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Poésie libre
solinga : Les noms de notre hiver
 Publié le 24/06/23  -  8 commentaires  -  1906 caractères  -  185 lectures    Autres textes du même auteur

Par éclats, des souvenirs.


Les noms de notre hiver



Je t’aime d’après les pointillés du jour
jusqu’en un lieu très dense, dessous la nuit,
je t’aime depuis l’écueil que fait l’acier des heures,
depuis le tremblement du matin
résolument cruel,
depuis sa cime trop aiguë
qui vous perce – il faut partir –
depuis le rosier nain de ses babines
depuis l’efflorescence charbonneuse
jusqu’au point – lancinant – le plus clair.

Un matin
petit prince
un matin tu me dis :
moi aussi je commence
à faire comme toi
je mets les choses en équilibre
et si ça chute
je me prends à rêver :
Tiens, je suis chez L.,
et puis
c’est un caillou poussiéreux
qui s’écroule du plafond
et je me souviens que non.

Tu me dis que par toi je respire
– dans le matin perçant.
Alors j’appose les bouquets maintenus en bouche
sur l’escale opaline de ta peau.
Je pose mon baiser sur ton sommeil.
Des livrées séraphiques nous recouvrent
– ainsi je t’aime en orpheline

Et je prendrai tous tes noms de baptême
anodins
mais bruissants.
Tiens, tu m’appelais
absurdement
petit
flocon
en gare de Lyon (Paris, encore)
après le thé exorbitant
pris au Train bleu.
Rien à redire,
reste la lèvre qui s’entrouvre
sur un programme et sur un rêve :
être ton flocon dansant, toi façon de soleil.

Des Comme je t’aime en cohorte
(ces indéracinables)
me célèbrent en tête
les jours passés avec toi, tes caresses,
l’agate et l’ambre effilant tes paupières,
le film avec Mahler
de Visconti, et l’opéra
l’autre soir,
ce soir – demain de nouveau,
puis ton indéchiffrable tendresse,
les gris démêlés d’arbre en arbre
portant notre bel hiver de la veille
et l’équilibre au long des rails…


 
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   jeanphi   
18/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

" Je t'aime d'après les pointillés du jour ... depuis l'écueil que fait l'acier des heures " Que de beaux vers !
Cette adresse lyrique aux élans de chronique amoureuse nous berce dans la joie et la douceur profonde d'un amour total.

" puis ton indéchiffrable tendresse,
les gris démêlés d'arbres en arbres
portant notre bel hivers de la veille ... "

Des images délicieuses et légères, cotonées et langoureuses pour illustrer l'amour d'un.e. amant.e. comme une saison, ou bien d'une saison comme un.e. amant.e.

   Quistero   
24/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J’aime beaucoup le grand 8 poétique de l’écriture , l’ascension qu’elle propose vers des images très pures et sa descente vertigineuse en direction de souvenirs très terre à terre. Il y a du rythme, du souffle servant une originale expression. Merci.

   Pouet   
24/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Salut,

un très beau titre.
Les "je t'aime comme" ou les "comme je t'aime " ne sont pas évidents à tenir en poésie sans rendre la sauce indigeste, trop lourde ou sirupeuse. Ici c'est léger, aérien et dès les deux premiers vers j'ai été embarqué par la proposition. Un texte que l'on peut ressentir personnel dans les détails évoqués, sans pour autant s'éloigner de l'universel, c'est appréciable. Même si l'universel est gravé dans le thème.
J'ai trouvé cela touchant, "juste".
C'est sensible et inventif et à mon sens fort réussi.
Bravo à vous.

   Eskisse   
24/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Solinga,

Un poème pour dire l'amour, mais loin des accents mièvres auxquels on peut se heurter dans une telle écriture.

Là, le locuteur semble être confondu avec la nature, l'univers, il est le lieu de la parole amoureuse en lien avec les éléments: " Je t'aime depuis l'écueil que fait l'acier des heures" " depuis les tremblements du matin" " depuis sa cime", formules répétées qui marquent son intensité, sa force et sa fragilité . ( Car sont insérés des détails dissonants : "l'écueil" , " cruel", "trop aigüe" et "lancinant". ) Le locuteur est comme suspendu dans une apesanteur contagieuse pour le lecteur.
J'ai une préférence pour cette première strophe qui m'a emportée.

Une écriture délicate et emplie de poésie au sens où l'on sort vraiment du langage ordinaire.

   Provencao   
24/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour solinga


Merci pour ce souffle, ces pointillés du jour qui ne nous apparaissent pas toujours. Ainsi avons-nous su mettre en lumière une marge temporelle inouïe, qui ne consiste qu’en très grands nombres, entre les jours passés avec toi et ce que nous en percevons, bien-au-delà de ce que nous pourrons jamais connaître dans la suite de nos temps dans notre équilibre .

Sublime écrit.
Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Corto   
24/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ils sont bien beaux "les noms de notre hiver".

.Ils vibrent de lieux: "gare de Lyon", "Train bleu"

.Ils vibrent de moments si doux: "d’après les pointillés du jour", "le tremblement du matin", "je t’aime en orpheline", "être ton flocon dansant, toi façon de soleil."

.Ils vibrent d'événements d'excellence: "le film avec Mahler", "l’opéra l’autre soir, ce soir – demain de nouveau".

En fait ils vibrent de moments et de rythmes qu'on veut inoubliables et dont le dernier vers:
"l’équilibre au long des rails"
nous replonge dans la fragilité, l'urgence de vivre pleinement un présent éblouissant qui déjà s'estompe dans un presque passé irrattrapable.
Comme une extase en équilibre à la porte du souvenir.

Bravo à l'auteur. C'est du grand art.

   Eloaire   
24/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
je suis séduit par la construction de ce poème : d'abord les sensations traduites par des images, puis le quotidien (anecdotique?)
l'ancrage dans l'espace (gare de Lyon...) puis le temps.
Tout un univers tendre et sensuel.
La lecture de ce poème est un vrai moment de douceur.
Merci...

   Eki   
26/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Léger et délicat !

Une tendre déclaration hors de toute banalité, un vocabulaire recherché...

La soif de cet amour absolu est décrite par votre plume très fine.

Un réel plaisir de lecture du premier mot jusqu'au dernier.


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