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Chansons et Slams
Yannblev : Tour de chant
 Publié le 07/02/25  -  9 commentaires  -  1902 caractères  -  100 lectures    Autres textes du même auteur

« C'est l'oisiveté de la férie qui les conduit au cabaret. » (Voltaire)


Tour de chant



Tour de chant



C’était dans un bistrot d’ici d’ailleurs ou de
Quelque part n’importe où entre Brest et Lorient,
Le zinc était en cuivre et brillait sous les coudes
De marins fatigués qui sentaient le hareng,
Qui pour tout palabraient plus fort que le voisin
Écartant de la main des nues de caporal
Et quand ils commandaient un autre galopin
Ces loups de mer dans l’ombre étaient tous « amiral ».

À longueur de comptoir un loufiat gominé
Ramassait la monnaie et versait la bibine,
La boniche était sèche avec des yeux blasés
Qui n’espéraient plus rien plus loin que la cuisine,
Parfois un quatre-vingt et un, un cent de pique,
Levaient une clameur, des rires, des jurons,
Sur la table des poings s’abattaient fatidiques
Et les cartes volaient comme des papillons.

Mais quand à minuit pile on mouchait les lumières
Sauf un jaune falot tout au fond de la salle,
La rumeur s’étouffait, baissait jusqu’à se taire,
Une forme déjà s’avançait dans un voile,
À pas lents comme en rêve et dessous la loupiote
S’arrêtait pétrifiée une main sur la hanche,
Alors le piano-bar égrenait quelques notes
Et les buveurs râpaient leurs lèvres à leur manche.

Il était minuit pile et ELLE allait chanter,
Tous vers ELLE tournés ne montraient que leurs nuques
Que les soleils marins avaient burinées et
Dans le soudain silence on n’entendait plus que
La bière dévaler encor quelques gosiers
En borborygmes ou dans un bruit de ressac,
En geyser remonter jusqu’aux joues, les gonfler,
Puis fusaient des vapeurs fleurant le koulibiac.


 
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   Ornicar   
31/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un univers bien croqué, bien"trempé" aussi, tant la divine "bibine" y coule à flots et sait faire entendre sa partition dans le dernier couplet : "...on n’entendait plus que / La bière dévaler encor quelques gosiers / En borborygmes ou dans un bruit de ressac".

C'est une peinture évocatrice d'un "bistrot", un rade, un bouge avec ses hommes, en troupe ou en troupeau, leurs trognes, un peu frustres, un peu rustres, mais rudes au mal, qui ne savent se parler sans gueuler, se faire entendre sans "taper du poing", mais se taisent dès qu'apparaît la seule figure (véritablement) féminine de l'histoire, qui, le temps d'un "tour de chant", leur fera oublier leur chienne de vie : une petite chanteuse de caf'conc', de beuglant. Sans doute guère mieux lotie qu'eux par la vie, mais tellement étrangère à leur univers qu'elle en devient intimidante et semble inaccessible ("ELLE" en lettres majuscules). Une "Divine", quoi !

On y est vraiment. C'est bien écrit, bien décrit, très visuel, cinématographique dans la narration jusqu' au resserrement de la focale sur la chanteuse. L'ensemble m'évoque la veine d'un certain cinéma néo-réaliste, certains répertoires de la chanson dite "réaliste" aussi. C'est pour moi la limite du texte et ma seule et petite réserve : l'univers décrit me semble un peu suranné, daté, lointain. Certes, on reste dans le domaine de la chanson à texte, populaire et de qualité, mais jamais très loin, non plus, de l'image d'Epinal.

Musicalement, la diction est claire. L'instrumentation est vraiment minimaliste mais s'accorde assez bien avec ce genre de texte. Elle a le mérite au moins de ne pas être envahissante, laissant les paroles "s'épanouir" et le texte "respirer".

   Boutet   
7/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un poème d'atmosphère qui n'est pas sans rappeler le grand Jacques : ce bistrot qui vit et bourdonne jusqu'à l'instant ultime où ELLE vient chanter et là comme par magie, tout bruit, tout tapage s'arrête
pour une voix qui plonge le troquet dans une autre dimension.

   Yannblev   
7/2/2025

   papipoete   
7/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Yannblev
Déjà, je suis heureux d'écouter à nouveau l'air d'une chanson ( mais je regrette un peu sa linéarité, aurais bien vu des montées, des descentes comme autant de galopins ingurgités )
- mais papipoète, essaie d'en faire autant !
oui, je sais...
Cette atmosphère de bistrot est très bien retranscrite, et tous ces attablés me semblent bien sympathiques, presque délicats lorsqu'ils " écartent de la main des nues de caporal " et semblent pas bourrés, comme dans nombre de textes à la " gloire " des pochetrons... plutôt des mélomanes d'un soir
Le tour de chant de Elle, est fort bien amené quand
- une forme s'avançait dans un voile... pétrifiée, une main sur la hanche
On s'y croit, et j'aimerais bien devant mon demi, attendre ce moment " dans la lumière jaune du fond de la salle "
La 3e strophe est ainsi mon passage préféré, à travers ces lignes fort chaleureuses !

   Laurent-Paul   
7/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour,
j'aime beaucoup votre écriture : l'atmosphère est parfaitement rendue, on entend le brouhaha, on sent les odeurs et on a envie de commander quelque chose à boire. Quant à son arrivée finale, en apothéose, c'est finement amené et l'oreille se fait plus attentive encore !
Bravo !

   Volontaire   
7/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Ce poème très visuel (le cuivre des comptoirs, la main sur la hanche de la chanteuse un peu Jessica Rabbit) m'évoque un univers hollywoodien, quelque part entre les tripots rutilants de Pirate des Caraïbes et le cabaret saloonesque où se produit Marilyn Monroe dans la Rivière sans retour. D'habile jeu de "mise en lumière" dans le poème me font l'effet d'éclairages, voire de plan de cinéma (close up sur les comptoirs, la main, plan large sur la salle).
Comme la scène se déroule en France, dans une gargotte populaire, je pense au désir exprimé par l'auteur Nicolas Mathieu d'emprunter de la ferveur cinématographique hollywoodienne pour représenter les Vosges de son enfance. Mais ce n'est qu'un écho de ce que je connais vers votre intention que j'ignore.

Une petite pensée pour la "boniche" dont on devine le quotidien harassant aux yeux blasés et à qui je souhaite quelques rêveries au coucher, les yeux dans les poutres du plafond défraîchi de sa mansarde.

Merci pour la lecture et bonne journée :)

   Kodiak   
7/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je redébarque sur Oniris après une assez longue absence et ceci est mon premier commentaire.

Ce n'est pas évident d'être original quand on s'attaque à l'univers du bar de marins déjà tant visité (mais quel univers ne l'est pas, me direz-vous) par bien d'autres dont le génial Brel dans Amsterdam, mais je trouve que l'auteur s'en sort plus qu'honorablement, en tout cas au niveau du texte.

On sent que ce texte a été travaillé et peaufiné et il y a pas mal de bonnes trouvailles comme "un loufiat gominé", "on mouchait les lumières" ou encore "les vapeurs fleurant le koulibiac" pour n'en citer que trois.

L'atmosphère est bien rendue, c'est une écriture très visuelle.

Mais pourquoi en dire si peu sur cette ELLE qui constitue le point d'orgue ? Je reste sur ma faim, il manque un couplet.

Je suis peu convaincu par la mise en musique que je trouve trop linéaire et par l'interprétation que je trouve fort sombre et sévère. L'enregistrement n'est pas terrible, on entend à peine l'instrument derrière, c'est dommage. J'aime bien quand la voix domine mais là il y a un souci de balance, il me semble. Point positif : la voix a sa signature vocale bien à elle et la prononciation est très bonne. J'imagine que ça passe mieux en live.

   Yannblev   
13/2/2025

   BlaseSaintLuc   
17/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Pardon pour le retard...Un blues de comptoir me retenait sous les étoiles.

Foin des bocs et de la limonade, voilà un texte long, mais si agréablement lisible, j'ai le goût de la bière,
Le rance de la sueur, j'entends le brouhaha , mais le mystère sur La voix, me frustre un peu, on n'est pas dans un menu de Jazz, je sens plutôt "les roses blanches "pour émouvoir un public de grands enfants pas sages


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