Vous avez marqué un point, je ne savais pas que l’on pouvait ajouter après coup des évaluations à un commentaire posté quelques jours avant. J’avoue que depuis 10 ans de fréquentation sur Oniris, je n’ai pas ou peu lu les règlements, méa culpa ! Pour l’anonymat, je sais, c’est une étourderie, vous avez là un deuxième point, je perd mon permis de conclure.
Je suis d’accord avec votre proposition de cesser de polémiquer sur un sujet qui peut nous entrainer bien loin, même avec la possibilité d’y faire des aller-retour dans le domaine littéraire, et puis nous allons nous lasser de ce ping-pong verbal.
Je vous laisse, il faut que j’aille arroser le jardin, c’est de la culture un peu terre à terre, si vous voyez…

Bonjour Cyrill,

Veuillez m’excuser, en relisant cette conversation, je réalise que vous avez ajouté une deuxième édition à votre commentaire, et j’avais omis d’y réagir, ainsi qu’à votre deuxième envoi du 14/8. Vous me faite part de votre sentiment selon lequel l’écriture de ce texte respecte la métrique (encore qu’il s’y est trouvé une faute de prosodie que je n’avais pas remarquée en proposant la catégorie néo-classique). Cependant, vous estimez que cette écriture est dénuée de valeur poétique. Je suis (partiellement) d’accord avec vous, puisqu’il m’arrive d’écrire occasionnellement ce type de texte rapide, où le message prime sur le soin et le temps qui devraient être nécessairement apportés à tout poème abouti.
Vous me dites que Coluche a été applaudi par les pires racistes ; je vous répondrais qu’il faut de tout pour faire un public, et que raciste, Coluche ne l’était certes pas, ni la plupart de son public.
Par ailleurs, je ne vous imagine nullement comme un censeur, et je lis vos textes, sans toutefois toujours les commenter. Le rappel de cette fameuse phrase attribuée à Pierre Desproges ne vous visait pas, c’était un élément qu’il me semblait pertinent d’inclure ans les échanges, rien de plus ; sans doute une maladresse de ma part, j’en conviens !

Bien poétiquement,

Ramana.

Bonjour Ramana,

J'ai retrouvé dans certains commentaires sous votre Soupe l'expression de mon ressenti, spécialement chez Lariviere. J'évite donc la redondance en en rajoutant une couche.

Je voudrais seulement exprimer ici quelques réflexions qui me viennent à propos de votre œuvre.

Je ne suis pas sûre que les crises d'adolescence aient de tout temps existé, parce que je n'ai pas connu tous les temps pour pouvoir affirmer ce qui s'y passait, et parce que je ne vois pas l'adolescence comme crise nécessaire, mais comme passage. Que le passage se fasse accompagné ou non de crise. Et j'ai plutôt l'impression que nous évoluons dans une société qui impose la crise à ce passage. Mais ceci est une remarque secondaire.

Plus particulièrement, je voudrais parler de mon rapport à l'humour. Je me place dans la position de celui dont on rit, et je me demande si l'on rit avec moi ou à mes dépens. Et si c'est à mes dépens, de quels frais s'agit-il ? Est-ce qu'on chatouille mon égo, c'est pas méchant. Est-ce qu'on se moque d'une faute de ma part ? C'est mérité. Est-ce qu'on dénonce un grand mal ? C'est noble.

Mais est-ce qu'on me marginalise, est-ce qu'on me rabaisse, est-ce qu'on me pointe du doigt, là c'est différent. C'est un autre état d'esprit auquel je ne participe pas.

Je n'aime pas les aphorismes qu'on assène comme de grandes vérités sans faire dans la finesse, avec lesquels on justifie tout et son contraire de façon démagogue. Désolée pour Desproges, qu'il soit cité encore et toujours dans ces situations ne m'impressionne pas du tout.

Je ne connais rien sur la trans identité. Mais sur l'adolescence. Et puisqu'elle est qualifiée de crise, je n'arrive pas à en rire de bon cœur. Il y a crise et crise. Mais les personnes qui plongent dans une véritable "crise d'adolescence" ont en général un boulet lourd qu'ils traînent depuis un moment, de type maltraitance familiale. Il y a les autres, chez qui tout baigne, et qui "jouent" presque la crise, histoire de suivre la tendance. De ceux-là seulement je pourrais sourire.

Ceci dit, sur le rapport entre adolescence/trans identité et humour, ce qui me ferait franchement rire, c'est qu'on pointe du doigt l'état d'esprit et les mécanismes qui stigmatisent ces deux groupes. Alors bon, vous feignez de prendre la position qui rabroue trans et ado, sûrement pour dénoncer le ridicule non des ados et trans, mais de ceux qui les critiquent. Mais dans votre pièce, les deux ne s'acceptent pas réciproquement, chacun enfermé dans son monde, son groupe, son système intolérant.

Voilà pourquoi je ne peux pas rire à l'humour de cette poésie.

Pour terminer, je vous remercie, Ramana, je trouve les textes objets d'avis divers les plus intéressants. Donc je n'aime pas votre texte, mais j'aime que vous l'ayez écrit et que d'autres, qui l'ont aimé, se soient exprimés. C'est là qu'on en apprend le plus, cela force à se positionner et à s'interroger soi-même. C'est la vie dans sa diversité.

Citation :

Pour plus de précision :
J’attribue à la poésie le pouvoir de faire bouger les lignes, d’apporter du nouveau dans les schémas de la pensée, du rire ou de l’émotion. Qu’elle surprenne, touche au plus profond, déstabilise aussi. Votre texte se fait simplement le relai d’un humour très partagé visant les proies les plus faciles à brocarder, en utilisant des fantasmes d’archétypes à leur sujet.
Je m’excuse de tant d’atermoiements au sujet de mon évaluation : je suis toujours ennuyé de noter faiblement une forme qui tient la route strictement parlant.

Citation :

Je dirais plutôt qu'il y a de tout dans un public. Est-ce qu'en tant que donnant dans l'humour j'aimerais être applaudi par les intolérants : non.

Bonjour Salima,
Bienvenue dans cette discussion. Sur la crise adolescente dont vous me dite qu’elle n’est généralement qu’un passage et rarement une crise, je suis d’accord avec vous si nous sortons de l’expression courante, et entrons dans les débats post Freud ou Erikson. Dans l’expression courante, populaire si vous voulez, on emploie le terme de crise, et c’est ainsi que je l’ai utilisé. Puisque les conceptions usuelles ont toujours un temps de retard sur les débats scientifiques, je vois, et notamment par votre entremise, que la notion de passage fait son chemin.
Sur l’actualité de la crise ou passage, il est vrai qu’elle n’existe pas dans certaines civilisations, ou n’a pas ou peu existé jadis dans la nôtre. Je n’allais pas si loin dans l’espace et dans le temps…
Notre société impose, dite-vous, une crise de passage, c'est vrai, mais plus que cela, je crois qu’elle est toute entière dans une crise de passage, avec des effets retombants sur divers aspects ou secteurs, dont un malaise intergénérationnel et des questionnements identitaires douloureux.
Vous exprimez d’une façon très claire votre rapport à l’humour, et je respecte votre point de vue sans y adhérer pleinement. En ce qui me concerne, je crois en avoir assez dit sur ce point dans mes envois précédents.
Contrairement à votre allégation, je ne feins pas de « prendre la position qui rabroue trans et ado, sûrement pour dénoncer le ridicule non des ados et trans, mais de ceux qui les critiquent ». Effectivement, j’ai dit que l’on peut dénoncer également dans cette scène un fils intolérant vis à vis de son père, et un père intolérant vis à vis de son fils. Mais mon intention première était bien de rire de l’un et de l’autre, et cela je l’assume tout-à-fait.
J’aime votre dernier paragraphe, qui dénote une ouverture d’esprit fort bienvenue dans ce monde en crispation.
Bien à vous,
Ramana.

Re-bonjour, Cyrill,
Merci pour vos précisions, je les entends d'une oreille attentive, et même des deux. Mon humour comme mes dénonciations ne visent pas uniquement, dites-vous, les proies les plus faciles, je suis parfaitement omnivore et me régale autant d'innocentes salades que de viande rouge. Et ne soyez pas ennuyé de noter faiblement mon texte, je suis aussi là pour qu'on me critique y compris sévèrement, même si je me défends avec ongles et dents.Sur l'intolérance, mon avis est que nous sommes tous intolérants à différents niveaux, et vis à vis de différentes situations. Il est souvent dangereux d'être sûr de son fait, car cela nous aveugle et nous éloigne du chemin du juste milieu. Ainsi, je m'efforce de tolérer même les intolérants, et ne dit-on pas aussi que "Dieu reconnaitra les siens".
Je vous laisse sur cette sage parole, et que la force soit avec vous.

Merci Ramana pour votre réponse. J'ai pris note. Je vous souhaite une excellente soirée.

Salima

Bonjour Larivière, j’ai pris connaissance de votre commentaire tardif, qui vient ajouter de l’eau au moulin des autres réactions négatives. Grace à vos appréciations, vous avez réussi à dégommer la dernière plume qui restait à mon chapeau, de mèche avec ce fameux algorithme « très compliqué » d’Oniris. Je sais, vous n’y êtes pour rien.
Vous trouvez quand même ce texte plutôt réussi sur la forme, ce qui n’est point pour me déplaire ; ce sera mon lot de consolation, merci. Et le fait que vous ne doutiez pas de mes bonnes intentions, me sied également, d’autant que c’est la vérité vraie.
Le fait que ce sujet soit douloureux, complexe, a déjà été avancé par les précédents commentateurs et j’y ai déjà répondu, aussi je n’en rajouterai pas plus.
Vous me dites, en réaction à ma citation de Pierre Desproges, que ce dernier pouvait s’autoriser à faire rire sur des sujets sensibles parce que son humour, « bien que grinçant, était de haute voltige intellectuelle » (ce qui n’est, bien sûr, pas le cas du mien). Honnêtement, pensez-vous que Desproges serait autorisé à notre époque ?
Je cite la variante que vous proposez, histoire de contribuer à sa diffusion publique sur le réseau : « On peut rire de tout, mais tout ne fait pas rire ». Ce serait chouette qu’elle devienne « virale », mais je crois qu’elle n’est pas assez « punchy » pour envahir le net, contrairement au modèle original. Et puis comme l’original persiste, ça fait moins « scoop », et le public veut du « scoop », nom d’une pipe ! Bon, je plaisante, j’espère que vous l’avez compris et ne m’en voudrez pas ; le monde est si sérieux !
D’après vous, je vous cite texto : « le couplet sur le look des ados, c’est le sempiternel couplet que l’on entend de la bouche des conservateurs ». Je suppose que vous entendez par « conservateur » non pas l’idéologie politique, mais simplement le fait d’être réticent à toute évolution des moeurs ?
Et rassurez-vous, je ne vous crois pas « rétrograde » le moins du monde.
Merci pour vos retours, au plaisir de vous relire...