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Sentimental/Romanesque
Aliceane : Obsession partie 1
 Publié le 27/08/07  -  5 commentaires  -  6719 caractères  -  18 lectures    Autres textes du même auteur

Zolane est une enfant, pourtant, elle aimerait être un ange.


Obsession partie 1


Une fois la portière fermée derrière elle, Zolane devrait se sentir comme prisonnière dans cet espace clos, dans ce gouffre puant. Mais le moteur démarre et c'est un peu la liberté qui se présente à elle. Si elle était en âge de conduire, elle partirait probablement loin, très loin.


Aujourd'hui elle se contentera de passer la journée ailleurs et le soir venu il faudra revenir.


La route jusqu'à S... n'est pas bien longue. Dans une demi-heure, tout au plus, Zolane arrivera devant son collège. Elle aime regarder le paysage.

Nous sommes en hiver, le soleil tarde à se lever. Il fait encore nuit, on voit clairement la lune dans le ciel. L'enfant trouve que ce qu'elle voit est beau. Elle connait la route par coeur, elle admire presque chaque jour les mêmes collines sans pouvoir les nommer. Pour elle tout est toujours différent, il y a l'ensoleillement qui change, et chaque fois sa peine est plus ou moins grande. Elle façonne le monde à travers ses yeux.


Ce matin sa mère est d'une humeur massacrante. Elle est partie fâchée. Comme souvent, elle n'a pas su tenir tête à son conjoint, alors que tout est plus facile avec Zolane qui a encore le bon âge, celui où on n'ose pas se défendre. Tandis que l'une regarde droit devant elle, l'autre a le visage levé vers le ciel.

Physiquement les deux se ressemblent beaucoup. Elles ont les cheveux couleur ébène, des petits yeux sombres et mesureront bientôt la même taille. Il est aisé de deviner qu'elles sont mère et fille quand on les aperçoit. Elles se différencient par leur caractère. Et c'est avec l'esprit que le mot "être" prend tout son sens.


En ce moment, le véhicule se trouve à la sortie de L..., à quelques minutes de son point de départ. Zolane ne parle pas, sans en avoir l'air elle écoute. Il faut dire que sa mère a beaucoup à lui dire, essentiellement des injures. Elle ne sait pas où déverser sa colère à part sur sa fille. C'est un moyen de recréer un équilibre perdu.


Zolane est heureuse d'être dans la voiture, d'une part cela signifie qu'elle s'éloigne de son bourreau principal mais c'est sa mère qui est au volant. Elle n'a rien à craindre de mains qui sont occupées. Ceux qui disent que les mots font plus mal que les coups ne savent probablement pas de quoi ils parlent.


L'enfant retient des bribes de phrases, les plus violentes parce qu'elles sont les plus percutantes, rien qu'elle ne mérite en tous cas. À force elle devrait avoir l'habitude mais c'est toujours aussi dur. Elle n'a pas l'audace de dire mot de peur d'accentuer la colère de sa mère.


Ses petits poings sont serrés contre ses genoux. Elle n'est pas vraiment furieuse, elle n'en veut à personne, elle est juste désespérée. Elle est incapable de rassembler assez de force ou de haine dans son coeur. Autour d'elle tout s'effondre. Le paysage n'a rien perdu de son charme, néanmoins il est à présent comme enseveli, noyé par les larmes. Les couleurs se fondent et se mélangent. La vue de Zolane se brouille. Souvent elle aimerait au moins pouvoir ne pas pleurer. C'est plus fort qu'elle, elle offre une victoire aux autres. En fait elle se déteste d'être aussi faible. Son impuissance lui a déjà tant coûté. Dans un instant comme celui-ci elle pense à en finir avec la vie.


Prise d'un excès de colère, sa mère, Brigitte lui suggère de faire la putain, "au moins tu nous serais enfin utile au lieu de pleurnicher" lui dit-elle. Zolane ne répond rien, de toutes façons, même avec la meilleure volonté du monde aucun son ne sortirait de sa bouche, sa gorge est bien trop nouée. Elle a également un noeud dans le ventre...


Se prostituer pour se rendre utile... à 11 ans... Elle aspire à tout autre chose, pourquoi pas s'envoler vers d'autres horizons, partir vers le sud comme le font les oiseaux par exemple. Bien sûr elle ne possède pas d'ailes, à la place se trouvent des bras qui ne peuvent pas grand-chose pour elle. Ce qu'elle peut faire avec ses mains c'est s'agripper à la portière et pousser un grand coup. Pendant tout le reste du chemin elle y songe très fort. La mort reste quelque chose d'effrayant mais qu'a-t-elle à espérer de cette vie ?


Parce qu'elle croit en Dieu, elle est en train de s'adresser à Lui intérieurement. Il ne faudrait pas que sa mère l'entende ne serait-ce que murmurer.


Zolane ferme les paupières afin de mieux se recueillir. Il est impossible que Dieu ne l'entende pas, elle pleure et l'appelle de toute son âme. Elle Lui confie qu'elle compte repousser son idée de sauter de la voiture, le suicide est une forme de lâcheté, mais qu'elle s'en remet entièrement à Lui, qu'elle aimerait bien qu'Il la prenne pour l'emmener à ses côtés.


Le paradis doit être encore mieux que son monde imaginaire. Elle espère pouvoir y entrer rapidement même si elle n'a pas toujours été la plus gentille.


Elle s'imagine un univers paisible où le cours des rivières chante aussi clairement que les oiseaux. Elle y rencontrerait des animaux extraordinaires qu'on ne voit nulle part ailleurs. Les gens seraient tous très doux et joyeux. Les maisons seraient bâties en harmonie avec la nature, il y en aurait dans les arbres ou encore dans des cavités caverneuses par exemple.


Elle n'a pas encore dit "amen" que la voiture s'arrête. Le bruit du moteur avait bercé les pensées de la fillette jusqu'à la plonger à demi dans le sommeil.


Soudain le contact féroce de la main maternelle lui procure une vive douleur. Cela aurait été trop beau qu'elle ne marque pas la peau de sa fille avant de la quitter. Elle lui laisse un avant-goût de ce qui l'attend ce soir. Cette fois Zolane retient fermement ses larmes, elle sait qu'elle va être libérée dans quelques secondes, peu importe cette gifle, ce n'est pas la première après tout. Elle reconnait pourtant la saveur si spéciale de son propre sang. Elle a la lèvre supérieure fendue. Elle pense aussitôt que ça aurait pu être pire, s'essuie alors avec le revers de sa main et prononce un "au revoir maman" avant de sortir de la voiture.


La voilà enfin dehors, seule parmi tout le monde. C'est une matinée sans nuage rafraîchie par le vent. Le mistral souffle souvent par ici, il a l'avantage d'éclaircir le ciel mais l'inconvénient d'attiser les flammes lors de grandes chaleurs. Zolane aime le vent, elle aime la pluie et le brouillard comme le soleil. Elle connait la vraie valeur des choses.

À peine a-t-elle posé un pied dehors que c'est l'effervescence. Elle ressent une montée d'adrénaline en elle et ne peut s'empêcher de sourire. Elle fait place à l'autre Zolane, celle qui ne se soucie que des amusements et des garçons. Si elle ne profite pas de sa journée elle aura bien du mal à supporter le soir et le mercredi qui se profilent à l'horizon.



 
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   Ninjavert   
28/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
On retrouve beaucoup d'éléments de ton autre texte, "La bête" dans cette première partie.

Un peu trop peut-être, pour deux histoires qui se veulent indépendantes ?

Le décor est posé, les personnages définis. J'attend d'entrer de plein pied dans l'action pour me faire une meilleure idée, mais les éléments de l'intro sont là. On ne sait pas encore où on va, même si les pistes que tu lances ont tendance à faire froid dans le dos.

J'ai noté quelques maladresses, ici ou là, qui pourrait probablement être améliorées :

"Les maisons seraient bâties en harmonie avec la nature, il y en aurait dans les arbres ou encore dans des cavités caverneuses par exemple. " > Le par exemple ne me paraît pas indispensable, il sonne étrangement.

"Elle aspire à tout autre chose, pourquoi pas s'envoler vers d'autres horizons, partir vers le sud comme le font les oiseaux par exemple." > Même chose, le par exemple est redondant suite au "pourquoi pas".

"Zolane ne répond rien, de toutes façons, même avec la meilleure volonté du monde aucun son ne sortirait de sa bouche, sa gorge est bien trop nouée. Elle a également un noeud dans le ventre... " > La dernière phrase me parait inutile. Même si les sensations sont différentes, l'idée reste la même. Ou alors, il faudrait l'amener autrement.

Mais il y a aussi des phrases d'une grande force, qui témoignent d'une réelle violence sous-jacente.

"Ceux qui disent que les mots font plus mal que les coups ne savent probablement pas de quoi ils parlent."

Le language utilisé sonne parfois un peu bizarrement. On sent les propos, les pensées de la petite fille ("Le paradis doit être encore mieux que son monde imaginaire. Elle espère pouvoir y entrer rapidement même si elle n'a pas toujours été la plus gentille. ") mais ces pensées n'étant pas isolées du reste du texte comme telles, sonnent un peu bizarrement au côté de phrases nettement plus adultes.

Un truc "amusant" c'est la suppression de noms de lieu. "S..." ou encore "L..." On situe l'action dans le sud, à cause du Mistral, des incendies (belle métaphore de l'action, d'ailleurs, alternée entre les journées rafraîchissantes et les soirées / nuits qu'on devine infernales), mais pourquoi ce parti pris de censurer les lieux ? Ca sonne un peu comme un article de presse, et ça nous prive d'une localisation précise qui du coup, nuit à notre imaginaire.
S'il y a un besoin de transposition, pourquoi ne pas simplement changer les lieux ? Bref, j'ai trouvé ça bizarre mais ça confère un truc particulier, ça sonne un peu comme un fait divers en devenir...

En bref, j'ai bien aimé même si j'attends d'en voir un peu plus pour me faire un réel avis. Et j'espère aussi que l'histoire va se distinguer de "La bête" afin de ne pas avoir un sentiment de déjà vu...

En attente de la suite !

Même si je crains le pire (pas qualitativement hein, sur le fond, j'ai peur que tu ne nous ménages pas ^^)

Ninj'

   Togna   
31/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien
Je n’ai pas lu « La bête ». Si, comme le dit Ninjavert qui a d’ailleurs prit soin d’utiliser la forme interrogative, on retrouve beaucoup d’éléments communs aux deux histoires, on peut supputer le choix du titre « Obsession ».
J’ai ressenti la détresse fataliste de Zorane, souffre douleur de sa mère et de son beau-père. Le cheminement de ses pensées fait comprendre comment elle ressent la hargne de la mère et comment elle s’en évade.
J’ai eu du plaisir à te lire pour le sentiment « à fleur de peau » que dégage ton écriture par sa simplicité collant bien aux réflexions d’une petite malheureuse qui, cependant ; sait retrouver l’insouciance de son âge quand elle retrouve ses amis.
Il y a une phrase que je n’ai pas compris : « et c’est avec l’esprit que le mot « être » prend tout son sens. (Je ne comprends pas le rapport avec la description des ressemblances mère/fille.)
Je ne vois qu’une raison au fait que tu n’as pas voulu nommer les lieux, et je t’adresserai un Pm à ce sujet.
Sinon, sur le texte lui-même, j’ai relevé les mêmes petites choses que N’inj-le-sagace.

Merci Aliceane, continue à écrire encore et encore sur ce sujet malheureusement trop fréquent aujourd’hui.

   Cyberalx   
5/9/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
La forme a déjà été commentée, je ne vois pas quoi rajouter concernant les rares maladresses du texte.

Pour ce qui est de la phrase :"et c’est avec l’esprit que le mot « être » prend tout son sens.", je crois que c'est plus en rapport avec le caractère différent des deux protagonistes, la grandiloquence de la phrase me parait un peu disproportionnée par rapport au reste du paragraphe, mais ça vient peut être de moi.

J'ai lu la bête et je trouve que même si le thème est similaire, ici, le sujet est mieux cadré, la lecture y est plus fluide et on voit bien la différence entre ce que pense Zolane, ce qu'elle voudrait, ce qu'elle espère et la réalité autour.

Les sentiments sont très bien rendus, on ne tarde pas à se recroqueviller mentalement comme l'héroïne et à attendre que l'orage passe, c'est bien amené, pas trop lourd.

En bref, je trouve que ce texte est bien écrit, il témoigne d'une grande sensibilité de l'auteur qui devra prendre garde à ne pas tomber dans le mélo.

J'attends la suite, Miss !

   Bidis   
10/9/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je n'ai pas non plus lu "La bête" et, après la lecture de ce texte-ci, c'est dans mes projets immédiats de le faire.
Car, l’on trouve ici un style court et précis : efficace. De jolies images, des images aussi qui expriment des idées et des images encore qui expriment le réel, le moment, le mouvement.
Et des vérités : « Ceux qui disent que les mots… »
Ce texte est bien écrit, poignant et poétique à la fois. Comme Cyberalx, j'attends "Obsession 2" avec impatience.

Deux ou trois petites choses, pour lesquelles je me permets de dire ce que j'eusse préféré voir écrit :
-« son bourreau principal »: le pire de ses bourreaux ?
-« rien qu’elle ne mérite »: deux négations font une affirmation, donc : rien qu’elle mérite
-« de dire mot » : de prononcer un mot ?
-« les maisons seraient bâties… » : voir le commentaire de Ninjavert
-« à demi dans le sommeil » : un demi sommeil ?
-« cela aurait été trop beau » : c’eût été trop beau ?
-« que ça aurait pu » : que cela aurait pu ?
-« sans nuage » : sans nuages ou sans un nuage ?

En tout cas un bon moment de lecture. Merci.

   senglar   
5/10/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Aliceane,


Ah oui, ça, c'est un comportement sain. Il prouve l'extraordinaire capacité qu'ont les enfants à se soustraire à un environnement familial hostile. Zolane a une immense faculté d'adaptation en même temps que de dissimulation aux yeux du monde. Sauver la face permet de faire face et l'idée du suicide est une soupape qui permet de lâcher du lest. C'est une enfant forte et fière.

Je lui suggérerais d'offrir le premier tome de la Divine Comédie à sa mère quand elle aura dix-huit ans :)

senglar alias brabant


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