Le passage du “sommeil” au réveil, ce serait “l’aurore “, avec les “paupières” qui s’ouvrent, le “corps” qui s’étire, “les palais” des rêves nocturnes qui “s’effondrent”:
“Le baiser du monde” trouvera t’il la porte d’entrée?

Une économie de mots et d’images pour faire de la poésie, je suis prêt à aimer mais je fais quand même un effort pour me laisser surprendre….et si ne n’avais rien compris, c’est un risque que je prends.

Moi j’aurai fait couler “le doigt” sur la laRme, dans ma logique à moi qui n’est peut-être pas la votre?!

En EL
Lebarde

Waouh ! Ca tape fort en très peu de mots.
Quelle entame ! Et quelle image ! qui happent le lecteur. Cette "lame", ce "doigt" qui a coulé dessus réveillent en moi de vieilles reminiscences surréalistes. Bunuel, "un chien andalou" par exemple.
Quel titre aussi. Un titre qui claque comme un prénom dans l'air cristallin du petit matin : "Aurore"! Non pas l'aurore. C'est toujours beau à voir une aurore mais ça n'a pas le même retentissement. Celle-ci contient toutes les aurores passées et décues, et plus encore, toutes celles à venir, emplies d'espoir.
Quelle chute enfin ! En forme de point d'interrogation. Un poème allégorique pour moi, ou de l'illumination : ce "baiser du monde" n'est pas une simple aurore. Derrière l'aspect tranquille des mots, il est plein de promesses et d'allégresse, de lendemains qui chantent et résonnent. C'est le réveil de notre humanité. On est nombreux à l'attendre. Enfin...
je l'espère.

Bonjour Volontaire,

"Brume sans rêve
de l'esprit égaré
des pieds nus
de la lèvre glacée

Par quelle porte entrera
Le baiser du monde ?"

Mon passage préféré où j'ai bien aimé ce champ de liberté initialisé par "quelle porte..."est-ce celle qui nous oblige où qui nous enjoint , celle devant laquelle on doit répondre ? J'aime ce mouvement litteraire qui semble ne pas partir de soi, mais à l'inverse, semble partir de cet esprit égaré pour aller à soi?.

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

bonjour Volontaire
Bien souvent, la poésie libre se ressent plutôt qu'elle se comprend ; il ne faut donc pas imaginer :
- Il était une fois...
Entre la première ligne qui ne présume guère partie de rigolade, plutôt un moment d'horreur, et la dernière qui peut laisser rêver à un sursaut salvateur ( de l'homme, de la morale, de la Terre )
( je vois bien Judas en Tsar poutinien, et ce Jésus ukrainien paraitre en Zorro inespéré )
ou
( cette femme agressée qui va mourir, et un héros, blanc rouge noir de peau, franchir une mare de sang...in extremis )
Une fulgurance en quelque sorte.
NB la dernière strophe m'évoque de Martin Luther King ( alors que tout semble foutu )
" i ave dream... "
est mon passage préféré.

Souvent les mots font du bruit.

Souvent, ils rajoutent du bruit au bruit du monde.

Mais tout est contraint de s'exprimer, alors
quand les poèmes ajoutent du silence au monde

je trouve qu'ils sont réussis !


C'est le cas ici :

On dirait que la nuit à lèvres glacées,
et puisque le sang d'un couchant a coulé,

attend son baiser.


Peu de mots pour une brume "avec rêve",
pour dépasser la violence initiale et atteindre une douceur.


Le dernier vers, dans son apparente simplicité, qui semble multiplier les significations,
résonne comme du silence.

L'une d'elles pourrait être que le monde qui s'effondre aboutit à une formule.
C'est bien une idée de poète !

Bravo.

Bonjour,

J'ai du mal à commenter tant je suis impressionnée par ce poème...

Il génère de multiples interprétations et me résiste en ce sens que j'aimerais être dans la tête de son auteur pour y lire ses pensées.
Alors je reviens aux images qu'il me procure... un corps éclaté, un meurtre, une blessure fondatrice, une absence, un amour maudit

C'est magistral et très beau !

Je ne dissèquerai pas ce poème car il est pure poésie.
Et la poésie de s'explique pas, elle se vit par delà l'essence des mots.
L'écriture est très fine, le thème me laisse une impression d'entre vie et mort.
J'aime beaucoup.