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Poésie contemporaine
Zorino : Le carrousel
 Publié le 25/12/17  -  9 commentaires  -  3373 caractères  -  179 lectures    Autres textes du même auteur

Dans certaines circonstances, il est préférable de tirer sa révérence, surtout lorsque la bonne occasion se présente...


Le carrousel



Coiffé d'un vieux chapeau compagnon de misère,
Et vêtu d'un manteau fatigué par les ans,
Il toisa enchanté les flocons en concert
S'endormir à ses pieds et former un drap blanc.

Son nom était obscur mais non son apparence.
Discret et apprécié, il fut l'ami public.
Une petite pièce, ou un brin de pitance,
Rendit son cœur léger et parfois nostalgique.

Son âge était brumal et chaque aube une grâce.
Un sourire à ses yeux fut un frisson de joie ;
Un regard, un baiser voire une dédicace ;
Une poignée de mots, des giboulées d'émois.

Seul, assis sur le banc, le vieillard s'assoupit
En se laissant bercer par la douce musique
Du carrousel caduc ornant la closerie,
Égayant les enfants à l'esprit si lyrique.

Le voilà déjà loin dans le monde des rêves.
De beaux chevaux de bois à la crinière ambrée
Galopèrent presto sans faire aucune trêve
Autour de ses vingt ans dépourvus de denrées.

Chahutant à cœur joie, certains d'entre eux hennirent
Sous les six yeux brillants d'une famille unie.
Au milieu du tandem, l'enfant sortit sa lyre
Et se mit à jouer de belles mélodies.

Soudain, un animal délaissa le manège,
Déployant lentement de magnifiques ailes,
Et se mit à voler au rythme d'un arpège
Vers le ciel coloré par la lune nouvelle.

Un second le suivit, entraînant ses semblables.
L'ultime s'arrêta et mira le vieil homme.
Celui-ci le joignit d'un pas imperturbable,
Le choya en douceur et lui offrit sa pomme.

« Que tu es généreux », lui dit le canasson.
« Tu sembles fatigué. Tes jours sont-ils comptés ? »
« Hélas », dit le vieillard. « C'est bientôt la moisson. »
« As-tu déjà songé à... l'immortalité ? »

« À l'immortalité ? », s'interrogea l'ancien.
« Oui, monte sur mon dos et tu la connaîtras.
Tu pourras aussitôt retrouver tous les tiens. »
« Dis-tu la vérité, le ferais-tu pour moi ? »

« Je n'ai qu'une parole et je t'en fais cadeau.
Ne laisse pas ce vœu s'envoler à jamais.
Vois-tu ce chérubin jouer quelques morceaux ?
Eh bien c'est ton enfant. Me crois-tu désormais ? »

L'homme se retourna et demeura sans voix.
C'était bel et bien lui, étreint par ses parents.
Il se mit à pleurer pour la première fois.
Les flocons abondaient tels des papillons blancs.

« Maman, papa, Thomas, quel bonheur de vous voir ! »
« Ils ne peuvent parler mais entendent ta voix. »
Le visage baissé, il repensa au soir
Où son jeune garçon trébucha dans les bois.

Une blessure au front emporta son enfant
Et depuis ce jour-là, l'homme cessa de vivre.
Il passait ses journées, de l'été au printemps,
Devant le carrousel que son fils aimait suivre.

Il scruta les abords, réfléchit un instant,
Puis, d'un geste élégant grimpa sur le cheval.
« Accroche-toi à moi, nous partons sur le champ ! »
Le voyage fut long pour toucher les étoiles...

-----

Au lever du soleil, le banc était neigeux
Et le manège éteint. C'était jour de Noël.
Les gens passant par là étaient si malheureux
Qu'ils nommèrent l'ancien : Gentil Père Noël.


 
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   Vincent   
25/12/2017
Bonjour,

c'est un carrousel qui n'en finit plus

pour un jour de Noël

Joyeuses fêtes de fin d'année

   David   
25/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Zorino,

La fin garde sa surprise : le vieil homme venait là en mémoire d'un chagrin, son délire funeste est bien rendu. Les propos manquent de fluidité souvent, ce qui rend la lecture assez laborieuse, et donne une impression de longueur.

   papipoete   
25/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour Zorino
Un conte de Noël paraissant ici le jour de Noël, voici qui ressemble à la magie du même nom !
L'histoire est un peu triste, mais à la fin on sourit, en voyant le vieil homme contempler ce cher manège, alors qu'il pût du haut d'un rocher regarder vers l'abîme et s'y laisser tomber ...
Je fais ce reproche récurent de la longueur du récit, pouvant d'entrée rebuter le lecteur ( je sais, il y a tant à dire ) mais ...
Un voyage à dos de cheval d'un carrousel, que je verrais bien mis en musique par un certain milanais que je connais bien !

   Anonyme   
25/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Hello Zorino
Même empreint de tristesse ce conte de noël est Intéressant.
A mon avis, la densité du texte altère un peu son fond dont l'idée est originale.

" Celui-ci le joignit d'un pas imperturbable " ??

   Anonyme   
25/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé. Notamment le décors fantastico cotonneux nostalgique poétique...de la fin.
Un vieil homme arrivé au bout du chemin s'envole vers un monde meilleur, laissant sur terre l'enveloppe d'un père Noel ayant perdu sa magie...

   Mokhtar   
26/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve très belle cette histoire. le vieil homme devant le carrousel, au terme de sa vie. Ce rêve et ce dialogue avec le cheval. cette évocation chrétienne des retrouvailles célestes. Avec le romantisme du manège qui tourne comme tournent les jours.
Mais je me demande si l'auteur n'aurait pas été plus à l'aise en racontant cette belle histoire en prose. La versification, ses contraintes, ses carcans formalisent et contraignent trop le scénario
Et je pense, pour cette histoire, qu'un poème est moins...poétique qu'un joli conte qui mettrait en valeur la belle idée d'un auteur alors libéré dans son expression.

   Ithaque   
26/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour ,
Quelle belle idée! quelle symbolique!
Mais, en même temps, quel déploiement de strophes!
Je souligne une certain nombre de tournures poétiques , par ex, "Son âge était brumal et chaque aube une grâce": il y a là, selon ma perception, du contenu et du contenant.
En revanche,est ce la longueur, l'envie de tout dire, qui vous ont un peu essoufflé et contraint à des tournures moins adroites?
Ithaque

   Anonyme   
3/1/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Il n'est pas rare de lire en poésie, un texte triste pour Noël, avec
un vieillard miséreux, au passé assombri par une vie cruelle.
J'en conclus que les poètes sont très mélancoliques en
ce jour particulièrement.

Le poème est un peu long, et il n'est pas vraiment captivant.
Les images affluent et se perdent au milieu de tous ces petits
détails, qui n'apportent pas vraiment de force à l'écrit.

Je n'ai pas vraiment été "subjugué" par l"histoire de ce
"Carrousel", un peu d'originalité ne m'aurait pas déplu.

   solo974   
21/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Zorino,
J'aime beaucoup votre poème.
Dès le titre, nous sommes projetés dans le monde féerique de l'Enfance. Le choix de l'article défini "le" renforce - selon moi - cette impression d'un monde connu et universel.
Mais votre texte est d'une grande originalité car récit au passé simple, dialogues et réflexion métaphysique - judicieusement mêlés - font voler en éclats tous les archétypes : comme nous sommes loin, en effet, du conte de Noël !
Ce vieil homme prostré dans le souvenir de son enfant perdu est on ne peut plus attachant et m'a personnellement émue aux larmes.
Merci pour cette très belle découverte et excellente continuation à vous !


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