie ; je lui parle ( il embaume de ton parfum )
- quoi ? non, j'ai rien dit !
tout me marque de toi, ton odeur, ta respiration...
- t'es rentré, sans me réveiller : en fait, je ne dormais pas et toi là, tu dors ; je pars sans te réveiller, tu dors...
NB bien sûr, Vous le dîtes plus poétiquement, avec force images, et non-dits ( faudrait pas qu'il croit qu'il est votre oxygène... )
le dire ainsi, je ne saurais pas
mais avec le temps qui émousse le désir, compresse le coeur épris, la tendresse dit en morse " il ne faut pas que tu partes ; je ne suis plus rien sans toi... "
mais chut ! je n'ai rien dit !
une belle déclaration d'amour, avec " les mots pour le dire "
la dernière strophe est mon passage préféré

   Vincente   
28/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Exquise esquisse qui se chante là ! Pour paraphraser Gainsbourg, mais pas pour ce qui s'exprime dans Lemon inceste, non, pour le ton employé et l'atmosphère qui s'en dégage. Une relation acidulée, qui décide de maîtriser son emportement, pour que la passion reste la plus belle, la plus infinie, toujours à se redécouvrir aux travers de multiples habits "olfactifs" qui viendront la revisiter.

Cette idée d'impermanence si entretenue, si volontairement ouverte aux rebonds amoureux, offre paradoxalement une capacité de régénération toujours possible, toujours prête à l'éveil. J'ai vu dans cette façon d'envisager l'amour des promesses, de l'espérance sage bien que passionnée, une sorte d'optimisme inextinguible nourri sûrement d'une croyance que seul l'amour pur peut rendre crédible.

Au-delà, ou plutôt en deçà, comme fondement, de cette perception très diffuse depuis l'ensemble des "arguments" de l'évocation, j'ai trouvé l'écriture intéressante, avec quelques pics particulièrement inspirés :

"au bois rugueux des choses :
je me frotte à ce qui n'existe pas
et puis
à rien
qui soit autre.
"

"Je sais bien mieux sourire au silence,
à l'immobilité
"

"tout en savantes doses, brouillant l'exquis à de l'imperceptible."

"Je fuis l'entêtement de ce parfum qu'est ton toucher."

Quant à la longueur, relative, je l'ai trouvée nécessaire et pas pesante, car participant à l'évocation, à ses hésitations et attentes, à ses itérations potentielles.

Petite chose : les parenthèses en poésie… bof ! pas trop adapté. Pourquoi ne pas leur préférer de simples virgules aidées par une concision de l'expression, par exemple : "comme sous le coup d'un muscat / mis en fût quelque part, / par lignées de coïncidences, / et déversé en bouteilles / vertes".
Ou "la peur, en émeraude du noir" ?


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