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Poésie libre
wancyrs : Sur les rives du Jourdain
 Publié le 21/09/21  -  6 commentaires  -  2311 caractères  -  105 lectures    Autres textes du même auteur

Un fleuve coule-t-il continuellement coupé de sa source ?


Sur les rives du Jourdain



Sur les rives du Jourdain je me suis assis et j’ai pleuré ;
Mais où sont passés les saints ? les hommes de bien ?
Ils ont été emportés comme la balle de foin,
Un matin d’automne.

Un enfant s’est arrêté et m’a demandé :
Pourquoi pleures-tu, ô homme aux cheveux blanchis ?

Je pleure, ô mon fils, la mer tarie,
Les collines abaissées,
Les montagnes rasées ;

Ils s’étaient adonnés aux plaisirs
Avec la femme prostituée,
Et celui qui vient de Botsra ne les a pas épargnés.

J’en veux à toi, rameau d’olivier flétri ;
Pourquoi n’es-tu pas resté, sur le tronc, enté ?

Tu t’es dit :
Assurément je suis devenu grand et robuste,
De la racine je n’ai plus besoin ;
Un fleuve coule-t-il continuellement, coupé de sa source ?


Sur les rives du Jourdain je me suis assis et j’ai pleuré ;
Qu’ont-elles donc, toutes ces eaux impétueuses, à se rebeller ?

Voici qu’elles se donnent la chute pour maître ;
Elles lui disent : préside à notre destinée
Car nous sommes des insensées.
Nous aimons les tourbillons,
Et le vertige fait notre délice.
Nos débordements font des ravages
Quand, du doré des liqueurs fortes, nous nous enivrons ;

Eh bien, puisque vous aimez du vin enivrant,
Vous serez foulées dans la cuve de la fureur de celui qui vient d’Édom !


Sur les rives du Jourdain je me suis assis et j’ai pleuré ;
Pourquoi pleures-tu ô vieillard attristé ?

Ils sont tous partis dans la vallée des os desséchés
Sur un lit de vers
Sous un lit de vers.

Ils coulaient en cascades leurs rires par saccades,
Et les vierges altières aux agapes chantaient des louanges.
Des amazones parées pour le combat,
En face d’elles, des guerriers formés à la réplique ;

Qu’avaient-ils donc à se battre pour un rien ?
Pour un lien ?

Ils mordent la poussière de s’être mal aimés
Et les vers qu’ils piétinaient jadis
Investissent leurs corps engourdis.


Sur les rives du Jourdain je me suis assis et j’ai pleuré ;
Ne me consolez pas, ô étrangers !

Si seulement mon peuple avait écouté…


Avril 2021


 
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   Anonyme   
12/9/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Voilà plusieurs fois que je reviens à ce poème étrange, aux accents bibliques me semble-t-il, imprégné d'un sentiment d'irrémissible péché et d'espoirs perdus. Le début (premier quatrain), très fort à mon avis.

Le propos est allusif, ouvert à l'interprétation. Je pense aux Printemps Arabes de 2011, ces quelques mois prometteurs de révolutions qui n'ont pas débouché sur des avenirs radieux. Bien sûr je peux grandement me tromper quant à vos intentions d'auteur ou d'autrice.

Quoi qu'il en soit, j'ai vraiment aimé cette ambiance désespérée, je vois le vieil homme en deuil d'un avenir qui aurait pu être. J'ai toutefois un bémol sur
Qu’avaient-ils donc à se battre pour un rien ?
Pour un lien ?
Le jeu sur les sonorités me paraît en effet introduire un accent frivole, facile, qui ne va pas du tout dans le ton général. Simple avis sur un détail.

   Robot   
21/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je retiendrai de ce texte la désespérance et le regret de ce qui fut. Ce regard sur le passé semble d'un pessimisme qui rejette la possibilité d'un avenir, un arrêt sur le présent qui empêche toute évolution et le renoncement à trouver une issue positive.
Un renoncement qui semble désespérer du divin qui imprégnait ces lieux bibliques.
Le récit est rédigé comme un apologue. La composition me fait penser à un chant au sens théâtral du terme. Comme ceux qui accompagnent les tragédies grecques.

   papipoete   
21/9/2021
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour wancyrs
Assis au bord du Jourdain, je ne reconnais rien de ce que les écritures montraient ; les arbres, les collines, et ceux qui vivaient ici, avec pour compagne l'amour du prochain, la main tendue vers celle, celui qui n'a rien!
Aujourd'hui, je ne vois que désert, et ces hommes barbus, d'armes les bras chargées ; des prêcheurs de haine qu'il faut écouter...
NB tel un sermon pacifique, l'auteur dit à travers ses lignes, la détresse et le mauvais sort, comme si prévenu le peuple d'ici n'écouta pas " celui qui parle d'aimer son prochain ", et en paie le retour de bâton !
J'interprète le chagrin du héros, et me trompe sûrement sur l'idée du cousin québecois ? mais je ne vois guère d'espoir à travers ces lignes, où l'homme comme l'arbre purent dire " je peux me débrouiller tout seul ! "

   EtienneNorvins   
21/9/2021
 a aimé ce texte 
Un peu
Cela reprend en effet le ton de la littérature prophétique, d'Isaïe (textuellement) à Jean (la figure de la prostituée), en passant par les lamentations attribuées à Jérémie...
Mais aussi son pessimisme réactionnaire - sans que soit sensible aucune ironie. Ce "Si seulement mon peuple avait écouté" final, aux échos très mosaïques, signifie-t-il qu'il faut s'en remettre à la lettre des commandements d'un Yahweh ?
Ce qui sonne mal avec la référence interrogative au 'lien' (qui plus est, en rime avec 'rien') donc à l'Alliance ?
Et qui devient parfois pesant, jusque dans la longueur des versets : "Vous serez foulées dans la cuve de la fureur de celui qui vient d’Édom".
Respectueusement,

   Miguel   
24/9/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Tout le souffle de la poésie biblique ; on pense évidemment aux psaumes, à Job, mais aussi au Cantique des cantiques et aux prophètes. Tout le la vanité du monde est ici dénoncée dans une forme sobre et puissante. Bravo.

   Atom   
25/9/2021
Malheureusement je ne pense pas avoir les "clés" pour comprendre le message (aux airs de parabole) délivré à travers ces vers. J'ai l'impression qu'il s'adresse à des "initiés" qui ont étudié un tant soit peu la Bible.
Moi qui débute et n'ayant pour l'instant abordé que - Matthieu, je pense être loin de posséder les références évoquées ici.
J'ai beau chercher un caractère plus universel à ce poème mais tout m'échappe ici.


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