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Poésie en prose
wancyrs : Paria V : Le Roi est mort, ah freak !
 Publié le 28/01/12  -  4 commentaires  -  3600 caractères  -  112 lectures    Autres textes du même auteur

À tous nos souverains déchus. Visionnaires d'un futur mort-né.


Paria V : Le Roi est mort, ah freak !



Le Roi est mort !

À bas le Roi !

Autour de sa dépouille, dansez !

Dépouillez-vous de raison, profanez sa majesté, dansez !

Christophe ! Chaaka ! Sankara…


Tyran de son vivant
Sage d'outre-tombe ;
Au pays des cécités, il est dangereux d'être borgne…

Le peuple est un savant à l'esprit myope. Le gain du plus offrant. Et son soutien est comme la cuisse d'une prostituée. C'est un aveugle qui tue son maître-chien parce qu'il le croit souffrant de rage. Et livré à lui-même, dans une nuit qui n'a d'égale que sa maladresse, il embrasse ce loup messianique qui lui offre ses services ; un loup séducteur devant lequel, l'appât ; derrière lequel, la chute…

Libre !!!


Tyran mon père ?
Tyran mon frère ?
Et pourquoi ?
Parce qu'il gouverne avec un gant de fer dans une main de velours ? Et toi ? Ne gouvernes-tu pas avec une main de fer dans un gant de velours ?

Son malheur n'est-ce pas de rêver éveillé où les autres le font endormi.
Son malheur n'est-ce pas de vouloir ordonner où les autres se retrouvent dans leur désordre.
Et si se complaire dans le martyre fait partie de leurs réjouissances, alors danse, ô roi, sur leur future dépouille, car…

L'anarchiste est aux portes, avec sa cohorte de croque-morts,
Pour leur peindre l'exploit,
Pour leur vendre l'espoir,
Et l'illusion de l'arbitrage…

Libre !!!

Libre ?

Le regret n'est pas bâtisseur
Seule la cicatrice est architecte.

Le Roi est mort !

Vive le Roi !



Ah freak !


Le coq chante, le jour paraît
Tout s'éveille dans le village
Pour que le bon couscous soit prêt
Femme debout et du courage

Pilon, pilon, pan ! Pan !
Pilon, pan ! Pan !
Pilon, pan ! Pan !
Pilons gaiement !
*


Dans la basse-cour les volailles se sont tues. Les femmes sont restées couchées en signe de deuil. Les pilons ont assené, mais pas le mil :
Le jour paraît quand même…

Demain est flou à des aujourd'huis incertains.
Le laxisme a enfanté hier,
Encore de sang trempé.

Naître de l'espoir
Mourir d'espoir
Et vivre dans le désespoir…

Tableau désuet qui pend en mémoire du temps oublieux : mon continent se bat avec ses moulins.


Grenier d'humiliation
Tes calebasses sont pleines,
Les ventres vides.

Passé maître dans l'art de ramasser ses morceaux, tes entrailles abritent autant le martyre que l'ire bouillonnante. Que naîtra-t-il de ta colère embryonnaire ?
Chenille ou papillon ?

Échos de pieds furieux
Le vent en poupe
Tempête dans une écuelle…


Si la lâcheté ne tarit pas d'éloges sur les bienfaits du laisser-aller, la langueur quant à elle apprécie les balbutiements. Ton passif hisse, hisse avec stoïcisme la stèle de l'éternel recommencement.

Où gît le caveau de tes héros ?

Berceau de l'humanité, hameau des cupidités ; terre des rois et d'empereurs, vassaux de l'égocentrique : le royal Dahomey ! Vive l'anarchique !


Afrique bourreau d'Afrique,
Du péché de Panurge,
Te voilà bien coupable !!!

Lorsque tes excuses, comme un tam-tam éventré, sonneront creux, en quoi d'autre te conforteras-tu ?



* Extrait du livre "Mamadou et Bineta sont devenus grands".





 
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   Charivari   
15/1/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour.
Je regrette ce jeu de mots "Ah, freak" du titre, parce que le texte m'a vraiment beaucoup plu. Il y a une vraie force, qui m'a aussitôt fait penser à "une saison au Kongo" de Césaire. D'ailleurs, puisqu'on est dans les références, les deux premiers vers m'ont fait penser à une chanson d'Alpha Blondy "vive le président, à bas le président, vive le général, à bas le général!"

Un texte très fort donc, avec un fond riche et dense, nuancé et qui évite l'écueil du manichéisme. D'excellentes formules, même si je déplore un peu ce "gant de fer dans une main de velours". Mais il y a quelques aphorismes vraiment bons, notamment au début.

Un style à la fois outré et incantatoire, tout à fait dans la tradition poétique et oratoire africaine. A déclamer à plein poumons.

   Lunar-K   
22/1/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Quel souffle dans ce texte, et quel complexité aussi ! Un thème qui n'est évidemment pas sans faire écho à l'actualité du monde arabe, même si l'action ici se déroule dans l'Afrique plus profonde, avec son rythme si particulier, incantatoire, performatif... Une façon sans doute d'universaliser et d'atemporaliser le "récit", lequel l'est effectivement : universel et atemporel. Une fort belle révolte, à la fois authentique et "responsable".

Cette "responsabilité" de la révolte vient en fait, il me semble, de la complexité du thème , et de cet espèce de brouillage des pistes quant à l'objet de cette révolte (si ce n'est à la toute fin où il semble enfin se faire plus manifeste). Ainsi, pendant toute une partie du poème, on se demande vraiment de quoi il est question : s'agit-il de fêter la mort du roi et l’avènement du nouveau "chef", symbole d'un espoir ressuscité ? ou bien, au contraire, s'agit-il de pleurer le roi défunt, remplacé par un tyran plus terrible encore ? Ce n'est pas tout de suite évident... et c'est tant mieux !

Arrivé à la fin du poème, en effet, on se rend compte qu'il ne s'agit nullement de chanter les louanges d'aucun roi, ni passé, ni présent, ni futur. Non, la révolte n'est pas du tout dirigée contre une autorité quelconque mais contre le peuple lui-même, le peuple en tant que révolutionnaire. Drôle de paradoxe, d'ailleurs, que de se révolter contre la révolution... Il ne s'agit pourtant pas non plus de faire l'éloge de la contre-révolution, que du contraire. Et c'est là qu'apparaît, selon moi, toute la richesse du thème. La révolte contre la révolution apparaît finalement comme une révolte pour la révolution... pour la révolution véritable, maintenue jusqu'au bout. La critique de la révolution ne porte que sur sa propension à se retourner sur elle-même, sur cette révolution de "Panurge" qui consiste à tuer le roi pour se jeter aussitôt dans les bras d'un autre tyran (meilleur ou pire, cela importe finalement assez peu).

Un thème assez complexe donc, et riche, responsable dans la mesure où il en appelle au peuple pour garantir la révolution jusqu'à son véritable terme, sans la déléguer au premier venu qui lui fera miroiter un avenir meilleur sous son joug. J'aime beaucoup.

Concernant la forme maintenant... beaucoup de bonnes choses également. Comme je le disais, il s'y trouve un certain souffle, un rythme particulier, qui porte véritablement cette colère et cette révolte avec tous ces aphorismes martelés. J'ai juste deux reproches... D'abord pour ce "Ah, freak"... Non seulement je n'en comprends pas bien le sens, mais surtout je ne suis pas persuadé que ce soit une bonne chose d'employer l'anglais ici (même pour un seul mot). Ensuite, je trouve un peu facile (et même plutôt vide de sens) cette inversion "un gant de fer dans une main de velours"... Mais bon, à côté de cela il se trouve certaines phrases bien plus originales et puissantes, ce n'est donc pas bien grave...

Bref, j'ai vraiment beaucoup aimé ce poème. Une révolte authentique et viscérale (à certains moments au moins), parfaitement servie par ce rythme asséné, lui-aussi presque violent. C'est très réussi !

   Anonyme   
14/4/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Que d'afféterie et que de pose.

Et surtout que de métaphores mal placées et d'exemples mal choisis.

Chaaka ! Sankara… mais oui, pourquoi pas, mais alors pourquoi pas non plus Nkrumah, Kenyatta, Bokassa, c'est vrai que la liste est longue...

Que vient faire ici Christophe, s'il s'agit bien de celui auquel je pense ?

La licence poétique est une notion pour laquelle j'ai la plus grande révérence, sauf quand on la gâte avec de l'approximation et de l'exaltation gratuite.

L'Afrique est un trop grand continent pour se retrouver enfermé dans ce petit texte si étroitement borné, et de graves maximes toutes faites (Le peuple est un savant à l'esprit myope, par exemple) ne constituent même pas le début d'une sagesse.

   Miguel   
15/4/2012
Moi qui me cantonne ordinairement, par goût, à la poésie classique ou néo classique, je suis allé, rendu curieux par le débat, lire un peu ce "Le Roi est mort". J'y ai senti "un souffle", évoqué exclamativement par un autre lecteur. Mais je suis si peu habitué à ce genre d'écriture que je n'en ressens vraisemblablement pas tous les mérites, et je ne veux ni faire le malin qui a tout compris en m'extasiant, ni faire preuve d'une sévérité peut-être injuste. Voilà pourquoi je me garde ordinairement de commenter dans cette section. Il n'y a ni indifférence ni mépris.


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