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Réflexions/Dissertations
Alexa : Déco Rêve
 Publié le 09/07/15  -  6 commentaires  -  3940 caractères  -  64 lectures    Autres textes du même auteur

Avoir un projet déco peut réserver quelques surprises existentielles...


Déco Rêve


C'est le lundi matin, vous êtes chez Déco Rêve. C'est un début de semaine douloureux, vous regrettez presque les lundis austères et réglés de votre vie salariée. "Déco Rêve, votre salon dans les étoiles", prétend la pancarte. Si vous n'étiez pas là pour ce projet important dans lequel vous êtes fortement investi, vous pourriez détruire à coup de pied ce morceau de plastique et brûler ce magasin, cela vous apaiserait certainement et donnerait peut-être un sens nouveau à votre vie. Mais non. Vous avancez sagement. Dépassez la pancarte. Un chien mort aurait plus d'entrain.


Qu'est-ce que c'est que ces néons affreux ? Est-il permis par le bon goût d'associer un slogan si céleste à un local si vulgaire ? Comment le responsable de ce trou vit-il la médiocrité de ses choix ? Mais vous n'êtes pas là vous discuter luminaire et mobilier commercial.


Vous vous engouffrez dans une allée. Canapés et autres dispositifs d'affalement. Certains sont gros et mous, d'autres chics et durs. Tous sont chers, très chers. Trop chers. Vous avez beau avoir des projets, vous êtes à peu près pauvre. Cette bourgeoise devant vous qui se traîne entre les fauteuils cuir n'a ni votre énergie, ni votre talent, elle a par contre plein d'argent. Elle peut se payer sans même bouger un sourcil ce sofa infâme sur lequel vous venez de vous affaler, dépité.


Voilà le vendeur qui vient. Enfin, le commercial. Au delà d'un certain montant, on ne dit plus vendeur, c'est grossier. Vous vous demandez alors pourquoi l'argent nous définit, que font vraiment les hommes sur Terre, pourquoi le monde est si absurde. Votre philosophie de comptoir dure un certain temps. Vous auriez dû le passer à méditer sur les règles du magasin, car il est interdit de s'affaler sur les produits à vendre, et le vendeur vous découpe du regard.


Depuis votre position, il a l'air d'un saint vaporeux auréolé de lumière. Mais il s'appelle Michel, c'est écrit sur son badge, et les néons dans son dos n'ont rien de sacré. Dans une seconde, Michel va vous demander de partir et vous vous sentirez humilié.


Allez, ce n'est rien, vous vous focalisez sur votre projet, c'est la seule chose qui compte. Quel est-il déjà ? Ah oui. Son objectif est flou et sa réalisation hasardeuse. Vos motivations de départ ont disparu dans le marais sans fond de vos doutes. Et si vous étiez ici pour écraser et démolir, plutôt que pour célébrer et bâtir ? Ce vendeur n'est-il pas la dernière porte à pousser pour infliger à votre quotidien cet électrochoc violent auquel vous sentez ne pas devoir échapper ? Si vous aspergiez Michel d'essence, que vous craquiez une allumette en souriant et le regardiez gémir tandis qu'il fusionne dans une odeur de chair brûlée avec ce canapé en croûte, quel chemin nouveau prendrait votre existence ? Êtes-vous dans un magasin de déco ou dans l'antichambre de vos fantasmes lubriques ? Cette bourgeoise à gros moyens croisée plus tôt n'est-elle pas une métaphore de votre mère vous gorgeant d'amour ?


Le vendeur bave et vous dit que le sofa est en promotion, c'est du cuir de daim produit localement, traité contre les moisissures. Respectueux de la planète. Vous vous projetez dans trente ans, au milieu de votre salon, une couche de champignons putride recouvre le sofa, votre cadavre décomposé gît à ses pieds depuis trois mois au moins. Vos voisins incommodés par l'odeur ont mandaté un dératiseur, croyant à un animal mort quelque part.


Vous réalisez alors que votre projet n'est ni fait ni à faire, que vos parents sont loin, que vous ne regardez pas assez le ciel. Vous aimeriez être à courir dans une forêt des Landes, à recueillir la sève d'un pin centenaire dans un récipient de terre cuite. Vous vous levez d'un bond et faites face à Michel, surpris. Vous détectez au fond de ses yeux la même panique et la même vacuité qui vous habitent. Vous lui faites un étrange rictus, son regard s'emplit de colère, vous fuyez à grandes enjambées.


 
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   in-flight   
22/6/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Un mélange de réel et de phantasmes. Je trouve la crémation imaginaire de Michel un peu excessive pour son simple statut de vendeur.
Bon, j'ai toujours un petit problème avec les textes qui impliquent de force le lecteur: "vous ceci... Vous cela..." Ça créé souvent un style un peu forcé.

Le début n'est pas assez subversif je trouve, ça manque un peu d'excès et d' exagération dans la narration. Et puis "déco rêve" c'est moyen.

Il manque le "t" à "donnerai" dans le premier paragraphe.

Un texte sympa mais dont je ne retiens pas grand chose. On sent toutefois un plaisir d'écriture, et c'est là le plus important.

   hersen   
23/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà, nous y sommes tout à fait. Acheter un sofa se transforme en prise de conscience.
L'auteur nous y amène très bien, d'une façon à la fois pleine d'humour mais aussi très réaliste.
C'est excellent, complet, simple à lire pour une grande idée : en définitive, de quoi avons-nous besoin ?
La couche putride de champignons qui recouvrirait le sofa dans trente ans. Délectable !
Bravo !

   MariCe   
10/7/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte court qui mérite qu'on le regarde d'un peu plus près. Car même si la première lecture peut paraître déstabilisante, le thème est récurrent. On nous vend du rêve. On nous fabrique des besoins. Quitte à laisser de côté des besoins existentiels, comme celui, tout simple, de se ressourcer, auprès d'un grand chêne ou le cours d'une rivière.
Merci Alexa.

   AlexC   
11/7/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Hello Alexa,

J’ai lu votre texte une deuxième fois, puis une troisième, mais je vous avoue que je ne comprends pas tout.

Je résume.

Je me suis investi complètement dans un projet, abandonnant pour cela mon emploi stable. Je vais à reculons dans un magasin de meubles aux prix exorbitants, alors que je suis plutôt pauvre, afin de donner corps à ce projet. Mais ce projet est si flou que je suis incapable de le décrire en quelques phrases et surtout si peu motivant que je déprime assez pour nourrir des désirs pyromanes. Du coup, je rêve de l’étincelle qui va redonner du sens à ma vie. Et en attendant, je n’ai toujours pas de canapé.

Je ne saisi pas où vous voulez en venir, quelle est la chute de cette micro-nouvelle ? Les réflexions sont de “comptoir” comme vous le dites si bien, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas développées. L’écriture est correcte, mais ne transcende ou surprend pas. Je ne comprends vraiment pas.

Avec un sujet tel que celui-ci, et sans doute la volonté d’un traitement court pour mettre en exergue la vacuité qui “m’habite”, j’aurais voulu une écriture plus poétique. Un "lyrisme sanglant, prisme de mes tourments", si vous préférez. Mais bon, c'est mon point de vue.

Des incohérences logiques :
Un magasin de déco aux prix exorbitants mais à la déco de mauvais goût ?
Il est interdit de s’affaler sur les canapés dans un magasin de meubles et déco ?
Qu’est-ce que mes fantasmes lubriques (càd liés à mes désirs sexuels) viennent faire là dedans ?
Et en quoi une riche bourgeoise se baladant sans me prêter attention est-elle une métaphore de ma mère qui me gorge d’amour ?

Une question : Pourquoi Michel est emprunt de la même panique et de la même vacuité que moi, quand je le surprends tout au plus d'un bond ? Aurais-je trouver en lui mon âme sœur, quelqu'un partageant mes angoisses quotidiennes ? Est-ce là l'ouverture vers un deuxième chapitre ? Cela fait trois questions en fait !

Quelques coquilles :
“ce projet dans lequel vous êtes fortement investi”
"Mais vous n’êtres pas là vous discuter luminaire et mobilier commercial.”

Répétition du mot affaler :
“ce sofa infâme dans lequel vous venez de vous affaler, dépité.” Vous avez utilisé affalement trois lignes plus haut et vous utiliser affaler trois lignes plus bas...

Tiens, ça me fait penser qu’un titre comme “L’affalement de mon être” pourrait convenir à une anecdote mélopoétique chez Ikéa.

Sinon,

Je tique :
“Vous aimeriez être à courir dans une forêt des Landes…"

Je jubile :
“canapés et autres dispositifs d’affalement”
“vous êtes à peu près pauvre”
“le vendeur vous découpe du regard”

En espérant ne pas vous avoir trop découragé et vous relire bientôt.

Alex

   Anonyme   
3/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte court dont le style me plait. J'aime ce personnage qui se perd dans ses pensées, imagine, reviens à la réalité. Certaine formulation sont juste parfaites, j'adore!!

Sur le fond, j'aurais préféré connaitre un peu mieux le projet dont il est question, il est présenté de manière si flou qu'on se retrouve un peu perdu. Est-ce seulement un prétexte au texte? Je trouve cette partie là maladroite, mais peut être volontaire?

Au plaisir de vous relire bientôt

Manon

   carbona   
10/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Que représente ce projet ? Une vie pantouflarde, bien réglée, banale qui répond aux exigences de la société ? Un salon tout beau, tout neuf dans une maison toute belle, toute neuve ?

C'est ce que j'imagine en pêchant les quelques indices que vous nous laissez.

Mais alors il me manque des éléments pour me mettre à la place du personnage. On comprend d'emblée que ce projet le fait suer, il s'apprête à l'exécuter à contrecœur.

Je pense qu'il y a beaucoup d'éléments qui sont évidents pour l'auteur mais qui manquent au lecteur pour bien saisir l'état d'esprit du personnage dans une étape de sa vie qui semble importante, déterminante, un virage j'imagine.

J'aurais bien aimé pour cela avoir un brin plus de contexte et des éléments plus explicites sur ce qui le rebute dans le magasin et dans tout son projet.

"Vous auriez dû le passer à méditer sur les règles du magasin, car il est interdit de s'affaler sur les produits à vendre, et le vendeur vous découpe du regard." < drôle

Merci pour votre texte.


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