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Sentimental/Romanesque
Ariumette : Bérangère
 Publié le 15/04/08  -  9 commentaires  -  3619 caractères  -  28 lectures    Autres textes du même auteur

Une très courte nouvelle (et ma première aussi) à propos de ma sœur.


Bérangère


Quelque part, entre l’ailleurs et le nouveau, se trouvait Bérangère, plus douée que jamais. Durant les longs mois de sa retraite elle avait eu le temps de se réformer maintes fois. Elle avait ajusté un à un ses complexes, ses goûts et ses envies… Et elle n’en manquait pas, la belle ! Elle aimait la musique et ces bruits sourds et pleins que l’on entend parfois les mains sur les oreilles. Elle vivait pour la chaleur portée à ses pieds quand elle en attrapait le bout des orteils, et goûtait chaque jour la douceur des liquides effleurant ses lèvres.


Son entraînement avait été drastique. Gymnastique le matin : Boxe, pirouettes à en donner la nausée, souplesse, taille, abdos, fessiers… L’après-midi, l’étude ! Les cinq sens, les cycles circadiens et mensuels, la géométrie spatiale, la psychologie… et bien d’autres disciplines qu’il lui fallait assimiler et maîtriser en vue du grand test.


Car elle se trouvait maintenant à l’orée de la ligne de départ de la plus grande des courses jamais organisée. Les milliers d’autres concurrents avaient, eux aussi, élaboré leurs atouts et accommodé leurs faiblesses. Ils s’étaient tout comme elle armés de stratégie et de finesse, espérant passer la ligne d’arrivée sans trop de regret. Sans en être prévenue, elle savait d’intuition qu’il lui faudrait survivre à plus fort qu’elle et se méfier des plus faibles dont la perfidie parfois entraîne sur le bas-côté. Elle avait compris qu’il ne faut guère regarder en arrière au risque de chuter.


Ce qu’elle ne devinait pas en revanche, c’était la nature de l’épreuve de présélection qu’il lui faudrait subir. Ses pères lui avaient en effet concocté un rite initiatique loin d’être évident ! Et ils en étaient tout fiers, ces fous assoiffés de tourments qui s’agitaient de plus en plus sentant venir l’échéance. Ils s’en repaissaient d’avance, racontant à qui voulait l’entendre avec quel brio ils s’étaient déjà illustrés dans l’exercice, et à quel point ils avaient souhaité recommencer.


Bérangère, cependant nageait en plénitude… Malgré le rythme soutenu de ses exercices, elle goûtait l’éternité d’un lieu protégé et serein ignorant l’inconstance des Hommes.


Mais soudain, l’explosion ! Est-ce vraiment le moment ?


Brusquement, sa caverne protectrice déverse d’un seul trait son eau salvatrice ! La voilà nue à présent. Pour la première fois, Bérangère connaît l’appréhension et c’est physiquement qu’elle ressent son premier stress. Elle peut maintenant toucher les parois abruptes et humides tapissant son nid autrefois liquide. Ses mouvements ne sont plus facilités par l’élément ubiquitaire, la voilà bloquée dans la position incongrue du poirier ! Avec le sentiment de stupéfaction vient celui du danger…


On la pousse, on la tire, on comprime sa chair. Le but de l’épreuve, elle le comprend très vite, c’est d’aller au travers d'un trou pas plus grand qu’une bille. Ses pères ont-ils perdu la raison ? Qu’à cela ne tienne, s’il le faut, pour passer, elle déchirera le tout !


Les cris de l’extérieur passent de sourds à distincts pendant qu’elle appuie sa tête, telle un bélier, sur l’ouverture. Elle perçoit de la douleur mais est-ce bien la sienne ? Elle n’en est plus très sûre. Son être se dédouble, elle perd presque conscience… Elle était en symbiose, elle doit maintenant s’individualiser !


Ça y est, elle est passée ! Quelle horrible lumière, quels bruits, quelle folie…


Elle pousse un puissant cri : la course a commencé.



* * *


Épilogue


Ma sœur ce jour naquit.


Elle court désormais


Une haletante vie


Pleine, mais embuée.



 
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   Sebastien   
15/4/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
C'est très classique, décidément, de raconter la naissance sans dévoiler tout de suite de quoi il s'agit... Je ne suis pas emballé, c'est un peu court.

   clementine   
15/4/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joliment racontée cette arrivée dans la vie extra utérine et ses prémices.
Et puis, on percoit déjà tellement d'amour à travers ces quelques lignes. J'ai aimé.

   Anonyme   
26/4/2008
 a aimé ce texte 
Bien
C'est bien raconté. L'auteur maintient le suspense presque jusqu'à la fin, quoiqu'au début on se demande dans quel monde se trouve Bérangère. Progressivement et habilement l'auteur lève le voile. l'écriture est fluide agréable à lire. On aime

   Togna   
6/6/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le hasard a fait que j’ai lu cette nouvelle tout de suite après « Un vendredi soir sur la terre » de mamancrayon. Le point de vue des auteures est différent. Ici, c’est celui de la sœur, construit sur l’épreuve physique de la naissance, présentée de façon très dynamique et avec humour.
J’ai vraiment apprécié ce récit qui a pour seul défaut d’être un peu court. L’écriture est variée et rythmée.

   Bidis   
11/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Ce qui est imaginé ici me laisse perplexe mais c’est très bien dit, dans une écriture extrêmement agréable et pleine de rythme.

   Anonyme   
12/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J' ai deviné presque de suite de quoi il s' agissait. Je n' ai pas l' impression que l' auteur a cherché à faire durer le suspense.
Il faut bien comprendre, je pense, que c' est un point de vue subjectif, là celui d' une soeur, de ce que ressent un futur nourrisson à l' orée de la naissance.
Et qu' il n' y a pas de limite à l' imaginaire, fort heureusement, car l' enfant à naitre, du point de vue de son ressenti, est encore un grand mystère aux yeux de la science.
Je dis ça pour répondre un peu aux critiques ( coms ) que je trouve peu justifiés.
Bien sur que le théme de ce récit est rodé, mais quel thème ne l' est pas.
L' épilogue m' a donné des frissons de bonheur, et la lecture entière m' a vivement piqué la cervelle.
L' écriture en elle -même me semble fort bien maitrisée, le vocabulaire riche.
C' est merveilleux d' essayer de se mettre dans la peau et les sens d' une petite vie à naitre. Ces questions, je me les suis posées et me les pose encore.
quoi de mieux que de laisser libre cout à son imagination !

   Anonyme   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Wouah !
Il m'a fallut un peu de temps pour comprendre mais une fois que j'ai eu saisi, la suite m'a bcp plu. Pour tout te dire, Ariumette, en pénétrant dans le texte, j'ai cru qu'il s'agissait d'une petite vieille se préparant pour le "départ."
Et puis j'ai compris. Et en fin de compte je ne suis pas déçue de m'être engagée sur une autre voie, en premier lieu, car ainsi, (ressenti personnel + conviction personnelle) j'ai l'impression que ta nouvelle fait une "boucle".
Belle écriture. J'ai lu et relu "le sixième mois" ta dernière nouvelle, et je trouve que cette nouvelle-ci, quoique totalement différente de la seconde, est drôlement bien ficelée puisque d'une certaine façon, si je réunis les deux nouvelles, je vois que tu as su te glisser aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du même sujet.
Beau travail. J'ai une nette préférence pour celle-ci mais du coup je vais aller relire l'autre encore une fois. Elles sont imbriquées toutes les deux. (avis personnel)

   Faolan   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un mignon petit clin d'oeil au style globalement fluide et léger.
Pour ma part, je n'ai pas de suite pensé à cela, pourtant, le résumé aurait du me mettre sur la voie...
Il y a des jours comme cela où l'esprit est moins vif...
Sinon, quelques petites imperfections ci et là. On voit que le style a évolué en lisant ta dernière nouvelle "sixième mois". Un thème qui te tient à coeur on dirait.
Merci pour ce court mais agréable moment.

   Flupke   
11/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Première nouvelle, premier cri. Thème classique, on devine assez facilement, mais l'ensemble est plaisant à lire. J'ai bien aimé: Boxe, pirouettes à en donner la nausée et Mais soudain, l'explosion ! Est-ce vraiment le moment ?


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