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Humour/Détente
aldenor : La source d’Ovide [concours]
 Publié le 06/02/09  -  25 commentaires  -  4821 caractères  -  96 lectures    Autres textes du même auteur

Description d'un verre d'eau.


La source d’Ovide [concours]


Ce texte est une participation au concours nº 8 : Les brèves d'eau (informations sur ce concours).



J’aurais dû écrire au lieu de végéter toute ma vie dans ce fichu service d’hydrologie, inattentif à mes richesses intérieures. Écrire donne à contempler, sur le plan d’eau des pages noircies, nos trésors enfouis.

Sans compter que ça doit être chouette une existence d’écrivain : balades en campagne où l’on puise l’inspiration, comme à la chasse aux papillons, poc ! une phrase bien tournée dans le filet ; soirées de délassement sur un sofa moelleux au coin du feu avec un bouquin parcouru distraitement, histoire de voir comment se dépatouillent les confrères…

Et puis, tel docteur Jivago dans sa datcha perdue de Varykino, on libère ses lépidoptères dans la fraîcheur du petit matin ; les oiseaux pépient dans les arbres ; la plume crisse en dansant sur le papier sur l’air de « Lara » de Maurice Jarre.

Ensuite viennent les prix littéraires, les lettres d’admiratrices : « J’adore le passage dans lequel viennent des lettres d’admiratrices ! »


Il est peut-être encore temps de m’y mettre ; ce qui m’arrête ce sont les descriptions. On prend forcément des plis après une carrière dans l’analyse des eaux ; une description se fait platement, en indices et ratios… Par exemple le verre posé sur la table de travail d’Omar Sharif, jouant Jivago dans le film de David Lean : tout ce que je saurais en dire c’est que voilà un verre d’une contenance de 25 cl, plein d’une eau dans laquelle je décèle pas mal de particules de manganèse en suspension, une forte teneur en sulfates, dépassant certainement 250mg/L, des traces de mercure… « Renvoyez-moi mes lettres illico presto ! »… ; donc assez répugnante, toxique et laxative.


- Coupez ! Pardon monsieur, vous voulez bien remettre ce verre en place, nous sommes en plein tournage.

- Oups, pardon.


Vous aurez noté le réflexe de la déduction chez un esprit scientifique (mais s’orientant vers la littérature) : sulfatée donc laxative. Donc risque de désagréments. Fort de ces conclusions, l’acteur réclame un pot de chambre à titre prophylactique.


- Pas question ! tonne Pasternak, venu s’assurer de la fidélité du scénario, il n’y a pas de pot de chambre dans mon livre, il n’y en aura pas à l’écran !

- Bon, tranche David Lean à l’adresse d’Omar Sharif, portez donc des couches capitonnées.

Omar enfile des couches capitonnées ; du coup il paraît plus grand, assis sur sa chaise.

- Ça ne va pas ! s’exclame le metteur en scène, exaspéré. Amenez un menuisier pour scier les pieds de la chaise.


*


Pause. L’équipe du film se dégourdit les jambes sur le plateau. J’aborde le prix Nobel :


- Entre nous Boris, je me suis mis à écrire et j’achoppe un peu sur les descriptions, alors dites-moi, comment décririez-vous le verre d’eau de Jivago ?

- Monsieur l’hydrologue, il faudrait d’abord que vous compreniez qu’en littérature l’eau n’est pas de l’eau. Elle est un symbole : tour à tour destructrice, comme dans le déluge ou l’épopée de Gilgamesh, ou alors purificatrice, source de vie. On la décrira selon le contexte.

- Ouais… Sauf que dans mon cas, je n’ai pas vraiment de contexte bien défini, voyez-vous.

- Alors vous n’avez qu’une seule solution : un verre d’eau vide.

- Parfait. Au fait, comment sait-on qu’un verre vide, est vide d’eau ?


*


Arrive le menuisier en sueur, blanc de neige artificielle. Il pose sa scie et boit d’un trait le verre d’eau invitant de Jivago.


- Bon, où se trouve la chaise à écourter ?


David Lean soupire, au désespoir :


- Il n’y en a plus. Dès lors que vous avez bu l’eau. Que va-t-on faire maintenant monsieur Pasternak ?

- Ce n’est pas grave, l’hydrologue nous improvisera un petit quelque chose de son cru.

- À la grâce de Dieu. Silence on tourne !


*


Des particules de manganèse flottent dans le néant mercurien et sulfaté du verre d’eau vide posé sur la table de travail du docteur Jivago. Il y trempe sa plume. Il écrit « Lara » en transparence. Musique. Le nom danse sur le papier. Le verre d’eau vide se remplit de mots miroitants !


- Cessez de me postillonner au visage ! Comment voulez-vous que je me concentre sur ma nouvelle ? s’emporte Omar Sharif.

- Vous écrivez véritablement une nouvelle ? Voilà un acteur consciencieux ! Quel en est le sujet ?

- La source d’Ovide, dans laquelle se mirait Narcisse.

- Pardon, pardon, c’est moi qui suis en train d’écrire cette nouvelle.

- Du fait même, moi aussi, Essicran, en qui se reflète votre moi enfoui.

- Ah ? Je vous avais pris pour un acteur… Mais si vous êtes mon reflet, où sont donc les trésors ?


- Coupez ! J’ai dans le cadre le menuisier sur un pot de chambre !


 
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   Faolan   
6/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un très bon texte. Un style coulant mais recherché. De l'humour. Des références.

J'ai beaucoup aimé !

Merci.

   Nongag   
6/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Franchement rigolo! Beaucoup d'humour et de créativité dans ce petit torrent d'idées. Je retiens en particulier la description du verre d'eau et les dialogues qui sont savoureux.

   Flupke   
6/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'adore !
On retrouve bien là l'excellence du style comique d'un Aldénor en pleine verve. J'aime beaucoup ce genre d'incursion loufoque de l'auteur dans son texte et j'ai passé un bon moment de lecture. Dans mon top 5 pour ce concours.
Merci

   widjet   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Toujours le même plaisir, la même frénésie, le même ton décalé avec cette même apparence de facilité. Aldenor fait partie des auteurs dont le style est immédiatement reconnaissable. Rares sont ceux qui ont une "patte" aussi identifiable.

Ok, il a fait beaucoup mieux, mais ce petit texte sans prétention avec ses bonnes répliques et le style visuel de son auteur est ce qu'il me fallait pour bien entamer mon week end.

Encore une fois, j'aime.

Widjet

   Menvussa   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Déroutant en première lecture car demandant une certaine attention tant nous nageons dans un surréalisme absurde. En seconde lecture la trame se dénoue, la structure apparaît avec le plaisir de découvrir un esprit finement tordu.

L'eau est présente par l'entremise de ce verre vide, vide d'eau dont seul l'ouvrier charpentier pourra nous confirmer qu'il s'agit bien d'un verre d'eau vide, car paradoxalement; on n'est pas dans la "merde".

Comme quoi l'hydrologie, science qui coule de source peut mener à tout et générer une écriture fluide, pour un sujet aqueux, sans queue ni tête.

   Filipo   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une grande facilité à rebondir sur des riens (c'est le cas de le dire) et finalement faire un texte qui n'a point d'autre focus qu'un délire rythmé à la Devos. J'aime moyen, mais j'apprécie la fluidité d'ensemble et le travail d'écriture.

   Anonyme   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un ton décalé sur un rythme endiablé pour une histoire originale
Merci
Xrys

   Bidis   
7/2/2009
Aldenor tourne autour du thème imposé. C’est drôle et très enlevé - bien sûr puisque c’est de l’Aldenor - mais je suis un tout petit peu déçue tout de même. Je m’attendais à quelque chose de moins… de plus… bref, à quelque chose qui soit plus à la mesure du formidable talent de ce génial auteur.
Enfin (soupir !) j'ai passé un fort bon moment quand même...

   Malka   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Beaucoup d'humour et un texte agréable à lire.

   jensairien   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Aldenor a de la ressource, pour sûr
grand délire et grande aisance
moi aussi un de mes textes préférés

   Anonyme   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
L'auteur est passé maître dans l'art du non-sens. So british my dear...
Je n'ai pas lu beaucoup de postulants au titre suprême mais je place Aldenor sur le trône (arf) haut la main.

   victhis0   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
mouais. Pour des références, ça, y en a...Au cas où on douterait de l'érudition de l'auteur ; pas de problème : je te m'en vais t'en fiche, moi de la culture générale et des mots savants. Z'avez qu'a bien vous tenir...
Pour le fond, ça vasouille sévère, entre non sens et délire gratuit, prétexte à un style pas désagréable, voire assez original. Pour ça, le texte mérite le détour de la curiosité, pour le reste, je passe mon chemin sans remords.

   Anonyme   
8/2/2009
Rien à rajouter à ce qu'a écrit Vichtis0, désolée.

   Ephemere   
8/2/2009
Bonjour, ça ne m'amuse pas trop non plus, je lis cela sans déplaisir mais sans être saisi.
Je ne note pas car je ne sais pas.
FMR

   marogne   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
je vais être en décalage complet avec beaucoup des autres commentateurs, mais je crois que l'on a compris que mon esprit était assez hermétique à ce type d'humour, et que donc il fallait prendre avec des pincettes mes commentaires et appréciations sur ce type de texte.

Bon, et bien je n'ai pas compris grand chose, à part quelques bons mots de-ci de-là, et une belle écriture. Un texte surréaliste par certains cotés, mais peut être pas suffisamment pour que sa lecture titille notre volonté de comprendre; un manque d'excès qui fait que l'on reste un peu au milieu du gué.

   dude   
9/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé le côté loufoque du texte! On ne sait pas très bien où l'on va, ni même ce qui se passe, mais la balade est agréable et on sourit pas mal. C'est décalé, absurde. Un texte originalqui tourne autour du pot ;)

   Anonyme   
11/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'humour est sans doute le genre le plus difficile.
Aldenor y excelle et c'est un exemple pour les braves qui s'aventurent dans cette périlleuse entreprise.
Merci Maître, pour cette lecture jubilatoire.

   melonels   
11/2/2009
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Désolé, les autres commentaires sont à l'opposé de ce que je pense, si tant est que je puisse penser n'ayant rien compris à ce texte, au style lourd et pompeux.

   David   
12/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Aldenor,

Bravo pour l'esprit, bravo pour le sel (ou les particules de Manganèse... ) et merci pour cette mise en garde contre le narcissisme de se regarder écrire !

   guanaco   
14/2/2009
Ah les pieds-de-nez et les mises en abîme d'Aldénor!
Beaucoup d'humour dans cette nouvelle mais je n'ai pas été convaincu.
Merci
Guanaco

   Ariumette   
22/2/2009
D'abord félicitation d'avoir relevé le défi de ce concours !
Mon avis : J'apprécie le fond,la forme, l'idée, l'absurde... Mais je n'ai pas été emportée... Tant pis pour moi, j'y reviendrais !

Pas de note cause concours

   Anonyme   
1/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Délicieux.

j'ai eu l'impression de me trouver sur le tournage.
très réaliste, très drole.

Merci pour ce moment de lecture qui ne me laisse qu'à ajouter : Merci.

   Anonyme   
21/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un joli travail d'écriture, des détours pour les méninges, de l'absurde plaisant.

C'est un bon texte, même s'il faut quand même un bagage culturel assez conséquent.

   Selenim   
13/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un texte délirant qui perd de sa suberbe dans le dernier tiers.

L'imagination de l'auteur explose à chaque phrase. Ce qui me gêne, c'est qu'avec la progression de l'intrigue, l'imaginaire prend le pas sur la structure. Le récit est guidé par un imaginaire qui écrase tout sur son passage.

Même les Monthy Python encadraient leur imagination débordante dans une armature qui gardait l'unité du récit intacte.

Selenim

   matcauth   
9/1/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce genre de thème est le plus souvent casse-g... et on tombe dans des caricatures cul-cul la praline, sans subtilité.

Mais ici, non. ça délire bien comme il faut, mais sans jamais perdre le souci du détail, jusque dans "l'eau vide", et sans perdre cette étrange impression que tout cela pourrait être (presque, n'exagérons rien !) réaliste.

Et puis, mais je l'avais déjà noté, il y a ce désir d'emmener le lecteur à ce demander comment cela va finir et pourquoi il est embarqué dans ces considérations étranges.

Bon, bien sûr, on pourrait aller loin dans cette histoire, et la fin arrive toujours trop tôt, ou au mauvais moment, bref il faut bien conclure. Mais c'est pour chipoter.

C'est un plaisir de vous lire.


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