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Poésie libre
Vincente : Dans l'espace le jeu
 Publié le 13/09/20  -  11 commentaires  -  815 caractères  -  271 lectures    Autres textes du même auteur

Suscitation.


Dans l'espace le jeu



Dans l'espace et le jeu
entre moi-même et l'au-delà
il y a eux
dans l'interstice
la chaîne humaine qui m'enchaîne
au bon vouloir de mon sang

nous nous tenons sur la ligne d'infini
entre la conscience et l'oubli

ce que je sais de moi à l'instant de ma vie
se contient dans cet infime espace
j'existe en moi en cela
j'existe par moi je me suis vu

hors de moi mes proches vivent à mon gré
les vivants comme les morts
je les fais s'animer
dans l'ombre de mes cils
à la lumière de mes paupières

la preuve
quand je dors ils se baladent dans l'envers et le travers de moi

la preuve
quand je meurs
ils disparaissent de mes soucis

dans le jeu de mon Je se tient ma vie suscitée


 
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   Robot   
13/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Si je trouve une première qualité à ce texte c'est d'avoir su utiliser les possibilités offertes par la rédaction libre. J'ai aimé le fond avec quelques restrictions de construction dont je vous fais part.

L'utilisation du nous dans ce passage qui dépersonnalise alors que tout le reste est au "je"

Et le dernier vers qui me paraît superflu. J'aurais terminé sur les 3 vers qui précède.

Pour le reste cette articulation entre le "jeu" le "je" et l'espace m'a plu par la perception qu'il porte sur l'en-soi du narrateur et la perception de sa profonde intimité.

   Anonyme   
13/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une excursion claire et limpide dans la réflexion de soi, là, maintenant et après.

Dans ce cheminement, j'ai bien aimé la chaîne humaine dans l'interstice. Cet espace où tout se joue (avec et sans jeu de mots), ainsi que l'imbroglio né entre ''la chaîne humaine qui m'enchaîne au bon vouloir de mon sang''.

Je ne sais pas analyser bribe après bribe, mais ce que je sais c'est que ce poème interpelle quelque chose de profond en moi. Cela suffit à allumer les images, et dans leurs ombres chinoises palpite le rouge vif d'une humanité qui me touche en tant que sœur d'esprit et de sang.

Le dernier vers me semble superflu. J'aurais tenté pour ma part de glisser ailleurs dans le texte ''la vie suscitée'', que je lis ''vie ressuscitée'' tant elle est brillante, et tant elle renforce l'impression du ''je'' (hum... pas certaine que je me fasse bien comprendre... tu me diras ?)

Merci Vincente, pour le partage


Cat

   Castelmore   
13/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Vincente,

L’enfer c’est les autres ...
cette « chaîne humaine qui m'enchaîne » ?

Non me semble-t-il , vous vous en accommodez et défiez le pessimisme de Sartre ...
car le Je domine le Jeu, même au delà de la mort.

J’aime bien l’idée !
J’aurais aimé cependant une forme moins directe dans l’expression... plus évoquée ...

Belle journée

   Anonyme   
13/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Vous parlez surtout ici du rapport que nous entretenons avec nos morts, mais vous êtes tellement plus honnête que les délires spirites du marabout qui tient un stand tous les jeudis sur le marché de mon village…

Je traverse comme vous ce no man’s land, cet espace entre la conscience et le néant (ou l’au-delà, selon le statut que chacun lui accorde). J’ai la chance pour l’instant que mon sang pleure mes ascendants plutôt que mes descendants. Il me manquait parfois des mots pour exprimer la lumière de mes paupières. Je crois que les vôtres trouvent une résonance en moi, particulièrement :

la preuve
quand je meurs
ils disparaissent de mes soucis


qui signifient évidemment : « si je ne pense plus à eux, c’est comme si j’étais mort »

J’aime moins « l’envers et le travers de moi » qui sent déjà son vocabulaire philosophique. Le dernier vers (dans le jeu de mon Je se tient ma vie suscitée) rompt la poésie pour n’être justement que philosophie. Vous l’avez si bien dit avant, pourquoi le sublimer dans ce dernier raccourci ?
Bellini

   Malitorne   
14/9/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Ce n’est pas une poésie facile d’accès et d’ailleurs je me demande si c’est vraiment une poésie, nous sommes davantage dans une réflexion métaphysique. Il n’y a pas beaucoup de musicalité ni d’harmonie des vers, juste matière à penser. À ce niveau mon ressenti est que nous avons affaire à un point de vue typique du courant idéaliste, qui fait exister les choses et les êtres à travers nos yeux. Le réel n’est élaboré que par le prisme de nos idées et n’a pas de consistance indépendamment de notre perception. Le « Je » reste pivot du monde, quand il disparaît il n’y a plus rien.
On retrouve aussi de vieux énoncés philosophiques, ainsi « j'existe par moi je me suis vu » me semble être ni plus ni moins qu’ une transposition du fameux « Je pense donc je suis ».
Je ne partage pas cette approche de l’existence dans la mesure où, d’une part elle est trop autocentrée, d’autre part accorde une primauté exagérée à la conscience. La matière ne se révèle pas parce que nous la pensons mais parce qu’elle interagit avec les mêmes atomes qui nous constituent. Il faut imaginer l’univers comme une immense soupe énergétique faite de résonances et de vibrations, un tout indissociable inscrit dans un espace/temps. D’où les problèmes d’interprétation de la mécanique quantique quand nous atteignons ces échelles où nous sommes face à nos propres composants. L’expérience se confond alors avec le regard de l'observateur.

   Pouet   
14/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

je suis mon prochain. Jeu de pistes.

Comme un marionnettiste sur le fil de l'instant.

Un poème réflexif bien sûr, un poème qui tente de dire, d’émettre des sentiments, des sensations, des états de fait.
Clair/obscur métaphysique (dans l'ombre de mes cils/à la lumière de mes paupières), nous voici avec les yeux ouverts sur un intérieur projeté.

Il s'agira de voir pour peut-être se trouver - les yeux fermés...

   Yannblev   
14/9/2020
« j’existe par moi je me suis vu »

« Je est un autre » disait l’Arthur à Demeny, ici a priori l’autre n’est pas JE. JE ne lâche rien à l’autre au moment de considérer ce qu’il est vraiment, ce qu’il fait et ce qu’il en pense.

Un poème, une réflexion plutôt, quelque part antithèse de la pensée rimbaldienne qui estimait que la création artistique, la poésie, ne naissait que lorsque la parole échappait au surmoi… ce moi qui échappe à JE ou le complète.

La question éternelle et débattue reste de savoir si JE suffit toujours à définir ce que « je suis », quand même si « je » cartésien pense que oui, ça reste à débattre.

Merci d’avoir posé ce sujet.

   Vincente   
15/9/2020

   papipoete   
16/9/2020
bonjour Vincente
Je m'applique à venir sous pratiquement toutes les parutions ; la vôtre ici m'a décontenancé par votre savoir, le miens baisse les yeux et me ferait presque rougir.
Je comprends à mi-mot que vous avez un lien ténu, entre vous et vos disparus, qui parfois vous approchent...reparus !
NB bien sûr qu'il y a mille subtilités dans cet écrit, dont la partition me semble relever d'une profonde réflexion ; moi et mes fabulettes, mes auto-portraits et portraits tout court, ne joue point dans votre cour, et il est bien tard pour cet art de me faire un cours...
je constate que l'on vous lit ci-dessous, avec force compliment ; c'est que votre écrit avait toute sa place dans ces colonnes !

   Lulu   
19/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Vincente,

J'ai parcouru ce poème il y a un petit moment, et ne l'avais pas commenté faute de temps, souhaitant surtout le relire plus tranquillement.

Je me souviens que lorsque j'avais vu le mot "Suscitation" en exergue, cela avait été comme un frein. Un autre mot, et donc bien avant d'entrer dans le poème m'aurait davantage plu, celui de "Suggestion". Mais je ne suis pas l'auteure et n'ai pas à choisir... Je crois que c'est surtout le fait de n'avoir jamais vu ce terme en tant que nom. Merci, donc, Vincente, pour me l'avoir fait découvrir... Je suis si loin de connaître tous les mots...

Les premiers vers du poème m'ont faite entrer, curieusement, à la fois dans ce que tu as exprimé en forum - oui, je viens d'y jeter un oeil après ma relecture - soit l'idée exprimée par le terme "au-delà" et, paradoxalement, dans celle du rêve d'un jeu plutôt poétique. C'est d'ailleurs, plus dans cette veine que j'ai vraiment lu ton poème, oubliant presque ce mot "au-delà" qui est pourtant bien exprimé dans le second vers.

Ce qui m'a poussé à oublier cet "au-delà", cette mort pensée, puisqu'il faut bien aussi l'appeler par son nom, avec un temps qui la suit, ce sont ces vers qui ont maintenu cette dimension rêvée du narrateur et que je trouve belle en soi :
"nous nous tenons sur la ligne d'infini
entre la conscience et l'oubli"

"Entre la conscience et l'oubli", comme ce temps du rêve, finalement, où chacun se perd dans son sommeil ou son aspiration...

Au niveau de la troisième strophe, j'ai trouvé intéressant, et pardon si je m'éloigne, mais ne lit-on pas avec aussi ses propres perceptions d'un poème, ce qu'il peut véhiculer ou porter, de développer sur quelques lignes l'écho d'une vie très vite allée en toute conscience, comme si la vie avait compté, tout en étant encore pleinement vécue. Je me suis juste interrogée sur la seconde partie du dernier vers "je me suis vu", mais je réalise, à l'instant, qu'il s'agit, manifestement de cette conscience évoquée qui ne fait que renforcer "j'existe par moi". Le passé composé semble seulement marquer le temps écoulé dans "cet infime espace" en rapport à une dimension qui nous échappe tous.

J'ai beaucoup aimé le premier vers de la quatrième strophe "hors de moi mes proches vivent à mon gré", tout comme les suivants "les vivants comme les morts / je les fais s'animer"... "les vivants comme les morts" et ce rapport au pronom "je" si bien exprimé poétiquement et qui, dans ma lecture, s'apparente à un joli rêve qui n'en dénote pas moins une réflexion profonde exprimée en forum, soit le rapport à autrui, à son entourage aussi, dans et hors la vie, dans sa propre vie et dans ce qui se poursuit avec ou sans soi.

J'ai aussi bien aimé l'entame de la cinquième strophe : "la preuve"... On y lit un jeu évident que le vers suivant ne dément pas. Ce vers "quand je dors ils se baladent dans l'envers et le travers de moi" m'avait d'abord semblé long à la première lecture, mais c'était bien relatif, puisqu'il n'en est plus rien. Je crois qu'un texte mérite d'être lu, souvent, pour être appréhendé autrement, parfois, avec la distance, le recul.

La répétition de "la preuve" m'a paru belle dans ce qu'elle annonce de sérénité. J'ai d'abord songé cela pour le narrateur qui n'a alors plus de soucis sans que cela ne l'éloigne véritablement de ses proches, étant restée dans l'esprit d'une mort proche du rêve, soit du sommeil. Mais en second lieu, j'ai lu cette partie comme une réflexion sur ce que tu as développé en forum, soit sur le fait d'être simplement ailleurs, parti, soit mort et sans tourments dans l'esprit de quelqu'un qui se confronte à une certaine réalité.

La beauté d'un poème, d'une poésie, ou de la poésie est sûrement d'abord dans la sincérité des mots et je crois te l'avoir déjà dit... Désolée de me répéter (je souris).

Le dernier vers m'a surtout fait m'interroger sur ce terme que je connais davantage ainsi, en tant que participe passé "suscitée" pour "ma vie suscitée".

J'ai le sentiment que dans ce poème, tu as mis en scène un "je" qui parvient à interroger sa présence, tout comme ce qui peut le dépasser dans son rapport à la vie ou à la mort, de façon tout à fait poétique.

Je ne suis pas sûre d'avoir été claire dans mon commentaire... Mais j'aurai bien sûr beaucoup de plaisir à te relire.

   Davide   
19/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Vincente,

Un poème qui parle du je(u) de la vie, celui de notre passage sur terre, conditionné par cet héritage millénaire, l’hérédité aussi, nous sommes les maillons d’une chaîne humaine qui s’augmente à l’infini.

Le terme "espace", en plus de faire entendre "l’espace de temps", désigne le lieu-espace, celui où s’établit notre existence, cet univers d’abord, cette planète terre ensuite, ainsi que tous les lieux familiers qui constituent notre terrain de je(u), à l’image d’un enfant qui voit en sa chambre, en son jardin, une aire de jeu immense où se goûter, où faire l’expérience de lui-même.

J’ai trouvé très approprié le mot "interstice", comme une petite fissure dans la maille de l’univers, une ouverture insignifiante qui nous ramène à notre humilité, à notre condition d’homme et de femme, à l’échelle du temps cosmique. D’ailleurs, constamment, le vocabulaire nous remet à hauteur d’homme, dans des rapprochements quasi oxymoriques, voire antithétiques : "instant de ma vie", "infime espace"…

Ligne d’infini, comme une ligne de fuite, symbole du temps qui passe, l’existence, tel un cours d’eau, a son amont et son aval, son alpha et son oméga, circonscrite par le non-être et l’oubli, son avant et son après.

Dans la troisième strophe, les considérations se font plus ontologiques : j’y ai apprécié le jeu de mots "j’existe en moi" dérivé de l’expression "exister en soi", avançant l’expérience d’une "existence individuée", indivisible, entière en elle-même ("j’existe par moi"), comme si le fait de notre existence était un "en soi", je suis parce que je suis, et pour aucune autre raison.

Nous sommes chacun le centre d’un univers de pensées, d’émotions et de plein d’autres choses/non-choses, et nos "proches" gravitent autour de nous, à la périphérie de nous-mêmes. Fermer les yeux sur le monde le fait s’éteindre, comme si notre existence (avec nos perceptions) faisait exister l’espace qui nous accueille, les êtres qui gravitent autour de nous et avec lesquels nous entrons en interaction. L’enfant se cache les yeux avec ses mains pour disparaître, pour ne plus être vu. Si nous n’existions pas, quelle preuve aurions-nous de l’existence de l’univers, et quelle preuve aurons-nous de sa pérennité dans notre mort ?

Cette vie sus-citée suscite l’étonnement, mais un étonnement d’enfant qui se questionne, désarmant de naturel, à moins qu’il ne s’agisse d’un adulte, dans son bac à sable, s’amusant à retourner le sablier du temps qui s’égraine.

Entre nous, j’ai comme l’impression que la conscience du narrateur se heurte, dans son expansion, aux limites d’un langage qui ne sait que répondre à ses interrogations existentielles, comme un parent restant coi devant son enfant trop disert : "Pourquoi je suis en vie ?". Alors, la sagesse trouve un terrain pour fleurir et jouer en conscience ce jeu de la vie : "Aimez le mystère au lieu de résoudre l’énigme" écrivait Eckart Tolle.

Mais... je laisserai Sri Nisargadatta Maharaj conclure ce commentaire : "De l’Absolu a surgi cette êtreté et tout ce jeu s’est produit !"


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