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Réalisme/Historique
alvinabec : À quel nom la dédicace ?
 Publié le 12/07/15  -  7 commentaires  -  12892 caractères  -  85 lectures    Autres textes du même auteur

"J'ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens sérieux."
Saint-Exupéry


À quel nom la dédicace ?


Comme des pots de miel à l’étal dans le hall de la galerie marchande, nous étions trente-cinq auteurs en quête d’acheteurs. L’événement relayé par la gazette locale et les écrans de l’hypermarché sponsorisant la culture, on pouvait dire que la journée s’annonçait bien. On était samedi jour béni des courses et des lecteurs en puissance selon mes estimations optimistes.

Il y aurait bien des gens pour qui l’acquisition d’un objet tel qu’un livre serait un plaisir des sens : la vue du titre accrocheur choisi par mon éditeur, le toucher si doux de la couverture, la musique des mots à l’oreille quand on feuillette au hasard en prononçant une phrase ; le tout mêlé au parfum du neuf, relents de colle qui me fascinaient enfant et m’incitaient au goût jamais rassasié de la lecture. Il fallait que l’ouvrage fût neuf ou fatigué de trop de passion vorace. À la bibliothèque du quartier, c’était un critère de choix.

Outre le poids du verbe, on peut espérer le support décoratif dans le meuble du salon, les chefs-d’œuvre alignés par collection, éditeur, pays, couleur, époque, taille croissante ou descendante, ouvrages premier prix pour certains, reliures de cuir pour d’autres… Le mien y trouverait sa place tout naturellement. C’est un format allongé plutôt coloré, dont j’ai choisi avec mon éditeur la photographie en première de couverture. Pour ma première publication je suis on ne peut plus fière de ce bel objet qui m’a demandé tant de travail…

Comme nous étions là pour la journée, j’ai échangé quelques politesses avec mes voisins de gauche, de droite. Celui de gauche était un peu pincé, vouvoiement et verbe rare, je me suis reportée sur celui de droite plus volubile…


– Et toi, comment ça se passe avec ta maison d’édition, comment est organisée la diffusion ?

– Ben, euh, en fait, c’est mon premier, dis-je, et mon éditeur ne fait pas de promotion, enfin pas encore, c’est une maison qui débute. Elle est installée à Lyon. C’est d’ailleurs pour multiplier les occasions de promotion que je suis ici.

– Ah, c’est un premier bébé, oui je vois, tu n’es pas encore aguerrie alors… mais moi, c’est mon troisième tout de même.


Il était fier de me dire, c’est des nouvelles, tu sais. Devant mon étonnement il me précise que si, si, il y a un public pour. Je te le concède, fut un temps, ce n’était pas le créneau le plus facile, pas porteur comme on dit, mais aujourd’hui on n’a plus envie de lire pendant des heures au coin de la cheminée, sans doute parce que la cheminée se fait rare. Il faut aussi compter sur les transports en commun… la durée des trajets incite au format court, dix, quinze pages maximum pour une histoire. Tu vois bien, toi aussi c’est un format ramassé, il y a quoi là ? Cent quatre-vingt pages et – ce n’est pas une critique –, le texte est assez aéré.


– Hum, c’est vrai, j’ai fait court, dis-je en serrant les dents.


Il faudra que je lui parle de version numérique mais plus tard parce que là, fin de matinée, il y a pas mal de monde dans la galerie marchande. On ne se bouscule pas encore mais ça sent la pizza chaude et les frites, promesse de foule assurée. Les chaises adossées à la vitrine de l’hypermarché et nos tables, alignées comme un serpentin de cinquante mètres, ondulent comme un dragon de Nouvel An chinois en plus sérieux. Le chaland, saturé d’animation commerciale, semble à peine intrigué par cette foison de cerveaux créatifs, la stylistique de la prose est-elle un argument de vente compatible avec les courses du samedi ? Un doute me chatouille la nuque. Je verrai bien. Je note une certaine tension derrière nos tables ou est-ce moi qui extrapole ? Dire que je suis émue serait exagéré mais curieuse plutôt, car c’est ma première expérience de ce type.

Devant nous les fidèles poussent vaillamment leur caddie vers les promotions du jour. Dieu en a fait le serment, tu rempliras ton chariot car j’exauce depuis toujours tes vœux sur l’autel de la foi consommatrice. TKT j’ai entendu tes prières affirme une voix près de mon hémisphère droit… Je dois être sujette à une demi-hallucination… Je me fais l’effet d’une tête de gondole.

Certains pèlerins nous ignorent quand d’autres nous regardent. L’une dit à sa petite, tu vois ma choupette, il y a des gens qui sont là pour signer leurs livres, tiens on va voir cette dame, son bouquin est plein de couleurs et elle a l’air gentille.

La mère et la fille s’approchent. Avenante je souris et engage direct la conversation, ou devrais-je dire ma tentative de première vente, en leur demandant ce qu’elles aiment lire, si les histoires de famille les intéressent parce que mon livre parle de ça, les imbroglios entre les membres d’une même famille, vu plutôt d’un point de vue de femme, les filles et leurs mères, joies et peines comprises. Elles se penchent vers moi qui saisis un exemplaire :


– À quel nom la dédicace ?


Mais déjà elles refluent derrière leur caddie, elles se retirent sans m’avoir adressé un mot. Je ne comprends pas. Mon voisin de gauche tourne la tête et me tance :


– Si je peux me permettre, vous allez trop vite, je dirais presque à la hussarde, sans vous offenser, là où il faut de la douceur, du tact. Le lecteur potentiel est un animal farouche, surtout dans cette zone de consommation où tout incline à la gastronomie, au bricolage-jardinage, au sport… Voyez le nombre de survêtements et de baskets, c’est saisissant. Vous ne dédicacez pas votre livre en librairie, loin s’en faut. Prenez la mesure de votre lectorat. Apprivoisez-le, c’est là toute l’affaire.


Pendant qu’il me parle, je le vois effleurer son ouvrage du plat de la main comme s’il y mettait de la possession, de la sensualité. Il caresse de plus en plus lentement la couverture. Son geste, aussi solitaire que jouissif, fait surgir à mes yeux une séance auto-érotique de premier choix. Est-ce là sa manière d’écrire ? À l’écouter dans le même temps, il me semble familier d’un salon romantique, le corps aussi figé qu’une rayure empire. Je le remercie de sa mise en garde, intérieurement furieuse, encore que, il a raison le Chateaubriand des temps modernes, j’ai dû être trop entreprenante.

À droite, mon auteur de nouvelles vend tranquillement le quatrième exemplaire de son recueil. Mince, comment fait-il donc ? Je l’écoute, en fait il ne parle quasiment pas mais écoute l’autre et acquiesce à la demande. Malin ce garçon.

Distraite par les lumières, mon attention dérive vers les planètes visitées par le Petit Prince. Dis-moi, dis-moi comment on apprivoise un renard Petit Prince, rappelle-moi ce que j’ai oublié. Ah, oui, créer des liens, c’est vrai… aujourd’hui on dit « du » lien, un vrai programme impersonnel, vois-tu. Des liens disais-tu, l’approche, le rituel de la rencontre, l’apprentissage de l’autre, la reconnaissance. Oui, mais comme le dit ton ami le renard : « Les gens n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent les choses toutes faites chez les marchands. » J’étais exactement dans cette position. Que faisais-je donc dans cette galère, exposée comme une potiche estampillée « produit culturel » à l’instar de mes collègues ? Comment créer des liens avec mon lectorat si tant est que cela se puisse ? Je pourrais aller chercher mon lecteur, lui donner la main, lui indiquer là il y a ceci, là se passe cela, les personnages ont des caractères typés, pourquoi pas, d’autres le préconisent. Mais je n’ose pas. Pourtant je suis ici pour me faire connaître, vendre des exemplaires de mon premier texte publié. J’ai déniché seule cette opportunité dans la galerie marchande et mon éditeur, consulté comme souvent, m’a rétorqué « bien sûr, vas-y ». J’y suis et un tremblement essentiel parcourt mes jambes.

Le désarroi, ou un sentiment d’imposture plus vraisemblable, s’infiltre en moi et, l’œil écarquillé, je vois s’avancer, poussés par des obèses en baskets fluo, des chariots au vide provisoire que j’imagine bientôt comblés de désirs assumés. Pizzas, hamburgers et gâteaux tremblotant sur des caisses de sodas s’entassent sur des caddies grippés, laissant dans leur sillage un parfum de frites molles où je me laisse couler. Je rampe, je nage dans cette odeur salée, suppliant le balèze aux commandes du chariot de prendre un exemplaire de mon livre quand il me répond :


– Un livre, pour quel usage ?


Ou, s’il est encore plus balèze :


– Un livre, pour quoi faire ?

– Un cadeau ou de la déco si vous voulez.


Je ne pense pas pouvoir dire que ça se lit, ce serait manquer de discernement. Qui de nos jours est encore captivé par la guerre mère-fille-mère que se livrent certaines ? Cela semble un combat honteusement désuet. Pourquoi s’embarrasser de règlements de compte entre héroïnes bazines alors que « Game of Thrones » précède mes soifs les plus inconscientes ? Le mammouth en survêt’ me regarde, hochant la tête, fait mine de s’interroger – en prendre un ou pas ? –, et me donne un coup de pied sur les mains comme autrefois une tape à l’enfant désobéissant. Je lâche la roue à laquelle je m’accrochais. Il rit très fort, accompagné de sa tribu, et poursuit sa route vers le parking premier sous-sol. Je reste sur le carreau froid, les exemplaires de mon chef d’œuvre éparpillés autour de moi. À ce moment un échevelé, col de chemise ouvert façon BHL, me saisit par les cheveux et me traîne derrière lui dans toute la galerie comme à l’enlèvement d’une Sabine. Non ! Plutôt une guimauve pêchée dans un bain d’huile.

La bouche encore pleine de friture je me redresse sur ma chaise quand une femme se tient devant mon stand. Elle PREND un exemplaire sur la table, tourne les feuilles assez vite, lit une page, referme brusquement le livre. Elle manifeste de l’intérêt, c’est certain. Lectrice, qui es-tu ? Les histoires violentes comme celle que je raconte ont l’air de lui être familières. J’attends, je respire à peine, je ne provoque pas le dialogue. Pour l’instant, la rencontre, si elle existe, est muette. Ce que mon voisin m’a dit, je l’applique. Elle lève le nez, je lui souris, lève la main paume tournée vers elle quand :


– Moi, j’ai une histoire à raconter, vous êtes preneuse ?


Je dois avoir une tête à la confidence, je ne m’attendais pas à être happée par mon public. Pour être aspirée par le discours de l’autre, je dois être encore un brin néophyte. J’hésite. Je ne dis pas non parce que je m’ennuie. Je hoche la tête, la sienne me plaît :


– Je vous écoute, dis-je enfin.


Je suis gênée, ne croyant pas qu’elle me prendrait au mot, mais aussi flattée, j’ai quelqu’un à ma table d’auteur qui semble interpellé, pas immédiatement par mon livre certes, mais bon… J’y vais doucement et je l’entends me dire qu’elle a encore honte de son corps, ce corps si gros que l’on transporte partout malgré soi. Même si elle a beaucoup maigri, la honte est toujours là, c'est-à-dire depuis vingt-cinq ans selon mes estimations morpho-identitaires. Je dois avoir l’air sceptique, je ne vois pas bien où cela nous mène mais son œil me fascine malgré moi. Je ne bouge pas, je suis là et en quinze phrases elle me raconte une vie digne des bas-fonds londoniens, les haines, la misère, le déni, la survie, de grandes espérances enfin et sa présence à ma table… Et elle m’achète un exemplaire. Le premier ! j’en tomberais de ma chaise si elle n’était si basse.

L’après-midi s’écoule plaisamment, je dors à moitié derrière ma table en regardant passer le monde et son train. Le seul fait nouveau, c’est un obsessionnel qui achète à tous les auteurs un ouvrage. Du coup, en fin de journée, j’en ai vendu deux, l’un à cette fille, une vraie lectrice qui doit m’écrire quand elle l’aura lu, l’autre à cet homme, vrai collectionneur qui installera mon œuvre dans le meuble consacré à…

Si je compte dix pour cent sur les ventes et que je soustrais mon ticket de bus, j’ai engrangé moins de cinq euros dans la journée. Mieux vaut ne pas convertir en taux de rendement horaire, j’y perdrais mes cheveux. Disons que j’ai passé une journée à la campagne, manière de présenter les choses plus patente. Que du plaisir !

Mon voisin de droite jubile, il a écoulé huit exemplaires de ses œuvres…

Celui de gauche, deux. Comme moi. Son gros pavé s’avère être un roman historique sur la toute puissante Catherine de Médicis qui éliminait avec virtuosité ceux louchant sur le pouvoir. Il semble que le genre ait toujours ses adeptes. Quand il me parle de son travail d’écriture, la vision du renard s’imprime sur ma rétine. Je le vois sortir du terrier, rentrer, sortir à nouveau, rentrer encore jusqu’à ne plus le voir parce qu’il ne m’espère plus. Mon voisin caresse son livre de plus en plus sensuellement. Sur un soupir, je lui demande alors son agenda de dédicaces puis son agenda tout court pour les prochaines ventes dans des centres commerciaux. J’attends pendant qu’il consulte son emploi du temps. Le néoromantique m’inspire, je le vouvoierai s’il le veut, s’il le faut. J’en ferai mon miel, je le jure.


 
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   in-flight   
23/6/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

"- Ah, c’est un premier bébé, oui je vois, tu n’es pas encore aguerrie alors…mais moi, c’est mon troisième tout de même. Il était fier de me dire, c’est des nouvelles, tu sais." --> je crois qu'il faut aller "à la ligne" à partir de "il était fier.." sinon le dialogue n'a plus de sens.

Je n'ai pas trop aimé "TKT j’ai entendu tes prières". Je ne vois pas ce que cette incursion SMS viens faire là.

Je n'ai pas très bien saisi le passage avec le mammouth en survet'.

C'est assez cynique (et réaliste) la façon avec laquelle le narrateur se réjouit de la vente d'un livre alors qu'une grosse bonne femme lui vomi son mal-être. "Business is business"

   David   
30/6/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

C'est une drôle d'histoire, je craignais un peu le journalisme d'écrivain sur l'écriture ou l'édition et les petits malheurs, mais c'est assez sobre de ce côté-là, pas de leçon de vie ou truc du genre au détour d'un virage, mais ça pourrait quand même être ça néanmoins... je ne sais pas trop comment dire, il y a peu de "matière littéraire" (de raison d'en faire une histoire, argh, je ne veux pas l'écrire comme ça) je veux dire une intrigue, un suspens, un drame, bon, il y a une passion mais qui ne va pas pousser le personnage à se dépasser, à l'échelle d'une fiction du moins, sinon, ça va quand même du stylo ou du clavier à la table de dédicace.

Bref, c'est pas chiant mais il se passe pas grand chose, le style est correct (ah, une Sabine, c'est l'olive corse ? avec une majuscule je doute un peu mai ça ne peut pas être l’astéroïde quand même) et j'entends donc par là un petit peu littéraire quand même, mais c'est pas très échevelé non plus de ce côté là. Non, en résumé, je en retiens qu'une tranche de vie assez simplement racontée, à la hauteur d'un petit sujet de conversation ou quelque chose de ce genre, il y a de l'humour dans le ton aussi, mais j'ai eu l'impression que "ça ne racontait pas" alors que je m'attendais à ce qu'on me raconte quelque chose.

   Anonyme   
4/7/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Au niveau du style il n'y a rien à dire. C'est propre, fluide, aucune lourdeur n'encombre la lecture. J'ai d'ailleurs tendance à croire qu'à l'instar de l'héroïne vous avez véritablement publié tant votre écriture me parait assurée.
L'histoire quant à elle est amusante, avec son brin de cynisme ; télescopage entre culture et société de consommation, celle-ci plus avide de s'empiffrer que de nourrir son cerveau. Avec une séance de dédicace au cœur d'un centre commercial la chose était inévitable, le livre ravalé au rang d'un produit quelconque, banalisé, perverti, privé de sa dimension intellectuelle. Au même niveau qu'un dentifrice...
La dichotomie n'est pas nouvelle mais vous l'avez efficacement traitée en vous aidant de détails ironiques.

   Anonyme   
12/7/2015
Bonjour alvinabec

J'aime beaucoup l'écriture et encore plus le regard.
L'ironie, la dérision sont sous-jacentes et essentielles à l'exercice. Pour ma part le TKT est bien vu, après tout, nous sommes dans un centre commercial c'est à dire au centre même de la réalité. Du quotidien formellement basique de chacun.
Le ressenti est excellent, le délire qui saisit le narrateur en face de son mammouth - juste une question : pourquoi tous ces gens qui n'achètent pas sont-ils gros ? - est tout à fait saisissant parce que c'est ainsi que le cerveau fonctionne quand il s'ennuie dans un centre commercial.
Il divague, s'affole, décampe sur une autre planète, moins crue et bien moins violente.
C'est vrai qu'il est difficile d'opposer lecture à nourriture tant la seconde est terrestre et la première trop haut perchée pour savoir approcher - sans se froisser trop les ailes - les soucis et tracas tristement terre à terre mais néanmoins indispensables à la survie du genre humain.
J'aime aussi beaucoup la prise à revers de la cliente - qui achète - après avoir néanmoins dit ce qu'elle avait à dire, à savoir que son histoire personnelle, ne vaudra jamais la fiction sous couverture.
Et si elle achète, à mon sens, c'est bien pour se persuader que elle aussi, si elle pouvait ou voulait, elle aurait une histoire, une "bonne" histoire à raconter.
J'aime beaucoup le narrateur, ses pensées, ses désirs, le tout se heurtant à la lumière violente et implacable des néons de la réalité.
Un beau texte, une bonne tranche d'angoisse existentielle dans la vie d'un héros dont je sens combien les rêves vacillent. Le tout est servi par une écriture tout en apesanteur.
Merci pour la lecture.

   Pepito   
12/7/2015
Hello Alvinabec,

Forme : pas compris "coup de pied sur les mains" sinon, ça roule comme toujours, sans problèmes.

Fond : comme cela sent l'autobio à plein nez, je me suis dis "Non, pas elle... elle nous a pas fait un truc pareil ?!" mais voilà qu'arrive la (ma) délivrance :
– Un livre, pour quel usage ?
Ou, s’il est encore plus balèze :
– Un livre, pour quoi faire ?
– Un cadeau ou de la déco si vous voulez

Là, j'ai bien rigolé, le truc que j'attendais depuis le début... ouf, soulagé !

Même dans une librairie, j'ai toujours trouvé pathétique le pôvre gars, derrière sa table Ikea, en train d'espérer vendre (au mieux) une dizaine d’exemplaires de son OEUVRE. Totalement inconnu, que peut-il bien espérer ?

Surtout quand, sur un site sérieux et reconnu comme Oniris, avec accès gratuit, sans engagement de la part du lecteur, si nous faisons 100 lectures c'est un exploit, 200 un miracle... comment peut-on penser que l'on peut, en plus, vendre ?!

Mon cynisme vient peut-être de mon boulot, quand vous payez un stand la peau des fesses et que vous y faites le poireau toute une semaine pour rien et que plusieurs familles dépendent du résultat pour en vivre, les conséquences sont autrement plus graves...
De là à rééditer ça pour ce qui, au fond, n'est qu'un loisir...

Bref, en tous cas, cette lecture m'a bien plu, j'ai eu peur, je me suis bien marré... que demander de plus ?

A plouche

Pepito

   AlexC   
15/7/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Hello alvinabec,

Vendre des livres comme des morceaux de fromage en grande surface, quelle belle idée. Si encore c’était des recettes de cuisine ! Mais non, il s’agit de vrais livres ! Avec de vrais auteurs qui manient les mots et les verbes rares ! Forcément, la confrontation avec le client moyen est douloureuse voire humiliante. Mais justement pourquoi ne pas avoir insisté sur ces aspects-là avec des tournures comiques ou un style aux tonalités plus sarcastiques ?

Je trouve votre écriture un chouia trop timorée, trop neutre pour souligner avec l’emphase nécessaire l’enjeu mis en avant par le sujet. Question de goût j’imagine. Mais du coup, pour ma part, je me sens moyennement concerné. Je survole votre récit sans être absorbé et bute plus que je ne devrais sur les imperfections.

L’utilisation des conseils du Renard de Saint-Exupéry pour conquérir le lecteur m’a parut tarabiscotée.

De plus, je ne comprends pas la fin. L’héroïne se sent attirer par le voisin de gauche et décide de l’apprivoiser ? Quel rapport avec la vente de livres ?

Je tique :
“On était samedi jour béni des courses et des lecteurs en puissance selon mes estimations optimistes.”
‘la musique des mots à l’oreille quand on feuillette au hasard en prononçant une phrase”
“ondulent comme un dragon de Nouvel An chinois en plus sérieux”
“Vous ne dédicacez pas votre livre en librairie, loin s’en faut.”
“s’entassent sur des caddies grippés”
“manière de présenter les choses plus patentes"

Je jubile :
“fatigué de trop de passion vorace”

Ce texte a indéniablement quelque chose, mais il me laisse sur ma faim. J’aurais aimé plus de clarté dans le discours et plus de punch dans le style ainsi qu’une fin à propos et percutante.

Merci toutefois, cela m'a donné envie de relire Le Petit Prince !

Alex

   carbona   
29/9/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Ce texte était agréable à lire car l'écriture est fluide et légère mais je ne vois pas trop où vous voulez en venir. Je n'ai pas saisi l'intention. J'ai néanmoins passé un bon moment.

Je n'ai pas saisi de suite que le passage du mammouth en survet' jusqu'à la narratrice étalée par terre et traînée par un sosie de BHL était un "rêve", une vision, il m'a manqué quelques transitions.

Je trouve aussi les jugements sur la population du supermaché un peu trop faciles et réducteurs. C'est insistant, ça ne m'emballe pas plus que cela.

Le passage sur l'acheteuse ex-obèse est étonnant car il est très court alors qu'il semble au départ être important, mais non.

Je ne sais pas s'il m'a manqué une intrigue car on n'est pas obligé d'avoir une intrigue pour produire un texte plaisant et intéressant mais peut-être alors qu'il m'a manqué un peu de piment dans l'écriture et les faits pour rendre cette journée plus originale, plus marquante. Et il manque aussi une fin plus explicite.

Je crois comprendre l'idée de la déception de celle qui est pleine d'espérance et se voit déjà au top 10 des ventes grâce à cette journée qu'elle pensait être de dédicace et qui se résume en un gros fiasco à l'odeur de frites. Mais ça ne me suffit pas.

Merci pour votre texte.


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