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À propos de "Chemins de ronde"
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Salut à vous !

Le poème est .

Avant de répondre à quelques questions reprises des commentaires, je voudrais présenter ce poème.

Il y a des poèmes avec des mots qui semblent manquer, parler par leurs absences, comme un poème d'amour sans le mot "amour" ou l'expression "je t'aime", par exemple (Il en existe de très rares). C'est une poésie de ne pas dire ou écrire certains mots dans certains contextes qui les invitent trop largement.

C'est pas un poème d'amour "Chemins de ronde", ça parle de liberté, c'était donc un des mots que je ne voulais pas écrire. Ce n'est pas pour me défier du lecteur et noyer sa compréhension, j'ai pas vraiment les moyens de tenir un discours véritablement abscons : un discours que je tiendrais à distance du "commun des mortels" par une culture ou un savoir particulier. Je n'appelle pas l'intelligence du lecteur, ce sont les lecteurs qui sont parfois troublé par l'incompréhension, ou peut-être plutôt, le fait qu'ils ne trouvent pas un consensus, une communion, sur le poème, du moins spontanément. C'est fondamentalement plus versée vers la spiritualité que vers le travail intellectuel, la poésie, sans que ça ne la définisse entièrement pour autant, mais c'est une dimension dont on ne peux faire abstraction, à mon avis.

Chemins de ronde est un poème imaginaire ou un narrateur marche depuis une plaine vers une route, bordée de lampadaires, au niveau d'un passage piéton, dans un décor nu. Le monde est sans bâtiment, horizontal, avec uniquement des routes. Les images sont construites sur ce changement de plan "la route est comme un mur" compare quelque chose d'horizontal à quelque chose de vertical, de même pour le passage piéton et la herse, pour les lampadaires formant un aqueduc renversé, ce n'est plus un quart de tour mais un tour complet :)


Merci à vous spécialement, je voudrais rebondir aussi sur tout ou partie de vos commentaires :


@Alexandre : Je crois que je voulais dire que la liberté est à boire autant qu'à prendre, à recevoir tant qu'à conquérir, dans le poème que termine ce tercet. C'est l'arrivée sur un passage piéton qui est comparé à "Passer sous les Fourches Caudines".

Pour le second tercet, les cartes routières me vont bien, les "cartes du front" était là pour la rime, l'important est plutôt l'image horizontal de la carte par rapport aux images verticales, les sentinelles dans ce même tercet, le territoire ou le décor au quatrain précédent.

"Automobile" ne s'est pas vraiment présenté pour compléter le vers à la façon de ce qu'on appelle une cheville : c'est quand même un mot de quatre syllabes :) C'est plus une cheville, c'est une jambe de bois !


@socque : Ils ne sont pas clair mes tercets, mais c'est un choix d'écriture : j'ai peins des mots et j'ai renoncé à la maxime, au slogan, pour un... djingle ? Une musique en plus d'une peinture, c'est ce passage de l'horizontale à la verticale, de la "route est comme un mur" à la "carte", la route est une liberté pour celui qui en détient le secret des trames, ces fameuses cartes, routières, du front, touristiques, mais peut-être un mur pour celui qui les parcourt. Une liberté horizontale peut devenir une prison verticale, c'était mon idée, et s'en abreuver tout en la prenant, la liberté, c'était la solution. Prendre serait horizontal, abstrait comme une carte, s'abreuver serait vertical, comme une chute d'eau, et en prise avec le réel d'un moment.

En Espace Lecture, juste après Alexandre qui me trouve une jambe de bois de quatre syllabes ailleurs, vous m'en trouvez une autre de tout un hémistiche !!! Que Gepetto m'en soit témoin, personne ne veut croire que mon poème est un vrai petit garçon...

Pour ce passage du quatrain que vous commentez plus particulièrement :

"Ce bitume aussi noir a bel et bien détruit
Le chemin de traverse, à l'aurore inutile."

Ça m'a intéressé parce que je ne fais pas de fiches pour mes images, mais je sais comment je les fabrique, j'en ai pas forcement conscience au moment d'écrire, ça demande d'y revenir et j'ai besoin de lecteurs pour ça aussi. L'aurore inutile viendrait de l'expression "Demain est un autre jour" qui définirait "l'aurore utile", et qu'amènerait l'autre expression "prendre les chemins de traverse" pour aller sans but mais dans le sens d'embrasser le présent, vivre entre les routes serait renoncer au chemin comme à l'aurore promise.

Pour tenter de rejoindre la façon dont vous l'exprimez, l'inutilité se manifeste au moment de l'aurore, car elle n'est pas un "nouveau jour" mais un même paysage stéréotypé, à suivre ces routes au lieu des chemins de traverse.

Les "champs" sont "de batailles" comme les "fourches" sont "caudines". Le passage de la verticale à l'horizontal, c'est un quart de tour, celui que fait un aqueduc pour se présenter à l'envers, c'est un demi-tour. Je ne sais pas à quoi j'ai fait aussi faire un demi tour pour arriver à ces champs...

En faites si, comme je le disais au début, c'est imaginaire. Un champs de blé est vertical par exemple, un champs de batailles est horizontal, c'est l'image des hommes tombés, des ruines aussi, des murs effondrés. Si la route est comme un mur, elle ne peut pas par contre être tombée, être vaincue, conquise, si ça ne peut inclure un peu de destruction foncière, plus rien ne peut passer à l'horizontal.


@Leo : Je n'ai peut-être pas "tranché", j'ai dû faire un geste moins vertical... "La route est comme un mur qui ne peut être tombé" la barrière est autre, d'où la nécessité de s'en abreuver avec ce qui permet de la "lire", les cartes ou les traces des passages piétons, par exemple. Mais ça ne sera plus jamais égal aux "chemins de traverse" et ce n'est pas "porté par la foi" que le narrateur s'engage sur le passage piéton.

Pour le quintal du "déjà que" j'ai bien un "alors que" de derrière les fagots, débuter sur une consonne ne me plait pas tant que cela, pour l'enjambement depuis le vers précédent, ça fait un "volatilde" un peu bizarre.


@Coquillette
: Je n'avais pas prévu que ce poème soit publié en plein été, il date de Novembre 2010, mais ta lecture est vive et ça fait toujours plaisir. Que les automobilistes puissent être les "sentinelles" ça me va très bien, on ne peut pas "voir" une route à moins de l'emprunter mais comme spectateur et non acteur on en voit les signes : autos, lampadaires, panneaux...

Tu as joué avec les images et tu as bien compris ce thème de la liberté, perdue, à retrouver, à aller chercher autant qu'à laisser venir, parfois... :)


@Gerwal : C'est peut-être plutôt la "déshumanisation", la contre productivité de routes qui ne sont plus là pour ouvrir de nouveaux horizons mais pour absorber un traffic de plus en plus important, c'est pas "la route de la soie" ou même "la route du rhum" qui est un mur.

Pour les expressions, et notamment celle du poème, je ne peux que reformuler ce que j'ai dit à Leo :

"La route est comme un mur qui ne pourrait être tombé" c'est l'image complète, avec des mots que je ne voulais pas écrire, comme je le disais au début, parce que le but n'est pas tant la démonstration, l'évidence, le travail de l'intellect au moment de l'écriture, mais une confrontation plus spirituel, avec notamment pour moi une confrontation aux symboles, aux images, et vers le lecteur une interpellation "altérée" : je ne cherche pas à le rejoindre ou même à l'inviter près de moi, je tente de parler de "là-bas" en le désignant par ses voisinages, avec un air de jeu de coloriage numéroté peut-être parfois, quelque chose de plus sensible, à entendre, à voir plutôt ; pour l'odorat, le toucher, le gout et le reste, c'est plus délicat souvent au delà du parfum, de la douceur, de la saveur et de l'instinct, comme des visions de ces sens là sous contrôle.

"Déjà que la pénombre a rendu bien nubile
Un décor aux contours noyés de son enduit"

Ici, je veux dire que le paysage, avec la tombée du jour, arrive "en âge de se marier". Au sens de ces couleurs qui vont se fondre en s'assombrissant, c'est aussi similaire au champs de batailles dans le sens ou il y a un passage du verticale à l'horizontal, les bâtiments, arbres et montagnes disparaissent avec le jour comme des soldats qui tomberaient sous le feu de leurs ennemis.

"Elle est libre, araignée ou bien cartes du front"

C'est le seul pronom du poème et c'est "la route", son "elle est libre" est plutôt un constat amère pour le narrateur, ce n'est pas une liberté partagée mais l'une empiétant sur l'autre, d'où la mention de l'araignée, mais depuis une proie dans sa toile et prise dans ses mailles, en quelque sorte, car c'est une image comme la "cartes du front" est une image de la route qui permet de s'en servir, pour la "liberté", pour la "conquête", pour empêcher des gens d'aller de tel endroit à tel autres... des gens qui aurait du mal à le faire sans cartes aussi d'ailleurs, à moins que ne se vende un passeur, un guide... je ne suis pas dans les mailles car je connais les cartes de là où je veux vivre, et je n'ai pas besoin de guide pour m'y rendre, mais ce n'est qu'une liberté... horizontale. Dans ma liberté verticale le moindre passage piéton ou sémaphore peut me soulager de quelques moments comme si c'était de la petite monnaie.

J'en été étais là de mes contradictions quand j'ai fini l'écriture de ce poème.


Contribution du : 02/08/2011 19:41

Edité par David le 2/8/2011 20:10:24
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Re : À propos de "Chemins de ronde"
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Ça fait plusieurs poésies que je lis de toi sans arriver à les comprendre… c'est marrant, toutes les réflexions que tu attaches à tes écrits… et en même temps, tu vas loin dans la trituration de mots parfois :)

Le passage où tu expliques une partie de ton mode de création (sur l'aurore inutile) est à ce titre particulièrement intéressant.

Je vais relire tout ça :)

Contribution du : 02/08/2011 23:50
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Re : À propos de "Chemins de ronde"
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Comme Placébo, j'ai lu certains de tes poèmes sans trop chercher à comprendre.
Celui-ci n'est pas le meilleur, loin s'en faut.
Mais son auteur est immédiatement identifiable.
Il n'y en aurait qu'un seul ( de poème), on pourrait penser à un canular ( ce qui pour moi n'est nullement péjoratif, je préfère mille fois un canular qui me fait sourire qu'un poème prétentieux qui me fait bailler )

Tes textes sont doublement subversifs
Leur hermétisme déroute les classiques
Le classicisme de leur forme va à contre-courant de l'évolution

Le plus marrant, c'est le besoin de te justifier par un long commentaire, de montrer que contrairement à ce qu'on pourrait penser tes sonnets ne viennent pas au fil de la plumes mais sont longuement pensés.

En tout cas on ne s'ennuie pas en lisant tes sonnets.
Merci d'exister.

Contribution du : 05/08/2011 08:51
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Re : À propos de "Chemins de ronde"
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Merci d'être passé, Placebo et Tizef, pour ce point-là :

Citation :
Le plus marrant, c'est le besoin de te justifier par un long commentaire, de montrer que contrairement à ce qu'on pourrait penser tes sonnets ne viennent pas au fil de la plumes mais sont longuement pensés.


C'est après leur publication et face aux réactions des lecteurs qu'ils sont le plus "pensés" en fait. J'ai souvent lu le "m'importe quoi" en commentaire, du fait de l'absence de fil narratif, certains lecteurs attendent une histoire en vers, c'est à dire d'abord une histoire, et puis une versification. C'est une norme depuis les troubadours sans doute, il faut pouvoir accrocher son intérêt à quelque chose, un suspens, un humour, une émotion clairement identifiés.

J'ai bien un fil narratif à chaque fois, mais je ne pose pas des vers sur une histoire pré-établis. Ça part d'un constat : écrire vraiment "n'importe quoi", c'est à dire quelque chose qu'on ne puisse relier à une émotion, triste ou gai, sombre ou lumineuse, sans fournir d'informations sur l'auteur, ses références culturels, ses registres de langues, son âge, sexe, etc. c'est difficile, chacun imprègne les mots qu'il écrit en les assemblant.

La poésie pour moi, c'est le chemin d'un mot à un autre, de quelque chose à quelque chose d'autre même, et la rime est le schéma que je reprend pour cela. Un poème commence donc toujours pour moi par deux choses qui n'ont rien à voir entre elles à priori, ici, la route et le mur. C'est pas une rime, mais la rime va être un moyen de les relier.

La versification, c'est le point de départ sur lequel je vais tenter de poser une histoire. Pour illustrer sur ce poème là, les premiers mots qui me sont venus étaient ceux-là :

Citation :
Je n'ai pas vu de herse au long de l'aqueduc
Ou de gardes postés des remparts de son front,
Que diront les passeurs lorsqu'ils les attendront
Autrement qu'en intime, en criant Pierre ! ou Luc !?

Je revenais de Perse avec ces quelque truc
À pardonner les temps d'attente et les mots dont
On se sert pour étreindre et la mer et le mont
De voyage où se perd, et la sève, et le suc.

La route est comme un mur où vont les sentinelles,
Sans porte ou pont-levis, tout n'est que citadelles,
Je veux m'asseoir, alors, je me suis couché là.

Près d'un feu tricolore, un chemin de traverse
A cligné la paupière au temps que je me berce,
En voulant m'éveiller, ce regard m'aveugla.


En comparant les deux textes, je crois que les points communs sont assez reconnaissables. J'ai un autre début aussi qui n'est pas aller bien loin :

Citation :
Plus qu'une sentinelle aurait soin de ce mur,
Un automobiliste a bien pris cette route
Et même s'il retient parfois quand elle cloute


Là, j'ai mis "route" et "mur" à la rime, mais je n'ai pas poursuivi dans ce sens et j'ai repris les sons du premier essai en fin de vers. La trame se précisait un peu pour moi. Je reconnais des mots ou expressions d'anciens poèmes, pour d'autres, ils vont me servir à d'autres poèmes, et ainsi je fais un tri qui aboutira à "Chemins de ronde".

L'aboutissement sera rythmique, musical, la poésie serait "au-delà de la compréhension" et raconter une histoire, ça peut-être de la poésie, mais ce n'est pas le but de ce que je fais là.

Je voudrais faire des poèmes transcendants, c'est à dire qui propose une vision alternative du réel, ici, je propose de voir les routes horizontales comme des murs verticaux. C'est un point de vue partiel sur la liberté, une pièce d'un puzzle dont le but pourrait être, en me lisant, en étant mon lecteur, de reconnaitre les "chemins de traverses" des "chemins de ronde", les escapades des impasses ou des boucles, ou plutôt leur donner un autre nom que "chemin" qu'ils partagent tout les deux.

Bref, résoudre les amalgames parce que ce n'est pas un boulot de dentiste :)

@Lunar-K : D'abord merci et surtout pas d'inquiétude, c'est rarement trop long lorsqu'on les reçoit comme auteur, les commentaires. Même s'il y a un risque de se laisser emporter au fil des mots, c'est un peu le but aussi de l'écriture, de faire voyager le lecteur, je ne me permettrai pas de le reprocher à l'un d'eux.

Par contre, c'est bien un risque que je pourrais courir, moi aussi, de faire trop long. Sauf que ces sujets sont aussi des notes personnelles, autant de post it pour parer au désagréments que peut fournir la relecture de ce qu'on écrit quelques années, ou du moins une période longue, après.

Pour la comparaison avec Mallarmé, je suis allé relire ce poète à l'occasion, si j'arrive à le suivre, à peu près, ici :

Citation :
Stéphane MALLARME (1842-1898)


Tout orgueil fume-t-il du soir,

Torche dans un branle étouffée
Sans que l'immortelle bouffée
Ne puisse à l'abandon surseoir !

La chambre ancienne de l'hoir
De maint riche mais chu trophée
Ne serait pas même chauffée
S'il survenait par le couloir.

Affres du passé nécessaires
Agrippant comme avec des serres
Le sépulcre de désaveu,

Sous un marbre lourd qu'elle isole
Ne s'allume pas d'autre feu
Que la fulgurante console.


Je nage par contre une brasse assez dure et coulée là :

Citation :
Divagations (extrait)


Un livre comme je ne les aime pas, ceux épars et privés d’architecture. Nul n’échappe décidément, au journalisme ou voudrait–il, en produit pour soi et tel autre espérons, sans qu’on jette par–dessus les têtes, certaines vérités, vers le jour.

L’excuse, à travers tout ce hasard, que l’assemblage s’aida, seul, par une vertu commune.

À part des poèmes ou anecdotes, au début, que le sort, exagéré, fait à ces riens, m’obligeait (envers le public) de n’omettre, les Divagations apparentes traitent un sujet, de pensée, unique — si je les revois en étranger, comme un cloître quoique brisé, exhalerait au promeneur, sa doctrine.


Je ne trouve pas ça abscons parce que je ne pense pas que ce soit plus facilement accessible à qui que soit, pas comme des médecins qui se raconteraient des histoires de médecins, ou des plombiers des histoires de plombiers, c'est cela pour moi un discours abscons, un discours qui ne s'adressent qu'à un public dont on partage le vocabulaire et les préoccupations, dans un domaine relativement précis.

Ici, je ne sais pas s'il y a des erreurs de syntaxes mais je ne pense pas que la clé soit une correction, c'est plutôt une construction qui semble intime à son auteur. Le passage du temps peut effacer la cohérence de certaines tournures aussi peut-être.

Pour revenir au commentaire :

Citation :
En cela, vous me faites beaucoup penser à Mallarmé (oui, la comparaison est de taille, je sais, mais elle se justifie pleinement, j'en suis convaincu). Et cela tout particulièrement dans ce texte. Il est vrai que vous ne tenez pas un discours totalement abscons. Que vos textes ne sont pas aussi hermétiques qu'ils le paraissent de prime abord. Les poèmes de Mallarmé non plus. Et, si vos poèmes (comme les siens), sont difficilement compréhensibles malgré tout, c'est, je crois, pour la même raison.

Outre votre syntaxe bien souvent alambiquée (peut-être un peu trop parfois, notamment dans le dernier tercet) c'est votre langage "désincarné" qui est à l'origine de cette mécompréhension. J'entends par là, et c'est au fond le principe de tout symbolisme, que les mots que vous employez ne renvoient pas à des objets mais bien plutôt à des idées. La route, le mur, l'automobile, etc. ne sont pas pris pour eux-mêmes mais pour ce qu'ils représentent "culturellement" (ou "spirituellement", bien qu'aucun des deux termes ne me semble tout à fait adéquat).


Ahlala ce dernier tercet, je voudrais l'aider un peu :

"En guise d'abreuver, voilà ces aqueducs
Les fourches à l'envers, caudines, tons caducs
D'une herse piétonne entre deux citadelles."

Si on ne prend que le premier vers, en l'assimilant à une ligne, ce qu'il n'est pas, on pourrait attendre un "qui" :

"En guise d'abreuver, voilà ces aqueducs (qui... )" amène l'eau de la source à la fontaine, je ne pourrais en dire plus, c'est un peu dire deux fois la même chose.

Je n'oublie pas une partie du propos, à la limite j'élide :

"En guise d'abreuver, voilà ces aqueducs
Les fourches à l'envers, caudines, (et les) tons caducs
D'une herse piétonne entre deux citadelles."

La herse, c'est un passage piéton, c'est son blanc pâle qui abreuve de clarté dans la "pénombre" et "la nuit" décrite dans le poème.

Mais le problème de syntaxe vient sans doute de l'équivalence que je fait entre un verbe et deux noms. Ce que je veux dire, ça serait alors plus clair ainsi :

"En guise d'abreuver (la quête de liberté de mes pas), voilà ces aqueducs Les fourches à l'envers, caudines, (et les) tons caducs D'une herse piétonne entre deux citadelles."

Je n'ai pas besoin d'un autre verbe ou d'amener forcement un "qui" il me semble. La quête des pas, elle est sans doute resté trop dans ma tête et pas assez dans les vers pour justifier cette syntaxe-là.

Citation :
Vous dites, en forum, que vous ne cherchez pas à "intellectualiser" mais bien plutôt à "spiritualiser". Oui... sauf que les deux vont de pair me semble-t-il


Oui, c'est ce que je voulais dire, ce n'est pas seulement un jeu de construction pour moi la poésie, même si je prend parfois du temps pour en commenter les rouages, si j'y pose un regard peut-être mécanique. Je crois que je fais de poèmes comme ils ont toujours été fait, mais seulement très, très longtemps après que tout cela ait commencé :)

Contribution du : 14/08/2011 09:38
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Re : À propos de "Chemins de ronde"
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Citation :
Je n'ai pas vu de herse au long de l'aqueduc
Ou de gardes postés des remparts de son front,
Que diront les passeurs lorsqu'ils les attendront
Autrement qu'en intime, en criant Pierre ! ou Luc !?

Je revenais de Perse avec ces quelque truc
À pardonner les temps d'attente et les mots dont
On se sert pour étreindre et la mer et le mont
De voyage où se perd, et la sève, et le suc.

La route est comme un mur où vont les sentinelles,
Sans porte ou pont-levis, tout n'est que citadelles,
Je veux m'asseoir, alors, je me suis couché là.

Près d'un feu tricolore, un chemin de traverse
A cligné la paupière au temps que je me berce,
En voulant m'éveiller, ce regard m'aveugla.


Franchement, je préfère ce premier jet.
La syntaxe est respectée, ce qui rassure le lecteur et lui permet de profiter peinard de ces images insolites.
Un peu comme dans une via ferrata.
Maintenant ce n'est peut-être pas ce que tu recherches.

Contribution du : 14/08/2011 17:43
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Re : À propos de "Chemins de ronde"
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Ce n'est pas une mauvaise image de "la route est comme un mur" la via ferrata.

Le "au temps que je me berce" pourrait être mis en doute du point de vue de la syntaxe aussi, pourquoi je n'écris pas :

"A cligné la paupière le temps que je me berce,"

le "au" me donne le bon nombre de syllabes et rejoint l'expression "au temps pour moi" mais ça ne s'est pas construit comme cela, je n'ai jamais voulu écrire la phrase ci-dessus, ce n'est pas ce que je veux dire dans le poème. Je n'ai pas eu à la transformer pour la faire coller au mètre, elle est venue ainsi, ce n'est pas une syntaxe connu, ce n'est pas l'usage commun de l'expression "au temps pour moi" c'est une construction qui l'évoque. L'idée de rythme qu'elle contient peut se lier à celui du battement des paupières, c'est du moins ce que j'ai voulu faire à ce moment-là, mais c'est toujours syntaxiquement discutable il me semble.

Contribution du : 15/08/2011 09:18
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