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À propos de "Soleil"
Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55
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Bonjour à vous,



Merci aux lecteurs pour ce poème mettant en scène un Haiku de Bashô :

Dans le champ de colza
les moineaux font mine
de contempler les fleurs


D'autres haïkus que j'ai trouvé proche ou éclairant sur l'utilisation du vocabulaire feront peut-être une bonne entrée en matière :

"Du cœur de la pivoine

L’abeille sort,

Avec quel regret !"

C'est de Bashô également, je pense que ce sont les abeilles qu'observent les moineaux dans le premier haiku.

"Aux champs de colza
Danse d'abeilles enivrées -
Nos coeurs en balade"

Celui-là est d'un auteur amateur sur un blog mais ça fait ce lien avec les abeilles, qui me semble important.

La "poésie" du haïku viendrait d'un sort "cruel" et non écrit, d'un moineau quettant une abeille pour la dévorer, au milieu d'un spectacle éblouissant, la couleur d'un champ de Colza.

Une poésie banale, pour mettre en valeur une dimension pas seulement visuelle de la "beauté", comme ça se fait couramment dans tous les pays du monde je pense.

À partir de là, d'un petit peu moins loin même puisque le poème se fait pendant l'écriture, après un choix de rimes pour le sonnet, avec pour but d'aboutir aux vers du traducteur du haiku, à partir de là donc commence le poème :




"Soleil (il va) à ta rencontre, (cet) autre monde (pleut comme une) averse/Sans plomb."

"averse" désigne une action, ça me semblait naturel de le changer en verbe, comme "filer" peut vouloir dire "faire un fil" et "signer" peut "faire un signe" mais c'est plus loin.

Globalement, le sens serait : "le soleil attire la foule", le "sans plomb" a une aura de sens mais met en valeur l'animé sur l'inanimé, la "chair" de cette foule serait "sans plomb", s'oppose aussi au "soleil de plomb".

"Visages crus tournés sous tes rayons,
Peaux et chapeaux, des mains signent que nous n’ayons
Plus d’ombres… "

Il s'agit d'une énumération : visages, peaux, chapeaux, mains. Tous ont le "visages crus" mais montrent soit la peau soit (l'ombre d'un) chapeau, ceux qui n'ont pas de chapeaux lèvent leur mains pour couvrir d'ombre leur regard, ça donne :

"des mains signent (font signe) que nous n’ayons
Plus d’ombres… "

C'est à nouveau une verbalisation du nom de l'action, je crois que ce n'est pas une création dans ce sens, mais ça doit renvoyer à du vocabulaire professionnel peut-être, il me semble néanmoins que c'est le sens premier du verbe "signer" pour faire un "signe".

Originellement dans l'écriture, j'employais "des mains saluent que nous n’ayons/Plus d’ombres… " le salut militaire renvoie plus simplement au signe en question pour percevoir l'image, si par exemple un lecteur en faisait une lecture avec le sens figuré de "faire un signe de croix" c'est plus compliqué, puisque ce signe, au contraire du salut militaire, ne fait pas de l'ombre au visage (c'est une image dans le contexte, je ne pense pas que les militaires se saluent pour se "faire de l'ombre" au visage bien entendu).

Je comptais sur le contexte pour amener cette compréhension en tout cas, je ne sais pas si le sens religieux de "signer" est bien le problème, j'y ai pensé en écrivant.

Pour la dernière phrase du quatrain :

"(Soleil) à (ta) rencontre, un autre monde averse
Sans plomb. Visages crus tournés sous (tes) rayons,
Peaux et chapeaux, [des mains signent que] nous n’ayons
Plus d’ombres… [qu’il éveille au temps dont on se berce.]"

Les mains signent deux fois en quelques sortes "que nous n'ayons plus d'ombre" et "qu'il éveille au temps dont on se berce" et le "il" se rapporte au possessif en vigueur dans tous le quatrain, le "soleil".

Pour la concordance des temps soulevé par Miguel, je pense utiliser le verbe "signer" dans son sens premier, il me semble qu'il peut être "verbe de volonté ou de sentiment" dans le sens où c'est une sorte de réflexe, se mettre la main au dessus des yeux pour protéger le regard du soleil. Mais je ne suis pas à l'aise avec un vocabulaire trop pointu sur la grammaire, je peux très bien mal interpréter à mon tour le sens de ces mots dans leur contexte particulier.

Pour Renaud, vous devinez bien que "averse" est le verbe, à mon avis parce que le mot désignant une action s'y prête, mais vous n'utilisez pas cette clé pour donner un sens à ce que vous lisez, vous laissez les suppositions se côtoyer sans faire de choix, sans prendre aucun chemin. C'est un poème, pas un texte de loi, et leur syntaxe n'est guère réputé pour leur clarté, quand il est très important de dire une chose et pas une autre, le "tout ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" n'y survit pas. Mais la "poésie" que je recherchais n'était pas dans le "sens" à révéler aux lecteurs, elle était dans l'action de lire le poème, dans le vertige du fourmillement des associations, dont la perte de sens, la perte du fil, est la manifestation naturelle chez chacun, et c'est encore appuyé par la mise en vers.




Pour le second quatrain, à propos des questions de compréhension, j'espère que la découpe des phrases à l'intérieur des vers livrera quelques clés.

"(Sommeillent presque tous), la langueur les transperce/Enfin."

"sommeiller" et "sommeil" appuyait encore sur l'action et son verbe, l'action et son nom, il s'agit d'une inversion, on pourrait lire "presque tous sommeillent".

"Mais dans un songe, un charme a ses crayons/Multicolores dans la trousse où nous payons/Z’en Lire… "

Le Z n'est là que pour transmettre la liaison d'un vers à l'autre, pour la musicalité. Il ne s'agit pas d'une "vraie" trousse d'écolier, c'est une image que je développe : le "songe", je désigne ainsi le rêve éveillé, la rêverie, procéderait d'un "charme", je traduis ainsi l'émotion suscité par cette rêverie, elle vient de l'attitude des personnes exposées face au soleil, visiblement le plus souvent avec un sentiment d'hébétude, cette émotion utiliserait des outils que je nomme "crayons" qu'elle tirerait d'une sorte de "caisse à outil" que je désigne alors comme une "trousse". Une lecture au tout premier degrés ne devrait pas occulter ce mouvement, mais c'est l'image produite finale bien sur qui doit justifier les incompréhensions. C'est simple pour moi, elle signifie que le temps d'hébétude est pris sur le temps d'attention, comme une lecture peut nous couper de notre environnement pour un temps, même si l'attention peut être plus efficace par la suite suivant les domaines, mais même pour n'importe quelle activité, c'est reposant de lire mais le repos, ce n'est pas de l'action en soi, directement. "Payons z'en Lire" fait le lien entre la lecture et le repos, met en valeur ces deux temps de gestation des activités quotidiennes, et même sur les mots d'un autre, on lit toujours avec ses propres pinceaux, euh... crayons :)

Le haiku de Bashô m'évoquent cette comparaison de la lecture et du repos, mais en introduisant une nuance, c'est pas toujours l'heure de lire, surtout pour les abeilles dans le colza sous les moineaux.

"Il nous retient autant qu’il nous traverse."

J'emploie autant/au temps dans des vers parallèles de fin de quatrain :

"Soleil à ta rencontre, un autre monde averse
Sans plomb. Visages crus tournés sous tes rayons,
Peaux et chapeaux, des mains signent que nous n’ayons
Plus d’ombres… qu’il éveille au temps dont on se berce.

Sommeillent presque tous, la langueur les transperce
Enfin. Mais dans un songe, un charme a ses crayons
Multicolores dans la trousse où nous payons
Z’en Lire… Il nous retient autant qu’il nous traverse."

Ce sont bien les même que pour la fameuse expression "autant pour moi/au temps pour moi"; Les débats ou remarques que j'ai pu lire m'ont marqué parce que je lisais pour la première fois une correction proposé qui changeait le sens des termes employés, indépendamment de ce que pouvait vouloir les gens qui l'utilisaient effectivement. À mon avis, ceux qui emploient "autant pour moi" ne font pas l'erreur de confondre avec "au temps pour moi", ils disent simplement autre chose. L'emploie de "au temps pour moi" ouvre des champs incongrues d'incompréhension où "je m'excuse de t'avoir corrigé par erreur" devient "je me suis trompé et je rentre dans le rang" sans plus aucune mention de la réciprocité. Quelle rapport avec le poème, toujours ce sommeil de la lecture qui ne prend pas garde aux "moineaux", chacun pourrait y reconnaitre les siens, des propagandes extérieurs comme sa propre subjectivité.

Renaud, "Traverser" et "transpercer" sont très proches, mais il y a une nuance je trouve entre les verbes racines, la langueur "perce" elle a une action intruse, comme un volonté propre, mais ce sont bien entendu les estivants qui se laissent transpercer par leur langueur. Le soleil se "verse" à travers eux sans "mauvaise intention", si on peut écrire, comme l'eau s'écoule dans le ruisseau, le verbe "verser" ne qualifie pas une intrusion violente ou une volonté comme "percer".

Comme il y a une question sur des équilibres interstrophiques, je reprend un schéma d'ensemble à propos de cette remarque de Renaud :

"L’enjambement transperce/enfin est réussi dans la mesure où la langueur étire le vers jusqu’au suivant, mais celui de « n’ayons/plus d’ombres » me paraît injustifié."

Il est justifié par la rime bien entendu, mais les enjambements se répondaient d'un quatrain à l'autre :

Soleil à ta rencontre, un autre monde averse
Sans plomb
. Visages crus tournés sous tes rayons,
Peaux et chapeaux, des mains signent que nous n’ayons
Plus d’ombres…
qu’il éveille au temps dont on se berce.

Sommeillent presque tous, la langueur les transperce
Enfin.
Mais dans un songe, un charme a ses crayons
Multicolores dans la trousse où nous payons
Z’en Lire…
Il nous retient autant qu’il nous traverse.

Ça ne changera sans doute rien au fait qu'il soit apprécié ou pas, mais ce n'est pas le sens ou une réflexion qui va m'amener à créer un enjambement mais une optique musicale, qui sera un sens en lui même, celui de produire une "musique particulière" avec de mots pour faire "plus" ou "autre" que "dire"



Pour les tercets, l'abandon des enjambements joue un rôle à mon avis dans la perception des vers, je reviens aussi maladroitement que possible à une poésie plus "normale" :

"C’est comme un long péage où l’attente est écrou,
Des paupières font vis et l’iris est né clou ;
Bien qu’il soit tant charmeur, son regard m’abomine."

La musicalité devrait l'emporter sur ce que se dit, j'espère que cela a été le cas quelques fois, merci Arielle notamment qui le précise dans son commentaire. Je répète bien dans le poème les racines du même mot avec "charme" et "charmeur", ils désignent le soleil avec le "regard charmeur" et l'émotion de la langueur ou la rêverie dans un "un charme a ses crayons". C'est le mot utilisé à sa racine le plus important, l'autre est quasiment une expression
"Bien qu’il soit tant charmeur, son regard m’abomine."
"Bien qu'il soit enjôleur (... )"

Mais c'est fait un peu vite, le soleil doit bien ressortir comme un "jeteur de sort", le mot "charme" n'est pas neutre, ou plutôt si en l'absence de contexte pour définir un "bon" ou "mauvais" charme. Il me faudrait un synonyme aux caractéristiques plus proches, pas juste un superlatif un peu creux comme "enjôleur".

En tout cas, le sens global du tercet est de mettre en scène un "vertige", celui que je croyais deviner dans le haïku de Bashô, l'ivresse donné par le colza à sa pollinisation, comme celle du soleil par ses rayons à l'été. C'est une vision un peu torturé peut-être du phénomène d'éblouissement, j'ai voulu le garder drôle quand même, mais ça peut être trouvé un peu "gore" ces histoires d'écrous dans les yeux :)

"Inévitablement, on change de sujets ;
Dans le champ de colza, quelques moineaux font mine
De contempler les fleurs, mais ont d’autres projets."

Les "sujets" sont bien multiples, de même que pour les moineaux singeant l'indifférence au dessus d'un champ de colza alors qu'ils pensent aux abeilles, de même que certains vont sur les plages profiter du soleil et du rassemblement qu'il provoque, de même que les sujets sont nombreux à détourner d'une lecture pour enlever aux mots leurs qualités de "maitre de conférence" pour les changer en amers dans la brume pour un voyage au long cours :)

Sujets/projets ne doit pas être une rime idéale également, la racine est la même il me semble mais Sorgel ne disqualifie pas "sujet/objet" comme "enclin/déclin" également par exemple.



Je n'ai pas fait de réponse directement lié aux commentateurs pour éviter les redites. Il me semble que ça fait moins long au final. J'ai quand même voulu laisser des pseudo en repères pour des questions précises, mais j'ai bien entendu lu chaque commentaire avec attention pour écrire ce sujet, et je peux compléter tout cela au besoin.




Contribution du : 24/09/2012 06:03
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Re : À propos de "Soleil"
Maître Onirien
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06/12/2011 14:04
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J'ai lu avec beaucoup d'attention le parcours initiatique que vous proposez Merci Leni

Contribution du : 24/09/2012 14:09
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