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Poésie libre
unpietrebabouin : La la la
 Publié le 27/10/10  -  8 commentaires  -  2955 caractères  -  79 lectures    Autres textes du même auteur

Nuits de Chine, nuits câlines, nuits d'amour...


La la la



Le mur s’est empressé de tout vêtir
De pierres roses et pâles
De pierre rose fontaine
Pour laisser couler l’aube
D’un bout de ciel crevé

Et ça coule

J’ai
Deux bouts de nuits mortes
Au fond d’une poche
Somme
Il n’y a pas à rêver

J’ai
Deux bouts de grives
Aux ailes coupées
Pour laisser couler l’eau

J’ai
Une pierre fade
Ronde comme ma poche
Dure dans mon ventre
Et des parfums qui poussent
Au dos des arbres

J’ai des lierres et des mousses
Pour en changer le tronc
J’ai planté des chardons
Et des ronces vestales

J’ai deux trois beaux soleils
Crevés
Dont les cendres se rependent
Comme un feu d’empire

J’ai vu les formes que le paysage vient boire
J’ai vu les couleurs serpentines
Glisser, et glisser
Quitter
Dans l’attente
Et venir emplir
La matière des fantasmes

J’ai des sons et des sons à l’habit délétère
J’ai des airs qui ne me quittent plus
J’ai le son qui se balance
À une liane de mue
La nuit y est venue pendre ses mythes

Il faut quitter, quitter ces yeux trop usés, utilisés, pour les ôter et les glisser au fond d’une poche. Les caresser. Imaginer un peu un contour de monde, en faisant semblant de croire que la poésie, après tout, dans ses mots nous donnera l’illusion de la transcendance. Tant de rues à remonter, de marches à gravir, de femmes et d’hommes à baiser, trop de livres à lire, de soleils d’oxyde à faire imploser dans la brume d’une pièce d’angoisse, et des espoirs fixés sur les courbes de chaque femme, à la chevelure de mots communs, aux yeux naïfs, pour s’y refléter. Trop de couleurs à décrire, de musique à faire mots et les voir éclabousser le sol de pièces imaginaires et larges et grandes comme notre cerveau. Trop de choses dans cette chambre, d’une pâleur de caveau, de pétales qui font figurer les fauteuils dans la tournante du sable, la caresse de l’érable, le long d’une gorge chaude et dure de fer forgé. Trop d’émissions télégraphiques perdues, oubliées, que personne ne viendra plus quêter, condamnées à glisser sur les corps d’étoiles sans pointes, dans le galbe dur et large et si froid du ciel… Trop de jouissances à comptabiliser, de bonheur à spéculer, pour voir se cristalliser l’humeur dans la transhumance prochaine.

Les écluses ont compté mes pas
Les champs furent labourés
J’écobue le glas
Des paroles
Imprononcées
De tous les mots pour un poème à ne plus écrire

Les obus de la guerre roulent dans les écluses
Pour se laisser bercer
Par mes épaules
Les obus de lilas explosent comme des aveux
Les obus de l’aube
Font l’esprit langoureux

Il y a
Deux cerfs
Et un étang

Il y a
Moi
Dans ma chambre qui pense qui pense


 
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   Lunastrelle   
18/10/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le petit morceau de prose inséré dans le libre n'est pas assez mis en valeur je trouve... En fait non, c'est plutôt l'inverse: tout ce qui gravite autour de lui, ces vers libres qui paraissent ébréchés, ne sont pas assez "prenants"... Ils ne prennent pas assez l'espace autour, je ne sais si j'arrive à me faire comprendre...
Une sorte de chaos autour de l'unité que forme la prose, par exemple en centrant certains passages, ou en décalant tout simplement...
Après, c'est strictement personnel comme point de vue, et cela ne m'empêche pas d'avoir beaucoup apprécié l'ensemble... Notamment au niveau des images, qui sont empreintes de douceur, mais aussi d'une "force tranquille", si je peux dire ça ainsi...

   LeopoldPartisan   
21/10/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voici un texte qu'il faut lire et relire pour bien s'imprègner de toute la (les) poésies qu'il renferme en lui. La structure est originale tout en restant vraiment cohérente. L'incruste de poésie en prose est bien amenée tout comme ce final qui m'a vraiment fait pensé à la géniale scène final de Brasil de Terry Gillian. nos yeux fenêtre de notre univers...

Bine et même tres bien pour ce frisson là.

   Anonyme   
21/10/2010
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Je n'ai pas été vraiment convaincu par ce texte qui n'en finit pas de se chercher mais qui ne se trouve pas. Le ton me semble forcé, et l'effort devient très vite pesant. La partie en prose me semble assénée et n'est jamais très heureuse. Désolé, je n'ai pas vraiment aimé même si je salue les intentions louables de l'auteur.

   Marite   
27/10/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est tout à fait ce qui se passe ... impossible d'arrêter les pensées, les images d'une vie, elles se succèdent, s'entremêlent, "la, la, la"...
Ici, tout est poétiquement exprimé. Les vers, courts se succèdent au rythme des pensées. Particulièrement aimé:
"J’ai deux trois beaux soleils
Crevés
Dont les cendres se rependent
Comme un feu d’empire"
La partie en prose était nécessaire pour endiguer le flot ...Et au final:
"Il y a
Deux cerfs
Et un étang

Il y a
Moi
Dans ma chambre qui pense qui pense"

J'ai tout aimé ! merci pour ce bon moment !

   Anonyme   
27/10/2010
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai pris le temps de lire et relire ce poème : certaines choses me gênent vraiment et d'autres glissent parce qu'elles ont une couleur poétique indéniable.
Je n'aime pas le passage en prose avec cette phrase :

"Imaginer un peu un contour de monde, en faisant semblant de croire que la poésie, après tout, dans ses mots nous donnera l’illusion de la transcendance".

Il y a ici une rupture "dommageable" avec ce qui précède; nous sommes dans un poncif "verbeux" : cet espèce de constat mélancolique qui nie à la poésie sa force suggestive, émotionnelle, alors que de nombreuses strophes s'évertuent (on sent tout de même le travail appliqué pour que la langue fasse ses "effets"...) à nous dire le contraire, avec des résultats.

Je n'aime pas cette strophe :

"J’ai deux trois beaux soleils
Crevés
Dont les cendres se rependent
Comme un feu d’empire"

Elle est syntaxiquement et rhétoriquement "trop" correcte : le pronom relatif et l'outil de comparaison lui ôtent cette légèreté et cette liberté de la construction libre qui se retrouve dans les autres vers.

Après, de nombreuses strophes jouent (souvent) avec assez de réussite sur les thèmes de la nature et de l'onirisme, donnant à l'ensemble une couleur abstraite et mélancolique qui nous emportent gentiment.

   Lariviere   
28/10/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Il est beau ce poème... Il y a un style, un sujet maitrisé, de la profondeur sous l'apparente simplicité, du rythme et beaucoup de force dans ces images aux couleurs poétiques...

J'aurais juste aimé savoir si l'emploi de "crevé" a deux reprises était intentionnel ou non ( "D'un bout de ciel crevé", strophe 1, vers 5 / J'ai deux trois beaux soleils crevés", strophe 6, vers 2)

Sinon, j'ai tout aimé, même et surtout l'emploi de répétitions pour donner un plus gros impact aux idées et aux images. J'ai apprécié aussi, la coupure du passage en prose que j'ai trouvé bien réalisé. Les états d'âmes restent intéressants et le rythme, même en changeant, reste synchrone. Ca ne heurte pas... Il y a une belle réussite sur le rythme.

En fait, j'ai tout aimé, sauf le titre...

Merci et bonne continuation !

   Anonyme   
28/10/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je me permets de vous dire que votre titre n'appelle pas à la lecture. Un renvoi au Chabadabada d'Un homme et une femme? Comparativement à l'œuvre, il semble un peu facile, pauvre. Dommage.

Il y a de très belles choses dans le rythme d'abord. Puis dans la pudeur cachée sous des termes durs, impactants.
C'est intéressant au niveau lexical aussi. Les champs ou réseaux empruntés ont une logique, et ça passe très bien au niveau du vocabulaire : l'étalage n'est pas ostentatoire et c'est déjà un bon point.
Il y a effectivement comme un air (La la la) entêtant qui vient accompagner la lecture, c'est très musical.

J'm beaucoup l'alternance vers libres et prose. Ici, l'exercice est bien réussi.

Cependant, à mon grand regret, cette poésie ne m'a pas vraiment parlé. Peut-être qu'au delà des images réussies, la raison est à rechercher dans ma manière d'aborder le fil de pensée de l'auteur.

   Anonyme   
20/1/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Désespérance tellement lucide.

La force de votre texte permet de sentir et partager avec vous, le vide, le manque, l'absurde.
Cependant, je vous rassure, ce n'est qu'une impression.
Votre sensibilité poétique nous fait voir la beauté, d'où peut être cette exigence.

Continuez à écrire, je vous lirais avec plaisir.
J'ai beaucoup aimé, l'ensemble de vos textes,d'ailleurs.


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