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Réalisme/Historique
Acratopege : La chemise jaune
 Publié le 20/07/13  -  7 commentaires  -  12801 caractères  -  86 lectures    Autres textes du même auteur

Une fête de réveillon à la campagne, ce n'est pas que de la joie.


La chemise jaune


L'homme à la chemise jaune gesticule en bout de table sur un fond de tango. Ses lèvres s'agitent avec violence, sa mâchoire tressaute comme prise de convulsions fébriles, mais sa tête et son buste restent figés dans une immobilité de marbre. Il ne semble pas s'adresser à quelqu'un en particulier. Qui d'ailleurs pourrait saisir un mot de ses vociférations dans le brouhaha de la musique et le fracas du piétinement des danseurs sur l'estrade de bois qui jouxte sa tablée ? De ses yeux mi-clos, à la prunelle brillante, il observe ses mains, apparemment ébahi par leur agitation sauvage, les arabesques folles qu'elles dessinent dans l'air moite de la salle. Il fait penser à un enfant fasciné et terrifié par le spectacle virevoltant d'un guignol où s'entrechoquent gendarmes et matrones à grand coups de bâton, avec des cris, des rires de géants, des chutes fracassantes, des réconciliations, des embrassades qui n'en finissent pas.


Autour de lui, ses voisins de table ne lui prêtent guère attention. Ils finissent leur assiette ou leur verre, se resservent de vin, ajustent leur foulard ou leur nœud de cravate, laissent leur regard se perdre dans la foule des danseurs en essayant de repérer un visage connu, approchent leur visage à se toucher pour se lâcher dans l'oreille un commentaire qui les fait éclater de rire ou lever les sourcils. La plupart ne sont plus jeunes. Tous paraissent d'humeur légère.


L'homme à la chemise jaune peut avoir mon âge, mais avec un crâne dégarni. De sa pauvre chevelure, il a ramené quelques mèches sur le devant pour masquer la nudité du front et des tempes. Il a le profil rude, le menton lourd, le nez court un peu bossu, des joues creuses en coquilles d'huître qui bleuissent déjà. En bref, son visage évoque celui d'un faune mal vieilli ne sachant que faire de ce qui lui reste à vivre. Le personnage apparaît bien banal au milieu des convives de ce réveillon campagnard, mais il suscite en moi une gêne que je ne comprends pas. Le jaune de sa chemise tire sur le vert dans la lumière âpre des néons qui illuminent la grande salle en y gommant toutes les ombres.


Celle-ci est immense, rectangulaire, haute de plafond. Des ballons de couleur pendent du ciel, accrochés aux agrès dont on torture les enfants, les jours de classe, pendant les heures de gymnastique. On a protégé le sol, de mur à mur, avec de grandes plaques d'aggloméré qui colle aux semelles. Des tables longues, semblables à celles qu'on imagine meubler les cuisines des vieilles fermes de la région, occupent la plus grande part de l'espace. À travers les baies ouvertes sur la campagne, dans la nuit, on voit scintiller des armées de flocons de neige.


Tout à l'heure, pour rejoindre mon épouse occupée avec ses collègues de la chorale aux préparatifs de la fête, je marchais seul dans le noir depuis le village voisin. Une demi-heure de route enneigée tout en lacets, en côtes et en descentes. La neige qui recouvrait la route et les champs atténuait à peine l'obscurité profonde. Je sentais des flocons invisibles effleurer la peau de mon visage. L'air était froid comme de la glace. Alentour, il n'y avait pas le moindre signe de vie, pas la moindre lueur pour m'aider à rester dans le droit chemin. Aucune rumeur humaine ou animale, aucun froissement de branchages ne tachait le silence. C'est à peine si j'entendais, lointain, le feulement de mes pas sur la neige fraîche. Mais soudain les phares d'une voiture surgissaient, inondaient la scène d'une fulgurance jaunâtre. Pris dans la ligne de mire du bolide aveugle, j'esquivais l'estocade en sautant sur le bas-côté de la route où la neige me montait à mi-mollet. La voiture me frôlait en grand fracas. Sitôt qu'elle s'était volatilisée dans mon dos, je goûtais avec une délectation nouvelle le silence et le noir revenus, plus denses, plus absolus. J'attendais avant de me remette en marche que le froid qui enserrait mes chevilles devînt insupportable.


Maintenant, de ma place, je distingue à peine les traits de l'homme à la chemise jaune. Deux tablées pleines à craquer de convives joyeux m'en séparent. Son profil, à mes yeux, ne dépasse pas la taille d'un timbre-poste ou d'une médaille commémorative. Je me sens pourtant incapable de détourner le regard de cette silhouette que j'ai frôlée tout à l'heure en cherchant ma table. Elle me trouble, m'empêche de participer en plein à la conversation quand celle-ci renaît autour de ma table, comme un feu qu'on attise, à chaque pause accordée par l'homme-orchestre en habit de carnaval. Nous soufflons de soulagement chaque fois qu'il daigne cesser de nous assourdir en s'agitant derrière son micro, son écran, ses claviers électroniques.


Sachant que moi et ma femme sommes neufs dans la région et avides de nous intégrer dans ce nouveau monde, des voisins nous ont invités à rejoindre leur table familiale. Nous nous sentons bien calés au milieu des frères, des sœurs et des belles-familles, tous implantés dans les villages des environs depuis plusieurs générations. La conversation vaticine de-ci de-là, tantôt resserrée en apartés intimes, tantôt se diffusant à la tablée entière comme une vague. On parle du divorce de ceux-ci, de l'accident de voiture de celui-là, du temps qu'il va faire, du prix du lait, des prochaines vacances, de la réorganisation désastreuse du service postal, du souci causé par les enfants qui grandissent trop vite, du prochain spectacle de la chorale, de la moralité trop rigide du nouveau pasteur. Je n'écoute que d'une oreille et ne me mêle que chichement aux échanges, juste assez pour qu'on ne parle pas de moi comme d'un malotru à la première occasion. Cette posture excessivement discrète m'est coutumière en société. Quoi qu'en pensent mes proches, il ne s'agit pas chez moi d'un désintérêt pour la vie des autres gens, mais bien d'un réflexe de recroquevillement et de recul, une sorte de ressac qui m'emporte parfois à l'intérieur de moi-même contre ma propre volonté.


Après la terrine et les salades, nous partageons la traditionnelle fondue chinoise du soir de l'an. Sur les réchauds à alcool, le bouillon bourdonne dans les caquelons ; les fourchettes se battent pour y conquérir un territoire, chacune gravée d'un signe distinctif à l'extrémité du manche pour qu'elles ne se mélangent pas. La mienne porte chichement un rond blanc à moitié effacé. Je n'y vois aucune allusion personnelle à ma condition, même si j'aurais préféré une figure plus séduisante pour marquer ma possession. Les plats de viande et les bouteilles de vin rouge se suivent sans compter. À la fin, je crois bien que je suis le seul à manger encore. Les autres boivent déjà du café dans des tasses de plastique. Ma bûche glacée commence à fondre sous les yeux de tous.


Pendant le repas, je n'ai pu m'empêcher de lever cent fois les yeux, entre mes deux vis-à-vis, vers la silhouette de l'homme à la chemise jaune. Il me semble avoir dit déjà que deux tables nous séparent. La plus éloignée abrite une famille nombreuse pleine d'enfants agités dont les parents, un couple déjà mûr, peine à faire façon. La plus proche n'est peuplée que de jeunes gens qui ont posé écharpe et veste de cuir sur le dossier de leur chaise. Un club de motards de la région, sans doute, ou bien une amicale de pompiers du dimanche. S'il y a une ou deux femmes parmi eux, elles sont habilement travesties en hommes. Tous se ressemblent tant qu'on croirait une assemblée de sosies : même coiffure désuète rappelant les années 70, les road-movies, le rock des Rocheuses ; même visage crevassé et rougeaud ; mêmes épaules roulant de droite et de gauche comme pour rattraper un semblant d'équilibre sur le pont d'un bateau à voiles ; mêmes levées des yeux au ciel quand l'homme-orchestre manque un accord ou saute un temps.


Ensuite il faut se joindre à la danse pour ne pas se faire remarquer. Ici, ils vous montrent du doigt quand de toute la tablée vous restez le seul couple assis. Au terme d'un cours de danse que mes parents avaient offert à leurs adolescents, j'avais à dix-huit ans gagné un premier prix de valse avec ma jeune sœur. Ma technique s'est dissoute avec les années, mais le plaisir de tournoyer sur les planches est resté le même : au premier temps de la valse s'insinue le pied droit du cavalier entre les jambes de la cavalière, entraînant dans un mouvement de manège les hanches soudées, les poitrines effleurées, les têtes bien droites qui paraissent suspendues à un fil invisible ; au deuxième temps se fondent les jambes en une tige unique ; au troisième se croisent les regards des danseurs : arrêt sur l'image, infime piétinement avant que plonge en arrière la jambe gauche du cavalier au premier temps de la valse.


Ainsi, de demi-volte en demi-volte, nous tournons sur la piste en nous faufilant entre les couples. La plupart des danseurs nous sont inconnus, mais nous nous sentons en famille. Quelques bousculades font naître des sourires sur les visages concentrés. On échange de couple à couple, furtivement, un geste de connivence ou d'amitié, un petit mot qui se perd dans la musique, un regard complice qui dit la fierté de tournoyer ensemble comme un seul homme. Un sentiment étrange m'habite, l'impression que dans mon corps et mon âme le passé, le présent et le futur se mélangent : je me sens en pleine communion avec ma femme et les villageois qui nous entourent, mais je suis aussi l'adolescent qui tremble d'émoi en dansant dans la pénombre, en bord de mer du Nord, avec une fille blonde à la tresse interminable, et le vieillard qui s'essouffle à valser encore, une dernière fois peut-être, au cours de l'après-midi récréative que le sordide asile où je termine mes jours offre un dimanche chaque mois à ses pensionnaires.


L'homme à la chemise jaune danse avec une femme âgée qui le dépasse d'une tête. D'abord je ne l'ai pas vu à cause de la foule des couples virevoltants. Un éclair doré, soudain, me le fait découvrir à l'autre bout de la piste. Je frissonne de tout le corps comme si j'avais rencontré le loup des contes au détour d'un chemin. Ma femme me regarde avec un drôle d'air. Elle ne dit rien, mais serre plus fort sa poitrine contre la mienne. Je tente de nous tenir à distance de l'homme, lutte de toutes mes forces contre les courants de marée qui m'entraînent vers la tache de lumière de sa chemise, mais tous les couples de danseurs paraissent se liguer contre moi. Ils nous pressent, nous creusent des sentiers où nous glissons sans pouvoir nous accrocher à rien, nous aspirent vers le centre de la piste où l'homme est soudain tout près. Au dernier accord de la valse, nos regards se croisent, et je comprends ce qui m'a troublé à l'observer de loin tout à l'heure : le visage de l'homme à la chemise jaune est le jumeau du mien ; il est mon reflet dans le miroir, une copie de la terrible image que mes yeux rencontrent chaque matin quand je me rase. Avec horreur, je me reconnais jusque dans ses mimiques disgracieuses, la façon qu'il a de tenir sa tête un peu penchée vers la gauche. Il dit quelque chose à sa partenaire en attendant que l'homme-orchestre envoie la prochaine danse. Je ne distingue pas ses paroles, mais je reconnais bien le timbre de sa voix, le mouvement de ses lèvres, ses haussements de sourcils.


À minuit, nous partageons le champagne avec nos voisins de table. Je ris avec les autres en échangeant des vœux de bonheur, mais je sais que la nouvelle année ressemblera à toutes celles qui l'ont précédée. Elle ne sera ni meilleure ni pire. Ma femme ne comprend pas pourquoi je refuse de danser encore. Fâchée, elle se laisse inviter par ses collègues de la chorale. Ses yeux brillent quand elle se rassied pour boire un verre et bavarder avant de se laisser entraîner dans une autre danse.


Je quitte la fête vers deux heures, la laissant avec ses amis s'affairer au rangement de la salle. Il ne neige plus. Un brouillard dense s'accroche à la campagne noire. Je peine à avancer sur la route gelée qui mène à mon village à travers les champs invisibles. Quelques voitures me dépassent au ralenti. L'une d'elles s'arrête à mon niveau. Des voisins m'ont reconnu et me proposent de me ramener chez moi. Je les sens inquiets et n'ai pas le cœur de refuser. Je dors déjà quand ma femme me rejoint au lit.


Au réveil, elle me dit que la fête s'est mal finie. Un couple qui avait trop bu a commencé de se battre sur la piste de danse. L'homme a quitté la fête sans saluer personne. Sur le verglas, il a manqué un virage dans la descente vers la ville et dévalé un ravin. Il est mort sur le coup. Nous ne le connaissons pas, mais je l'ai sûrement remarqué pendant la soirée, avec ma vilaine habitude de scruter tout le monde pour passer le temps. Un petit homme chauve, un peu bedonnant, l'air veule. Il portait une vilaine chemise jaune et dansait comme un canard.



 
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   Anonyme   
2/7/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Des formules simples et percutantes ! Exemples :
"des joues creuses en coquilles d'huitre qui bleuissent déjà"
"Des ballons de couleur pendent du ciel, accrochés aux agrès dont on torture les enfants, les jours de classe"
"aucun froissement de branchages ne tachait le silence"
"Ils nous pressent, nous creusent des sentiers où nous glissons sans pouvoir nous accrocher à rien"

Une écriture précise, je trouve, offrant un regard un peu décalé, ce que j'apprécie. Quant à l'histoire racontée, je l'ai trouvée vraiment très bonne, avec ce courant souterrain d'inquiétude qui la parcourt de bout en bout sous les apparences anodines, ce thème du double et sa fin affreuse pour le narrateur (mais par procuration). Cela dit, j'ai un bémol important : pour moi, le fait de donner au personnage à la chemise jaune un visage jumeau de celui du narrateur, même si la ressemblance n'est peut-être que dans les yeux de celui-ci, est de trop, elle appuie trop sur l'intention ; ne serait-il pas possible, sans aller jusqu'à la ressemblance des traits, de parler d'une similitude d'allure, d'une mèche blanche contrastante équivalente par exemple, bref d'un détail moins écrasant que la ressemblance complète ? Il me semble que le texte y gagnerait en subtilité...

Mais de toute manière, je l'aime déjà beaucoup ainsi. Je me répète peut-être : j'ai adoré votre écriture, à la fois ample et claire.

   alvinabec   
3/7/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
C'est un texte de facture très classique dont la chute ne me parle pas plus que ça, comme si l'auteur avait voulu mettre quelque chose de 'fantastique', un dernier effet de manche pour emporter l'adhésion du lecteur.
La lecture de ce récit m'a semblé un brin fastidieuse, sans doute parce que la surabondance d'adjectifs freine la progression de l'action. Il y en a trop, tellement trop...comme les métaphores employées, 'le feulement de mes pas', je ne vois pas...
Pour ce qui est de ce réveillon, il me semble que l'on ne sent pas la montée de l'intrigue, ce qui agite le narrateur, ce qui nourrit son malaise, l'homme en jaune a du sens, du moins je le suppose, et puis il disparaît pour ne revenir qu'en fin de texte. Le temps de la nuit s'égrène, le narrateur rentre seul et revoilà l'homme jaune, veule, bedonnant, chauve, vilain canard...pourquoi, on ne sait pas.

   Anonyme   
5/7/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
À la fin de ce récit je reste quand même sur ma faim, sur une impression d'inachevée voire de confusion. Vous avez intrigué le lecteur tout du long avec ce bonhomme à la chemise jaune pour ne fournir au bout du compte aucune explication. Qui est-il ? Un simple sosie ? Le reflet du narrateur ? Une projection de sa part sombre ? Ce n'est vraiment pas clair et c'est bien dommage car, du coup, cette histoire se dégonfle comme un soufflet. C'est comme si on avait une démonstration mathématique qui ne débouche sur rien.
Dommage, car il y a de bons passages, entre autre le moment où le narrateur danse la valse avec son épouse, vraiment bien réussi. On sent que vous êtes un fin connaisseur !
L'écriture est de qualité, je n'ai pas relevé de défauts majeurs.

   Marite   
21/7/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bien aimé ce réveillon à la campagne, la fluidité de l'écriture nous permet d'y entrer sans gêne aucune. La salle, les convives, l'atmosphère y sont précisément décrits sans que cela ne devienne ennuyeux. J'ai apprécié aussi pas mal de tournures qui témoignent de l'aisance de l'auteur à manier la plume.
Reste l'homme à la chemise jaune ! Qui est-il ? Qu'est-il venu faire à ce réveillon campagnard ? Personne ne semble l'avoir invité.
Dans le premier paragraphe, malgré son comportement étrange il semble même invisible : " Ses lèvres s'agitent avec violence, sa mâchoire tressaute comme prise de convulsions fébriles, mais sa tête et son buste restent figés dans une immobilité de marbre. Il ne semble pas s'adresser à quelqu'un en particulier. Qui d'ailleurs pourrait saisir un mot de ses vociférations ..."Ce qui le rend encore plus mystérieux c'est le fait que le narrateur le reconnaît comme son "jumeau" et là je me dis : "mais pourquoi personne ne le remarque dans la salle ? Même pas son épouse ?
Alors, après avoir lu la chute, je pense qu'il s'agit là d'un "signe" donné au narrateur ... puisqu'il est le seul à l'avoir remarqué. Le fait que cet homme à la chemise jaune soit mort dans un accident au retour du réveillon ... peut signifier que le narrateur devait peut-être, dans les jours, semaines, mois qui suivent, changer de vie ou de façon de vivre ? Nous sommes dans la catégorie 'Réalisme" c'est pour cela que je l'interprète ainsi.

   brabant   
21/7/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Acratopège,


L'ambiguïté est habilement entretenue... mais coûte son rythme au texte qui, à partir de là, ne m'a pas emballé. On y danse mais on ne virevolte pas et le tempo m'a semblé celui d'une valse lente, hésitante, qui aurait coincé vers la fin, sur le double thème du double et du vieillissement, avec en quelque sorte et en conséquence le cul entre deux chaises.

Je n'ai pu me départir d'un ennui poli sans vouloir cependant décrocher car le style, s'il est un rien pesant et languissant, est solide.

Mais ceci n'est bien sûr, ici, que mon modeste avis, sur ce texte sans surprise et sans trouvaille stylistique à la lisière du fantastique. Qui rencontre son double meurt dans l'année...

   Palimpseste   
21/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Acratopège...

J'ai bien aimé le texte, impeccablement écrit comme toujours. De très belles phrases, dont la magnifique "(...) mais bien d'un réflexe de recroquevillement et de recul, une sorte de ressac qui m'emporte parfois à l'intérieur de moi-même contre ma propre volonté"... des formules plus convenues, à la limite du plaisir (solitaire) d'auteur (les trois dernières lignes du premier paragraphe étaient un peu lourdes).

Par contre, j'ai une lecture très différente de celle d'autres commentateurs, et je pense que vous avez DEUX narrateurs: l'homme à la chemise jaune ET la femme qui l'a subjugué. Par contre, on ne voit pas de séparation du passage de l'un à l'autre. Peut-être faudrait-il simplement mettre la narration de la femme en italique ou avec un retrait ?

La chute n'est pas terriblement novatrice, mais très efficace.

Dernier point: je ne vois pas trop pourquoi l'avoir mis en catégorie "Réalisme/historique", plutôt portée sur les récits ancrés dans un réel lié à la grande Histoire.

   Lobia   
22/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Jolie nouvelle basée sur un détail, une sensation diffuse qui finit par obséder ce solitaire perdu dans la foule.

Le protagoniste est très bien décrit, on visualise rapidement cet homme "normal", marié, poli, qui se plie au rituel du Nouvel An bon gré mal gré et fait des efforts pour s'intégrer.

La description de la soirée m'a plu, j'avais l'impression d'être assise à cette table, et le malaise grandissant y est distillé par petites touches de façon subtile.

Quelle expérience angoissante : croiser son double ! Cela pourrait être amusant si ce "sosie" ne lui renvoyait une image de lui-même qu'il déteste.
Qu'il lui ressemble ou non a d'ailleurs peu d'importance, l'ennui c'est qu'il se reconnaît en lui... Qui voudrait ressembler à ça : "Il a le profil rude, le menton lourd, le nez court un peu bossu, des joues creuses en coquilles d'huître qui bleuissent déjà. En bref, son visage évoque celui d'un faune mal vieilli ne sachant que faire de ce qui lui reste à vivre ?"

J'ai aimé que l'auteur se débarrasse de ce double encombrant, d'une mort violente et brutale ! Bien fait ;-)

Est-ce qu'il arrivera à l'oublier pour autant, ce "petit homme chauve, un peu bedonnant, l'air veule" ?

Bref, j'apprécie à chaque fois tout ce que l'on peut lire entre le lignes de vos histoires, avec une écriture impeccable comme à l'accoutumée.


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