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Policier/Noir/Thriller
ANIMAL : Un voyage inaugural [concours]
 Publié le 26/11/09  -  21 commentaires  -  10799 caractères  -  125 lectures    Autres textes du même auteur

Une jeune femme habillée en homme en 1889 ? Impensable... et pourtant c'est ainsi vêtue qu'Abigail doit mener sa mission à bien sur ce paquebot.


Un voyage inaugural [concours]


Ce texte est une participation au concours n°10 : 4x4 (informations sur ce concours).



Abigail se trouvait un peu à l'étroit dans cette manche à air infundibuliforme. Elle essaya de bouger son pied gauche, y renonça en sentant une crampe remonter le long de son mollet. Elle aurait préféré attendre dans sa cabine mais elle avait trois colocataires et ne tenait pas plus que cela à se faire remarquer par elles. Même pour si peu de temps, la discrétion était de rigueur. Elle avait donc choisi une cachette au plus loin possible de l'imposante cheminée du paquebot, qui crachait de longues volutes de fumée malodorante. D'après les plans, elle avait imaginé que l'endroit serait plus spacieux mais cela, elle le supportait. Bien mieux que cette infernale chaleur à laquelle elle ne s'attendait pas.


En cette année 1889, le printemps était étrangement précoce. On se serait cru au mois de juin alors qu'avril venait de commencer. Abigail se sentait moite de transpiration dans ce costume en soie noire qui lui collait à la peau. Elle regrettait la jolie robe à crinoline, en mousseline légère et vaporeuse, qu'elle portait en montant à bord à l'escale de Douvres. Quelle idée de l'obliger à se vêtir ainsi. Mais bon, il n'était pas question de discuter les instructions de son professeur. Elle était une élève appliquée et très motivée.


Dans cette posture inconfortable, la nuit fut longue à venir. Lorsque la cloche du souper retentit enfin dans tout le navire, Abigail patienta encore un bon moment puis se glissa souplement hors de sa cachette. Il lui fallait maintenant trouver la cabine 927. Elle savait que le Cyric avait trois ponts, les deux inférieurs réservés aux 1 160 passagers de seconde et troisième classe, le pont supérieur pour les 150 passagers de première classe. Elle était logée en seconde classe, cabine 612 et, évidemment, la cabine 927 se situait sur le pont supérieur. Ceci pour corser la difficulté, car l'accès au pont supérieur était filtré.


Un dossier complet avait été fourni à Abigail concernant le paquebot. Long et puissant navire de 178 mètres, il filait ses 14 nœuds grâce à ses machines à quadruple expansion alimentant deux énormes hélices. Ce fleuron de la White Star Line battant pavillon anglais ne mettait que 14 jours pour relier New-York à Bruges via Douvres. Abigail n'avait donc que cette nuit pour mener sa mission à bien avant l'arrivée en Belgique. Une contrainte supplémentaire pour elle, mais n'était-ce pas le but poursuivi ?


Elle ne mit pas longtemps à repérer un des escaliers montant au pont supérieur mais deux marins étaient en poste au bas des marches. Pas question de passer par ici. Bon, elle avait essayé par acquit de conscience mais n'espérait pas trop. On ne badinait pas avec la tranquillité des passagers de première classe !


Avec une grimace de dépit, Abigail chercha un autre accès. Elle avait bien préparé son cours et avait sa petite idée sur la question. Elle se faufila en catimini au long des coursives désertes, sursautant au moindre craquement. Dans ce décor tout de blanc et de bois clair, elle était aussi repérable qu'une mouche sur un parchemin et elle priait pour ne pas croiser un des 110 hommes d'équipage de l'immense paquebot. Elle trouverait toujours à expliquer sa présence de ce côté... mais pas son étrange tenue. Aucune femme décente ne se promenait en pantalon !


S'orientant dans le labyrinthe de coursives grâce aux numéros de cabines, elle aboutit enfin à la lingerie du pont sans avoir fait de mauvaise rencontre. Elle avait bien fait de choisir l'heure du repas. Il lui fallut moins de 30 secondes pour crocheter la serrure simplissime et s'introduire dans le local. Elle referma derrière elle avec la même habileté. Ce n'est pas pour rien qu'elle était arrivée seconde aux Locksmithing Awards* de Boston l'année précédente.


Le déversoir à linge, sur lequel elle comptait pour accéder au pont supérieur, se trouvait sur la droite. Elle tira la panière et se glissa dans l'étroit conduit après avoir enfilé des gants et des chaussons de caoutchouc qui lui permettraient de ne pas glisser sur les parois. Grimpant avec prudence pour ne pas risquer la chute mortelle du haut des trois ponts, elle parvint à l'étage supérieur, suant et soufflant sous l'effort. Toujours cette chaleur tropicale... et surtout son corset qui la serrait comme dans un étau. Elle se demanda pour la énième fois de la soirée pourquoi elle l'avait conservé pour cette expédition ! L'habitude, sans doute. Une femme sans corset, ce ne pouvait être qu'une créature de mauvaise vie... et elle tenait à garder sa dignité quelles que soient les circonstances.


En tous cas elle n'en pouvait plus : il lui fallait une pause. La lingerie des premières classes constituait un endroit comme un autre pour se reposer un moment et Abigail ôta son surcot en soie pour se rafraîchir un peu. Elle s'éventa et se sécha avec une serviette, songea encore une fois à desserrer ce maudit corset, mais était-ce bien le moment ? Elle avait assez perdu de temps ici. Allez, courage.


Elle sortit de la pièce aussi aisément qu'à l'étage inférieur. Les coursives des premières classes étaient beaucoup plus luxueuses. Cuir et boiseries précieuses décoraient les murs, de loin en loin des guéridons supportaient de jolies poteries, quelques plantes vertes montaient une garde silencieuse dans les angles des couloirs. Elle se sentait nettement plus à l'aise dans ce décor qui lui rappelait son école.


Suivant toujours les numéros de cabines, elle trouva enfin celle qui l'intéressait. Elle s'y introduisit aussi facilement que dans la lingerie. Un magnifique paravent en tapisserie représentant une scène de chasse à la grouse dans les Highlands lui sembla un présage favorable. Elle resta un moment en admiration devant la beauté des décors de son pays natal, puis se reprit. Ne pas se laisser distraire !


Elle se camoufla derrière le paravent, trouva une position confortable et l'attente reprit. La patience était la base même du métier qu'elle avait choisi.


La chance était de son côté car l'occupant de la cabine n'était pas un couche-tard et il rentra seul. Bien sûr, Abigail avait envisagé l'éventualité qu'il soit accompagné, mais c'était plus simple ainsi. De son poste d'observation, elle voyait par l'espace entre les charnières l'intégralité de la pièce. Rien n'échappait à son regard aigu, habitué par un entraînement rigoureux à scruter les moindres détails.


La photo sépia aux bords cornés qu'on lui avait remise ne rendait pas justice à Malcolm Anderson. Il était magnifique, dans son smoking trois pièces noir bordé de satin, sa chemise blanche au col cassé faisant ressortir le brun sombre de ses larges favoris. Une moustache soigneusement taillée lui donnait un air martial. Mais ce qui frappa Abigail, ce furent ses yeux d'un bleu porcelaine à l'expression un peu enfantine. Ils ressemblaient à ceux de son grand-père.


Elle le vit retirer sa montre gousset, la consulter avant de la poser sur sa table de chevet, puis tomber la veste. En bras de chemise et gilet, son ventre tendant légèrement le tissu satiné, il avait fière allure. Oui, un bel homme. Ce qui n'allait pas l'empêcher de le tuer. Ses rêves de richesse ne souffraient aucune faiblesse sentimentale. Jamais plus elle ne voulait connaître la misère de son enfance !


Chaque fois qu'elle y repensait, elle avait l'impression de sentir encore sur son corps juvénile les grosses pattes rugueuses de ces ivrognes qui la tripotaient sans vergogne au passage, alors qu'elle aidait sa mère au service à table. Elle n'avait que 11 ans lorsque...


D'un effort de volonté, Abigail refoula violemment ces souvenirs qui salissaient son âme. Elle avait besoin de toute sa concentration. Sans s'attarder davantage, elle releva sans bruit la manche de son surcot, dégageant le bracelet de tissu sur lequel étaient épinglées une douzaine de minuscules aiguilles à manche d'ivoire et d'or fin. Elle en choisit une ; celle que le professeur lui avait imposée. Elle n'avait droit qu'à un seul essai.


Tandis que Malcolm Anderson dénouait son nœud papillon, la jeune élève sortit de sa cachette et s'avança vers lui à pas de loup.


- o -


La rencontre avait lieu dans l'ascenseur principal du Royal Palace de Londres. Discrète et rapide. Abigail se tenait fière et droite devant son professeur, faisant mine de ne pas le connaître. Il avait un journal à la main. L'article en première page relatait la découverte, dans sa cabine fermée à clé de l'intérieur, du corps d'un américain, un certain Malcolm Anderson, à bord du transatlantique Cyric, quelques heures après qu'il ait accosté à Bruges. L'enquête n'avait pas encore permis de déterminer la cause du décès car l'homme ne portait aucune blessure visible, hormis un point rouge au pavillon de l'oreille droite, qui ressemblait à une petite piqûre d'insecte. Les policiers autant que les journalistes se perdaient en conjectures et l'affaire, qui n'était pas loin de prendre une dimension surnaturelle, passionnait déjà un public friand de mystères.


Le petit Asiatique replia son journal d'une certaine façon. Il regardait Abigail sans sourire, comme il aurait dévisagé une inconnue parmi les autres occupants de l'ascenseur. Mais elle avait appris à lire dans son œil énigmatique et connaissait par cœur le langage des pliures de journaux : elle avait réussi son épreuve d'admission. Elle était désormais membre de la Confrérie d'assassins du Dragon d'Orient. Le premier membre féminin en Europe !


Il lui restait maintenant 19 missions de même type à effectuer sans une seule erreur, et elle pourrait concourir pour le titre d'Honorable Membre. Il conférait de multiples privilèges et, entre autres, l'attribution d'une coquette somme de 10 000 francs-or... À partir de ce moment-là, jamais plus elle ne craindrait le spectre de la pauvreté. Elle avait hâte de connaître le nom de sa prochaine victime.


Ce qu'ignorait Abigail, c'est que l'assassinat de Malcolm Anderson empêcherait le hamburger, apparu sous ce nom pour la première fois en janvier 1889 à Washington, d'être présenté au célèbre Florilège de la Nouvelle Cuisine d'Anvers, à la grande satisfaction d'ailleurs des cuisiniers nationaux, défenseurs de leur patrimoine culinaire.


L'Association Wallonne des Fins Gourmets, qui avait commandité l'assassinat, venait de gagner un large répit : le hamburger, adopté par l'ensemble de la population américaine dès le début du XXe siècle, gagnera tout de même l'Europe et s'y imposera, mais beaucoup plus tard...


- o -



* Locksmithing Awards : concours du meilleur serrurier.




 
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   Anonyme   
26/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Ma foi j'ai été assez amusée par la chute de ce périple du... (je ne dévoile pas de quoi il s'agit, ce ne serais pas drôle). Notamment pas "l'association wallonne des fins gourmets" :-)

Histoire bien écrite, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde (même si mes yeux commencent à fatiguer tu as réussi à me garder scotchée à mon ordinateur). J'ai été captivée autant qu'on peut l'être ! Les dexcription sont très réussie.

Merci beaucoup pour cette très agréable lecture. Et bravo pour les contraintes (le mot "infundibuliforme" arrive peut-être un peu tôt, j'étais pas encore dans l'histoire et il n'est vraiment pas passé inaperçu, mais bon c'est un détail.)

   florilange   
26/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien l'intrigue & la chute. Le style porte facilement le lecteur & ne le laisse pas s'échapper. Les descriptions sont intéressantes & jamais lassantes.
Une agréable lecture, merci,
Florilange.

   Anonyme   
27/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Fin et subtil. L'intrigue est prenante. Ce protagoniste renferme des facettes mystérieuses que je serai curieuse d'approfondi.

C'est très bien écrit, on ressent vraiment l'ambiance obscure des nouvelles policières.

Joli travail, c'était exquis à lire !

   Anonyme   
27/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Animal...
J'ai bien aimé, l'intrigue le déroulement et l'atmosphère de cette nouvelle.
J'ai beaucoup apprécié la fin aussi

Au niveau de la forme j'ai une petite réticence concernant les Mais bon, et "Bon, elle avait essayé" du début de la nouvelle (j'y suis d'autant plus sensible que parsemer mes écrits de mais et bon est un tic chez moi), je pense que le niveau de langage de cette nouvelle ne s'accommode pas de ces bon...
et ici: "ne tenait pas plus que cela à se faire remarquer par elles."
je pense que cela aurait suffi si tu avais mis ne tenait pas à se faire remarquer

Merci

Xrys

   Anonyme   
2/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour ANIMAL
"Elle avait bien préparé son cours et avait sa petite idée sur la question" j'ai trébuché sur le "cours", je pensais à coup.
Mais je comprends qu'elle ne fait que passer un "examen".
J'aime beaucoup la précision des détails.
la cabine fermée à clé de l'intérieur... Me voilà plongée en plein Mystère de la chambre jaune. Sauf que sur un bateau c'est plus complexe, parce que les policiers examinent les hublots. Or il n'y a pas un mot à ce sujet.
Mais c'est un récit très agréable, que j'ai trouvé original. Et de toute façon, le but était qu'elle parvienne à le tuer et à s'en sortir sans bruit. Mission accomplie !
Bonne continuation.

   Lapsus   
27/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La nouvelle est brève et bien écrite, les descriptions sont précises et confèrent à l'ensemble un réalisme qui permet l'immersion dans l'histoire.
Le scénario est complètement déjanté et d'un humour noir de bon aloi : une épreuve d'admission à la fameuse Confrérie d'assassins du Dragon d'Orient, si en plus ça sert la grande cuisine, ne boudons pas notre plaisir.

   Selenim   
28/11/2009
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Une histoire d'assassinat plutôt décevante. Pourtant, le premier paragraphe donnait un ton décalé : quel assassin irait se cacher dans une manche à air ? Je pensais tenir là les aventures burlesque et bouffonne d'un assassin atypique... mais non.

L'intrigue est peu épaisse et racontée avec trop de mollesse. C'est l'histoire d'un assassinat et il n'y a pas de pression, pas de tension.

L'écriture est très scolaire, les tournures dans l'ensemble sont maladroites. Le style ne s'envole guère à part 2-3 métaphores bien senties. L'emploi redondant d'adverbes nuit à la fluidité de la narration.

Le cours sur le bateau, nombre de passagers, de ponts, la vitesse et tout le tremblement, assisté par Wikipédia est inutile.

Tout est fabriqué dans une optique de surexplication, comme dans un Black&Mortimer. Le lecteur est pris par la main et même les évidences lui sont assénées avec insistance et répétition.

Je n'ai pas compris la finalité des colocataires de la tueuse.
Le titre me semble perfectible.

Le coup de la piqure d'insecte, oui si ce sont les experts Las Vegas qui mène l'enquête. En 1889 je doute que les légistes aient été aussi performants.

J'ai bien aimé l'anecdote sur le hamburger. C'est léger et amusant.

Selenim

   brabant   
28/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour ANIMAL,

Tu as voulu nous offrir une croisière, eh! bien! on peut dire que tu as mis le paquet (lol). Celle-là était de rêve qui, pour n'être pas en noir et blanc, était de la ligne noire, chère à Hergé et à l'école belge de la bande dessinée dont Edgar P. Jacobs, puisqu'elle aborde, justement en Belgique et se termine à Bruges.
Bon, l'héroîne est féminine, (donc) étrangère à Hergé, mais elle vaut bien un blanc sec au zinc de Tardi.
Celle-ci est criminelle, pas comme Adèle, mais la ligne noire y encadre toujours des couleurs pures.
On pense aux détectives chinois: Ti ou Charlie Chang pour l'intrigue, voire l'ambiance un peu glacée, un peu détachée, surréalistement froide et méthodique.
Tu nous fais un sacré scénario de B D, à part que ça n'est pas un scénar, mais un récit bien écrit, clair, aisé, logique, agréable, itou itou.
Pour ados cependant, cette tuyère, "infundibiliforme", mot choisi par beaucoup d'auteurs du concours dans ses sens les plus sages d'entonnoir fou ou de calice couvre-chef (on ne s'est pas risqué à évoquer un Lautréamont inhabituellement censeur), et cette piqûre si nette et si discrète que Conan Doyle n'eût pas reniée (ne l'utilise-t-il pas? ou est-ce Agatha Christie? ou les deux...)!
Après le club des cinq, le club du crime, avec sa société secrète aux relents d'Asie, raffinement et supplices chinois, ceci me semble le premier crime commandité d'une série de dix puisqu'il faut dix "épreuves" à l'héroïne (bien aimé le pantalon et le corset, 1889, les femmes étaient corsetées et leur pantalon était de lingerie, pas ici, Mayol s'apprêtait à chanter leurs mains - je n'ose pas dire "toute ma jeunesse" - et Dranem, "Le trou de mon quai", oh! la vieillesse! déjà et ses hém..., non je ne l'ai pas écrit - qui donc qualifiait la vieillesse de naufrage ? - ... ça laisse rêveur!), je salive déjà sur la seconde façon de tuer, sans cris, sans sang, chirurgicalement, proprettement, sans horreur.
A ta suite je redeviens un ado, fan, esthète, sans aucune envie de "sérialtuer", tu ne pervertis pas tes lecteurs.
Merci,
je fonce maintenant, non pas dans..., mais vers "Le Mur". Prolixité, serais-tu aussi la marque du génie ?

Bravo et encore merci ANIMAL !

PS: "Abigail", beau nom pour une héroïne!

   jaimme   
28/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Animal,
J'ai bien aimé la fin, l'histoire contrariée du hamburger, et même l'idée de la confrérie des assassins. En revanche le reste est pour moi assez fade et parsemé de tournures maladroites (par exemple je ne pense pas qu'on puisse parler de "colocataires" pour les personnes qui partagent une chambre sur un paquebot, le personnage dit avoir "préparé son cours" or elle ne va pas enseigner, donc il a travaillé son cours ou plutôt son dossier; l'expression "serrure simplissime" aussi m'a arrêté).
Corset, pantalons, les considérations sur l'habillement féminin de cette période sont intéressantes, et auraient même mérité une plus large place.
Non c'est la progression dans le bateau (inutilement décrit par trop de chiffres) qui m'a peu intéressé, et c'est dommage.
Donc une bonne idée mais un texte qui aurait mérité un développement plus en finesse par moments.
Merci Animal.

   Cassanda   
30/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une histoire dans la lignée d'E. A. Poe assez prenante et que j'ai lue avec plaisir... Je mettrai néanmoins quelques bémols : un démarrage assez difficile et quelques tournures de phrases pas très heureuses.
Pour moi, l'histoire commence réellement au 5e paragraphe. Avant, j'ai trouvé inutile la description du bateau, l'histoire des colocataires qui ne sont mentionnées qu'à ce moment-là et dont on n'entend plus parler après. J'ai notamment tiqué sur :
- la préparation du cours, j'aurai préféré "elle avait bien étudié son dossier",
- "D'un effort de volonté, Abigail refoula violemment ces souvenirs qui salissaient son âme." Je ne suis pas certaine que les souvenirs salissent une âme, plutôt sapent sa concentration, ou alors je n'ai pas compris la phrase.

Je n'ai pas compris également pourquoi, si Abigail a 12 épingles, elle n'a droit qu'à un seul essai...

J'ai bien aimé les conséquences de ce meurtre et le clin d'oeil à la gastronomie, le coup des pliures de journaux. La fin est amusante et inattendue.

En tout cas, bravo pour avoir relevé le défi et merci de cette lecture divertissante,

Cass

   Eric-Paul   
2/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
c'est très visuel rapide efficace et la chute est géniale.

Merci Animal pour cet assassinat !!!!

   Menvussa   
2/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Animal, ( Ça me fait tout drôle d'écrire ça)

Une nouvelle bien écrite, agréable à lire, mais un suspens sans véritable tension. Le lecteur ne frémit pas. Une fin qui vient trop vite. L’auteur nous appâte en nous faisant miroiter 19 autres missions et nous laisse sur notre faim ; peut-être pour nous préparer à la chute, un crime commandité par le gratin de la cuisine wallonne.

   Ninjavert   
3/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un texte intéressant...
Fan de jeu vidéo, j'ai retrouvé des relents de Splinter Cell et autres Metal Gear, dans ce périple d'infiltration et de furtivité.

Le style est simple, efficace, malgré quelques maladresses (la plupart ont été citées par les précédents commentateurs, je ne les remets pas). Rien qui empêche toutefois de parvenir au bout de cette nouvelle avec plaisir.

Le paquebot est bien décrit, un peu trop précisément en effet. Ou plutôt, les éléments techniques nous sont donnés "gratuitement". On sent que tu t'es documenté et c'est très bien, mais là on a un peu trop l'impression que tu nous donnes les chiffres pour ne pas les avoir cherchés pour rien.
Il aurait été intéressant de les amener contextuellement, qu'on y trouve un intérêt : que notre assassin se félicite (ou se demande comment) de trouver sa cible parmi X passagers.
Que malheureusement pour elle, elle est située au pont supérieur alors qu'elle-même se situe tout en bas.
Etc, histoire que ces données techniques donnent du sens à l'histoire, au delà d'une simple énumération de caractéristiques.

J'ai apprécié le parcours de notre assassin, fluide et précis. Très visuel, j'ai parcouru les coursives du paquebot avec elle et c'est un vrai plaisir. Un peu trop simple, peut être.

Que tu n'aies pas souhaité réellement mettre en danger la petite Abigail est une chose, mais j'aurais aimé sentir plus de tension, plus d'angoisse. Ca ne passe pas forcément par plus de péripéties, juste par une description plus émotive, plus sensationnelle des choses.

Elle passe 30 secondes à crocheter la serrure (et elle en crochette au moins trois à découvert : celle de la lingerie et celle de la cabine deux fois (et la deuxième fois, ce n'est plus l'heure du repas). C'est terriblement stressant ! Là, on a l'impression qu'elle s'en fout, hop ! Facile, j'ai fait deuxième au concours.
Sauf qu'elle joue sa mission la petite ! Son avenir ! Un peu de tension, que diable ! C'est long, 30 secondes à découvert, le ventre noué par la peur de se faire surprendre. On a les mains moites, qui tremblent, on s'énerve, et plus on s'énerve, moins on réussit.
Un exemple ? mets toi tout nu, prends tes clés et ta montre, et sors sur le palier de ton appartement en claquant la porte... Et attends trente secondes avant de rentrer... tu vas voir si c'est pas stressant ^^

Bref, c'est ça que j'aurai aimé ressentir un peu plus, l'angoisse, le stress... on ne le ressent qu'un peu avant la fin, quand, dans la cabine, Abigail se remémore l'horreur de son enfance dans laquelle elle ne veut pas replonger. Alors ok elle s'est entrainée, mais bon. C'est une novice, elle joue son premier (et peut être dernier) coup. Tu le dis toi-même : le test n'admet pas d'erreur.

Ca aurait mérité plus de profondeur psychologique, et rendu le parcours plus oppressant. A ce titre, je ne m'y connais pas plus que ça en croisière mais j'ai eu un peu de mal à croire qu'elle ne rencontre personne. Pas un type du bateau, pas un passager en retard pour le diner. Je n'aurai pas forcément voulu qu'elle se fasse repérer et sème ses poursuivants au terme d'une course poursuite endiablée, mais une fausse alerte, le passage d'un badaud, une quelconque péripétie, quoi.

Autre chose concernant la psychologie du personnage, j'aurai aimé que tu nous en dises plus, qu'on la sente plus humaine. Là, on a l'impression qu'elle est déjà un tueur aguerri.
Elle zigouille quand même froidement un mec qui ne lui a rien fait, bel homme qui plus est.
Elle joue son avenir, dans cette mission.
Elle devrait être beaucoup plus perturbée que tu ne nous la laisse entrevoir, ça m'a un peu gêné car du coup, la nouvelle perd beaucoup en intensité. (idem à la fin, quand elle apprend qu'elle a réussi, et entrevois l'avenir se dessiner au travers de 19 autres meurtres... ça aurait pu être beaucoup plus intense en termes d'émotion)

Concernant la fin, je suis mitigé. Le coup du hamburger est bien vu (je n'ai pas été vérifié pour les dates, mais je te fais confiance).

Seulement... ok, c'est rigolo... mais ça casse quand même la chute d'une nouvelle qui n'est pas censé être marrante.

Ca m'a fait penser au syndrôme du type qui a fait de vraies recherches, trouvé plein d'anecdotes pour cette date, et qui veut absolument les placer. (Je ne critique pas, hein, je l'ai fait aussi sur mon texte, même si j'ai viré la plupart de mes notes de fin sur les conseils de Pat, pour les remettre en forum)
C'est un peu l'effet que me donne ce hamburger : un côté burlesque dans une nouvelle sérieuse, qui aurait pu être émotionnellement très forte.

Pourquoi pas, un choix que je respecte mais qui ne m'a pas accroché.

Au final, c'est assurément un bon texte mais il y manque trop de choses (ou en tout cas elles n'ont pas été traitées comme je l'aurai aimé, exigeant lecteur que je suis) pour que j'accroche véritablement.

Un bon moment tout de même, sans hésitation.

Merci Animal !

Ninj'

   Anonyme   
3/12/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Mouaif. Bof. Je me suis ennuyée je te le dis tout net.

L'histoire en soi se tient, au début, j'ai même presqu'accroché, et puis...
Plein de lourdes descriptions "descriptives" genre le nombre de moteurs, etc..
C'est très peu stylé, si je peux le dire comme ça, dans le sens où ça reste linéaire et mono-expressif dans la narration, qui du coup m'a été très difficile à suivre. Trop de répétitions. Trop de poudre aux yeux et en même temps, pas assez.
C'est une bonne idée, et heureusement que la fin vient rehausser un peu le tout, il y a une petite touche humoristique bienvenue.
Je t'avoue que j'ai du m'y reprendre à trois fois pour parvenir à terminer ton texte.

Dommage.
Bien vu pour les contraintes.
Bonne chance pour le concours.

Merci.

   colibam   
8/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Ce texte dénote une belle plume, même si j'ai eu un peu de mal à me laisser emporter par l'histoire.

La fin de la première partie est suffisamment suggestive pour ne pas aller plus loin dans la description. C'est bien vu...

J'ai aimé les conditions d'avancement aux niveaux supérieurs de la pyramide du Dragon d'Orient. On pourrait peut-être s'en inspirer sur Oniris, pour pimenter un peu le jeu...

Je ne connaissais pas ce détail historique de cette spécialité d'origine allemande.

   aldenor   
10/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J’ai vraiment été pris par le style fluide et léger. Les paragraphes mesurés, servent bien l’action. Et la fin est marrante.
En deuxième lecture, il manque pourtant un certaine finalité dans certains détails insistants : la chaleur, la tenue de la femme, les détails très précis du paquebot, etc… ne jouent pas un rôle évident par la suite. Il en résulte une petite impression de tape-à-l’œil.

   widjet   
10/12/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Ecriture précise et raffinée, sens du rythme (et du suspense), ANIMAL signe là un texte de qualité, un des 5 meilleurs du concours assurément. C’est sans prétention, mais travaillé avec un soin et un sens de l’humour (british) évidents. C’est rapide, efficace… comme une fléchette lancée par une sarbacane. Je suis toujours amateur des auteurs qui ne s’empressent pas d’aller à l’essentiel (le crime pour moi est presque accessoire, l’ambiance et les petits détails donnent de la densité et construisent le récit), mais qui savent s’arrêter pour prendre le temps de décrire le décor et de faire des apartés amusants à l’image de cette guilde de meurtriers pas tout à fait comme les autres.

W

   Anonyme   
13/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce récit très bien mené, je l'ai dégusté avec gourmandise ! Toutefois, malgré des débuts prometteurs, on reste un peu sur sa faim ; la chute est un peu abrupte et donc frustrante, même si la pirouette "macdonalisée" est savoureuse. Bien le bonjour à Abigail (pourquoi ce nom ?) pour une prochaine croisière toute en frissons...

   Bidis   
18/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte m’a amusée. Il recèle un certain suspense et l’ensemble est fort vivant, même si je ne trouve pas l’écriture très remarquable.

Petite remarque : « Dans cette posture inconfortable, la nuit fut longue à venir. ». La nuit, pour venir, ne prend pas de postures, confortables ou non…

   Anonyme   
12/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Alors là, j'ai appris un mot : infundibuliforme. Je m'y suis repris à 3 fois pour le lire, cherché sur le webe, et je suis tombé au fond de l'entonnoir. C'est voulu, isn't it ? Mais qu'allait-elle donc faire dans cette galère ? Et puis, c'est un peu surréaliste de regretter une robe à crinoline. Manque plus que le vertugadin et, dans la manche à air, elle se retrouvait la tête en bas (un entonnoir dans un entonnoir).

Je trouve que cette nouvelle commence très bien. Et puis, voilà un texte qui lui n'est pas corseté. Pourquoi avoir chois un prénom hébreu ?

Juste un anachronisme : le surcot a été porté du 13 au 16 ième siècle. Enfin pour l'histoire Les Assassins succombèrent sous les coups des Mongols en 1258. Merci d'avoir fait renaître cette secte concurrente d'Al-Qaida mais sommes toutes inoffensive puisque de papier.

Un texte bien écrit, une chute qui ne laisse pas sur sa "fin", que demander de plus.

   mirgaillou   
22/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien
On ne juge pas d'emblée une écriture et son auteur en découvrant un premier échantillon de celle-ci.

j'ai procédé à l'envers: d'abord j'ai lu, puis sentant les contraintes, je suis allée voir les conditions du concours.
Ces textes à contrainte empêchent de laisser beaucoup émerger de soi. Je trouve que vous vous en tirez pas mal.(infundibuliforme, j'ai d'abord pensé que c'était une blague, un mot inventé) .

La mission semble juste un peu facile à remplir. Dans quelles circonstances votre tueuse arrive-t-elle à sortir aussi étrangement vêtue alors qu'elle partage sa cabine avec trois colocataires? Et à la regagner. (Un peu radin le commanditaire). il manque peut être un petit accident de parcours qui accentuerait la tension dramatique.
La passage brutal du passé au futur dans la dernière phrase m'a un peu surprise.

En tout cas, j'ai apprécié la chute qui permet de ne pas prendre l'ensemble au sérieux. Et puis je ne résiste pas à l'évocation d'un moyen de transport quel qu'il soit!
Petite distraction, petit sourire, c'est déjà beaucoup!


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