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Chansons et Slams
toc-art : Ce matin comme hier [concours]
 Publié le 30/11/18  -  10 commentaires  -  3336 caractères  -  122 lectures    Autres textes du même auteur

Ou la chanson de Louise.


Ce matin comme hier [concours]



Ce texte est une participation au concours n°26 : Centenaire de l'Armistice 14/18
(informations sur ce concours).





Ce matin comme hier
Louise travaille aux champs
L’été comme l’hiver
Depuis plus de quatre ans
Quand les hommes font la guerre
Les femmes vont aux champs
Faut bien sauver la terre
Et faire ce qu’on attend
Ce matin comme hier
Louise revoit son Fernand
Plein d’ardeur militaire
Le sourire conquérant
Retour avant l’hiver
Ils étaient si confiants
Les gars on va s’les faire
Ces salauds d’Allemands !

Le train
A emporté dans l’aube grise
Ces soldats aux rires impatients
Leurs mains
Saluaient mères et promises
Avec des grâces d’adolescent
Au loin
Les attendait la gloire acquise
À peu de frais évidemment
Certains
D’une victoire sitôt conquise
Comme on cueille une fleur au printemps


Ce matin comme hier
Louise travaille aux champs
Au milieu des ornières
À guider la jument
Ce matin comme hier
De l’aurore au couchant
Tant de travail à faire
Tant de rage en dedans
Sur sa peau la poussière
A comme un goût de sang
Car malgré ses prières
La guerre a pris Fernand
Il est mort bravement
A dit monsieur le maire
Ma fille, soyez fière
Louise a serré les dents

Éteint
Ce regard qui l’avait conquise
Au bal des feux de la Saint-Jean
Plus rien
Du bel amant qui l’avait prise
Au doux été près de l’étang
Verdun
Vaste carnage qui s’éternise
L’a faite veuve sans enfant
Sans fin
Louise voit son homme qui agonise
Alors elle insulte le vent


Ce matin comme hier
Mais tout est différent
Louise depuis longtemps
Ne va plus au cimetière
Une croix pour un absent
Au fond, à quoi ça sert
Le curé l’œil sévère
Peut l’attendre au tournant
Qu’on invoque l’enfer
Elle s’en moque à présent
Au diable les prières
Et le recueillement
Louise hurle sa colère
Seule au milieu des champs
Louise hurle sa colère
Mais personne n’entend

Soudain
Sonnent les cloches de l’église
Qui carillonnent aux quatre vents
Au loin
Derrière les toits d’ardoises grises
Résonnent les cris et les chants
Enfin
Une Marseillaise s’improvise
Qui du village jusqu’aux champs
Atteint
La parcelle où travaille Louise
De l’autre côté de l’étang

Au loin
Sonnent les cloches de l’église
Qui carillonnent aux quatre vents
Soudain
Une Marseillaise s’improvise
Qui du village jusqu’aux champs
Atteint
La parcelle où travaille Louise
Qui tombe à genoux en pleurant
Sans fin
Elle voit son homme qui agonise
Alors elle insulte ce chant…



Enfin l’armistice est signé
Bientôt les hommes vont revenir
Vers leurs promises
Ce matin la guerre a cessé
Mais quand cessera de souffrir
Le cœur de Louise ?

Mais cessera-t-il de souffrir
Le cœur de Louise ?


 
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   papipoete   
30/11/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour
La guerre a éloigné les hommes loin des champs ; les femmes ont laissé pour un temps ménage et cuisine jusqu'au soir, pour remplacer leurs hommes au champ !
Dans les ornières derrière la jument, Louise travaille en rêvant à son Fernand; ça lui donne du courage aux manches de la charrue, qui vire à gauche, à droite ... mais voici venir monsieur le Maire ... Fernand ne reviendra pas, ne prendra plus jamais sa mie contre lui ...
Louise entendra sonner les cloches de l'église, annonçant le fin de la boucherie, et les femmes retrouveront leur aimé ... sauf Louise, dans son champ, à hurler contre le vent, à maudire ces chants ...
NB comme c'est beau ! comme cette histoire fait mal ! comme on voudrait crier aux côtés de cette pauvre femme, qui a tout perdu ! la guerre a gagné contre elle, écrasé son coeur et déchiré les images pour elle si chères ! l'armistice rendra les rires, la joie à la ferme et dans les champs ; mais la guerre continuera à jamais pour Louise, face à ce malheur qui vient d'éteindre son sourire pour toujours !
Je ne sais quelle mélodie put accompagner cette chanson, mais celle des " jeux interdits " put retentir dès la fin de la première strophe !
Chaque couplet avec son sujet ( le train, leurs mains, etc ... ) ponctue le texte avec force émotion !

   pieralun   
30/11/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Non ! Cela a beau porter l’etiquette Chansons et Slams, on parle de poésie.
Or, la poésie sous entend la force de ce que l’on a à dire ainsi que la beauté avec laquelle on le dit.
On peut revoir son Fernand, s’les faire ces salauds d’Allemands, penser que Louise serre les dents, mais il faut l’ecrire en laissant libre cours à l’imagination, le suggérer, le sous entendre. Puis il faut aussi un minimum d’esthetique dans les vers.

   Anonyme   
30/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Il ne me semble pas avoir lu, depuis la publication des participations au concours, un texte entièrement consacré à la vie des femmes qui restaient à attendre le retour du mari, du fiancé...

Il y a de bonnes idées dans ce texte. L'anaphore est intéressante.
Mais hélas je l'ai trouvé prolixe, interminable.

A mon avis, il mériterait d'être sensiblement élagué, avec une écriture un peu plus élaborée.

   lucilius   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Quantité ne signifie pas qualité. Nous sommes ici dans l'exposition d'une situation de guerre ordinaire qui, malgré une vague allusion à l'armistice en fin de ce texte bien trop long, est en fait intemporelle. Il y a un peu de supercherie dans la démarche. Je me demande si dans le choix des prénoms très "ruraux" l'auteur ne s'est pas inspiré d'une œuvre de Delphine Blais justement intitulée "Louise et Fernand". Une simple coïncidence sans doute !

   plumette   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé cette histoire qui illustre une situation banale durant la grande guerre.
J'ai été touchée par la révolte silencieuse de Louise.
Les champs sont omniprésents! Presque un peu trop, en écho peut-être aux champs de bataille aux champs d'honneur au champs d'horreur!
Maintenant j'aimerais entendre la version chantée

   jfmoods   
1/12/2018
I) Un monde bouleversé

1) Les hommes sont envoyés au front

L'ordre de mobilisation générale a été décrété sur tout le territoire national. Au petit jour, des conscrits (parmi lesquels un certain Fernand) se retrouvent à la gare pour faire leurs adieux à leurs proches ("Leurs mains / Saluaient mères et promises / Avec des grâces d’adolescent"). L'heure du grand départ a sonné vers un avenir incertain ("Le train / A emporté dans l’aube grise / Ces soldats").

2) Les femmes s'occupent des terres

À l'arrière, les épouses prennent le relais des maris, veillant à la bonne marche des fermes (parallélisme : "Quand les hommes font la guerre / Les femmes vont aux champs"). Le courage, le caractère, la ténacité de Louise sont mis en avant (compléments de temps : "Ce matin comme hier", × 5, "L’été comme l’hiver", "Depuis plus de quatre ans", "De l’aurore au couchant").

II) Une veuve brisée

1) Le déchirement

La perte de l'homme qu'elle aimait constitue pour Louise une épreuve particulièrement douloureuse et brutale ("La guerre a pris Fernand", "Sur sa peau la poussière / A comme un goût de sang", "voit son homme qui agonise" × 2, "Louise / Qui tombe à genoux en pleurant / Sans fin", "Mais quand cessera de souffrir / Le cœur de Louise ? /Mais cessera-t-il de souffrir / Le cœur de Louise ?).

2) La révolte

Elle se rebelle contre la terre entière de ce terrible coup de poignard qu'elle vient de recevoir en plein coeur. Louise refuse d'écouter les beaux discours qu'on veut à tout prix lui servir sur le sacrifice de soi ("Tant de rage en dedans", "Ma fille, soyez fière / Louise a serré les dents", "Alors elle insulte le vent", anaphore : "Louise hurle sa colère" × 2, "Mais personne n’entend", "elle insulte ce chant…").

III) La guerre : un exercice de manipulation

1) L'Armée

Les conscrits, bercés par les sirènes de la propagande, ont crû à leur retour rapide au foyer ("Plein d’ardeur militaire / Le sourire conquérant", "Retour avant l’hiver", "Ils étaient si confiants", "Les gars on va s’les faire / Ces salauds d’Allemands !", "Ces soldats aux rires impatients", "Au loin / Les attendait la gloire acquise", "une victoire sitôt conquise / Comme on cueille une fleur au printemps").

2) L'Église

La religion demande de se résigner face à la mort. Louise refuse de se prêter à cette mise en scène de l'affliction, à cette ridicule mascarade sociale ("depuis longtemps / Ne va plus au cimetière", "Une croix pour un absent / Au fond, à quoi ça sert, "Le curé l’œil sévère / Peut l’attendre au tournant / Qu’on invoque l’enfer / Elle s’en moque à présent / Au diable les prières / Et le recueillement").

Merci pour ce partage !

   Thimul   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La colère, le désespoir de Louise et de tant d'autres, pulse à travers ce texte.
Alors, c'est sûr, certains vers sont loin d'être parfaits, mais la poésie et l'émotion sont là.
C'est bien le principal.

   Corto   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
"Ce matin comme hier". Dès le premiers vers et sans qu'on le sache, tout est dit. Les hommes embrigadés sont partis au loin se faire tuer malgré les promesses du haut commandement.
"Ce matin comme hier" les femmes ont pris le relais de toutes les missions de survie, aux champs et dans la ferme.
Et pour Louise le drame est survenu et "Ce matin comme hier" elle doit survivre même en pleurant: "Alors elle insulte le vent". Sa vie s'est écroulée, l'avenir n'existe plus.
Ni les cloches de l'église ni même la Marseillaise ne peuvent la consoler: "Alors elle insulte ce chant…"
Très belle fresque sociale et intime pleine d'émotion, de courage, d'amour, de révolte, de désespoir. La composition du texte permet de s'imprégner du drame collectif et individuel.
Merci.

   Bidis   
7/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai beaucoup aimé le couplet "Ce matin comme hier" jusqu'à "Louise a serré les dents". Je trouve que pris tout seul, il a plus de force que si on lit le texte en entier.

   FANTIN   
13/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Long poème rimé dont le fond fait vite oublier la forme contrainte.
Belle et triste évocation d'une époque que les noms comme les détails restituent avec suffisamment de réalisme.
On est touché par la détresse et la révolte de cette veuve aux champs que ne consolent ni la religion, ni l'honneur et la grandeur proclamés du sacrifice à la patrie.
J'ai aimé la simplicité et la force de la langue, et ce personnage de Louise, si humain et criant de vérité.


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