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Poésie en prose
solinga : Charpal
 Publié le 29/11/23  -  3 commentaires  -  2637 caractères  -  46 lectures    Autres textes du même auteur

Un lac et des souvenirs.


Charpal



Pour gagner les neiges en cette drôle d’année, il fallut laisser Mende tout en bas, grimper sur ses couronnes, au grand lac gelé de Charpal.

L’ébat des mousselines glisse à terre en réseaux gracieux de ramilles, des blancs fanés se nattent et s’entrelacent. À nos pieds bottés jusqu’aux oreilles tout un enchantement feutré crisse comme coton douillet, bois cristallin qu’on foule et qui craquèle.

À terre il fait blanc comme un rêve.

Les filets d’eau serpentins lèchent un peu le poitrail du grand lac, et sa peau briserait sous un poids d’homme. Tu laisses aller ces mots, pris en glace, pris en soupir :
Toutes ces questions dans tes yeux… À quoi penses-tu, tu ne veux pas me dire ?

Mais pourquoi faudrait-il les mots, les dire ? Je ne questionne pas tel ou tel, non, je te regarde… et puis le lac au loin qui fait éternité.

Ce sont aux bords de larges coraux qui reposent, coraux d’orfèvre, glacis de mille couleurs, hautain calcaire, précieux, fluet, pris au sol, et cheminant de griseries.

À vrai dire voici donc : je cherche l’infini dans tes yeux. Je cherche dans tes yeux comme par la porte l’âme, ou la lumière, et l’encre vive. Je me baigne, en toi comme aux vents scintillés d’un été, et nous sommes à égal, nus plus égaux qu’étendus. Je cherche l’infini dans tes yeux, la tresse en moi de ces mots s’est nattée réponse à ta question, et je la laisse balancer, refléter pour moi-même ses bancs de mèches ondoyées, musicalement.

Le pont qui surmonte de quelques hauteurs pâles l’eau tremblante d’agonie se déforme, pour l’image, en arcade sourcilière tracée pour des lieux infinis. Un vieux tronc désolé aux finesses de mât flotte entêté à jamais, raide, raidi pour toujours, comme un cil un peu perdu au coin d’un œil gigantesque et nu, pauvret privé d’iris.

Tu me prends la main sur le crissement doux des neiges en duvet. Non, je ne me lasse pas du bruit que fait la neige qu’on foule. Pensées sœurs entre deux étrangers d’avant-veille.

Les nuages s’enfilent à vive allure, encapuchonnant le lac sous le sourire déclinant d’un astre cachottier… nous courrons en vain les attraper.

Regarde nos lagunes au bout du nez des neiges, et nos îlots glaçons. Puis l’atmosphère amie, toute bleue, qui descend. Vois l’aplat bourdonnant des blancs secs, la plaque incalculée secrètement striée d’échardes.

Ton glacis lac au loin nous fait croire à l’écume… et nous perdons lieux et temps, l’angle et l’alentour.

Deux grelots de neige, en revenant, s’agrippaient clandestins à nos chevilles.


 
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   fanny   
16/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
La neige est un élément que j'affectionne particulièrement et dont je me lamente de la disparition.
Des souvenirs amoureux qui s'égrainent au bord du lac dans l'ébat des mousselines et le glacis aux milles couleurs.

Je suis touchée par la douce et paisible nostalgie qui s'exprime dans ce poème, avec naturel et délicatesse, tant dans les descriptions paysagères que dans l'évocation des sentiments.

J'ai néanmoins quelques réserves et je pense que cette prose peut être améliorée :
A corriger "et sa peau briserait" il y a peut-être un oubli de frappe, pas mal de répétitions, éventuellement retravailler l'alternance ou l'enchevêtrement du duo sentiments/éléments.

Mais l'ensemble cette poésie crisse comme coton douillet à ma lecture, j'en aime le romantisme, "l'enchantement feutré" des paysages et la finesse des sentiments "nus plus égaux qu'étendus".

Merci pour cette "atmosphère amie" qui me rappelle plein de choses.

En EL, fanny qui espère des grelots de neige pour cet hiver.

   Eki   
21/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Des mots qui "randonnent" dans ce lieu sublime qui porte à la méditation, à la rêverie aussi.

J'ai aimé ma lecture. Le texte n'était pas trop long. Le récit enchante par toute cette prose. Les images m'ont charmée.
De très belles expressions où fuse la douceur :
"L'ébat des mousselines, le poitrail du grand lac, l'eau tremblante
d'agonie" pour ne citer que celles-ci.

Dans ce décor, quelque chose d'invisible frôle l'indicible peut-être...le lac immobile, les yeux qui questionnent...
L'évanescence est ce que j'ai vraiment aimé dans ce texte.

C'est mon ressenti.

   papipoete   
29/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour solinga
Au grand lac gelé Charpal, nous voici entraînés à la suite d'enfants, se jouant du froid s'émerveillant du décor, que la neige sèche fait scintiller, et sous les pieds le bois craquer.
NB tout est enchantement pour l'un, tout demande soupirs et exclamations pour l'autre.
Les images se suffisent d'elles-mêmes ; des yeux parlent sans mot ; une bouche le fait béate.
Un ravissement pour qui se souvient de ces moments-là ; et cette tresse blonde qui ondule dans mes souvenirs.
Techniquement, je vois des phrases qui parfois manquent de reprise de souffle ( quelques virgules par ci par là )
Et j'aurais bien vu des retours à la marge, quand le dialogue ( sans réponse se fait )
Mais un jolie balade en montagne que celle-ci !


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