Cette nuit lorsque tout dort, nous on s’aime
Même quand la lame en glissant vient mourir sur le bord ;
Et que le bouton de la rose dort sur sa tige, et le monde même
Sous le manteau de la nuit se renferme et s'endort.

Regarde, la mousse humide émaille la vallée,
Le sarment de vigne s’enroule en serpent tortueux,
Et l’odeur de la pluie et de la terre à l'oranger mêlées,
De ses corolles qu'elle égratigne parfume mes cheveux.

Je sais que ton désir est parfois si impatient
Je le sens monter comme un feu clair dans la nuit
Il crépite et brûle ma peau et mon sang maintenant
Je suis sans défense, rouge aux joues et mon regard luit

Comment peux-tu m’entraîner ainsi, moi si sereine,
Dans cet ardent brasier qui me prend au creux des reins,
Je ne suis plus entre tes bras qu’une femme qui aime
Et s’abandonne à toi, dans les senteurs puissantes du jasmin

Tu as enfoui ta bouche chaude entre mes seins
Et ta langue éperdue comme un animal vorace
Me mordille, me lèche maintenant et je sais bien
Que tu vas investir bientôt toutes les places

L’odeur fruitée de ta peau et sa douce texture
M’affolent me transportent et je ne peux arrêter
Mes mains et mes doigts qui jamais ne reculent
Et suivent comme attirés le chemin où tu veux être aimé

Ma voix chante à ton oreille et par intervalles expire
En notes feulées et en cris de moins en moins discrets
Les échos de nos tendres murmures ne sont plus zéphyr
Ils montent sonores, puis mourants de silences entrecoupés

Et nous qui avons le cœur plein de folies et de flamme
À l’instant de l’amour nous voilà comme enchantés
Et nous savons maintenant que le rêve de nos âmes
C’est de s’aimer pour toujours sous tant de beauté.