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Poésie en prose
unpietrebabouin : Ces jours-ci sont éreintants
 Publié le 28/06/10  -  9 commentaires  -  1765 caractères  -  140 lectures    Autres textes du même auteur

Fruits, musique, souvenirs, poésie : quel charmant mélange. Ou alors ça ne fait qu'un ?


Ces jours-ci sont éreintants



Persiennes, fenêtres, mangues, sueur ambrée des abricots ; nous mangerons. Pommes, pastèques, bananes, esquisses de pépins et de noyaux ; nous aimerons. Fruits. Nous viendrons aux jours de soie, goûter les miels où les ciels seront salés et les horizons prendront douches. Nous nous rirons des vignes, et nous presserons le raisin ; nous mêlerons nos pieds, la terre, l'ocre de nos paumes aux fruits ; le jus coulera. Dans nos rires, nous danserons. Nous connaîtrons les plumes, lisses, des humeurs numides, des souffles éteints ; des airs négligents, qui pendent aux ailes des corbeaux.

Ces jours-ci sont fatigants. L'ennui se tient, debout, ses manches pleines d'as de pique et de valets.

Sa langue tourne.

Il fait mourir les verres et les corbeilles.

Ses mains sont chargées de ballets de fruits et de bouées.

Il fait danser les dés dans sa prose de grand Mazeppa.

Il dresse des mélodies décousues les unes après les autres.

Il te tient entre ses mains de bayadère et ses hanches de fruit mou.

Fruits amers, étranges, serrés dans une ombre ou un éclair. Ils éclatent dans la transparence, mûrissent, poussent sur les dos des murs, aux feuilles des briques rouges, derrière les lierres, les sauges, en longues tresses de coton, en longues tresses de musique où les notes s’égrènent, en longues colonnes de fourmis sur les arêtes de rivages déserts. Ah ! Fruits, fruits, fruits. Oh ! Fruits fruits, fruits. Fruits, vous dansiez. Vous dansiez.

Ces jours-ci sont épuisants

J'ai cru mourir d'attendre

Ces jours-ci sont épuisants

J'ai cru nourrir d'entendre

Billie chanter

Ces jours-ci sont éreintants.


 
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   Lunastrelle   
24/5/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Au départ, je trouvais que la prose faisait un peu catalogue, et j'avais du mal à accrocher. Heureusement, cette manière d'écrire change totalement à partir de ce passage là, que j'aime beaucoup:

"Nous mêleront nos pieds, la terre, l'ocre de nos paumes aux fruits; le jus coulera".

Et après je décolle littéralement, transportée par le kaléidoscope d'images que nous propose l'auteur. Il faut croire que je serai toujours aussi sensible aux propos qui sont forts, et qui peuvent paraître hermétiques. Je citerai pour exemple:

"L'ennui se tient, debout, ses manches pleines d'as de piques et de valets.
Sa langue tourne.
Il fait mourir les verres et les corbeilles."

"Ils éclatent dans la transparence, mûrissent, poussent sur les dos des murs, aux feuilles des briques rouges, derrière les lierres, les sauges, en longues tresses de coton, en longues tresses de musique où les notes s’égrènent, en longues colonnes de fourmis sur les arêtes de rivages déserts."

D'autres passages me plaisent moins, mais sont très évocateurs quand même:

"Il te tient entre ses mains de bayadère et ses hanches de fruit mou"

Une lecture agréable au final... J'ai une question par contre, au niveau du sens: est-ce une anecdote d'un jour de récolte, ou simplement d'un jour où l'on se prélasse au soleil, devant les souvenirs d'un paysage? Ou alors, l'interprétation peut-être libre?

   LEVENARD   
7/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est souvent comme ça : trop ou trop peu...

J'ai trouvé le début maniéré, plutôt gratuit. Bien évidemment, c'est une lecture personnelle que de vouloir trouver un sens "clair" et ça n'engage que le lecteur...

J'ai trouvé toutefois de belles formules (même si le mot peut déplaire):
L'ennui se tient debout, ses manches pleines d'as de piques et de valets.
ainsi que la suite qui impose lentement le chant du blues dans sa paresseuse nostalgie

Mais, j'y reviens, fallait-il cette seconde strophe :

de : "Persiennes, fenêtres, mangues,...
à : "qui pendent aux ailes des corbeaux."
qui détonne, parce que je veux entendre de préférence la seconde partie comme le poème, comme sa clé.

Il y a un étrange rapprochement ( qui fait l'efficacité du texte) entre l'ennui et les diverses errances bénignes qu'il provoque et l'émergence soudaine et tragique du chant de Billie qui transforme l'ennui en malaise (je lis clairement une allusion au Strange fruit de Billie Holliday, que l'on me détrompe s'il s'agit réellement d'une affaire de salade de fruits !)...
Je pense qu'il faut lire 3 lignes avant la fin
J'ai cru mourir d'entendre (et non nourrir ? comme écrit, sinon, le jeu de mot est osé, j'en conviens, mais ne me convaincs pourtant pas).

Texte à mon sens relevé plein de promesse. Bonne route ( on va dire la 66 !)

Un regret, le négligé de l'orthographe. Sans doute cela sera-t-il corrigé en cas de publication, mais ici, on est à un point de rupture où le sens même en devient incertain...

   Anonyme   
28/6/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
le début du poème m'avait un peu ennuyé, mais très vite j'ai vu que cela n'avait rien avoir avec une simple description, il est étrange.

quand tu parles de Billie et de fruits, immédiatemment me vient en tête la chanson: "strange fruit".

désolée, je ne vais pas être constuctive, ton poème me rend perplexe, je n'arrive pas à décoder l'ambiance, mais malgré tout, je suis sous le charme d'un monde familier et irréel à la fois.
il y a la force d'une complainte, un chant, un petit truc que je n'arrive pas à définir, mais ton poème ne m'est pas pour autant hermétique.

   tibullicarmina   
28/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'auteur de "Bribes de Turquie" récidive et signe un texte sans aucun doute plus achevé et moins décousu. L'un des points fort de l'auteur est la richesse verbale et "l'exotisme" de l'inspiration.


"Persiennes, fenêtres, mangues, sueur ambrée des abricots ; nous mangerons. Pommes, pastèques, bananes, esquisses de pépins et de noyaux ; nous aimerons. Fruits. Nous viendrons aux jours de soie, goûter les miels où les ciels seront salés et les horizons prendront douches." Ces premières lignes sont les plus mauvaises du poème: elles ont quelques chose de surfait et, on l'a dit, de maniéré.

Puis l'écriture devient plus simple, en rapport avec le thème de l'ennui qui structure le texte. Qui pense à l'ennui pense au spleen et à Baudelaire. Or l'influence de Baudelaire est bien présente dans cette évocation du jeu de carte (cf. l'un des "spleen"). Pourtant, l'originalité du traitement est certaine: l'ennui est personnifié puis il est métamorphosé en fruit: "ses hanches de fruit mou."
L'auteur laisse alors éclater sa prose dans le second long paragraphe suggérant la richesse de ces fruits.

Le poème est original en ce qu'il mêle le thème d'un ennui "éreintant" et des images "exotiques" de fruits, de musique. Or cette évocation n'a pour moi rien qui me donne à ressentir l'écrasement, l'éreintement de l'ennui. C'est pourquoi en ce qui me concerne, les derniers vers tombent à plat. A moins que l'auteur n'ait voulu suggérer cette fatigue dans un trop plein verbal, une trop grande richesse. En ce cas, il n'en fait pas assez.

Bref, ce poème me laisse perplexe: il parle de l'ennui mais ne cherche pas à suggérer cet ennui, ou bien s'il le fait, c'est de façon timorée: soit le poème est trop court, soit il n'est pas assez dense. En tout cas, je ne ressent pas du tout cette impression d'écrasement que doit laisser la peinture de l'ennui. C'est le principal défaut de ce texte.

A mon avis, ce poème est à retravailler un peu.

   brabant   
28/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
C'est beau, l'impression est favorable. Cela fait exotique, souvent oriental.

Je m'y perds un peu: Mazeppa, bayadère, Billie.

- Je me dis que l'auteur a joué sur "prose" et je pense ""pose"" de grand Mazeppa.
- "ses hanches de fruit mou" me choquent. Beurk !
- Qu'est-ce que Billie vient faire ici ? C'est occidental, ça !

Ce texte serait-il oecuménique ? Il y a trop de soleil, trop de senteurs particulières (spécifiques ?), goût sucré, pour cela.

-"ses mains sont chargées de fruits et de bouées", ça aussi, ça me choque. Il y a des images qui sont laides.
- les "mélodies décousues" ! Amusantes avec "bayadères" et "mains de bayadère". Il y a des images qui sont belles.

L'une de mes grand-tantes faisait tourner sa langue pour terminer son verre de Marie-Brizard. "C'est bon, Léonie !" Satisfaction (in french).

Quel "mélange" en effet !
"Charmant" ? pas forcément.
Disparate... C'est certain.

Je cherche une unité.

Vous avez dit: "fatigants/épuisants/éreintants", pourtant les jours sont ici suspendus.

C'est peut-être cela qui me plaît.


Edit.: Chapeau pour l'analyse de tibullicarmina.

   Anonyme   
29/6/2010
Un texte qui semble hésiter entre plusieurs tendances : être ou ne pas être surréaliste, être ou ne pas être porteur de sens, et lequel...

Je suis perplexe, mais positivement perplexe, parce que ce texte m'a aimantée et que j'ai eu envie de lire et relire et relire encore, et que, bien qu'il refuse de me délivrer certaines choses, ou peut-être justement grâce à ça, je suis toujours là :-)

Je ne sais pas si la chanson de Billie prête une partie de son message à ce texte, en tout cas je n'y retrouve rien de son "strange fruit", et du coup je ne comprends pas bien l'allusion, à moins qu'il ne s'agisse d'une Billie tout à fait lambda, ou que l'auteur ait volontairement zappé le message de la chanson d'origine, mais alors pourquoi cette référence ?

Le grand Mazeppa aussi me laisse sur le carreau.

Je n'aime pas du tout quelques passages, notamment :
"goûter les miels où les ciels seront salés et les horizons prendront douches." C'est quoi cette histoire de douche ? Voilà un exemple typique où on se dit "OK, surréalisme pur, cherche pas". A ceci près qu'ici, la sauce ne prend pas, je déteste ces douches.

Mais bon, juste après on a de petites merveilles de sensualité comme :
"nous mêlerons nos pieds, la terre, l'ocre de nos paumes aux fruits ; le jus coulera", où on a ici clairement une recherche esthétique, qui donne d'ailleurs un beau résultat à mon goût.

Et puis cet ennui, cette fatigue, ces "jours éreintants"... mais qu'est-ce ? Je cherche, j'ai des visions de sud des Etats-Unis, d'esclavage (oh tiens, le "strange fruit" qui arrive par la bande, peut-être ?), de langueur d'été chargé de fruits, de poussière et de jazz, de blues...

Mais non, décidément, il faut se laisser porter par les notes et les lumières que dégage ce texte, et puis tant pis pour le sens, après tout je m'en fous, c'est trop éreintant de chercher... ;-)

Ah oui, je suis aussi très déconcertée par ceci :
"J'ai cru nourrir d'entendre".
Nourrir d'entendre ?
Alors, là, décidément, ma raison déclare forfait, mais je continue à apprécier le climat.

   David   
29/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Unpiètrebabouin,

J'aime bien cette fantaisie des mots, j'aime aussi la nuance, la tension, je ne sais pas trop... celle qui est déjà dans "éreintant", qui se retrouve parfois :

"Ces jours-ci sont fatigants. L'ennui se tient, debout, ses manches pleines d'as de pique et de valets."

"Ces jours-ci sont épuisants

J'ai cru mourir d'attendre"

Les mots quittent un peu leur "langue d'illuminés" par ce biais, dont le mystère fera la chute, sans non plus donner des airs de messe noire au poème.

   silene   
20/7/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Billie qui ? Holiday ? Si c'est le cas, c'est pas la franche gaîté.
Je ne sais pas trop, ce déballage qui me semble un peu facile et gratuit a de temps en temps une belle image, qui me parle.
Je ne comprends pas grand chose en poésie, à vrai dire, en tout cas dans les formes échappant aux contraintes formelles. J'ai un vague sentiment de bluff et de clinquant un peu artificiel, mais il est possible que je ne décode pas bien.

   Coline-Dé   
30/12/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je suis partagée : le début ne m'accroche pas trop en dépit d'invites exotiques.
Le sens m'échappe ( ce qui me dérange assez peu en poésie, si la musique d'ensemble me plaît) sauf cette claire référence à Strange fruits et à Billie qui me fait orienter mon interprétation vers un musicien... Du coup, j'entends différemment la répétition lancinante de fruits, fruits...
J'ai beaucoup aimé certaines images :
"Il te tient entre ses mains de bayadère et ses hanches de fruit mou." qui évoque plus pour moi un instrument de musique qu'une femme et demeure donc dans la cohérence de mon interprétation...
J'aurais presque envie d'entendre la musique...
Il y a dans ce texte un charme que je n'arrive pas bien à définir, mais qui opère.


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