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Poésie libre
sourdes : Danse sur les cendres
 Publié le 08/09/12  -  4 commentaires  -  2666 caractères  -  117 lectures    Autres textes du même auteur

"Le vide de la danse reste sur les dernières cendres."
Federico Garcia Lorca


Danse sur les cendres



Sous les talons, un volcan de rythmes et de cendres.
Le danseur frappe à la porte des mondes souterrains.
Dans la forge de la danse coule le métal des cœurs,
Le chant vacille dans les gorges où les voix s'éraillent.
Le sol résonne sous les remparts de la forteresse rouge,
Le danseur jette son ombre aux lumières de la ville.

Une danseuse en flamme de tissus rouges et noirs
Caresse de sa robe les feux martelés par un ciel d'orage.
Les mains baignent dans l'écho des voix des ancêtres,
Les bras portent des linceuls de mémoires en lambeaux.
Grandes ailes d'un oiseau de feu au vol étincelant,
Ses plumes ondoient sous les accords de guitare.

Une lalie plaintive secoue l'assemblée attentive,
Les défis de l'amour transverbèrent les visages inspirés.
La voix s'adresse au cœur du danseur aux yeux révulsés.
Se hissant au plus haut de son art il s'arrime au sol,
Tourne autour de l'arbre de vie dressé dans son ventre,
Enivre la chanteuse avide des secrets de son amour.

Un chant rauque annonce une vierge en robe de passion,
Elle reçoit sans ciller les accents puissants de la séduction.
Le chanteur prend son souffle dans la retenue de son regard.
La danseuse rythme de ses pieds la chute des mots brûlants.
Nuque, épaules, hanches aux mouvements amples et gracieux,
Paumes de mains sur le ventre au fruit encore sans voix.

D'un saut le danseur atteint le jardin des braises des âmes.
Drapé dans son costume relevé à la taille, l'épaule découverte,
Il déverse son amour sur les cendres foulées par ses pieds nus.
Les jambes prises dans la terre, il s'enfonce dans son être.
Toute virilité vivante, au son des palpitations de son cœur,
Il pointe ses bras vers les cornes d'un Dieu qui le charge.

La danseuse à la beauté recueillie sur sa dignité blessée
Agite les volants de sa robe dans tous les recoins de sa peine.
Son port altier fait glisser sous ses pas les couleurs de son émoi.
Plantée devant tous, elle prend à pleine main les plis de sa robe,
Les relève le long de ses jambes abandonnées aux rythmes,
Implore la Vierge du Secours et s'ouvre comme une fleur.

L'heure de l'exil sonne en haut des tours de la Vela et Comares,
C'est l'heure où le temps s'arrête et n'est plus compté.
Les lumières éteintes portent le deuil de leur ombre,
Seules les étoiles donnent un rythme à la nuit bleue des âmes.
Les familles entrent dans le champ des morts et des vivants,
Le guitariste retient la nuit avec une cadence andalouse.


 
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   LeopoldPartisan   
20/8/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un sujet en or... mais au combien difficile à traiter. La danse, la passion voir même la "passionaria", le drame et la dramatique. La musique émotionnelle, passionnelle... La nuit, la moiteur, l'union, la désunion, la légèreté, l'intemporel...

Ici l'auteur nous décrit avec beaucoup de précisions ce qu'il perçoit, ce qu'il ressent au plus profond de son âme; hélas le rythme autant lascif qu'endiablé de la passion, de la frustration, de la peur, de la rancoeur, de la jalousie et du désir ne sont pour moi pas au rendez-vous.

" Les bras portent des linceuls de mémoires en lambeaux."
"Les défis de l'amour transverbèrent les visages inspirés."

ou encore

"Seules les étoiles donnent un rythme à la nuit bleue des âmes.
Les familles entrent dans le champ des morts et des vivants,
Le guitariste retient la nuit avec une cadence andalouse."

Personnellement je n'ai pas la solution. Barrière de la langue, intellectualisation à outrance. Pour m'aider j'ai même réécouter Mariza, l'immense chanteuse portuguaise de Fado. Mais je n'ai hélas trouver aucun conseil à donner pour rendre cette ambiance si particulière.

Bonne continuation

   brabant   
8/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Sourdes,


C'est très, très beau ! Envoûtant ! Ensorceleur ! (à ne surtout pas prendre avec le café du matin, j'ai frisé l'infarctus)

- si vous faites du libre, pourquoi vous soumettre à la contrainte de la strophe ?
J'ai bien compris qu'il y a autant de tableaux que de strophes ; mais le libre est là pour varier et pour mieux coller à la progression du poème, n'aurait-on pu abandonner la disposition en strophes à partir de "Un chant rauque..." jusqu'à "... s'ouvre comme une fleur." pour terminer en conservant la dernière (forcément. lol) strophe où est consumé, extatique.

J'aime l'âme de ce texte, sa présence.

J'aime sa cadence et ses saccades.

J'aime son ressenti.

Il est magique. A un moment donné j'ai vu l'Andalouse se mettre à danser et j'étais l'Andalou...
"Le chanteur prend son souffle dans la retenue de son regard.
La danseuse rythme de ses pieds la chute des mots brûlants."

... mais il y aurait trop à citer...
(à ce sujet le poème fait peut-être trop énumératif, juxtaposition d'images, manque un peu de liant. lol. En fait chaque vers est un morceau de bravoure)
... et puis c'était devenu notre affaire...


:)

   Anonyme   
8/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le Flamenco a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO en 2010.
Peut-être avez-vous reçu de vos mains cette prestigieuse distinction. En tout cas vous avez essayé de nous communiquer votre possible passion. Si les origines de ce style musical restent mystérieuses, on sait qu'il s'agit d'un art populaire, fait de joie et de souffrance. Le Flamenco c'est une vie qui se joue devant nous.

Votre vie à vous n'est pas rangée. Elle peut tout aussi bien se lire de bas en haut : elle ne perd aucun sens ni ne gagne aucune émotion. Le Flamenco serait donc une voix, une danse et une guitare, où la joie et la souffrance alternent ou se mêlent, dans une sorte de rite désordonné, toujours recommencé (pardon Paul Valéry) ?
Votre interprétaion est baroque au possible. Le décor est submergé de glaces déformantes, qui nous renvoient souvent les mêmes images, concaves devenues convexes ou inversement :

- " Le danseur frappe à la porte des mondes souterrains." et un peu plus loin : " Le sol résonne sous les remparts de la forteresse rouge ". Encore plus loin : " Les jambes prises dans la terre, il s'enfonce dans son être. "

Cette profusion ne favorise pas la distinction des images, elle les maintient dans un magma bouillonnant d'où aucune ne parvient à vraiment sortir la tête :

- " Une danseuse en flamme de tissus rouges et noirs "

Image magnifique. En partie seulement, car l'abondance nuit.
Qu'est-ce qui est beau dans ce vers? " Une danseuse en flamme ". L'image est bien plus complète que tout ce que vous y avez rajouté. De deux choses l'une : ou le lecteur sait que le costume est rouge et noir, et c'est une redondance inutile, ou il ne le sait pas, et vous lui enlevez la force de l'image en la réduisant aux apparences.

- " Le danseur jette son ombre aux lumières de la ville" .
Images encore magnifiques. Mais là je n'ai rien à dire, car vous les mettez en opposition.

La tonalité générale reste quand même un poil trop didactique. Par moments, J'ai l'impression de voir une vidéo, avec un professeur qui nous explique l'âme du Flamenco :
- " La voix s'adresse au cœur du danseur aux yeux révulsés"
- " Un chant rauque annonce une vierge en robe de passion"
Etc.. car les exemples sont nombreux.

Alors voilà, je vais vous dire la vérité, j'aime beaucoup votre poème, mais je le trouve trop long et trop chargé. Alors je me le suis recomposé, sans changer un seul mot bien sûr, mais juste en raccourcissant les vers et en réduisant le poème à une vingtaine de lignes.
Et bien je peux vous dire que je me régale et que dans cette nouvelle version j'ai mis "Exceptionnel".

Cordialement
Ludi

   Charivari   
8/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour.
La phrase de Lorca annonce la couleur, et les images du texte ne déméritent pas du poète granadino. Chaud, coloré, lyrique, avec quelques touches surréalistes, et parfois presque mystique, ce texte, très bien écrit, a saisi l'essence de la danse flamenca, sans jouer sur les stéréotypes, et c'est un très bon point...

Par contre, je trouve la prosodie ennuyeuse, ça ronronne, et c'est vraiment dommage pour évoquer une musique si vivante et rythmée... Il y a pour moi une contradiction entre la structure choisie et le thème évoqué, ça m'a empêché d'entrer vraiment dans le texte.


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